• Etats-Unis : Alejandro Mayorkas, le ministre chargé de l’immigration, échappe à la destitution
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    Etats-Unis : Alejandro Mayorkas, le ministre chargé de l’immigration, échappe à la destitution
    La procédure lancée par les républicains, qui accusent le secrétaire à la sécurité intérieure de Joe Biden d’avoir provoqué une crise migratoire à la frontière mexicaine, a été rejetée par le Sénat, à majorité démocrate.
    Le Monde avec AFP
    Il n’a fallu qu’une poignée d’heures pour que le Sénat américain juge le procès intenté contre Alejandro Mayorkas infondé. Le secrétaire à la sécurité intérieure de Joe Biden a ainsi échappé, mercredi 17 avril, à une procédure de destitution lancée contre lui par les républicains.Ces derniers accusent le ministre chargé notamment de l’immigration d’avoir transformé en passoire la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, et l’avaient en conséquence inculpé, mi-février, à la Chambre des représentants où ils sont majoritaires. Comme la Constitution l’exige, le Sénat, l’autre chambre du Congrès américain, a entamé mercredi le procès du responsable américain. La procédure a formellement débuté en début d’après-midi mais a été balayée dans la foulée, les démocrates, majoritaires, votant en bloc pour s’opposer à la destitution de M. Mayorkas.
    En pleine année électorale, l’immigration s’est imposée comme un des sujets phares de la campagne qui oppose le président démocrate Joe Biden à l’ancien dirigeant républicain Donald Trump. Le camp du président actuel accuse les républicains de faire du ministre un bouc émissaire à moins de sept mois de l’élection présidentielle. La Constitution prévoit que le Congrès peut destituer le président, un ministre, ou des juges fédéraux en cas de « trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs ». La dernière inculpation d’un ministre par le Congrès remonte à 1876. Le ministre de la guerre William Belknap, accusé de corruption, avait démissionné avant la fin de la procédure de destitution.
    Le principal intéressé, Alejandro Mayorkas, a lui maintes fois rejeté les accusations des républicains, leur reprochant de « gaspiller du temps précieux et l’argent des contribuables » avec cette procédure de destitution. La situation n’en reste pas moins un casse-tête pour Joe Biden. Les républicains, pour la plupart proches de l’ancien président Donald Trump à la rhétorique très anti-immigration, accusent le président démocrate d’avoir laissé le pays se faire « envahir », prenant pour exemple le chiffre record de migrants arrêtés à la frontière, 302 000 en décembre.
    Donald Trump se réfère régulièrement à des meurtres particulièrement choquants, commis par des personnes entrées illégalement aux Etats-Unis, pour marteler qu’il existe une vague de criminalité due aux migrants clandestins. Mais ni les statistiques policières disponibles dans les grandes villes américaines, ni les études réalisées par des experts ne montrent la réalité d’un tel phénomène.

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  • Aux Etats-Unis, la question migratoire, entre urgence sécuritaire et blocage politique
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/01/30/aux-etats-unis-la-question-migratoire-entre-urgence-securitaire-et-blocage-p

    Aux Etats-Unis, la question migratoire, entre urgence sécuritaire et blocage politique
    Par Piotr Smolar (Washington, correspondant)
    Washington, le 24 janvier 2024. J. SCOTT APPLEWHITE / AP
    Un gouverneur, au Texas, qui refuse d’appliquer une décision de la Cour suprême. Le favori des primaires républicaines, Donald Trump, qui incite les élus de son camp à rejeter tout compromis avec les démocrates. Le président, Joe Biden, qui annonce son intention de fermer la frontière avec le Mexique en cas d’urgence, si le Congrès lui en donne les moyens. Une opinion publique gagnée par l’inquiétude. Les foyers d’incendie se multiplient aux Etats-Unis sur la question migratoire.
    En cette année d’élection présidentielle, elle s’impose au cœur du débat public et constitue l’une des vulnérabilités de Joe Biden. Mais elle expose aussi les calculs politiques des républicains, prêts à attiser le feu à des fins électorales et à bloquer tout nouveau paquet d’aide à l’Ukraine, un dossier devenu connexe.Cette question migratoire n’est ni un fantasme ni une manipulation. La pression est forte à la frontière avec le Mexique. Ses raisons sont multiformes, en amont, sur le reste du continent américain – répressions politiques, catastrophe économique et climatique, etc. –, poussant des millions de personnes sur les routes de l’exil vers le nord. Elle est due aussi à l’impossibilité, de longue date, de refonder les dispositifs fédéraux de traitement des migrants et de revoir le droit d’asile américain de façon bipartisane.
    « Le système est cassé », reconnaît Joe Biden. Pendant les deux premières années de son mandat, ce dernier a voulu détricoter les politiques controversées de son prédécesseur, avant d’être confronté aux flux croissants de migrants. Depuis janvier 2023, il a tenté de reconfigurer son approche. L’idée de la Maison Blanche était d’obliger les candidats à l’asile à déposer leur demande dans les pays de transit, ou à prendre rendez-vous par une application, avant d’arriver aux Etats-Unis.Mais la pression s’est accrue. Au cours du mois de décembre, près de 302 000 migrants sans papiers ont été interpellés, avec des pics réguliers à 10 000 par jour. Des chiffres sans précédent. Entre octobre 2022 et septembre 2023, la police aux frontières a contrôlé 2,4 millions de personnes, après un nombre similaire l’année précédente. Parmi eux figuraient 169 individus inscrits sur la « terrorist watchlist », un fichier de près de deux millions de personnes considérées comme nécessitant un intérêt particulier de la part des services américains. La crainte que des terroristes en puissance s’infiltrent par une frontière poreuse est abondamment relayée par les élus républicains.
    L’un des acteurs de cette crise politique et sécuritaire est Greg Abbott, le gouverneur républicain du Texas. L’an passé, il s’était fait remarquer en organisant le transfert de plus de 90 000 sans-papiers vers de grandes villes administrées par les démocrates – telles Los Angeles, Chicago ou New York –, prétendument au nom d’un partage du fardeau. Greg Abbott a récemment ordonné l’installation en urgence d’un mur de barbelés le long du Rio Grande, autour de la ville d’Eagle Pass. Déployés sur près de cinquante kilomètres, ces barbelés devaient décourager les candidats au franchissement, du côté mexicain. Mais ils empêchaient l’accès à la frontière aux forces fédérales, dont c’est pourtant la prérogative.
    Le 22 janvier, la Cour suprême a donné raison au gouvernement fédéral. En réponse, Greg Abbott a accusé la Maison Blanche de ne pas assumer ses « devoirs constitutionnels ». Ayant déclaré une « invasion » du Texas, le gouverneur invoque le droit de son Etat à « se défendre et à se protéger ». Cette révolte étatique contre le gouvernement fédéral inspire d’autres gouverneurs. Ils sont vingt-quatre républicains à avoir signé un texte de soutien à leur collègue du Texas, expliquant que les Etats pouvaient se substituer à Washington si le pouvoir fédéral n’assumait pas ses responsabilités.
    A Washington, les élus républicains se retrouvent dans une position inconfortable. Eux qui depuis des mois accusaient la Maison Blanche d’inaction sont dorénavant décidés à faire de l’obstruction, pour bloquer un accord sénatorial bipartisan, négocié depuis quatre mois. A la Chambre des représentants, le speaker Mike Johnson, sous la pression permanente des élus trumpistes, a estimé que le texte du Sénat serait « mort-né » en arrivant à la Chambre, alors même qu’il n’a pas encore été rendu public.
    Ce projet prévoit de compliquer significativement la voie vers l’asile et d’accroître la sécurisation de la frontière et les capacités de rétention avant expulsion. Il représente pourtant un compromis difficile pour les démocrates. Il suscite déjà une vive hostilité dans l’aile gauche du parti. « Ce qui est négocié serait, si cela prenait force de loi, la plus forte et juste série de réformes pour sécuriser la frontière qu’on n’ait jamais eues dans notre pays, a expliqué Joe Biden dans un communiqué assumant sa volte-face, le 26 janvier. Cela me donnerait, comme président, une nouvelle autorité d’urgence pour fermer la frontière lorsqu’elle deviendrait submergée. Si cette autorité m’était accordée, je l’utiliserais le jour même où je promulguerais le texte de loi. »
    Le sénateur républicain James Lankford (Oklahoma), qui conduit les négociations au Sénat, dénonce les « rumeurs sur Internet » et rappelle ses propres collègues à leurs responsabilités en matière de sécurité nationale. Il jouit du soutien du chef de file républicain, Mitch McConnell. Mais ce dernier a reconnu, lors d’une réunion derrière des portes closes, que Donald Trump rejetait tout compromis bipartisan. « Un mauvais accord sur la frontière est bien pire que pas d’accord », a expliqué l’ancien président, samedi, sur son réseau Truth Social. L’argument des trumpistes consiste à dire à présent que Joe Biden peut agir sans nouveau cadre législatif. Depuis plus de deux ans, ils prétendaient le contraire.
    La crise migratoire représente pour Donald Trump un angle d’attaque privilégié contre l’administration Biden. Il préfère entretenir la crise par ses pressions sur les élus, plutôt que d’offrir un répit politique à son successeur démocrate. Il emploie aussi ce sujet comme un argument contre sa dernière rivale pour l’investiture républicaine, Nikki Haley, présentée comme une « mondialiste profrontières ouvertes ».Les chaînes conservatrices, elles, en font un motif d’angoisse, confondant volontiers la question migratoire avec celle de la criminalité et de la drogue, plus précisément du fentanyl, cet opioïde de synthèse qui ravage les villes américaines.
    De leur côté, les républicains à la Chambre, dominés par un courant MAGA (« Make America Great Again ») hostile par principe et posture à la notion de compromis, ont l’intention de lancer, mardi 30 janvier, la procédure d’impeachment contre le secrétaire à la sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas. Peu importe que ce règlement de comptes politique ne repose sur aucune accusation crédible. Pour le mouvement MAGA, il s’agit d’un coup d’éclat sans autre fin que le bruit engendré.
    Balançant entre passivité et déni, la Maison Blanche n’est pas exempte de responsabilités dans la crise actuelle, qui, par association, met en danger un pan majeur de sa politique étrangère. Confrontée à l’épuisement de l’aide militaire à l’Ukraine fin septembre 2023, elle a subi les convulsions républicaines à la Chambre des représentants. Début octobre, Kevin McCarthy a été évincé du poste de speaker par son propre groupe, après avoir accepté une extension temporaire du financement du gouvernement fédéral. Pour assumer cet acte responsable, il avait abandonné les discussions sur un nouveau paquet d’aide pour l’Ukraine.
    Par la suite, Joe Biden a appelé de façon solennelle les républicains à voter une enveloppe globale de 111 milliards de dollars (102 milliards d’euros), dont 61 milliards de dollars pour l’Ukraine et 14 milliards de dollars pour Israël. Mais les élus du « Grand Old Party » (GOP) ont décidé de lier cyniquement cette aide – qui met en jeu la crédibilité américaine et la vitalité de ses alliances dans le monde – à la question migratoire. Et ce alors que le paquet de 111 milliards de dollars comprenait aussi 14 milliards uniquement destinés à renforcer les moyens policiers et judiciaires à la frontière.
    Les proches de Joe Biden, à commencer par le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, n’ont cessé de prétendre qu’il existait toujours une majorité bipartisane en faveur d’une aide massive à Kiev, face à l’agression russe. Ils semblent avoir sous-estimé l’emprise de Donald Trump sur le GOP et la montée dans la base militante – au poids déterminant dans les primaires républicaines – d’un isolationnisme fort, d’une priorité exigée pour les affaires intérieures. A commencer par l’urgence migratoire. Mais, aujourd’hui, une seule urgence semble dominer chez les trumpistes et elle n’a rien à voir avec la sécurité nationale ou les intérêts américains : battre Joe Biden en novembre.

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  • A New York, tollé après l’hébergement de migrants dans un lycée
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    A New York, tollé après l’hébergement de migrants dans un lycée
    Par Arnaud Leparmentier (New York, correspondant)
    Des pluies torrentielles étaient annoncées sur New York mardi 9 janvier dans la soirée. Les parents des 3 400 élèves du lycée James-Madison de Brooklyn ont alors été informés que les cours seraient dispensés à distance le lendemain. Pas pour protéger leurs enfants des intempéries, mais pour abriter temporairement cinq cents familles de migrants logées sous des tentes dans un aéroport désaffecté de New York, le Floyd Bennett Field, situé à 8 kilomètres de là. Avec le vent et la marée, les autorités craignaient que les tentes ne s’envolent et soient inondées.
    Vers 17 heures, les migrants sont arrivés par bus scolaires dans le gymnase du lycée. Le maire de la ville était présent, et s’est réjoui sur X en postant des photos : « Sur le terrain, au lycée James-Madison, les équipes font un excellent travail pour mettre les demandeurs d’asile en sécurité et au sec avant leur départ demain matin. » Tout s’est passé très vite, rudement : les familles de migrants ont ensuite dû se lever vers 2 heures du matin, et ont été promptement renvoyées sous leurs tentes. A 4 h 30 du matin, mercredi, elles avaient quitté les lieux tandis qu’entraient en scène les équipes de nettoyage. Ce fut pourtant un tollé auprès de nombreux parents, furieux qu’on prive leurs enfants d’école – les cours à distance promis pour le mercredi n’ont quasiment pas eu lieu, selon les témoignages. Certains insultèrent les migrants tandis que le lycée recevait un « torrent d’appels haineux et même une alerte à la bombe », selon les responsables de la ville.
    « Nous ne pouvons pas transformer les écoles en refuges. Ce n’est tout simplement pas bien », déplorait Michael Novakhov, républicain membre de l’Assemblée de l’Etat de New York, tout en déclarant sa compassion pour les migrants. Dans cette enclave conservatrice de Brooklyn, les responsables républicains ont soufflé sur les braises, rappelant des propos du maire de la ville, Eric Adams, qui annonçait, à l’été 2023, son intention de loger les migrants dans le parc privé de la ville.
    La chaîne conservatrice Fox News et le tabloïd New York Post, propriétés du groupe de Rupert Murdoch, en faisaient leurs choux gras. Tout le monde s’en est mêlé, y compris le milliardaire Elon Musk : « C’est ce qui arrive lorsque vous manquez de chambres d’hôtel. Bientôt, les villes seront à court d’écoles à libérer. Ensuite, ils viendront chercher vos maisons », écrit le patron de Tesla et de SpaceX. Les équipes du maire ont bien compris que le choix d’une école était explosif. « Nous ne prévoyons pas d’utiliser de nouveau le lycée James-Madison », a déclaré Zachary Iscol, commissaire à la gestion des urgences de la ville. Il n’empêche, l’affaire révèle que la crise migratoire se referme comme un piège sur New York, qui a vu arriver 160 000 migrants environ depuis le printemps 2022. Environ 70 000 sont à la charge de la ville, qui a une obligation légale de loger les sans-abri et loue des hôtels pour les héberger.
    Dans cette crise, les responsabilités sont multiples : le président démocrate, Joe Biden, qui n’arrive pas à tarir le flux de migrants venus via le Mexique ; les républicains du Texas, qui se font un plaisir d’envoyer par autobus les migrants dans les villes démocrates, notamment New York, pour confronter leurs idées généreuses à la réalité ; le maire de New York, Eric Adams, ancien policier afro-américain de Brooklyn, qui est débordé mais se voit reprocher d’avoir créé un appel d’air, en confirmant le statut de New York comme « ville sanctuaire », c’est-à-dire ne collaborant pas avec les autorités fédérales pour lutter contre l’immigration clandestine. Il en appelle à l’Etat fédéral, reprochant à Washington et à Joe Biden d’avoir « abandonné » New York. « L’aide n’arrivera pas », a déploré M. Adams en décembre, de retour d’un voyage à Washington.
    L’exaspération est partagée par l’ancien gouverneur démocrate de New York, Andrew Cuomo, contraint à la démission pour harcèlement sexuel en août 2021, qui rappelle dans une tribune publiée par le New York Post le 20 décembre 2023 que la politique d’immigration est du ressort de l’Etat fédéral et suggère d’attaquer ce dernier en justice : « La ville de New York est déjà en crise et doit gérer une économie post-Covid, des taux d’inoccupation [de bureaux] élevés, la criminalité, les sans-abri, l’immigration et les déficits budgétaires. Elle ne peut pas se permettre de financer les soins aux migrants, estimés à 12 milliards de dollars [près de 11 milliards d’euros] d’ici à la fin de l’exercice 2025. Elle ne peut pas non plus se permettre de supprimer des services essentiels alors que la qualité de vie est déjà en souffrance », écrit l’ancien élu.
    En attendant, pourtant, M. Adams a proposé des coupes budgétaires dans le ramassage des ordures et le nettoyage de la voirie, dans les écoles, les bibliothèques et la police, avant de se raviser sur le dernier dossier. La cote de popularité du maire est tombée en décembre à 28 %, le plus mauvais score jamais enregistré par un maire de Big Apple. Son cas est aggravé par des soupçons de financement illégal de sa campagne électorale par la Turquie dans une enquête menée par le FBI, tandis que la ville se divise sur le conflit israélo-palestinien. L’élu est confronté à une crise qui rappelle, sans être comparable, la faillite de New York dans les années 1970 et l’envolée de la criminalité dans les années 1990 sur fond de guerre de la drogue. Les maires de l’époque n’avaient fait qu’un seul mandat, et c’est le destin que prédit Michael Goodwin, l’éditorialiste du New York Post, à M. Adams.

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  • Le Niger défie l’Europe sur la question migratoire
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    Le Niger défie l’Europe sur la question migratoire
    En abrogeant une loi de 2015 réprimant le trafic illicite de migrants, la junte au pouvoir à Niamey met un terme à la coopération avec l’Union européenne en matière de contrôles aux frontières.
    Par Frédéric Bobin et Morgane Le Cam
    L’épreuve de force est engagée entre le Niger et l’Union européenne (UE) sur la question migratoire. La junte issue du coup d’Etat de juillet à Niamey a fait monter les enchères, lundi 27 novembre, en abrogeant une loi datant de 2015, pénalisant le trafic illicite de migrants.Ce dispositif répressif, un des grands acquis de la coopération de Bruxelles avec des Etats africains, visant à endiguer les flux migratoires vers la Méditerannée, est aujourd’hui dénoncé par le pouvoir nigérien comme ayant été adopté « sous l’influence de certaines puissances étrangères » et au détriment des « intérêts du Niger et de ses citoyens ».
    L’annonce promet d’avoir d’autant plus d’écho à Bruxelles que le pays sahélien occupe une place stratégique sur les routes migratoires du continent africain en sa qualité de couloir de transit privilégié vers la Libye, plate-forme de projection – avec la Tunisie – vers l’Italie. Elle intervient au plus mauvais moment pour les Européens, alors qu’ils peinent à unifier leurs positions face à la nouvelle vague d’arrivées qui touche l’Italie. Du 1er janvier au 26 novembre, le nombre de migrants et réfugiés ayant débarqué sur le littoral de la Péninsule s’est élevé à 151 312, soit une augmentation de 61 % par rapport à la même période en 2022. La poussée est sans précédent depuis la crise migratoire de 2015-2016.
    La commissaire européenne aux affaires intérieures, la Suédoise Ylva Johansson, s’est dite mardi « très préoccupée » par la volte-face nigérienne. La décision semble répondre au récent durcissement de l’UE à l’égard des putschistes. Le 23 novembre, le Parlement de Strasbourg avait « fermement condamné » le coup d’Etat à Niamey, un mois après l’adoption par le Conseil européen d’un « cadre de mesures restrictives », ouvrant la voie à de futures sanctions.
    « Les dirigeants à Niamey sont dans une grande opération de chantage envers l’UE, commente un diplomate occidental familier du Niger. Ils savent que le sujet migratoire est source de crispation au sein de l’UE et veulent ouvrir une brèche dans la position européenne, alors qu’ils sont asphyxiés par les sanctions économiques décidées par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest [Cedeao]. Il ne leur a pas échappé que l’Italie est encline à plus de souplesse à leur égard, précisément à cause de cette question migratoire. »
    Mais le défi lancé par la junte aux pays européens pourrait être plus radical encore, jusqu’à s’approcher du point de rupture. « La décision des dirigeants de Niamey montre qu’ils ont tout simplement abandonné toute idée de négocier avec l’UE à l’avenir, souligne une autre source diplomatique occidentale. Car un retour en arrière serait extrêmement difficile après l’abrogation de la loi. Ils montrent qu’ils ont choisi leur camp. Ils vont désormais nous tourner le dos, comme l’ont fait les Maliens. Ils ont abandonné leur principal point de pression avec l’UE. »
    Si l’inquiétude monte à Bruxelles face à un verrou migratoire en train de sauter, c’est le soulagement qui prévaut au Niger, où les rigueurs de la loi de 2015 avaient été mal vécues. Des réactions de satisfaction ont été enregistrées à Agadez, la grande ville du nord et « capitale » touareg, carrefour historique des migrants se préparant à la traversée du Sahara. « Les gens affichent leur joie, rapporte Ahmadou Atafa, rédacteur au journal en ligne Aïr Info, installé à Agadez. Ils pensent qu’ils vont pouvoir redémarrer leurs activités liées à la migration. » Les autorités locales, elles aussi, se réjouissent de cette perspective. « Nous ne pouvons que saluer cette abrogation, se félicite Mohamed Anako, le président du conseil régional d’Agadez. Depuis l’adoption de la loi, l’économie régionale s’était fortement dégradée. »
    Il aura donc fallu huit ans pour que le paradigme des relations entre l’UE et le Niger change du tout au tout. Le sommet de La Valette, capitale de Malte, en novembre 2015, dominé par la crise migratoire à laquelle le Vieux Continent faisait alors face dans des proportions inédites, avait accéléré la politique d’externalisation des contrôles aux frontières de l’Europe. Les Etats méditerranéens et sahéliens étaient plus que jamais pressés de s’y associer. Le Niger s’était alors illustré comme un « bon élève » de l’Europe en mettant en œuvre toute une série de mesures visant à freiner l’accès à sa frontière septentrionale avec la Libye.
    A cette fin, le grand architecte de ce plan d’endiguement, le ministre de l’intérieur de l’époque – Mohamed Bazoum, devenu chef d’Etat en 2021 avant d’être renversé le 26 juillet – avait décidé de mettre en œuvre, avec la plus grande sévérité, une loi de mai 2015 réprimant le trafic illicite de migrants. Du jour au lendemain, les ressortissants du Sénégal, de Côte d’Ivoire, du Mali ou du Nigeria ont fait l’objet d’entraves administratives – le plus souvent en contradiction avec les règles de libre circulation prévues au sein de la Cedeao – dans leurs tentatives de rallier Agadez par bus en provenance de Niamey.
    Dans la grande ville du Nord nigérien, le gouvernement s’était attaqué aux réseaux de passeurs, au risque de fragiliser les équilibres socio-économiques. L’oasis d’Agadez, par où avaient transité en 2016 près de 333 000 migrants vers l’Algérie et la Libye, a longtemps profité de ces passages. Ultime porte d’accès au désert, la ville fourmillait de prestataires de « services migratoires » – criminalisés du jour au lendemain –, guidant, logeant, nourrissant, équipant et transportant les migrants.Avec la loi de 2015, « l’ensemble de la chaîne de ces services à la migration s’est écroulé », se souvient M. Anako. Le coup a été d’autant plus dur pour les populations locales que, dans les années 2010, la floraison de ces activités était venue opportunément compenser l’effondrement du tourisme, victime des rébellions touareg (1990-1997 et 2007-2009), puis du djihadisme. A partir de 2017, Agadez n’était plus que l’ombre d’elle-même. Certains notables locaux se plaignaient ouvertement que l’Europe avait réussi à « imposer sa frontière méridionale à Agadez ». Aussi, l’abrogation de la loi de 2015 permet à la junte de Niamey de faire d’une pierre deux coups. Outre la riposte à l’Europe, elle rouvre des perspectives économiques dans une région où les partisans du président déchu, M. Bazoum, espéraient recruter des soutiens. « Il y a à l’évidence un “deal” pour que les Touareg d’Agadez prêtent allégeance à la junte », relève le diplomate occidental.

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  • La Côte d’Ivoire se défend d’être un des principaux pourvoyeurs de migrants en Europe
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/10/04/la-cote-d-ivoire-se-defend-d-etre-un-des-principaux-pourvoyeurs-de-migrants-

    La Côte d’Ivoire se défend d’être un des principaux pourvoyeurs de migrants en Europe
    Selon l’agence européenne Frontex, près de 14 000 Ivoiriens figurent parmi les exilés ayant débarqué en septembre sur l’île italienne de Lampedusa. Les autorités ivoiriennes contestent ces chiffres et envisagent de mettre en place des visas avec certains pays maghrébins.
    Par Marine Jeannin(Abidjan, correspondance)
    Publié le 04 octobre 2023 à 07h30
    Alors qu’en Italie, les arrivées irrégulières de migrants en provenance d’Afrique du Nord ont quasiment doublé entre janvier et août par rapport à la même période en 2022, la Côte d’Ivoire réfute la présence en nombre de ses ressortissants dans leurs rangs. Selon le recensement de l’agence européenne Frontex, 14 000 Ivoiriens – 12 500 selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) – figurent parmi les exilés ayant débarqué en septembre en Europe. La Côte d’Ivoire est d’après ces statistiques le deuxième pays pourvoyeur de migrants clandestins vers l’Europe après la Guinée. Au cours d’un point presse consacré au sujet, lundi 2 octobre à Abidjan, le ministre ivoirien de l’intérieur, Vagondo Diomandé, s’est offusqué d’« une situation qui tend à ternir l’image de notre pays » et a contredit les chiffres donnés par Frontex et l’OIM. Ces « accusations portées contre notre pays » ne reposent, selon le ministre que sur les déclarations des personnes enregistrées par les services d’immigration italiens. « Aucune vérification n’a été effectuée avec le concours des services compétents de la Côte d’Ivoire pour s’assurer de la réalité de la nationalité ivoirienne de ces migrants, ainsi que le prévoit l’accord multilatéral conclu par notre pays avec l’Union européenne », a-t-il pointé. En somme, selon lui, beaucoup de migrants se diraient Ivoiriens mais seraient en réalité d’une autre nationalité.
    Pour appuyer son propos, M. Diomandé a ensuite énuméré les actions du gouvernement ivoirien pour lutter contre l’immigration clandestine : « amélioration des conditions de vie et de travail des populations », accords passés avec l’Europe, renforcement des mesures de contrôle et de surveillance aux postes-frontières, démantèlement de certaines filières… ainsi que l’envoi de missions d’identification dans les pays européens « chaque fois que cela s’est avéré nécessaire », et prochainement à Lampedusa. Selon le ministre, lors de ces précédentes missions d’identification, la nationalité ivoirienne a été confirmée pour moins de 15 % des demandeurs d’asile « présumés ivoiriens » entre 2009 et 2018.
    Se faire passer pour un Ivoirien ? Pareille stratégie peut sembler étonnante de la part des exilés. En Afrique de l’Ouest, les ressortissants des pays du Sahel, une région en proie aux attaques terroristes et aux conflits armés, sont vraisemblablement plus à même de recevoir l’asile en Europe que les Ivoiriens, qui n’ont plus droit au statut de réfugié depuis juin 2022. Une information manifestement ignorée par la majorité des demandeurs d’asile.
    « Jusqu’au coup d’Etat de janvier 2022 au Burkina Faso, des filières utilisaient des cartes d’identité ivoiriennes volées, explique l’ethnologue Léo Montaz. Les migrants qui les montraient disaient qu’ils étaient victimes de la crise ivoirienne qui a eu lieu entre 2002 et 2011. Beaucoup de non Ivoiriens se présentaient comme tels, ça pouvait passer dans la première moitié des années 2010… Mais cela a moins de sens aujourd’hui. D’autant plus que la fameuse “filière de Daloa” [ville ivoirienne considérée à l’époque comme une plaque tournante de l’immigration clandestine vers l’Europe] a été démantelée en 2018. »
    Autre explication possible : l’espoir, à défaut d’Europe, d’être rapatrié en Côte d’Ivoire, locomotive économique de la sous-région, plutôt que dans son pays d’origine. Interrogé sur le sujet le 28 septembre, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, avait rappelé que la Côte d’Ivoire était « un pays de transit », dont un quart de la population est d’origine étrangère. De nombreux immigrés des pays de la région y travaillent dans l’attente de réunir assez d’argent pour financer la traversée. « Cela ne fait pas d’eux des Ivoiriens, a déclaré M. Coulibaly. Une nationalité ne se déclare pas simplement, il faut des documents qui l’attestent. »
    C’est par le Maghreb que passent la plupart des migrants d’Afrique de l’Ouest, selon l’agence Frontex et le gouvernement ivoirien. « La pression migratoire accrue sur cette route pourrait persister dans les mois à venir, les passeurs baissant les prix pour les migrants partant de Libye et de Tunisie, dans un contexte de concurrence féroce entre les groupes criminels », indiquait l’agence européenne dans un communiqué publié le 14 septembre. Plus de 2 000 personnes sont mortes ou portées disparues depuis le début de l’année en tentant d’effectuer cette traversée vers l’Europe, selon l’OIM.Pour tenter d’y remédier, le gouvernement ivoirien a engagé des discussions avec la Tunisie et le Maroc, où les ressortissants ivoiriens peuvent pour l’heure se rendre librement par voie aérienne. Des procédures diplomatiques sont en cours, a indiqué Vagondo Diomandé, pour instaurer un visa entre la Côte d’Ivoire et ces deux pays. Une mesure annoncée comme temporaire, pour répondre à la crise migratoire.
    Marine Jeannin(Abidjan, correspondance)

    #Covid-19#migrant#migration#cotedivoire#frontex#oim#libye#tunisie#maghreb#afriquedelouest#pressionmigratoire#passeur#crisemigratoire#visas

  • Les demandes d’asile dans l’Union européenne, la Norvège et la Suisse en hausse de 28 % au premier semestre
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/05/les-demandes-d-asile-dans-l-union-europeenne-la-norvege-et-la-suisse-en-haus

    Les demandes d’asile dans l’Union européenne, la Norvège et la Suisse en hausse de 28 % au premier semestre
    Les requêtes sont au plus haut depuis 2015-2016, années au cours desquelles l’afflux de réfugiés en Europe dépassait 1,2 million de personnes.
    Le Monde avec AFP
    Les demandes d’asile enregistrées dans les pays de l’Union européenne, la Norvège et la Suisse au premier semestre 2023 ont augmenté de 28 % par rapport aux six premiers mois de 2022, a annoncé l’Agence de l’Union européenne pour l’asile (AUEA), mardi 5 septembre. Quelque 519 000 demandes d’asile ont été déposées dans ces vingt-neuf pays entre janvier et la fin de juin, selon l’agence, qui estime que, « d’après les tendances actuelles, les demandes pourraient excéder 1 million d’ici à la fin de l’année ». Les Syriens, Afghans, Vénézuéliens, Turcs et Colombiens sont les principaux demandeurs, comptant pour 44 % des requêtes.
    Les demandes au premier semestre sont au plus haut à cette période de l’année depuis 2015-2016. Lors de l’afflux de réfugiés en Europe provoqué notamment par l’enlisement du conflit en Syrie, le nombre de demandes d’asile avait atteint 1,3 million (en 2015) et 1,2 million (en 2016). En 2022, elles étaient de 994 945.
    L’Allemagne est le pays qui a reçu le plus de dossiers (30 %). C’est près de deux fois plus que l’Espagne (17 %) et la France (16 %). L’AUEA souligne qu’en raison de cette hausse de nombreux pays européens « sont sous pression pour traiter les demandes », et que le nombre de dossiers en attente de décision a augmenté de 34 % par rapport à 2022. En première instance, 41 % des demandes ont reçu une réponse positive. Par ailleurs, quelque 4 millions d’Ukrainiens fuyant l’invasion de l’armée russe bénéficient actuellement d’une protection temporaire dans l’UE.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#asile#demandeurdasile#AUEA#syrie#afghanistan#venezuela#turquie#colombie#allemagne#espagne#france#ukraine#protection#sante#crisemigratoire#norvege#suisse

  • Le Tchad appelle à l’aide internationale face à l’afflux de réfugiés soudanais
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/06/26/le-tchad-appelle-a-l-aide-internationale-face-a-l-afflux-de-refugies-soudana

    Le Tchad appelle à l’aide internationale face à l’afflux de réfugiés soudanais
    Plus de 100 000 femmes et des enfants venus du Darfour ont traversé la frontière dans l’est du pays depuis mai, s’ajoutant aux 680 000 personnes déjà présentes.
    Le Monde avec AFP
    Publié hier à 09h29, modifié hier à 09h32
    GUEIPEUR DENIS SASSOU / AFP
    Le Tchad, où de nouveaux réfugiés fuyant la guerre au Soudan affluent par dizaines de milliers, a réclamé, samedi 24 juin, une « aide massive » de la communauté internationale, qu’il accuse de le « laisser presque seul » face à une crise humanitaire « sans précédent ».
    « La mobilisation de la communauté internationale (…) n’est pas à la hauteur de la mobilisation observée sous d’autres cieux, laissant le Tchad presque seul face à l’accueil des réfugiés en épuisant au maximum ses ressources propres », a asséné, samedi, devant les diplomates et représentants des organisations internationales le premier ministre Saleh Kebzabo.Début juin déjà, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) avait sonné l’alarme en annonçant que plus de 100 000 Soudanais, essentiellement des femmes et des enfants venus du Darfour, avaient traversé la frontière dans l’est du Tchad en un mois et demi de conflit. Venant s’ajouter à plus de 680 000 réfugiés déjà présents dans ce pays semi-désertique d’Afrique centrale, dont 60 % de Soudanais.Et l’agence onusienne déplorait alors que les besoins de financement pour leur venir en aide n’étaient couverts qu’à 16 % par la communauté internationale. « Le Tchad sollicite l’appui et l’assistance technique et financière massive des pays et organisations » et « une conférence internationale (…) sur la mobilisation des fonds » pour l’aider à faire face à une « crise migratoire sans précédent », a déclaré M. Kebzabo dans un discours dont le texte a été transmis par ses services à l’AFP.
    Venant s’ajouter à des dizaines de milliers de réfugiés du Cameroun dans l’ouest, de Centrafrique dans le sud, et plus de 409 000 Soudanais déjà présents dans l’est depuis le conflit meurtrier des années 2000 et 2010 au Darfour, de nouveaux réfugiés affluent depuis le début, le 15 avril, de la guerre civile entre les deux généraux qui se disputent le pouvoir à Khartoum.Tchad et Soudan se partagent une frontière extrêmement poreuse de plus de 1 300 km en plein désert. Les réfugiés « ont bénéficié de la solidarité des populations hôtes qui les ont accueillis et ont partagé leurs maigres ressources », mais « le Tchad s’expose de plus en plus à des crises internes liées à la rareté de ses ressources » dans un pays à l’« économie déjà fragile », s’alarme le premier ministre.« Sans votre sollicitude, votre solidarité et votre élan de cœur, le Tchad ne pourra pas supporter le poids de cette crise », a-t-il conclu devant les représentants de la communauté internationale.

    #Covid-19#migrant#migration#postcovid#soudan#tchad#darfour#refugie#cameroun#centrafrique#HCR#refugie#crisemigratoire#frontiere#guerre

  • Azizou Chehou, l’homme qui sauve la vies de migrants naufragés dans le Sahara
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/05/10/niger-azizou-chehou-l-homme-qui-sauve-des-vies-au-sahara_6172825_3212.html

    Azizou Chehou, l’homme qui sauve la vies de migrants naufragés dans le Sahara
    Grâce aux tricycles de l’association Alarme Phone Sahara, l’ancien enseignant vient en aide aux migrants refoulés par les autorités algériennes de l’autre côté de la frontière avec le Niger.
    Par Amaury Hauchard
    Une carrière de trente ans dans l’éducation, une petite maison familiale dans un quartier périphérique de la ville nigérienne d’Agadez, une Toyota Corolla poussiéreuse qu’il traîne depuis onze ans… La vie d’Azizou Chehou n’a, à première vue, rien d’extraordinaire. Pourtant, l’homme de 56 ans qui vient en aide aux naufragés du désert sauve, chaque année, presque autant de vie qu’un médecin.
    Semaine après semaine, ils sont des centaines à errer ainsi dans les sables, refoulés par les autorités algériennes de l’autre côté de la frontière avec le Niger. Des hommes originaires d’Afrique de l’Ouest, jetés des bennes des camions où ils ont été entassés, qui n’ont d’autre choix que de marcher jusqu’au village d’Assamaka, traversant quinze kilomètres de désert. C’est ce tronçon que sillonnent les tricycles de l’association Alarme Phone Sahara
    Avec leurs véhicules, ils viennent en aide à ceux qui ne peuvent plus marcher, les emmènent jusqu’au village où un centre de transit de l’ONU doit les accueillir. Dans ce bout de désert, il y a beaucoup d’ennemis des migrants : bandits côté nigérien, patrouilles militaires côté algérien.
    Ces dernières semaines, les expulsions par l’Algérie n’ont jamais été aussi nombreuses : tandis qu’environ 20 000 personnes avaient été refoulées sur l’ensemble de l’année 2022, APS en a déjà recensé près de 15 000 jetées dans le Sahara durant les quatre premiers mois de 2023.
    Parfois, quand les gilets jaunes d’APS les trouvent, les migrants sont déjà morts. « C’est une honte ce qui se passe là-bas, souligne Azizou Chehou. En Méditerranée au moins, la mer rejette les corps, alors que le Sahara les avale. On ne pourra jamais savoir combien de personnes sont mortes ici dans l’indifférence. » (...) Dans les pages du seul journal papier du nord du Niger, il écrit sur tout, mais la migration revient page après page : ici, elle a toujours été un business florissant. « Etre à un carrefour de migrations a amené à une époque beaucoup de travail ici. Opérer dans ce trafic a été criminalisé [en 2015]. Tout a changé », souligne-t-il. Alors quand M. Diallo lâche les rênes en 2018 de la petite association APS qu’il avait lancé avec des soutiens associatifs allemands, c’est une évidence : Azizou Chehou doit reprendre le flambeau. Lui hésite : il prépare sa thèse et doit déjà gérer son autre association d’aide aux jeunes désœuvrés de son quartier.Quelques mois plus tard, la thèse est bouclée et la crise migratoire s’accentue sur la frontière algérienne. Les tricycles d’APS n’arrêtent pas de circuler dans le sable et le téléphone du coordinateur Chehou sonne en permanence. Quant au village d’Assamaka, il devient ce déversoir où s’agglutinent des milliers de migrants dans l’attente d’être pris en charge par l’ONU et des ONG internationales.

    #Covid-19#migrant#migration#niger#sahara#afriquesubsaharienne#algerie#corps#mortalité#trafic#crisemigratoire#routemigratoire#postcovid

  • Le Mexique a rapatrié les corps de migrants Guatelmatèques victimes du crime organisé
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/13/le-mexique-a-rapatrie-les-corps-de-migrants-guatelmateques-victimes-du-crime

    Une crise sécuritaire dénoncée, début mars, par un rapport de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, qui fustige « les violences et les extorsions de la part des policiers, des agents migratoires et des groupes criminels mexicains ». Ce à quoi Gina Garibo ajoute : « Les réseaux de passeurs profitent aussi de la frustration des migrants. » Leurs tarifs ont en effet décollé, passant de 3 000 dollars à plus de 13 000 dollars pour un départ d’Amérique centrale. « Des milliers d’autres subissent le même sort, disparaissant dans des fosses clandestines » Jose Luis Gonzalez, coordinateur au Guatemala du réseau jésuite d’aide aux migrants« Certains abandonnent les clandestins en chemin, les livrent au crime organisé, qui les enlève contre rançon, les recrute de force, voire les tue », affirme Jose Luis Gonzalez, coordinateur au Guatemala du réseau jésuite d’aide aux migrants. Le religieux accompagne les proches des seize victimes du massacre de Camargo, dont les corps sont arrivés, vendredi, dans leur pays. Le président guatémaltèque, Alejandro Giammattei, a déclaré trois jours de deuil national.
    L’enquête mexicaine sur le drame s’oriente vers la rivalité territoriale entre le cartel du nord-est et celui du golfe. Les trois passeurs mexicains tués travaillaient sans doute pour la concurrence. « Des milliers d’autres subissent le même sort, disparaissant dans des fosses clandestines », souligne le père Gonzalez, qui déplore que « le discours de Biden, plus favorable aux migrants, ne se traduise pas encore dans les faits ». D’autant que le président américain a maintenu la règle des « expulsions express », instaurée par M. Trump, au nom des mesures sanitaires liées au Covid-19. Quelque 136 419 clandestins ont ainsi été expulsés et renvoyés, en janvier et en février, dans leur pays d’origine. « Ne venez pas aux Etats-Unis de manière irrégulière, la frontière reste fermée », martèle Roberta Jacobson, coordinatrice de la frontière sud à la Maison Blanche. « Les Centraméricains sont trop désespérés, par la violence et la misère dans leurs pays, pour ne pas tenter quand même la traversée », répond M. Gonzalez, qui redoute une crise migratoire et humanitaire.

    #Covid-19#migration#migrant#etatsunis#mexique#ameriquecentrale#crisemigratoire#pandemie#frontiere#politiquemigratoire#trafic#mesuresanitaire

  • Des violences contre des migrants aux Canaries suscitent l’indignation au Maroc
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/02/09/des-violences-contre-des-migrants-aux-canaries-suscitent-l-indignation-au-ma

    Dans un contexte de crise économique sur l’archipel, où le tourisme représente plus d’un tiers du PIB, l’arrivée massive de migrants marocains et ouest-africains a suscité une montée des sentiments hostiles dans la population. « Tout le monde souffre », confie Judith Sunderland, vice-directrice pour l’Europe de l’organisation Human Rights Watch (HRW), qui s’est rendue aux Canaries fin 2020 : « Les migrants sont détenus dans des conditions indignes et subissent des attaques xénophobes, tandis que la population locale est à bout de souffle, éreintée par la crise du tourisme. Les fausses informations circulant sur les réseaux sociaux, alimentées par des groupes d’extrême droite, ont exacerbé la haine et les violences envers les migrants. »
    Ces dernières semaines, plusieurs manifestations anti-immigrés ont eu lieu dans l’archipel. Les ONG continuent d’alerter sur une situation qui rappelle celle des camps de l’île grecque de Lesbos, où les conditions de vie étaient déplorables. Samedi 6 février, une manifestation non autorisée de migrants sur l’île de Grande Canarie a été dispersée par la garde civile espagnole. Menacés d’expulsion, les migrants demandent à être transférés en Espagne continentale et exigent de meilleures conditions d’accueil. Selon l’hebdomadaire marocain TelQuel, qui s’est rendu sur place, quelque 400 Marocains enfermés dans le camp du collège Leon, situé dans un établissement scolaire abandonné de Grande Canarie, ont entamé samedi une grève de la faim

    #Covid-19#migrant#migration#canaries#maroc#UE#sante#violence#crisemigratoire#pandemie#migrationirreguliere#tourisme

  • De retour en mer Méditerranée, l’Ocean Viking porte secours à 237 migrants - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/30059/de-retour-en-mer-mediterranee-l-ocean-viking-porte-secours-a-237-migra

    L’Ocean Viking a secouru jeudi 237 migrants, dont 31 femmes et 101 mineurs, en détresse au large des côtes libyennes. Le navire humanitaire sera rejoint d’ici quelques jours dans la zone de recherche et de sauvetage par l’Open Arms.Quelques jours seulement après avoir débarqué 373 migrants au port d’Augusta en Sicile, l’Ocean Viking a repris la mer mardi 2 février et a secouru jeudi 237 migrants, dont 31 femmes et 101 mineurs, lors deux opérations au large des côtes libyennes.Contrairement aux fois précédentes, le navire humanitaire affrété par SOS Méditerranée n’a pas eu à subir de quarantaine après avoir accosté en Italie et a donc pu rejoindre rapidement la zone de recherche et de sauvetage (SAR zone). « Tous les rescapés et l’équipage ont fait un test PCR à leur arrivée au port sicilien, qui est revenu négatif », précise à InfoMigrants Meryl Sotty, chargée de communication de l’ONG. L’Ocean Viking devrait être rejoint en Méditerranée centrale d’ici quelques jours par l’Open Arms. Le navire de l’ONG espagnole éponyme a quitté Barcelone, en Espagne, mardi pour sa 80e mission en mer. Il se trouvait jeudi matin au large de Malte.

    #Covid-19#migrant#migration#ue#malte#italie#libye#sante#oim##parcoursmigratoire#crisemigratoire#ong#test#

  • L’« Ocean-Viking », avec 422 personnes sauvées en Méditerranée à bord, va pouvoir accoster en Sicile
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/02/07/avec-422-personnes-a-bord-l-ocean-viking-cherche-en-urgence-un-port-sur_6069

    Alors que les conditions météorologiques se dégradent, le navire humanitaire Ocean-Viking va pouvoir accoster dans le port sicilien d’Augusta, en Italie, a annoncé dimanche 7 février l’ONG SOS Méditerranée, son affréteur. Le bateau, qui devrait arriver aux alentours de 19 heures, transporte 422 migrants recueillis en mer au large de la Libye.
    Le feu vert des autorités italiennes est arrivé quelques heures après un communiqué de SOS Méditerranée relayant l’appel au secours de Luisa Albera, coordinatrice des opérations de recherche et de secours sur le navire : « Les 422 personnes à bord, dont des bébés, des enfants, des femmes enceintes et des mineurs isolés, ont les mêmes droits que toute personne secourue en mer. Ils doivent en toute urgence débarquer dans un port sûr. »Mme Albera alertait alors sur le fait que l’arrivée possible de la pluie et de forts vents risquait d’aggraver encore la situation. Car, insistait-elle, il n’est pas possible de mettre toutes les personnes recueillies à l’abri des intempéries, certaines étant contraintes de rester sur le pont arrière du navire.Depuis qu’il a repris la mer à la mi-janvier à Marseille, après plusieurs mois bloqué à quai en Italie, l’Ocean-Viking a recueilli 424 personnes au total. Deux d’entre elles, une femme enceinte et son compagnon, ont été évacuées par hélicoptère vers Malte, vendredi.
    Selon Luisa Albera, plusieurs personnes à bord « sont dans un état de santé précaire et sous observation permanente » : huit passagers ont notamment été testés positifs au Covid-19 et isolés, afin d’enrayer la propagation du SARS-CoV-2 à bord.Les candidats à l’exil de l’Afrique partent pour l’essentiel de Tunisie et de Libye pour rejoindre l’Europe via l’Italie, dont les côtes sont les plus proches. Plus de 1 200 migrants ont péri en 2020 en Méditerranée, dont la grande majorité sur cette route centrale, selon l’Organisation internationale pour les migrations. Les navires des ONG, à l’instar de l’Ocean-Viking, sauvent des vies mais sont aussi accusés depuis plusieurs années de faire le jeu des passeurs. L’Union européenne s’est divisée sur la manière de gérer le problème depuis que la crise des migrants clandestins a débuté en 2015, lorsque plus d’un million d’entre eux sont arrivés sur les côtes européennes.

    #Covid-19#migrant#migration#malte#tunisie#libye#ue#ong#omi#sante#parcoursmigratoire#crisemigratoire#vulnerabilite

  • 28 minutes de débat. En soutien à Rokhaya Diallo - Roman intime et Gauche
    http://romanintimeetgauche.blogspot.com/2020/10/28-minutes-de-debat-en-soutien-rokhaya.html

    Nous sommes le mercredi 21 [octobre] 2020. Sur le plateau de l’émission 28 minutes Pascal Bruckner plumitif accuse Rokhaya Diallo d’avoir « armé le bras des assassins de Charlie Hebdo » Sur le plateau personne ne condamne son propos. Rokhaya Diallo se retrouve donc seule face à une personne l’accusant d’avoir inspiré des meurtres. 

    Sur les réseaux sociaux j’ai vu plusieurs personnes se présentant comme faisant partie du public fidèle de l’émission faire part de leur stupéfaction. Pas ca. Pas vous Elisabeth Quin. Comme si tout ceci échappait totalement au cours d’une émission placé sous le signe de la bienveillance et des pulls flashy qui ont même inspiré un compte Twitter. Alors que bon.

    Regardons ensemble le dispositif de l’émission. Elle est donc présentée par Elisabeth Quin. Selon sa fiche Wikipédia elle ci a commencée sa carrière de journaliste dans les années 80 à la radio puis à la TV sur des émissions à teneur culturelle avec une prédominance pour le cinéma. Avant de parvenir à la présentation de 28 minutes elle fera quand même un passage au cabinet de Christian Estrosi comme chargée de mssion. Un parcours exemplaire donc.

    Elle présente donc l’émission assistée la plupart du temps de Nadia Daam en tandem avec un autre journaliste en rotation chaque semaine provenant de la rédaction du Figaro, Marianne, Le Monde, Slate ou France Culture. Ce qui nous permet donc d’avoir successivement Trémollet de Villers Figaro , Askolovitch Slate, Frédéric Says France Culture, Anne Rosencher L’Express (après avoir été déjà présente quand elle était à Marianne). Politiquement c’est encore plus paritaire mais aussi pluraliste qu’un gouvernement macroniste. De la Droiche. De la Droite. On est bien.

    L’émission débute avec un invité venu pour présenter un livre/ un film/ une oeuvre. C’est du téléachat à portée culturelle et pédagogique très bien amené quand tu es chez toi entre le gigot et le fromage. Puis un débat PourContre. 28 minutes est très très PourContre.Quel que soit le sujet. 

    Mais surtout 28 minutes a des prismes idéologiques marqué sur certains sujets. Concernant la question de l’incapacité des pays de l’Union Européenne (plus de 500 millions d’habitants de la première puissance économique mondiale) à faire face à l’afflux de migrants qui se révèlera en 2015 l’émission l’abordera de façon continue sous le prisme de la #crisemigratoire Celui ci vise à considérer que le problème ce sont les migrants. C’est un discours porté par l’extrème droite et qui se diffusera dans l’espace médiatique notamment grâce à des émissions comme 28 minutes

    #Arte #média #fascisation #racisme #Hersant_partout

  • Reportage : A Lesbos, l’urgence humanitaire a éclipsé l’épidémie de coronavirus - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/27309/reportage-a-lesbos-l-urgence-humanitaire-a-eclipse-l-epidemie-de-coron

    Sur l’île grecque de Lesbos, l’épidémie de coronavirus inquiète les autorités. Les 35 personnes migrantes qui avaient été détectées positives au virus ont fui avec les autres migrants lors de l’incendie qui a détruit le camp de Moria, dans la nuit du 8 au 9 septembre. Mais pour les exilés qui vivent à la rue depuis une semaine, le Covid-19 n’est plus qu’une angoisse lointaine, largement dominée par celle de pouvoir manger chaque jour.
    Sous une couverture grise attachée par un côté à un grillage et soutenue de l’autre par de petits piquets en bois, Jessica est assise, épaules contre épaules, entre deux jeunes hommes. Ces Camerounais sont résignés face à l’impossibilité de préserver toute distanciation sociale au milieu des milliers de personnes qui vivent à la rue depuis une semaine, le long de la route de Mytilène."On est entassé ici comme des poulets en batterie. Quand il y a des distributions [de nourriture] on est agglutinés, c’est impossible d’avoir un mètre de distanciation", s’agace la jeune femme en t-shirt sans manche noir
    Sur les quelques centaines de mètres le long desquels les rescapés de l’incendie du camp de Moria sont installés, le coronavirus semble appartenir à une autre époque. Un temps où, malgré les difficultés de la vie à Moria, les personnes migrantes avaient encore de l’énergie pour éviter les contaminations.Depuis l’incendie, toute distanciation sociale semble impossible et, surtout, l’urgence est ailleurs. « La plus grande préoccupation de ces personnes actuellement, c’est d’avoir accès à de la nourriture et de l’eau », souligne Dimitra Chasioti, psychologue pour Médecins sans frontières (MSF) dans la clinique que l’ONG a installée tout près des tentes

    #Covid-19#migrant#migration#grece#lesbos#moria#camp#sante#survie#contamination#distanciationsociale#crisehumanitaire#crisemigratoire

  • Athènes maintient sa ligne dure après l’incendie du camp de Moria sur l’île de Lesbos
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/09/11/athenes-maintient-sa-ligne-dure-apres-l-incendie-du-camp-de-moria_6051791_32

    Le chef de l’opposition (Syriza) et ex-chef de gouvernement Alexis Tsipras a, de son côté, accusé l’actuel premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, d’être « personnellement responsable du drame ». « La blessure de Moria devait être refermée (…). Nous avions déjà avancé le plan de décongestion [du camp] avec cohérence et respect pour nos semblables. Mais les 5 000 personnes à Moria sont devenues 20 000 en un an, avant que les transferts ne reprennent timidement », a lancé M. Tsipras. En ligne de mire également de l’opposition : le durcissement de la politique du premier ministre de droite arrivé au pouvoir en juillet 2019, qui aurait conduit à l’exaspération et à la révolte des migrants de Moria. A la suite de l’incendie, Kyriakos Mitsotakis a réagi : « Je reconnais les conditions difficiles [à Moria], mais rien ne peut servir d’alibi pour des réactions violentes contre les contrôles sanitaires. » Le journal de gauche Efimerida Ton Syntakton (« le journal des rédacteurs ») l’accusait, jeudi, de poursuivre à tout prix une politique de la « loi et l’ordre » en parlant essentiellement de sécurité nationale et de santé publique sans égard pour la crise humanitaire. Le gouvernement conservateur a voté une nouvelle loi sur le droit d’asile à l’automne 2019, permettant d’augmenter les durées de détention autorisées pour les demandeurs d’asile et de faciliter les renvois en Turquie des candidats déboutés. Depuis des mois, le gouvernement Mitsotakis est accusé de favoriser les refoulements de migrants vers la Turquie à la frontière terrestre mais aussi en mer. Les témoignages recueillis par plusieurs ONG et même le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies accumulent les preuves contre le gouvernement et les gardes-côtes qui ont toujours démenti et parlent de « fake news » véhiculées par Ankara. L’accès au système de santé a été rendu plus difficile, et plus de 11 000 réfugiés étaient menacés d’être expulsés de leur hébergement depuis le mois de juin après la décision prise de réduire la période pendant laquelle les réfugiés ayant obtenu l’asile peuvent rester dans les appartements attribués par le HCR. Surtout, le gouvernement grec a promis la construction de nouveaux centres d’enregistrement fermés à Lesbos – ce qui n’était pas le cas de Moria – et sur les quatre autres îles de la mer Egée, où s’entassent déjà plus de 24 000 personnes au total. Face à la fronde des insulaires, qui se sont mobilisés à plusieurs reprises, parfois avec violence, avant l’épidémie due au coronavirus, le gouvernement avait reculé. Mais, pour le premier ministre, la destruction de Moria ne remet pas en cause le projet, bien au contraire. « Nous avions averti qu’il fallait fermer Moria et avoir une nouvelle structure plus adaptée », a clamé jeudi sur la chaîne de télévision ANT1 le ministre des migrations, Notis Mitarachi.

    #Covid-19#migration#migrant#grece#moria#camp#demadeurdasile#refugie#sante#politiquemigratoire#UE#crisehumanitaire#crisemigratoire