L’Europe en crise - Notes d’Analyse Géopolitique

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    Dans un ouvrage remarqué, le philosophe et historien néerlandais Luuk van Middelaar propose une grille de lecture éminemment géopolitique du Passage à l’Europe, qui fait la part belle aux représentations. Partant de la réflexion de Michel Foucault pour qui « le discours n’est pas simplement ce qui traduit les luttes ou les systèmes de domination, mais ce pour quoi, ce par quoi on lutte, le pouvoir dont on cherche à s’emparer » (L’Ordre du discours), il distingue trois discours idéologiques à la source de l’Union européenne. Soit l’Europe des États, l’Europe des Citoyens et l’Europe des Bureaux, qui s’opposent et se complètent. Elles renvoient respectivement aux notions de confédéralisme, de fédéralisme et de fonctionnalisme. « Chaque discours a une préférence pour une ou plusieurs institutions européennes données, adopte un style politique et des recettes propres. Chaque discours entretient un rapport particulier avec le temps historique. » Ce sont ces conceptions de l’Europe qui s’affrontent encore et structurent le présent.

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    Et demain ?

    Au-delà du « vouloir faire l’Europe« , quels points communs pour ces trois visions ? Étonnamment, si l’on songe au préambule du projet de Constitution européenne de 2005, la religion chrétienne est omniprésente. Le discours de l’Europe des États est né à une époque où la chrétienté se confondait avec le continent. Celui des Citoyens s’inspire à l’origine des valeurs chrétiennes. Quant à l’Europe des Bureaux, elle fut portée par des hommes affichant ostensiblement leur appartenance à l’Église. Quelles qu’en soient les raisons, il apparaît que ce lien ne suffit pas, ou plus, à faire ciment.

    Pourtant, sans conscience de ses origines, l’Europe ne peut définir ni sa fin, ni son objectif. Concrètement, le libéralisme économique et social, trop souvent présenté comme « horizon indépassable » de l’Union, ne suffit pas à définir son Être. Il n’évacue pas notamment la question essentielle des frontières. Bien au contraire. Jusqu’où s’élargir dès lors que les discours actuels n’affichent plus de référents supranationaux partagés ?