• Le vol noir des corbeaux sur la Plaine… - Alèssi Dell’Umbria
    https://lundi.am/Le-vol-noir-des-corbeaux-sur-la-Plaine-Alessi-Dell-Umbria

    « Qu’y pouvons-nous si les événements publics sont aujourd’hui racontés dans les journaux au lieu d’être proclamés, comme autrefois en Grèce et à Rome par des crieurs publics dans les thermes ou sous les portiques ? Qu’y pouvons-nous si les marchés quittent de plus en plus les places pour s’enfermer dans des bâtiments d’aspect peu artistique ou pour se transformer en colportage direct dans les maisons ? (…) Les fêtes populaires, les cortèges de carnaval, les processions religieuses, les représentations théâtrales en plein air, ne seront bientôt plus qu’un souvenir. Avec les siècles la vie populaire s’est retirée lentement des places publiques, qui ont ainsi perdu une grande partie de leur importance. C’est pourquoi la plupart des gens ignorent complètement ce que devrait être une belle place. »

  • Appels sans suite (1) : le climat, par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, 12 octobre 2018)
    https://blog.mondediplo.net/appels-sans-suite-1

    Et pendant ce temps, l’hypocrisie médiatique fait son beurre — son beurre symbolique, s’entend, parce que question tirages… Quand les médias soutiennent toutes les insurrections climatologiques en même temps qu’ils font élire un banquier d’affaire, interdisent de questionner le néolibéralisme essentiel de l’Union européenne, disent l’archaïsme des résistances sociales et la modernité des dérégulations, ou bien ils ne savent pas ce qu’ils font ou bien ils savent ce qu’ils font, et aucun des deux cas n’est à leur avantage. Gageons d’ailleurs que, dans les rédactions, les hypothèses concurrentes de la bêtise ou du cynisme doivent se départager différemment selon les étages, si bien qu’aucune ne devrait être écartée a priori. En tout cas le fait est là : il s’agit de travailler à laisser délié ce qui devrait impérativement être relié. Car, non, on ne peut pas éditorialiser simultanément sur le changement climatique et pour faire avaler les déréglementations de Macron ; on ne peut pas expliquer que la planète est en danger et que les magasins doivent ouvrir le dimanche ; alarmer maintenant tous les quinze jours sur le bord du gouffre et célébrer l’efficacité de la privatisation générale, c’est-à-dire la remise aux logiques de l’accumulation du capital de pans entiers d’activité qui lui échappaient.

    • Climat : comment expliquer une aussi criminelle apathie face au drame annoncé ? (Synthèse de Frédéric Joignot)
      https://lemonde.fr/idees/article/2018/10/06/bienvenue-dans-le-capitalocene_5365671_3232.html

      Nous avons « parfois l’impression d’observer une tragédie grecque », dans le sens où « vous savez ce qu’il va se produire, et vous voyez les choses se produire ! », confessait, le 26 septembre, sur France Info, la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, inquiète des dernières mesures sur la dégradation du #climat. Il faut dire qu’un rapport publié la veille, conjointement par l’Organi­sation de coopération et de développement ­économiques (OCDE), l’ONU Environnement et le Groupe de la Banque mondiale, n’était pas fait pour rassurer : on apprenait que, sur les 180 signataires de l’accord de Paris de 2015 (COP21), neuf pays seulement ont soumis aux ­Nations unies des programmes concrets pour limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES).

      En attendant que les 171 autres respectent leur engagement devant l’opinion mondiale, l’OCDE constate sombrement que « les gouvernements continuent de consacrer près de 500 milliards de dollars par an [430 milliards d’euros] pour subventionner le pétrole, le charbon et le gaz, et que la plupart d’entre eux n’ont pas su mettre fin à leur dépendance à l’égard des recettes provenant des énergies fossiles ». Ils n’ont pas non plus pris les mesures suffisantes pour placer leurs économies sur « une trajectoire “bas carbone” ». Le secrétaire général de l’organisation, Angel Gurria, prévient : « Cette inertie risque de nous faire perdre la guerre contre le réchauffement climatique », c’est-à-dire l’objectif d’un réchauffement maximal de 2 degrés.

      Comment expliquer une aussi criminelle apathie face au drame annoncé ? Depuis quelques années, des chercheurs, historiens, économistes, et non des moindres, avancent une explication radicale. Nous ne sommes pas entrés dans l’anthropocène avec la révolution industrielle et la mondialisation des économies, tant et si bien que l’empreinte colossale des activités humaines a précipité la terre dans une nouvelle ère géologique, où tous les ­écosystèmes sont affectés. Nous sommes entrés dans le « capitalocène » : l’ère du système capitaliste triomphant, incapable de contenir sa course effrénée au profit.

      Ainsi, Andreas Malm, professeur au département d’écologie humaine à l’université de Lund (Suède), explique, dans L’Anthropocène contre l’histoire. Le réchauffement ­climatique à l’heure du capital (La Fabrique, 2017), que ce n’est pas tant une « espèce humaine » abstraite qu’il faut rendre responsable du désastre écologique, mais d’abord l’Empire britannique. Il retrace ainsi l’histoire de la ­machine, puis de la locomotive à vapeur, brevetée par l’Ecossais James Watt en 1784, et décrit la manière dont les capitalistes anglais les ont popularisées en Europe, dans leurs colonies, puis dans le monde entier, démarrant ainsi la révolution industrielle.

      Malm rappelle ensuite comment l’exploitation des sources d’énergie a mené à la mise en place d’une « économie fondée sur la consommation croissante de combustibles fossiles », « en lien étroit avec le processus d’accumulation du capital qu’elle suppose ». C’est cette logique économique qui se perpétue aujourd’hui, générant « une croissance continue des émissions de gaz à effet de serre ». Pour Malm, « blâmer l’humanité du changement climatique revient à laisser le capitalisme se tirer d’affaire ».

      De leur côté, les chimistes américain et néerlandais Will Steffen et Paul J. Crutzen (Prix Nobel 1995), inventeurs du concept d’anthropocène, rappelaient en 2008, dans le Journal of Human Environment, comment la pression destructrice des activités humaines sur l’environnement a connu une « grande accélération » à partir des années 1950 : pollution industrielle massive, sixième extinction animale, acidification des océans, désertification, ­surpêche, fonte des glaces, concentration des GES, ­réchauffement, tout s’est aggravé – mondialisé. Si bien que le sociologue américain John Bellamy Foster comme la journaliste d’investigation canadienne Naomi Klein parlent d’un capitalisme dévastateur.

      En France, en 2016, Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences et des techniques, a ajouté un chapitre intitulé « Capitalocène » à la dernière édition de L’Evénement ­anthropocène. La Terre, l’histoire et nous (Seuil), livre qu’il a publié avec l’historien des sciences Christophe Bonneuil – popularisé par Thomas Piketty à l’Ecole d’économie de Paris. Ils expliquent que nous vivons aujourd’hui la confrontation violente du « système terre » et du « système monde » du capitalisme mondialisé, grand consommateur de matières premières et de ressources minérales, qui s’est « construit au moyen d’un accaparement des bienfaits de la terre et d’une externalisation des dégâts environnementaux, par le biais de phénomènes de dépossession et d’“échange inégal” ». Pour les auteurs, parler de « capitalocène » plutôt que d’anthropocène est stratégique : c’est désormais la fin du capitalisme qu’il faut penser, et non la fin du monde.

    • Lordon, Casaux, Ziegler, etc. : faut-il être anticapitaliste pour « sauver la planète » ? | Jean Gadrey | Les blogs d’Alternatives Économiques
      https://blogs.alternatives-economiques.fr/gadrey/2018/10/16/lordon-casaux-ziegler-etc-faut-il-etre-anticapitalist

      Il se trouve que, comme signataire de certains de ces appels, je suis concerné par ce réquisitoire, que je prends d’ailleurs au sérieux en dépit de son ton polémique, qui fait partie des charmes d’écriture de Frédéric Lordon. J’ai un peu de mal à me situer entre la niaiserie humaniste et le refus catégorique de prendre parti sur le capitalisme…

      Lordon n’est pas le seul à sembler faire du combat explicite contre le capitalisme la précondition ou le cadre nécessaire de toute mobilisation pour sauver le climat, ou ce qui peut encore l’être. C’est ainsi que Jean Ziegler estime pour sa part que « Pour sauver la planète, il faut détruire le capitalisme » et que Nicolas Casaux, que je ne connaissais pas avant de le découvrir sur Facebook, s’en prend aux nombreux jeunes youtubeurs talentueux qui se sont engagés collectivement pour le climat (et dont la vidéo a été vue à ce jour plus de 9 millions de fois !). Il écrit ainsi : « nos youtubeurs… embrayent directement sur divers problèmes plus ou moins spécifiques… sans poser de diagnostic, sans déterminer la cause des problèmes, sans cibler le système économique dominant — le capitalisme. »

      J’explique en deux temps mon désaccord (partiel) avec ces points de vue, en privilégiant l’analyse de Frédéric Lordon qui est la plus complète et la plus radicale. Je serai bref sur le rôle du capitalisme dans l’effondrement écologique en cours, un peu plus explicite sur la condamnation sans appel de ces appels divers et de diverses autres initiatives, dont celles qui concernent la décroissance ou la post-croissance. Il faut d’ailleurs reconnaître à Lordon une certaine constance dans son manque d’appétence pour la critique de la croissance : « C’est d’ailleurs là le mot magique : pour ne pas avoir à dire « capitalisme », il suffit de dire « décroissance » ou, si la chose sent encore un peu trop le macramé, « post-croissance ». Brillant comme d’hab. mais pas forcément juste, j’y viens.

      LE CAPITALISME, ARME DE DESTRUCTION MASSIVE DE LA PLANÈTE ? OUI

      Sur ce premier point, je vais faire court car je m’en suis souvent expliqué ici et là, notamment dans ce billet de blog de 2010, qui m’a valu quelques réserves des plus sociaux-démocrates de mes amis (ils se reconnaîtront) : « Peut-on s’en sortir dans le cadre d’un capitalisme réformé ? ». J’y présentais « neuf caractéristiques structurelles du capitalisme qui font douter de sa capacité à nous sortir de la zone des tempêtes à répétition. » et je concluais ainsi : « il me semble que ceux mes amis qui pensent qu’un capitalisme régulé pourrait faire l’affaire devraient tenter soit de répondre aux questions qui précèdent, soit de m’expliquer en quoi elles sont mal posées. »

      Je suis donc d’accord avec Lordon, Ziegler, Casaux et d’autres sur l’énorme responsabilité (dans l’effondrement écologique mais aussi dans d’autres domaines) du capitalisme et de ses acteurs, et plus encore du capitalisme financier dont Lordon est l’un des meilleurs analystes. Il y a certes cet argument : on a connu, dans l’histoire, des systèmes non capitalistes tout aussi productivistes et destructeurs des écosystèmes. Exact, mais… il n’y en a plus… Une variante : certaines grandes entreprises publiques (non capitalistes) ont été ou sont encore clairement « climaticides », de même que certaines collectivités locales qui encouragent et financent de « grands projets inutiles », des aéroports par exemple, etc. C’est vrai, mais on peut rétorquer que le capitalisme néolibéral, avec ses lobbies, ses moyens de corruption, sa capacité à faire élire certains de ses meilleurs avocats et à orienter les grands médias (qu’il possède), est très largement à la manœuvre dans ces orientations publiques.

      On peut donc passer au point suivant.

      FAUT-IL ÊTRE EXPLICITEMENT ET PRIORITAIREMENT ANTICAPITALISTE POUR « SAUVER LA PLANÈTE » ?

      Pour moi, cette option désigne une stratégie d’une part perdante, d’autre part contradictoire avec ce que Frédéric Lordon lui-même écrivait dans son livre de 2009 « la crise de trop », qui est toujours pour moi une grande référence, je reste un étudiant de la « Lordon School of Economics »… Dans ce livre, les perspectives d’un dépassement du capitalisme ne sont évoquées qu’à l’extrême fin, dans une « projection » fort intéressante intitulée « Et pourquoi pas plus loin ? ». Mais le gros des propositions pour sortir de la crise, rassemblées dans les parties I (« Arraisonner la finance ») et II (« Défaire le capitalisme antisalarial » [traduisez : capitalisme actionnarial et financier]), est constitué de « réformes » certes ambitieuses mais qui ne consistent en rien à se débarrasser du capitalisme. Je cite : « à défaut du grand saut postcapitaliste, une transformation suffisamment profonde des structures actionnariales et concurrentielles serait déjà à même de produire le renversement non pas du capitalisme tout court, mais de ce capitalisme-là, le capitalisme antisalarial » (p. 160). Et, deux pages avant : « Le parti que je prends ici tient l’hypothèse que la sortie du capitalisme, dût-on le regretter, est l’issue la moins probable de la crise actuelle ». Positions que je partage depuis longtemps.

      Ce qui me sépare des points de vue critiques des « appels » en tout genre sur le climat ou sur le dogme de la croissance, ou de la critique des youtubeurs par Casaux, ne réside pas dans la portée, assez faible, de ces appels que je signe parfois. Non, ce qui me sépare est qu’il ne me viendrait pas à l’idée de reprocher à des initiateurs/trices ou signataires de ces textes, ou aux youtubeurs, de ne pas désigner explicitement le capitalisme comme adversaire principal. La seule question que je me pose avant de signer ou pas est : la cause ou les causes que ce texte met en avant, et ce qu’il revendique, invitent-ils ou non à agir en vue d’une réforme significative du « système » actuel dans ce qu’il a de plus détestable ? Ce n’est guère différent de mon attitude à l’égard de ce que Lordon propose pour « arraisonner la finance ».

      Prenons l’exemple de l’appel « nous voulons des coquelicots » (encore un que j’ai signé, en me déplaçant jusqu’à une mairie le 5 octobre pour le faire connaître). J’imagine que ça fait bien rigoler Lordon, Casaux et d’autres, qui doivent trouver ça au mieux « fleur bleue », si j’ose dire. Or de quoi est-il question : d’interdire les pesticides de synthèse, en tentant de mobiliser bien au-delà des cercles écolos usuels. Difficile de trouver plus clairement « anticapitaliste » : les multinationales des pesticides sont les premières cibles, avec l’agrobusiness. C’est assez comparable à l’interdiction des produits toxiques… des banques. Pourtant, le capitalisme n’est pas désigné en tant que tel dans l’appel. Ni dans les innombrables actions de désobéissance civique menées pour mettre fin aux paradis fiscaux ou aux investissement « climaticides » des banques.

      Depuis plus de quinze ans que j’ai quitté la recherche, je baigne dans des réseaux associatifs militants et je vois autrement les possibilités de s’en prendre au « système » en le mettant en difficulté par tous les bouts possibles, partout où il s’en prend à des biens communs auxquels les gens tiennent. Parmi ces biens communs à reconquérir en les « sortant du capitalisme financier », on trouve la monnaie et le climat, mais aussi la protection sociale, l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines, une alimentation saine, la qualité de l’air en ville, les terres arables et les sols vivants, les forêts, etc.

      Mon hypothèse est, d’une part, que le néolibéralisme et le capitalisme financier ont plus à craindre de ces nouveaux mouvements sociaux autour de biens communs multiples que des discours anticapitalistes. Et que, d’autre part, la prise de conscience de la nocivité du « système » du capitalisme financier et de ses multinationales a plus de chances de se développer au cours de ces mouvements qu’en l’exigeant comme préalable à l’action.

      Quant aux « appels », un peu d’observation de ce qu’ils produisent est utile. Pour certains, rien de significatif, c’est vrai. Mais d’autres produisent du débat public et de l’action collective, par exemple le 8 septembre et le 13 octobre dernier à propos du climat. Et ce que j’ai vu, en participant à des réunions de préparation des actions (300 personnes à Lille pour préparer une marche qui a rassemblé 5000 personnes), c’est la forte présence de personnes, souvent jeunes, qui n’avaient jamais milité nulle part. Et qui sont souvent venues à la suite de ces « appels », dans la mesure où ils ont été relayés sur le terrain.

      « Après l’effacement de tant de systèmes politiques au cours des 50 derniers siècles et alors que de toutes parts nous parviennent des rapports sur les bouleversements qui affectent la Terre, n’est-il pas téméraire de considérer le capitalisme industriel et consumériste comme immortel ? Étant donné qu’il est la cause du dérèglement planétaire, il me semble plutôt intéressant de penser son effondrement, voire même de le préparer !

      Comment ?

      En multipliant par exemple les actes de non-coopération avec le modèle consumériste, en résistant aux dérives fascisantes ou aux oppressions que la crise écologique ne manque pas de favoriser, en s’opposant aux projets inutiles et à la poursuite de l’extraction des énergies fossiles comme des minerais, en renforçant les alternatives qui émergent. A l’image du « dernier homme » post-apocalyptique et individualiste hollywoodien, je préfère plutôt l’image des collectifs qui participent à l’effondrement d’un vieux monde productiviste : ceux qui bloquent les mines et font chuter le cours des actions des multinationales, ceux qui réinventent des communs – du mouvement de la transition aux zones à défendre. Une autre fin du monde est possible ! »

    • Appels sans suite (2)
      Migrants et salariés
      https://blog.mondediplo.net/appels-sans-suite-2

      Or c’est bien ce qu’il y a à discuter ici si l’intention particulière du « Manifeste » n’est pas tant d’attirer l’attention sur le sort des migrants en général que d’en finir avec l’imputation faite aux migrations d’entretenir la misère salariale. Donc de relever les migrants d’une causalité qui ne leur appartient pas, en tout cas pas en première instance, et de lui substituer la bonne : celle qui évite de dresser un salariat contre un autre. Mais alors, la logique élémentaire devrait commander, d’abord de nommer les vraies causes avec la plus grande clarté, et ensuite de s’en prendre très directement à elles, avec normalement le double bénéfice et d’améliorer les effets pour tous et d’en finir avec les débats mal posés. C’est à ce moment qu’on prend la mesure des blocages mentaux qui, le problème déplié, empêchent de se rendre à sa solution — et ni les migrants, ni les salariés nationaux ne sont sortis de l’auberge.

      Car on voit bien que la « frénésie » et la « ronde incessante » avaient surtout vocation à faire faire l’économie des mots — et surtout de ce qui peut s’en suivre une fois qu’on les a lâchés. Il fallait bien suggérer un petit quelque chose, mais le priver autant que possible de sa consistance logique et même de sa force nominale. Il est vrai qu’ayant fait à des degrés divers campagne pour savonner la planche de la seule force politique qui pouvait entraver la marche consulaire de Macron (c’est-à-dire entraver l’approfondissement des causes en question ici même !), voire pour certains ayant positivement servi la soupe à ce dernier, on ne pouvait guère attendre des initiateurs du « Manifeste » qu’ils prissent tout soudain une ligne autre que compatible avec leur projet foncier de reconstitution d’une force finalement socialiste-courtoise (satellites compris), avec une réelle amplitude de débat puisqu’on autorisera de discuter de tout pour savoir si c’est Benoît Hamon ou Christiane Taubira qui doit en prendre la tête — en tremblant même du fol espoir que Raphaël Glucksmann puisse faire don de son corps à l’Europe sociale et à l’accueil de l’Autre. De là d’ailleurs ce cycle asymétrique caractéristique, indexé sur le calendrier électoral, qui fait assaut de toutes les audaces pendant quatre ans et demi, puisqu’elles sont essentiellement verbales, et pendant les six mois qui précèdent l’élection enjoint de retourner à l’écurie pour voter Hollande, Macron, ou bien le prochain équivalent fonctionnel, il faut quand même être raisonnable — ou bien faire barrage. En tout cas ne rien commettre d’irréparable qui dérangerait l’ordre contemporain autrement qu’en mots (et encore).

      La question de l’euro n’étant que la projection régionale du problème global de la mondialisation, les élections européennes promettent de tracer à nouveau la ligne de fracture qui sépare les courtois, ou disons plutôt les stupéfiés : ils sont face à l’ordre du monde, en voient le principe mais, saisis de tremblements, se refusent à le changer et lui demandent simplement de bien vouloir jouer autrement (une autre Union européenne, une autre mondialisation, un autre commerce international, un autre appareil génital de ma tante pour qu’on puisse l’appeler mon oncle), et d’autre part ceux qui cherchent les voies pour mettre une ligne politique au bout d’une analyse. Pendant ce temps, Salvini donne au défi à l’Europe la plus sale gueule possible. Il aurait tort de se gêner : le boulevard est désert — ou plutôt déserté. Il est vrai qu’aux mauvais vouloirs et aux rationalisations démissionnaires, cette sale gueule-là s’avère parfaitement fonctionnelle.

      En tout cas l’inconséquence, qui est partout, donne la mesure de la profondeur à laquelle l’ordre présent a vissé dans les têtes l’idée de sa propre immuabilité, et conforté les tempéraments portés à l’accommodation. Aussi bien en matière de changement climatique que de migrants, les appels se partagent entre ceux qui ne voient même pas ce qu’il y a à voir et ceux qui ne veulent surtout rien faire quand bien même ils ont un peu vu. Ainsi donc, ce n’est pas tant la pratique des appels en général qui est à mettre en question (l’auteur de ces lignes en a signé suffisamment pour ne pas se déjuger au mépris de toute logique) que les usages qu’on en fait : pour dire quoi, ou pour éviter de dire quoi — et alors pour tirer quelles sortes de bénéfices de ces évitements...

  • Attribuée à 1,2 million d’euros, une œuvre de Banksy s’autodétruit en pleine vente
    https://www.lemonde.fr/arts/article/2018/10/06/attribuee-a-1-2-million-d-euros-une-uvre-de-banksy-se-detruit-en-pleine-vent

    La « Petite fille au ballon rouge » a été en partie découpée en morceaux juste après avoir été vendue, lors d’enchères organisées à Londres, vendredi. L’incident reste inexpliqué.

    Il pourrait s’agir du dernier canular mis en scène par l’artiste Banksy, célèbre pour ses pochoirs contestataires peints dans de nombreuses villes du monde. Lors d’une vente aux enchères organisée à Londres, vendredi 5 octobre, un tableau lui étant attribué, la « Petite fille au ballon rouge », a été vendu à 1,04 million de livres – près de 1,2 million d’euros en incluant la commission de la maison de vente.

    Une enchère exceptionnelle pour la maison Sotheby’s, à Londres – l’œuvre était estimée entre 230 000 et 341 000 euros –, mais qui ne s’est pas terminée comme prévu : un mécanisme caché dans le bas du cadre a commencé à broyer le tableau peu après la confirmation de l’enchère, ne s’arrêtant que pour laisser intact le ballon rouge en forme de cœur s’éloignant de la fillette, désormais découpée en plusieurs morceaux.

    La destruction pourrait être une bonne affaire

    Aucune explication n’a été fournie sur la destruction de l’œuvre, la maison de vente se disant incapable de confirmer si Banksy lui-même était impliqué. L’artiste a dans la nuit publié une photo de la vente – et de la surprise apparente du public – sur son compte Instagram, accompagné du commentaire : « En train de partir [allusion à la vente aux enchères], en train de partir, partie… » (« Going, going, gone… »).

    « Nous avons été “banksyé” », a de son côté ironisé Alex Branczik, directeur du département d’art contemporain à Sotheby’s, lors d’une conférence de presse après l’incident. « Nous n’avons jamais connu cette situation dans le passé, où une œuvre est découpée en morceaux, juste après avoir égalé un record de vente pour l’artiste. Nous travaillons à estimer ce que cela peut changer à la vente aux enchères », a-t-il expliqué.

    L’acheteur du tableau, contacté par la maison de vente, s’est dit « surpris » de la tournure des événements. Mais si la destruction de l’œuvre aurait pu mener à l’annulation de la vente, comme cela se ferait habituellement, l’opération pourrait se transformer en une bonne affaire, selon un analyse du Financial Times : « Il se pourrait que le tableau broyé prenne de la valeur, considérant qu’il est devenu l’objet de l’un des meilleurs canulars jamais organisés sur le marché de l’art. »

  • Toxicomanie : des distributeurs de seringues réinstallés aux Invalides
    Hommage national à Charles Aznavour vendredi matin en Seine-Saint-Denis

    Le jour où Mascot, le petit robot a fait ses adieux à la France
    Manuel Valls largué à 300 millions de km de la Terre

    Paris accuse le renseignement iranien d’avoir accueilli autant de visiteurs étrangers
    Tourisme : la France n’a jamais commandité le projet d’attentat de Villepinte

    Gérard Collomb avait programmé le départ de Collomb de longue date
    La majorité déboussolée par son retour à Lyon
    #de_la_dyslexie_créative

  • Je dois te dire que tous les jours je regarde Un si grand soleil, la série d’Antenne 2 tournée à #Montpellier, parce que je n’arrive toujours pas à comprendre comment les deux jeunes passent leur temps à faire l’aller-retour entre le centre-ville de Montpellier et La Grande-Motte.

    Ça fait facilement 30 minutes en bagnole en roulant bien (et, à Montpellier, ça ne roule jamais bien), il n’y a pas de transports en commun pour faire le trajet, le jeune héros n’est pas véhiculé, et sa copine est, me semble-t-il, à vélo.

    Du coup je regarde juste pour essayer de savoir comment, à 16 ans, on peut passer son temps à se téléporter entre la plage de la Grande Motte et l’Esplanade du centre de Montpellier.

    • Autre mystère : ça se passe quand ? On est tombés sur le tournage d’une des premières scènes à la mi-avril au pied de Saint-Anne, avec les enfants, et le jeune acteur ne quitte jamais son sweat rouge, et assez visiblement tout le monde est habillé « mi-saison » ; mais dès qu’ils arrivent à la Grande-Motte, la paillotte est en pleine activité, il y a des gens qui bronzent sur la plage, un type en maillot promène une planche de surf et la serveuse rousse travaille en (quasi) maillot de bain.

      Dans l’épisode 3, les deux jeunes discutent sur la plage, il y a visiblement beaucoup de vent, mais les gens sont en maillot sur le sable ; au même moment, dans l’après-midi, papi et mami déambulent sur l’Esplanade de Montpellier, lui est en chemise avec une veste, elle a un petit pull et une grand foulard, derrière eux, certains figurants portent d’épaisses doudounes ; plan suivant, la paillotte à la Grande Motte, la serveuse qui sait des choses est à peine habillée, genre un maillot une pièce avec un mini-short (mais le jeune héros a son gilet et un jean).

      Alors c’est vrai que les gens ici ne savent plus du tout comment s’habiller dès qu’il fait moins de 23°, mais tout de même, c’est un épais mystère bien mystérieux qu’il va falloir que j’éclaircisse.

    • Ah, le quatrième épisode semble avoir voulu répondre à mes angoisses (je vais peut-être pouvoir dormir tranquille) :

      pour la téléportation entre le centre de Montpellier et la plage de la Grande Motte) : début de l’épisode, les deux jeunes au téléphone, lui est aux Arceaux, et elle lui explique comment venir à la Grande Motte (tu prends le tram jusqu’au terminus, et ensuite un Vélib pendant 15 minutes) ; ce qui ne m’explique pas comment ils ont fait jusqu’alors ;

      pour le problème de saison : la maman de deux ados leur rappelle que c’est bientôt la rentrée, et qu’ils ne se sont pas occupés des fournitures. Zut : c’est censé être fin août, cette histoire ? Ça explique les gens à la plage, mais pas les chemises à manches longues et autres foulards, gilets et doudounes. Là cette semaine à Montpellier, il fait plutôt pas super-beau et (je m’excuse pour ma famille du Pas-de-Calais si elle lit ça) il fait quand même 28°. Personne ne porte un gilet par-dessus une chemise à manches longues.

      Bon, j’étais assez reconnaissant tout de même de l’effort scénaristique. Jusqu’à la dernière scène : la maman sortie de garde-à-vue, son fils a fugué dans Montpellier, elle vient de raconter son horrible secret à ses parents qui vivent aux Arceaux (quartier de Montpellier tout près du centre historique), et vlan, morte d’angoisse parce que sans nouvelle de son grand fils, elle lui téléphone depuis… la Grande Motte (vue sur la grande roue de la plage du Point Zéro). (Moi aussi, si je perdais mon aînée à pied dans Montpellier, je m’empresserais de me téléporter à la Grande Motte, des fois qu’elle aurait pris le tram jusqu’au terminus et ensuite un Vélib pendant 15 minutes…)

  • Moondog - Création Radiophonique - France Culture
    http://www.franceculture.fr/emission-l-atelier-de-la-creation-moondog-2013-10-30

    En 1947, un homme déguisé en viking se tient jour et nuit sur la 6ème avenue de Manhattan, rassemblant les curieux autour d’étranges concerts. Il se souvient de ce chien qui hurlait à la lune, fidèle guide d’aveugle qui accompagnait ses voyages d’adolescent dans les réserves indiennes du Wyoming. Alors ce sera Moondog…

    Un portrait, une énigme, quelques parcelles d’une œuvre méconnue, l’histoire d’un garçon humble et passionné qui changea la face de la musique.

    http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4724442

    #muzik #audio #radio #moondog