#haut-karabakh

  • Non, le « #choc_des_civilisations » n’aide pas à comprendre notre époque

    Depuis le 7 octobre, les idées du professeur américain #Samuel_Huntington sont à nouveau vantées, au service d’un idéal de #repli_identitaire. Pourtant, ces thèses fragiles ont été largement démontées, sur le plan empirique comme théorique.

    C’est un des livres de relations internationales les plus cités au monde. Publié en 1996, trois ans après un article dans Foreign Affairs, Le Choc des civilisations a fourni un concept qui a proliféré dans le débat public. À la faveur de sa republication en poche aux éditions Odile Jacob, la journaliste et essayiste Eugénie Bastié a eu une révélation : son auteur, le politiste Samuel Huntington (1927-2008), était le prophète de notre époque. Sacrément épatée, elle affirme dans Le Figaro que « chaque jour, l’actualité donne raison » à ce livre « majeur ».

    Elle n’est ni la première ni la seule à le penser. À chaque attentat ou chaque guerre mettant aux prises des belligérants de religions différentes, la théorie est ressortie du chapeau comme une grille explicative. Depuis les massacres du Hamas du 7 octobre, c’est à nouveau le cas. Dans Le Point, Franz-Olivier Giesbert n’a pas manqué de la convoquer dans un de ses éditoriaux. Dans la plus confidentielle et vénérable Revue politique et parlementaire, un juriste s’est appuyé sur Huntington pour conclure tranquillement à « une certaine incompatibilité civilisationnelle entre Arabes et Israéliens et, partant, entre Orient et Occident ».

    Huntington pensait qu’avec la fin de la Guerre froide, les #facteurs_culturels allaient devenir prédominants pour expliquer la #conflictualité dans le système international. Il ajoutait que les risques de conflictualité seraient maximisés aux points de rencontre entre « #civilisations ». À l’en croire, ces dernières seraient au nombre de neuf. La #religion serait un de leurs traits distinctifs essentiels, parmi d’autres caractéristiques socio-culturelles ayant forgé, selon lui, des différences bien plus fondamentales que celles qui existent entre idéologies ou régimes politiques.

    De nombreuses critiques ont été faites aux thèses d’Huntington. Aujourd’hui, ces dernières sont largement considérées comme infirmées et inutilisables dans sa propre discipline. Elles ne sont plus reprises que par des universitaires qui ne sont pas spécialistes de relations internationales, et des acteurs politico-médiatiques qui y trouvent un habillage scientifique aux obsessions identitaires qui les habitent déjà.

    Il faut dire que dans la réflexion d’Huntington, la reconnaissance des #identités_civilisationnelles à l’échelle globale va de pair avec un rejet du multiculturalisme à l’intérieur des États. Eugénie Bastié l’a bien compris, se délectant des conclusions du professeur américain, qu’elle reprend à son compte : « La #diversité est bonne au niveau mondial, mortifère au niveau national. L’#universalisme est un danger à l’extérieur, le #multiculturalisme une #menace à l’intérieur. »

    Des résultats qui ne collent pas

    Le problème, c’est que les thèses d’Huntington ont été largement démontées, sur le plan empirique comme théorique. Comme l’a déjà rappelé Olivier Schmitt, professeur à l’Université du Sud au Danemark, des chercheurs ont « testé » les prédictions d’Huntington. Or ils sont tombés sur des résultats qui ne collent pas : « Les actes terroristes, comme les conflits, ont historiquement toujours eu majoritairement lieu – et continuent d’avoir majoritairement lieu – au sein d’une même civilisation. »

    Dans Philosophies du multiculturalisme (Presses de Sciences Po, 2016), le politiste Paul May relève que « les arguments avancés par Huntington pour justifier sa thèse du choc des civilisations ne reposent pas sur de larges analyses empiriques, mais plutôt sur une série d’anecdotes et d’intuitions ». Il dresse le même constat à propos des alertes angoissées d’Huntington sur le supposé moindre sentiment d’appartenance des #minorités à la nation états-unienne, notamment les Hispaniques.

    Huntington procède en fait par #essentialisation, en attribuant des #valeurs_figées à de vastes ensembles socio-culturels, sans prendre au sérieux leur #variabilité dans le temps, dans l’espace et à l’intérieur des groupes appartenant à ces ensembles. Par exemple, son insistance sur l’hostilité entre l’#Occident_chrétien et la #civilisation_islamique néglige de nombreux épisodes de coopération, d’influences mutuelles, d’alliances et de renversement d’alliances, qui ont existé et ont parfois répondu à des intérêts politico-stratégiques. Car si les #identités_culturelles ont bien un potentiel mobilisateur, elles sont justement intéressantes à enrôler et instrumentaliser dans une quête de puissance.

    Le « #déterminisme_culturaliste » d’Huntington, écrivait le professeur Dario Battistella dès 1994, « mérite une #critique approfondie, à l’image de toutes les explications unifactorielles en sciences sociales ». Au demeurant, les frontières tracées par Huntington entre les civilisations existantes reposent sur des critères peu clairs et discutables. Le chercheur Paul Poast a remarqué, dans un fil sur X, que ses choix aboutissent à une superposition troublante avec une carte des « races mondiales », « produite par Lothrop Stoddard dans les années 1920, [ce dernier étant connu pour être] explicitement un suprémaciste blanc ».

    Les mauvais exemples d’#Eugénie_Bastié

    Les exemples mobilisés par Eugénie Bastié dans Le Figaro illustrent toutes les limites d’une lecture outrancièrement culturaliste de la réalité.

    « Dans le cas du conflit israélo-palestinien, écrit-elle, l’empathie n’est plus dictée par des choix rationnels ou idéologiques mais par des appartenances religieuses et identitaires. » Il était toutefois frappant, avant le 7 octobre, de constater à quel point les États du monde arabe et musulman s’étaient désintéressés de la question palestinienne, l’un des objectifs du #Hamas ayant justement été de faire dérailler la normalisation des relations en cours. Et si la composante islamiste de l’identité du Hamas est indéniable, la situation est incompréhensible sans tenir compte du fait qu’il s’agit d’un conflit pour la terre, que d’autres acteurs palestiniens, laïques voire, socialisants, ont porté avant le Hamas.

    Concernant l’#Ukraine, Bastié explique qu’« entre un Ouest tourné vers l’Occident et un Est russophone, Huntington prévoyait trois scénarios : une Ukraine unie pro-européenne, la division en deux avec un est annexé à la Russie, une Ukraine unie tournée vers la Russie. On sait désormais que l’on s’achemine plus ou moins vers le deuxième scénario, le plus proche du paradigme du choc des civilisations. »

    Remarquons d’abord la précision toute relative d’une théorie qui « prédit » des issues aussi contradictoires. Soulignons ensuite que malgré tout, Huntington considérait bien que « si la #civilisation est ce qui compte, la probabilité de la #violence entre Ukrainiens et Russes devrait être faible » (raté). Pointons enfin la séparation caricaturale établie par l’essayiste entre les parties occidentale et orientale du pays. Comme l’a montré l’historien Serhii Plokhy, les agressions russes depuis 2014 ont plutôt contribué à homogénéiser la nation ukrainienne, « autour de l’idée d’une nation multilingue et multiculturelle, unie sur le plan administratif et politique ».

    Enfin, Bastié devait forcément glisser qu’Huntington a formulé sa théorie du choc des civilisations avant même les attentats du 11 septembre 2001, censés illustrer « la résurgence du conflit millénaire entre l’islam et l’Occident ».

    Reprenant sa critique du politiste américain à l’aune de cet événement, Dario Battistella a cependant souligné que « loin de constituer les prémices d’une bataille à venir entre deux grandes abstractions, #Occident et #Islam, les attentats du 11 septembre sont bien l’expression d’une forme pervertie de l’islam utilisée par un mouvement politique dans sa lutte contre la puissance hégémonique américaine ; quant aux bombardements américano-britanniques contre Al-Qaïda et les talibans, ce sont moins des croisades que des opérations de police, de maintien de la “pax americana”, entreprises par la puissance impériale et sa principale alliée parmi les puissances satisfaites de l’ordre existant. »

    À ces illustrations guère convaincantes du prophétisme de Samuel Huntington, il faut ajouter les exemples dont Eugénie Bastié ne parle pas, et qui ne collent pas non plus avec sa grille de lecture.

    Avec la tragédie du Proche-Orient et l’agression russe en Ukraine, l’autre grand drame historique de cette année s’est ainsi joué en #Arménie et en #Azerbaïdjan, avec le #nettoyage_ethnique du #Haut-Karabakh. Or si ce dernier a été possible, c’est parce que le régime arménien a été lâché par son protecteur russe, en dépit de populations communiant majoritairement dans le #christianisme_orthodoxe.

    Cet abandon, à laquelle la difficile révolution démocratique en Arménie n’est pas étrangère, a permis au dirigeant azéri et musulman #Ilham_Aliev de donner libre cours à ses ambitions conquérantes. L’autocrate a bénéficié pour cela d’armes turques, mais il a aussi alimenté son arsenal grâce à l’État d’Israël, censé être la pointe avancée de l’Occident judéo-chrétien dans le schéma huntingtonien interprété par Eugénie Bastié.

    Le côté « chacun chez soi » de l’essayiste, sans surprendre, témoigne en parallèle d’une indifférence aux revendications démocratiques et féministes qui transcendent les supposées différences civilisationnelles. Ces dernières années, ces revendications se sont données à voir avec force en Amérique latine aussi bien qu’en #Iran, où les corps suppliciés des protestataires iraniennes témoignent d’une certaine universalité du combat contre la #domination_patriarcale et religieuse. Cela ne légitime aucune aventure militaire contre l’Iran, mais rappelle que toutes les actions de soutien aux peuples en lutte pour leurs droits sont positives, n’en déplaise au fatalisme huntingtonien.

    On l’aura compris, la thématique du choc des civilisations n’aide aucunement à comprendre notre chaotique XXIe siècle. Il s’agit d’un gimmick réactionnaire, essentialiste et réductionniste, qui donne une fausse coloration scientifique à une hantise du caractère mouvant et pluriel des identités collectives. Sur le plan de la connaissance, sa valeur est à peu près nulle – ou plutôt, elle est la pire manière d’appeler à prendre en compte les facteurs culturels, ce qui souffre beaucoup moins la contestation.

    Sur le plan politique, la théorie du choc des civilisations est un obstacle aux solidarités à construire dans un monde menacé par la destruction de la niche écologique dont a bénéficié l’espèce humaine. Ce sont des enjeux de justice climatique et sociale, avec ce qu’ils supposent de réparations, répartition, redistribution et régulation des ressources, qu’il s’agit de mettre en avant à toutes les échelles du combat politique.

    Quant aux principes libéraux et démocratiques, ils méritent également d’être défendus, mais pas comme des valeurs identitaires opposées à d’autres, dont nous serions condamnés à vivre éloignés. L’universalisme n’est pas à congédier parce qu’il a servi d’alibi à des entreprises de domination. Quand il traduit des aspirations à la paix, à la dignité et au bien-être, il mérite d’être défendu, contre tous les replis identitaires.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/231223/non-le-choc-des-civilisations-n-aide-pas-comprendre-notre-epoque
    #Palestine #Israël

    #Huntington

  • Le “nettoyage ethnique” dans le Haut-Karabakh marqué par l’empreinte d’Israël
    https://www.courrierinternational.com/article/vu-d-israel-le-nettoyage-ethnique-dans-le-haut-karabakh-marqu


    Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avec le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, à Davos, en Suisse, en 2018. PHOTO Amos Ben Gershom/GPO

    Après la reconquête par Bakou de l’enclave autonomiste arménienne du Haut-Karabakh, le journal “Ha’Aretz” souligne le rôle crucial des armes israéliennes dans cette victoire éclair et s’interroge sur le bien-fondé et la moralité de l’alliance conclue entre l’Azerbaïdjan et l’État hébreu.

    Source : Ha’Aretz Traduit de l’hébreu
    Publié aujourd’hui à 14h14
    [...]
    Depuis la deuxième décennie du XXIe siècle, Israël s’emploie à aider l’Azerbaïdjan à écraser les Arméniens de cette enclave. Les Israéliens entretiennent une relation stratégique avec les Azerbaïdjanais, une relation qui implique des ventes d’armes d’une valeur de plusieurs milliards de dollars et qui découle à la fois du conflit larvé entre Israël et l’Iran et du fait que l’État hébreu achète à l’Azerbaïdjan une partie importante des hydrocarbures dont il a besoin.
    [...]
    En mai dernier [2023], Ha’Aretz avait également révélé que des journalistes et des militants de l’opposition azerbaïdjanais avaient été traqués par le logiciel espion Pegasus de la société NSO et ensuite “neutralisés”.

    Ces dernières années, Israël n’a pas seulement fourni des armes à l’Azerbaïdjan. Il a également soutenu cette république turcophone dans sa volonté d’imposer un révisionnisme historique concernant le génocide des Arméniens [1915-1916], un révisionnisme partagé avec la Turquie depuis un siècle.
    [...]
    Dans le même temps, Israël soutient activement la campagne insensée menée par l’Azerbaïdjan pour que la communauté internationale reconnaisse le “génocide de Khodjaly” que les Arméniens auraient perpétré contre plusieurs centaines d’Azéris en février 1992.
    [...]
    Certes, il existe des récits contradictoires sur ce qu’il s’est passé lors de la bataille de Khodjaly pendant la première guerre du Nagorno-Karabakh de 1992. Mais il y a une chose sur laquelle la communauté internationale s’accorde : si l’on s’en tient aux normes juridiques internationales, aucun génocide n’y a été perpétré.
    Hélas, ce qu’il se passe aujourd’hui dans le Nagorno-Karabakh n’est pas le premier cas de nettoyage ethnique à être marqué de l’empreinte d’Israël. La persécution des Rohingyas en Birmanie et le martyr des musulmans bosniaques durant la guerre de Bosnie-Herzégovine [1992-1995] ne sont que deux exemples parmi tant d’autres.
    Que conclure ? Que, fort de l’histoire du peuple juif, l’État d’Israël aurait dû apprendre depuis longtemps que monnayer des armes contre un révisionnisme historique n’est rien d’autre qu’une faillite morale.

    https://jpst.it/3oPH7

    • @biggrizzly Il semble que la population du Haut-Karabakh soit tributaire de pures logiques d’alliance entre puissances régionales. Des voix de cette région se sont exprimées estimant non sans raison avoir été lâchées non seulement par la Russie mais aussi par l’Arménie.

      J’avoue que j’ignorais l’importance du rôle d’Israël, avec la Turquie, dans ce jeu d’alliances. Il me semblait intéressant de le souligner avec cet article de Haaretz, ce dernier étant israélien, il est logique qu’il porte un regard particulier sur le rôle de l’État d’Israël dans cette affaire.

      Ci-dessous un article dans lequel on voit comment la guerre d’Ukraine menée par la Russie est exploitée par l’Azerbaïdjan contre les arméniens du Haut Karabakh, deux entités supposées être des alliées de la Russie.

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/l-armenie-victime-collaterale-de-la-guerre-en-ukraine-5696780

      [...]

      L’Azerbaïdjan avance ses pions sur le terrain

      Début mars, l’unique gazoduc reliant l’Arménie à l’enclave du Haut Karabakh a été saboté. Comme si l’Azerbaïdjan et son allié turc profitaient de la guerre en Ukraine qui concentre toute l’attention de la communauté internationale et celle de la Russie pour avancer leurs pions sur le terrain.

      Cette conjoncture internationale inquiète l’Arménie car la Russie est la seule garante de sa sécurité et de celles des Arméniens du Haut-Karabakh. « Le drame des Arméniens est qu’ils sont complètement tributaires des Russes pour leur sécurité physique mais aussi pour leur sécurité énergétique, puisque le gaz qu’ils consomment est importé de Russie », explique Tigrane Yégavian.

      Au plan diplomatique, l’Arménie s’est abstenue lors du vote de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies condamnant l’invasion russe de l’Ukraine. La marge de manœuvre des autorités de Erevan est extrêmement étroite. « Les Arméniens évoluent sur une ligne de crête, constate Tigrane Yégavian. Le moindre faux pas pourrait s’avérer funeste. »

      Les puissants alliés de Bakou

      En face, l’Azerbaïdjan est soutenu par deux puissances régionales majeures et influentes : la Turquie et Israël. « Dans la dernière guerre de novembre 2020, analyse Tigrane Yégavian, ce sont les drones turcs Bayraktar et israéliens Harop qui ont fait la différence sur le champ de bataille. » L’Azerbaïdjan fait partie de la proximité géostratégique d’Ankara.

      La Turquie a été le premier État du monde à avoir reconnu l’indépendance de l’Azerbaïdjan à la suite de la disparition de l’URSS en 1991. Les deux pays entretiennent ainsi une coopération économique et militaire très étroite.

      Quant au partenariat israélo-azerbaïdjanais, il repose sur une alliance militaro-énergétique. L’Azerbaïdjan fournit environ un tiers des besoins pétroliers d’Israël, qui, en retour, livre à Bakou du matériel militaire sophistiqué. Et puis surtout, l’Azerbaïdjan constitue en base d’observation et d’espionnage pour surveiller l’Iran.
      [...]

    • Macron, dimanche soir, a expliqué que la Russie était complice. Libération depuis utilise la même idée de complicité. Mais alors, qui a raison ? Tout le monde à la fois ? Pourquoi notre Président il ne dit pas que notre allié européen d’Israël est à la pointe du soutien de l’Azerbaïdjan ? Sans parler de notre allié de l’OTAN de Turquie. L’Arménie est soutenu par l’Europe, tout devrait vite s’arranger ? A moins que l’Arménie ne paie, sans que personne ne le dise vraiment, sa proximité avec les russes ?
      https://seenthis.net/messages/1018759

    • Haut-Karabakh : la fin d’une enclave née de la dislocation de l’URSS
      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/29/haut-karabakh-vie-et-mort-de-l-enclave-armenienne_6191519_3210.html


      Arayik Sarkissian et sa famille, réfugiés arméniens du Haut-Karabakh, attendent dans leur voiture l’arrivée de voisins de leur village. A Kornidzo (Arménie), le 25 septembre 2023. ERIC GRIGORIAN POUR « LE MONDE »

      Trente-deux ans après sa création, la République autoproclamée du Haut-Karabakh a annoncé s’autodissoudre, sous les coups de butoir militaires de l’Azerbaïdjan. L’épilogue d’un conflit séculaire.

      Par Emmanuel Grynszpan et Faustine Vincent(Erevan, envoyée spéciale)
      Publié aujourd’hui à 05h30, modifié à 08h30

      Le rêve d’indépendance s’est définitivement écroulé jeudi 28 septembre. Presque trois ans jour pour jour après son écrasante défaite militaire contre l’armée azerbaïdjanaise, l’entité séparatiste arménienne du Haut-Karabakh (aussi appelée « Artsakh ») s’est autodissoute, mettant fin à trente-deux ans d’existence. Par la force, mais aussi par un jeu diplomatique profitant des erreurs politiques de son ennemi, le régime autoritaire de Bakou a instauré sa souveraineté sur l’enclave située sur son territoire. La chute de la République autoproclamée du Haut-Karabakh (RAHK), dont la légitimité n’avait été reconnue par aucune chancellerie, pas même par l’Arménie voisine, clôt tragiquement un chapitre de l’histoire arménienne.

      https://jpst.it/3oRmy

    • Haut-Karabakh : les raisons profondes d’une capitulation éclair
      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-enjeux-internationaux/haut-karabakh-les-raisons-profondes-d-une-capitulation-eclair-9029600

      Vendredi 29 septembre 2023
      Réfugiers près de la ville de Kornidzor, le 26 septembre 2023. ©AFP - Alain JOCARD

      https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13305-29.09.2023-ITEMA_23503353-2023C3305S0272-21.mp3

      Les Enjeux internationaux
      Les autorités séparatistes ont même annoncé leur dissolution à compter du 1er janvier, marquant ainsi officiellement la fin de l’existence de la République séparatiste autoproclamée du Nagorny Karabakh.
      Avec
      Gaïdz Minassian Journaliste au Monde, docteur en sciences politiques et enseignant à Sciences Po Paris

      En à peine une semaine, le Haut-Karabakh s’est vidé de plus de la moitié de ses habitants arméniens. Cet exil massif fait suite à l’offensive éclair menée par l’Azerbaïdjan mercredi dernier... Menant à la capitulation de ses autorités. Comment expliquer une capitulation si rapide dans un conflit qui dure pourtant depuis plus de 30 ans ?

      #Nagorny Karabakh #Haut-Karabakh #Azerbaïdjan

    • Le journal de 12:30 de France culture vient de faire explicitement mention du soutien israélien, notamment via la vente d’armes à lAzerbaïdjan. Ils ont aussi rappelé qu’Israël, comme la Turquie, ne reconnaît pas le génocide arménien de 1915.

    • Merci pour tous ces suivis, c’est passionnant.
      La communauté arménienne doit être particulièrement remontée en ce moment... parce qu’entre génocide et nettoyage ethnique, ils ne sont décidément pas abonnés aux meilleurs évènements géopolitiques...

      Et donc... la mention de Macron l’autre soir en évoquant ces évènements... je ne la comprends toujours pas.

    • Moscou et Bakou s’en prennent aux déclarations de Macron sur le Haut-Karabakh
      https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20221014-moscou-et-bakou-s-en-prennent-aux-d%C3%A9clarations-de-macron-sur

      Lors d’une interview, Emmanuel Macron avait affirmé mercredi : « La Russie s’est immiscée dans ce conflit, elle a manifestement joué le jeu de l’Azerbaïdjan avec une complicité turque et elle est revenue là pour affaiblir l’Arménie. »

      « C’est une manœuvre de déstabilisation de la Russie qui, dans le Caucase, cherche à créer le désordre pour tous nous affaiblir et nous diviser », avait-il estimé.

      Il a aussi assuré que la France ne « lâcherait jamais » les Arméniens et affirmé que l’Azerbaïdjan avait lancé en 2020 « une guerre terrible » pour reprendre le Nagorny Karabakh, ainsi que des « offensives » en septembre à la frontière officielle entre les deux pays.

      Ouais bah Macron... depuis qu’il a tapé dans l’œil de la prof de français, moi j’ai l’impression qu’il n’en finit plus de faire le beau comme dans du (mauvais) théâtre, en déclarant sans arrêt tout et son contraire. Sur la Russie, notamment avec la guerre en Ukraine, il nous a déjà servi un beau festival d’interprétation de personnages contradictoires et là, ça continue.

    • Effectivement, erreur de ma part sur la date, tant l’histoire semble ici bégayer et, finalement toujours s’aggraver ! Merci de le signaler.

      Voici la déclaration de Macron de cette année que tu évoquais :

      Conflit au Haut-Karabagh : « La France est aujourd’hui très vigilante à l’intégrité territoriale de l’Arménie », affirme Emmanuel Macron
      https://www.bfmtv.com/politique/gouvernement/conflit-au-haut-karabagh-la-france-est-aujourd-hui-tres-vigilante-a-l-integri

      BFMTVPolitiqueGouvernement

      Conflit au Haut-Karabagh : « La France est aujourd’hui très vigilante à l’intégrité territoriale de l’Arménie », affirme Emmanuel Macron
      Le président de la République, Emmanuel Macron, s’est exprimé ce dimanche soir à 20h lors d’une interview co-diffusée sur BFMTV.

      Comme je l’indiquais au début, on ne peut pas exclure un retournement d’alliance qui aurait pour effet non seulement la suppression de l’entité du Haut-Karabagh mais aussi, après, la menace sur l’Arménie. Les logiques de puissances engagent les populations à être complices plus ou moins consentantes ou victimes de potentiels coups d’États, d’invasions voire de génocides. C’est avéré.

      De ce point de vue rien ne permet d’écarter l’hypothèse évoquée par Macron d’une responsabilité russe passée ou à venir (voir à ce sujet le lien ci-dessous, vers l’article du Monde de ce jour).

      Mais, par contre, là où le président se montre particulièrement pathétique c’est quand il veut faire croire que son seul discours (comme avec l’Ukraine, par exemple) peut avoir le moindre effet sur la situation et, surtout, comme si l’État français se situerait en dehors de ces horribles contingences impérialistes.

      Remarquons, toutefois, qu’à propos des populations arméniennes du Haut-Karabagh Macron évoque leur religion chrétienne, introduisant une empreinte idéologique peu rassurante à ce conflit.

      Voici l’article du Monde d’aujourd’hui, où il est question des craintes de l’invasion de l’Arménie avec la complicité de la Russie :

      Après le Haut-Karabakh, l’Arménie convaincue d’être la prochaine cible
      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/30/apres-le-haut-karabakh-l-armenie-convaincue-d-etre-la-prochaine-cible_619169

      Nombre d’Arméniens redoutent que l’Azerbaïdjan ne profite de son succès pour conquérir davantage de territoire. Une menace qui modère pour l’instant les critiques contre le premier ministre, Nikol Pachinian, accusé d’avoir sacrifié le Haut-Karabakh.
      [...]
      Malgré le choc et la colère liée à la perte du Haut-Karabakh, Nikol Pachinian [Premier ministre de l’Arménie] apparaît d’autant moins menacé [par la population arménienne] pour le moment qu’il n’est pas le seul à être pointé du doigt. La Russie, les autorités du Haut-Karabakh et les précédents dirigeants arméniens sont eux aussi considérés comme responsables. « Dans la société, les avis divergent pour savoir qui blâmer », observe Benyamin Poghosian, chercheur au centre de réflexion Applied Policy Research Institute, à Erevan. Une partie de la population redoute également que le départ de Pachinian ne favorise le retour de l’ancien clan postsoviétique corrompu, dont plus personne ne veut. « Surtout, ajoute l’analyste, beaucoup de gens sont fatigués de la politique après trente ans de tourmente et de guerres. Ils se sentent impuissants, veulent se tenir à l’écart de tout ça et juste vivre leur vie. » Le danger pourrait toutefois venir d’ailleurs. Plusieurs ONG arméniennes ont accusé la Russie, vendredi, de fomenter un « coup d’Etat » pour renverser Nikol Pachinian, qui n’a cessé de défier le Kremlin ces derniers mois.
      [...]

      https://justpaste.it/5afyt/pdf

    • La Russie a à priori expliqué aux Arméniens qu’ils devaient parvenir à un accord avec l’Azerbaidjan depuis pas mal d’années, et les dirigeants Arméniens ont préféré rester sourds à ces suggestions, au point d’en arriver à la situation bancale que l’on connaît et qui est en train de se retourner douloureusement contre eux.

    • Je n’adhère pas à tous les points d’analyse politique évoqués dans cette tribune mais elle me semble intéressante sur le plan factuel car elle propose un résumé chronologique des faits qui semble assez correct :

      Les mises entre crochets des textes sont dans l’article d’origine.

      Les Arméniens du Haut-Karabakh sacrifiés sur l’autel de la realpolitik
      https://www.courrierinternational.com/article/tribune-les-armeniens-du-haut-karabakh-sacrifies-sur-l-autel-

      Dans un article à charge, ce journaliste d’origine arménienne renvoie dos à dos Russes, Européens et Américains, qu’il accuse de passivité complice, et tire à boulets rouges sur les dirigeants arméniens aveuglés, selon lui, par leurs luttes intestines. Au point de ne pas avoir aperçu le danger “existentiel” qui guettait l’enclave ancestrale.
      [...]
      Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ne cache pas son appui à l’agression azerbaïdjanaise, exactement comme [lors de la guerre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie] en 2020, dans laquelle des soldats turcs sont intervenus directement [aux côtés des troupes azerbaïdjanaises].
      Mais comment s’en étonner, alors que cela fait trente ans que la Turquie impose un blocus aux Arméniens, probablement parce qu’elle ne leur a pas pardonné d’avoir survécu au génocide [commis contre eux en 1915 sous l’ancien Empire ottoman].
      La réaction de la Russie aussi a été favorable à l’Azerbaïdjan. Non seulement les forces russes de maintien de la paix ont assisté sans broncher à l’agression, mais en plus Moscou [alliée traditionnelle de l’Arménie] a donné l’ordre à son personnel sur place de blâmer l’Arménie plutôt que l’Azerbaïdjan.
      De son côté, l’Union européenne (UE) a alimenté les velléités de l’Azerbaïdjan en lui achetant de plus en plus de pétrole et de gaz pour compenser l’embargo occidental sur les hydrocarbures en provenance de Russie.
      En juillet 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est rendue à Bakou pour “discuter de l’ensemble [des] relations et de [la] coopération” entre l’UE et l’Azerbaïdjan, sans poser aucune condition préalable et sans exiger de garanties contre l’éventualité d’une épuration ethnique des Arméniens au Karabakh.
      Pour punir Vladimir Poutine de son invasion de l’Ukraine, l’UE a donc fait affluer des pétrodollars en Azerbaïdjan, et l’anéantissement du Haut-Karabakh n’aura été qu’un dommage collatéral de sa realpolitik.
      Pour ce qui est du président américain, Joe Biden, il a longuement hésité avant de finalement qualifier [en mars 2021] de génocide les massacres ottomans de 1915 contre les Arméniens. En 2022, la mémoire en était encore vive, mais alors qu’il avait eu assez de temps et d’occasions pour mettre en garde Ilham Aliev, par des sanctions, pour prévenir l’épuration ethnique au Karabakh, il n’en a rien fait.
      [...]
      L’erreur fatale est à chercher dans la classe politique arménienne, qui n’a pas compris les évolutions de la scène internationale et qui a continué à compter sur la Russie. Or la Russie de Vladimir Poutine n’est pas celle de Boris Eltsine.
      Les Arméniens comptaient tout particulièrement sur Moscou pour contenir les ingérences turques dans le Caucase du Sud et ainsi assurer l’équilibre des forces avec l’Azerbaïdjan. Mais ils ont eu tort.
      Quand des forces militaires turques sont intervenues dans la guerre de 2020, la Russie n’a pas bougé pendant quarante-quatre jours. Ce qui a laissé le temps aux Azerbaïdjanais de détruire les forces du Karabakh et l’armée arménienne.
      [...]

      https://jpst.it/3oYdI

  • Au Haut-Karabakh, l’arme de la faim de l’Azerbaïdjan

    La crise humanitaire qui frappe les Arméniens dans l’enclave disputée s’est brusquement aggravée cet été depuis que Bakou en a bloqué totalement l’accès. L’ancien procureur de la Cour pénale internationale Luis Moreno Ocampo dénonce un « génocide en cours ».

    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/02/au-haut-karabakh-l-arme-de-la-faim-de-l-azerbaidjan_6187566_3210.html
    https://justpaste.it/9wraw

    #Arméniens #Haut-Karabakh #Azerbaïdjan

  • L’#Azerbaïdjan a mis la main sur des ressources en eau stratégiques dans le #Haut-Karabakh
    https://www.courrierinternational.com/article/controle-lazerbaidjan-mis-la-main-sur-des-ressources-en-eau-s

    La récupération des deux tiers du Haut-Karabakh au terme de la récente guerre contre l’#Arménie a permis à l’Azerbaïdjan de reprendre le contrôle des ressources en #eau de cette région. Les autorités d’Arménie et du Haut-Karabakh, sentant la sécurité de leur approvisionnement en eau menacée, tirent la sonnette d’alarme.

    • Le contrôle du grand réservoir de Särsäng, au nord du Karabakh occupé a été pendant 30 ans un enjeu stratégique entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, ce réservoir (dont le débit a été réduit au minimum) servant, au temps de l’URSS a irriguer des centaines de milliers d’hectares de cultures dans la plaine azerbaïdjanaise en contrebas. Inauguré par Brejnev dans les années 1970... :

    • Je retrouve d’ailleurs dans mes archives quelques informations intéressantes :

      The Sarsang-Terter Hydrological Complex

      As a consequence of the conflict the territories East of the foothills of Nagorno-Karabakh have been cut off from water supply from the mountains of Nagorno-Karabakh, notably from the Sarsang water reservoir. The Sarsang water reservoir was put into commission in 1976. According to the report to the Mission provided by Azerbaijan the capacity of the reservoir amounts to 565 million cubic meters. Prior to the conflict the reservoir used to provide water for irrigation of 100,000 hectares of lands both in currently occupied as well as in the adjacent regions. The majority of the irrigation infrastructure was either destroyed during the fighting or degraded in the years after the military operations.

      Before the armed conflict the irrigation canals were used for water collection for fire-suppression and served also as natural barriers for fire expansion. As mentioned above the degradation of water canals and the overall desiccation of the lowlands around the LoC allowed spotting fires to cross empty irrigation canals (see photographic documentation in Annex V).

      The need for the reconstruction of the water supply system in the region around the LoC has been discussed during the Mission. It is obvious that all parties would benefit from a restored water supply system. From the point of view of the prevention of wildfire spread and fire suppression a restored irrigation system with functioning infrastructures and the restoration of artesian wells would greatly improve the situation. The representatives of Azerbaijan and Nagorno-Karabakh both underscored the willingness for cooperation in this regards.

      While these observations from the OSCE-lead fire assessment mission to Azerbaijan and Nagorno Karabakh in October 2006 point at a classical upland - lowland water sharing issue aggravated by conflict, unfiltered comments coming directly from the parties show an even grimmer picture of conflicting interests and accusations:

      ’The Armenian side blocks the water reservoir when our other provinces are badly in need of irrigation but open it in summer and the nearby villages are flooded, especially in the raining seasons. Besides, Armenians pollute the Agstafa-chay river very strongly’, Minister Baghirov remarked.

      (Economic News Bulletin, No. 31 2004, Embassy of the Republic of Azerbaijan, Vienna, quoting Minister of Ecology Baghirov of Azerbaijan)

    • Et cette archive de la position azerbaïdjanaise, confidentielle à l’époque, provenant d’une mission commune AZ ARM :

      Annex: Document provided to the Mission by Azerbaijan

      Presentation on the melioration and hydro-infrastructure
      installations in the occupied territories of Azerbaijan
      Occupation of the Azerbaijani territories have inflicted a grave damage upon melioration and hydroinfrastructure of these areas, which are of a great importance for the economy of Azerbaijan.

      The following infrastructure sites are located in the occupied territories:
      – 6 426 km-long canals, which were used for irrigation of 130 000 hectares of lands
      – 16 main installations
      – 539 hydro-technical installations
      – 22 hydro-posts
      – 88 pumping stations
      – 185 km-long collector and drain network
      – 8 water reservoirs with total volume of approximately 640 million cubic meters

      The total cost of the melioration and hydro-infrastructure in the occupied territories amounts to 110
      milion new Azerbaijani manats. Majority of this infrastructure sites were either destroyed during
      fighting or ruined due to the lack of proper technical service in the years after the occupation.
      The damage caused by the occupation of these installations cannot be limited to the occupied zones
      only. Prior to the occupation the Sarsang water reservoir used to provide water for irrigation of
      100 000 hectares of lands both in currently occupied as well as in the adjacent regions. Some 600-700
      million cubic meters of water used to be taken from the Sarsang reservoir to irrigate forests and lands,
      where cotton, tobacco, grain and fodder crops, multiyear crops were cultivated. The Sarsang water
      reservoir was put into commission in 1976. Its capacity amounts to 565 million cubic meters.
      Because of the occupation of the Sarsang reservoir (together with the 50 megawatt hydro power
      plant), the Madagiz hydro installation (capacity of 5.9 million cubic meters) on the Terterchay river and the 80-km long part of the Terter right and left main canals more than 60 000 hectares of lands in
      Terter, Barda, Agdam (not occupied part), Goranboy, Yevlakh and Agjabedi have not been receiving
      water for irrigation for many years now. This gravely affects the economy of these regions. The
      forestry has been completely destroyed because of lack of water.

      The Armenian side intentionally pours off great volumes of water out of the Sarsang water reservoir in
      autumn-winter period, mostly at night. This causes a danger of flooding for the cities and villages of
      Terter and Barda regions, which are located in lower areas in comparison to Sarsang, and keeps the
      population in constant fear. This practice results in flooding of localities and thousands of hectares of
      agricultural lands in these regions. On the other hand, when need of water for the agricultural
      purposes increases in summer season the practice of pouring water off ceases.

      The Sarsang water reservoir has the highest dam in Azerbaijan (125 m). However, it has not had a
      proper technical service for many years and therefore represents a real danger for 400 000 people
      living in lower areas, where the water could suddenly flow.

      In 2000 the OSCE put forward an initiative to provide technical services to the Sarsang water reservoir
      and use its water resources. However, until this day no relevant conditions were created for study of
      the present condition of this reservoir.

      The massive fires taking place in the occupied territories constitute a great danger for the
      environmental system of these and other areas of Azerbaijan. These fires destroy the vegetation cover
      of lands and disrupt the natural process of water transformation. This causes inter alia a lack of water
      and degradation of soil. It is necessary to take urgent measures address these negative processes
      and to prevent their long-term grave implications.

  • Haut-Karabakh : les Arméniens brûlent leurs maisons avant l’arrivée des Azerbaïdjanais | Le Devoir

    https://www.ledevoir.com/monde/589766/les-armeniens-brulent-leurs-maisons-avant-l-arrivee-des-azerbaidjanais

    Un village près du réservoir de Sarsang, sur la route du nord qui fait la liaison avec l’Arménie (vers Martouni).

    Des volutes de fumée s’élèvent dans le ciel d’automne de la vallée. Charektar brûle. À la veille de l’arrivée des troupes azerbaïdjanaises, les habitants de ce village près du Haut-Karabakh préfèrent incendier leurs maisons que de les abandonner au voisin honni.

    « C’est le dernier jour, demain les soldats azerbaïdjanais seront là ». La gorge serrée, l’homme noue un vieux pull imbibé d’essence au bout d’une perche de bois, l’allume, et jette le tout sur le parquet, contemplant le spectacle de sa maison en feu.

  • Haut-Karabakh : à Fizouli, abandonnée depuis 1993, l’Azerbaïdjan reprend possession de ruines et de bunkers
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/11/12/haut-karabakh-a-fuzuli-abandonnee-depuis-1993-l-azerbaidjan-reprend-possessi

    Une lourde odeur de décomposition monte de la végétation, au pied des ruines. La façade occidentale d’une église se dresse encore de toute sa hauteur, sans doute le pan de mur le plus élevé de tout le quartier. L’ouverture ronde proche du faîte devait être autrefois occupée par une rosace. Mais personne ne sait au juste à quel culte était voué ce temple, ni même son nom, parce que plus personne ne vit à Fizouli depuis le 23 août 1993. Le jour où la ville, qui comptait 17 000 habitants au dernier recensement soviétique de 1989, a été prise par les forces arméniennes du Haut-Karabakh. Ses derniers habitants, majoritairement azerbaïdjanais, qui avaient déjà enduré une semaine de bombardements intenses, en ont été chassés. « Regardez toute cette destruction, ces fosses creusées par les bombes aériennes. Il ne reste que des ruines. Mais pourquoi nous ont-ils chassés d’ici, si c’est pour tout laisser à l’abandon ? », déclare Natik, un jeune officier azerbaïdjanais.

    #paywall

    • #Fizouli (#Haut-Karabakh) envoyé spécial - Une lourde odeur de décomposition monte de la végétation, au pied des ruines. La façade occidentale d’une église se dresse encore de toute sa hauteur, sans doute le pan de mur le plus élevé de tout le quartier. L’ouverture ronde proche du faîte devait être autrefois occupée par une rosace. Mais personne ne sait au juste à quel culte était voué ce temple, ni même son nom, parce que plus personne ne vit à Fizouli depuis le 23 août 1993. Le jour où la ville, qui comptait 17 000 habitants au dernier recensement soviétique de 1989, a été prise par les forces arméniennes du Haut-Karabakh.

      Ses derniers habitants, majo ritairement azerbaïdjanais, qui avaient déjà enduré une semaine de bombardements intenses, en ont été chassés. « Regardez toute cette destruction, ces fosses creusées par les bombes aériennes. Il ne reste que des ruines. Mais pourquoi nous ont-ils chassés d’ici, si c’est pour tout laisser à l’abandon ? », déclare Natik, un jeune officier azerbaïdjanais.

      La ville est repassée sous le contrôle de Bakou à la mi-octobre, au terme de combats acharnés. Des caisses de munitions pleines s’entassent au coin des rues. Des obus de mortier et surtout des 122 mm pour l’obusier soviétique D-30, très utilisé par les Arméniens. En ce samedi 7 novembre, on les entend encore tonner 10 km à 20 km au nord, où les combats font rage aux abords de Khodjavend, ainsi qu’au nord-ouest, à 40 km, où Choucha (« Chouchi », pour les Arméniens) tombera, quelques jours plus tard. Depuis la reprise de la cité, l’Arménie défaite et l’Azerbaïdjan victorieux ont signé un cessez-le-feu, sous l’égide de la Russie.

      Ville fantôme

      Ville fantôme, Fizouli n’émet d’autre son que celui du vent dans les feuilles. Figuiers, platanes et frênes puants auraient fini d’engloutir la ville, si Bakou n’avait pas décidé de reprendre le Karabakh par la force. « Nous avons attendu vingt-six ans le retour de nos terres par la voie diplomatique, mais l’Arménie et ses alliés la France, les Etats-Unis et la Russie nous ont fait tourner en bourrique », dit Natik, répétant la doxa officielle.

      Fizouli est le chef-lieu d’un des sept cantons constituant une ceinture autour de la moribonde république autoproclamée du Haut-Karabakh. Les Arméniens ont fait une zone tampon militarisée de ces sept cantons, anticipant une revanche de Bakou. Le désir d’assurer la sécurité du Haut-Karabakh s’est fait aux dépens d’environ 600 000 Azerbaïdjanais, chassés de chez eux et qui n’ont cessé depuis de ruminer leur vengeance. La reconquête aura duré six semaines. Les combats les plus intenses et décisifs se sont déroulés aux portes de Fizouli. « Nous avons percé les premières lignes de défense arméniennes dès le 27 septembre, premier jour de la guerre », raconte un colonel, qui tient à rester anonyme. L’assaut s’est déroulé dans la plaine de l’Araz, à 23 km au sud de Fizouli, à un jet de pierre de la frontière iranienne.

      De chaque côté de la route, des champs de mines. A perte de vue, des rangées de pieux en béton. Une vision tout droit sortie des clichés de la première guerre mondiale. Ces pieux ne sont en fait que les hideux vestiges de vignobles arrachés sur oukase de Mikhaïl Gorbatchev, à la tête de l’URSS de 1985 à 1991. Mais ils ont servi à barrer la plaine aux tanks azerbaïdjanais. « Toutes ces défenses, c’était leur "ligne Maginot", explique l’officier. Ils n’ont rien construit d’autre que des bunkers. Tous ces efforts sont la preuve que les Arméniens n’ont jamais eu l’intention de nous rendre les sept districts [conquis par l’Arménie en 1994]. Ils nous ont bernés, maintenant, nous reprenons tout ! »

      La détermination des Azerbaïdjanais s’observe tout particulièrement à l’entrée de Fizouli. Au niveau du village de Merdinli, le sol est labouré par les impacts d’obus. Partout, des fosses creusées pour protéger des pièces d’artillerie et des tanks. Les Arméniens ont même posé des toits de tôle, similaires à ceux des maisons locales, sur les fosses, peut-être pour les dissimuler aux yeux des drones ennemis. Le colonel azerbaïdjanais raconte que ses forces ont mis plus de deux semaines à briser l’infanterie arménienne.

      Les troupes du Haut-Karabakh ont subi ici des pertes terribles sous le pilonnage ultraprécis des drones turcs et israéliens frappant sans relâche pendant la journée. La nuit, l’artillerie poursuivait le travail de démolition. C’est dans cette zone aussi que les forces arméniennes ont tenté une contre-offensive lors de la deuxième semaine d’octobre. « Ils ont sacrifié ici leurs meilleures troupes de choc. Ils n’avaient rien pour se protéger de nos drones, car nous avions détruit leurs systèmes antiaériens. Ils sont allés au casse-pipe et, après cet épisode, il était clair que les jeux étaient faits », conclut l’officier, qui n’aura, comme ses collègues, aucun mot de compassion pour la bravoure et l’opiniâtreté des soldats arméniens. « Ils se sont persuadés qu’ils étaient les meilleurs soldats du monde. Nous avons prouvé le contraire », affirme-t-il.

      Natik, chargé de la propagande militaire, attire l’attention sur la mosquée de Merdinli, transformée en étable. « Les Arméniens y entassaient des porcs », affirme-t-il. Aucune odeur de lisier ne flotte dans l’air. Non loin de là gisent les cadavres de six veaux. Tués nets par un obus. En face de la mosquée, Natik désigne le cimetière musulman. Les tombes ont été brisées et renversées par « l’occupant arménien », assure-t-il. Il est déconseillé de s’y aventurer à cause des mines. Quatre jours plus tôt, un électricien chargé de rétablir le courant a eu les deux jambes arrachées. Le déminage va prendre du temps. Celui des terres et celui des esprits.

  • En #Géorgie, la #frontière avec l’#Azerbaïdjan au cœur de l’« affaire des cartographes »

    A la veille des élections législatives du 31 octobre, ce scandale impliquant le parti d’opposition pourrait peser sur le scrutin.

    Il y a encore un an et demi, Zviad Naniachvili grimpait chaque matin sur la crête qui sépare la Géorgie de l’Azerbaïdjan pour voir le soleil se lever sur les montagnes. Ce guide géorgien de 37 ans a grandi là, au pied du #monastère orthodoxe de #David_Garedja, un complexe spectaculaire d’églises et de cellules troglodytes fondé au VIe siècle. Le site, creusé dans la roche, s’étire sur plusieurs hectares de part et d’autre de la frontière, dans un paysage désertique. Jusqu’ici, tout le monde pouvait s’y promener librement. C’est désormais impossible.

    Depuis la visite, en avril 2019, de la présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, proche du parti au pouvoir, Rêve géorgien, des #gardes-frontières azerbaïdjanais ont fait leur apparition sur la crête, empêchant touristes et pèlerins de visiter la partie du monastère située de l’autre côté de la frontière. « C’est comme si quelqu’un vivait chez moi », déplore Zviad Naniachvili, en levant les yeux vers la cime.

    La chef de l’Etat, flanquée de deux hommes en armes, avait appelé à régler « de toute urgence » la question de la #délimitation des frontières, ravivant les tensions autour de ce sujet sensible : les Géorgiens affirment que ce site historique, culturel et religieux leur appartient, ce que contestent les Azerbaïdjanais, pour lesquels ces hauteurs ont une importance stratégique.

    Devant la porte en bois gravée de la grotte où vécut David Garedja, l’un des pères assyriens venus évangéliser la Géorgie, trois jeunes filles en jupe plissée entonnent un chant sacré face aux #montagnes. « Dieu va tout arranger », veut croire l’une.

    A l’approche des élections législatives du samedi 31 octobre, le #monastère est désormais au cœur d’un scandale susceptible de peser sur le scrutin. L’histoire, aux ramifications complexes, cristallise les crispations qui traversent la société géorgienne, plus polarisée que jamais, sur fond de « fake news » et de tensions régionales avec le conflit au #Haut-Karabakh, enclave séparatiste en Azerbaïdjan.

    Deux cartographes arrêtés

    L’affaire a éclaté trois semaines avant le premier tour. Le 7 octobre, deux #cartographes, anciens membres de la commission gouvernementale chargée de négocier la démarcation de la frontière, ont été arrêtés et placés en #détention provisoire – une mesure exceptionnellement sévère.

    #Iveri_Melachvili et #Natalia_Ilicheva sont accusés par le procureur général de Géorgie d’avoir voulu céder des terres à l’Azerbaïdjan entre 2005 et 2007, lorsque l’ex-président Mikheïl Saakachvili était au pouvoir. Ils auraient caché la bonne carte, datée de 1938, pour en utiliser une autre à la place, défavorable à la Géorgie, lui faisant perdre 3 500 hectares. Les deux cartographes, qui clament leur innocence, encourent dix à quinze ans de prison.

    Ces #arrestations surprises, survenues en pleine campagne électorale, électrisent le débat à quelques jours du scrutin. Qualifié de « #traître », le parti de l’opposition, emmené par Mikheïl Saakachvili, le Mouvement national uni, dénonce une « manipulation politique » du parti au pouvoir – dirigé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili – visant à le discréditer avant le scrutin.

    La nature politique de cette affaire ne fait aucun doute non plus pour les ONG. Quinze d’entre elles, dont Transparency International et Open Society Foundation, ont ainsi conjointement dénoncé, le 9 octobre, une « enquête à motivation politique ». Elles pointent le « timing de l’enquête », en période préélectorale, les commentaires du parti au pouvoir, qui « violent la présomption d’innocence », et « l’approche sélective » des investigations, certains témoins majeurs n’étant pas auditionnés. Ces ONG exhortent ainsi les autorités à « cesser de manipuler des sujets sensibles pour la population avant les élections ».

    « Cette affaire est une tragédie personnelle pour les deux cartographes, mais, au-delà, c’est l’indépendance de la justice, inexistante, qui est en question, souligne Ivane Chitachvili, avocat à Transparency International. Tant que notre système restera un instrument politique aux mains du gouvernement, cela continuera. »

    « Attiser le sentiment nationaliste et religieux »

    Des membres du gouvernement, dont le ministre de la défense, Irakli Garibachvili, et des représentants de l’Eglise orthodoxe, proche de la Russie, accusent même les deux cartographes d’avoir tenté de vendre le monastère de David Garedja lui-même. Le site religieux n’est pourtant mentionné nulle part dans les 1 500 pages du dossier judiciaire. « Ils parlent du monastère pour embrouiller les gens et les prendre par l’émotion, en attisant leur sentiment nationaliste ou religieux, analyse Ivane Chitachvili.

    La stratégie fonctionne auprès d’une partie de la population, qui compte 84 % d’orthodoxes. Tamuna Biszinachvili, une vigneronne de 32 ans venue en famille visiter le monastère, en est convaincue : « Notre ancien gouvernement a fait une énorme connerie. » Ce qu’elle a lu sur Facebook et ses échanges avec un moine l’ont persuadée que cette histoire était vraie. C’est même pour cela qu’elle a tenu à venir avec ses enfants aujourd’hui : « Je veux leur montrer le monastère avant que les Azerbaïdjanais prennent cette terre. Notre terre. »

    Sur les hauteurs du monastère, Goram, un réserviste de 24 ans venu déposer quelques bougies, n’accorde au contraire aucun crédit à ces accusations. « Qui peut croire à cette histoire ? Aucune terre n’a pu être cédée, puisqu’il n’y a même pas d’accord sur la frontière ! », rappelle-t-il.

    De fait, voilà près de trente ans, depuis la chute de l’URSS, que la Géorgie et l’Azerbaïdjan négocient leur frontière, centimètre par centimètre, en exhumant de vieilles cartes. Les deux tiers ont fini par faire l’objet d’un #accord technique, un tiers est toujours en discussion, mais rien n’a encore jamais été ratifié.

    Rôle trouble de la #Russie

    Assis derrière la table à manger de sa cellule troglodyte, un moine orthodoxe en robe noire et à la longue barbe brune se prend la tête à deux mains, affligé par l’affaire des cartographes. Derrière lui, une guirlande « happy birthday » pendille entre deux icônes. Quelques morceaux de pain et un bidon en plastique rempli de vin traînent encore sur la table après les agapes.

    Persuadé d’être surveillé, le père redoute de parler, mais accepte, sous le couvert de l’anonymat, de livrer son point de vue, en rupture avec celui de ses supérieurs. « C’est la visite de la présidente qui a déclenché tout ça », se lamente-t-il. Sans oser le nommer, il soupçonne également « un grand pays » d’avoir « intérêt à créer un #conflit » dans la région. L’affaire des cartographes lui « rappelle les purges soviétiques, quand 60 % des prisonniers étaient des détenus politiques ». La comparaison revient souvent dans ce dossier.

    Plus divisés que jamais, les Géorgiens oscillent entre colère et consternation. « Ceux qui n’ont pas subi un lavage de cerveau savent bien que cette histoire est absurde, soupire Chota Gvineria, chercheur au Centre de recherche sur la politique économique (EPCR), basé à Tbilissi. Le bureau du procureur est directement subordonné au gouvernement, qui utilise deux innocentes victimes pour manipuler l’opinion avant les élections. »

    Cet ancien diplomate pointe également le rôle trouble de la Russie, où la #carte prétendument « dissimulée » par les cartographes a soudain été retrouvée par un homme d’affaire, #David_Khidacheli, ancien vice-président du conglomérat russe #Sistema, qui l’a transférée à la Géorgie. A travers cette affaire, « Moscou veut déstabiliser la région et créer un conflit entre la Géorgie et l’Azerbaïdjan pour renforcer son influence », analyse le chercheur. Malgré ce #différend_frontalier, Bakou garde de bonnes relations avec Tbilissi, son partenaire stratégique.

    Pour Guiorgui Mchvenieradze, directeur de l’ONG Georgian Democracy Initiative et avocat du cartographe Iveri Melachvili, « cette affaire est inacceptable au XXIe siècle ». Devenu à son tour la cible d’une campagne de dénigrement, il affirme qu’il est « clair et net que les activistes et trolls sont extrêmement mobilisés, notamment sur Facebook, pour diffuser des “fake news” » sur ce dossier, et le faire passer lui aussi pour un « traître qui veut vendre le monastère ». Le procès des cartographes doit s’ouvrir le 4 décembre.

    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/10/29/en-georgie-la-frontiere-avec-l-azerbaidjan-au-c-ur-de-l-affaire-des-cartogra
    #cartographie #frontières #cartographe #nationalisme

    via @fil

  • #Haut-Karabakh le conflit entre Arméniens et Azéris - #Dessous_des_cartes

    Depuis la fin du mois de septembre, l’#Arménie et l’#Azerbaïdjan s’affrontent dans des combats meurtriers. Drones, chars, armes anti-aériennes, bombardement de cibles civiles : le différend qui oppose les deux pays depuis de nombreuses années ressemble de plus en plus à une véritable guerre. C’est le contentieux autour de la question du Haut-Karabagh qui a précipité le conflit.

    Cette zone montagneuse à majorité arménienne enclavée en plein Azerbaïdjan cristallise en effet les tensions entre les deux États. Mais comment le Haut-Karabagh a-t-il hérité d’une situation géographique si particulière ? Pourquoi l’Arménie et l’Azerbaïdjan entretiennent des relations aussi conflictuelles ? Quel est le rôle joué par les puissances régionales turque, russe et iranienne dans les événements actuels ? Doit-on encore craindre une aggravation de la situation ?

    https://youtu.be/QIsIvWuiBM4

    #Haut_Karabakh #Caucase #Turquie #Erdogan #Russie #Iran

  • Les ressorts de Vladimir #Poutine face aux crises dans l’espace post-soviétique

    https://www.la-croix.com/Monde/ressorts-Vladimir-Poutine-face-crises-lespace-post-sovietique-2020-10-11-1

    Les crises en Biélorussie, au Haut-Karabakh et au Kirghizstan ont surpris Moscou et menacent la prépondérance russe dans la région. Vladimir Poutine se retrouve aujourd’hui relativement démuni.

    François d’Alançon, le 11/10/2020 à 14:59 Modifié le 11/10/2020 à 17:04

    Les ressorts de Vladimir Poutine face aux crises dans l’espace post-soviétique

    Vladimir Poutine, le 8 octobre. ALEXEI DRUZHININ/AFP

    Les crises en #Biélorussie, au #Haut-Karabakh et au #Kirghizstan ont pris le Kremlin par surprise. Vladimir Poutine se retrouve sur la défensive pour préserver les intérêts russes dans les anciennes républiques soviétiques et son image de maître tacticien sur la scène internationale.

    #ex-urss

  • #Jean_Radvanyi sur le Nagorno-Karabakh

    https://www.obsfr.ru/fr/blogs-et-videos/evenement/article/3-voprosa-zhanu-radvani-o-voennom-obostrenii-v-nagorn.html

    « 3 questions à » Jean Radvanyi sur le Nagorno-Karabakh

    JEAN RADVANYI

    Professeur émérite des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), membre du Conseil scientifique de l’Observatoire franco-russe.

    29.09.2020

    1. Cette reprise des hostilités était-elle prévisible ou s’agit-il d’une surprise ?

    Malheureusement, cette nouvelle escalade était prévisible car depuis des mois, on voyait se multiplier les déclarations belliqueuses de part et d’autre. Après la flambée de combats d’avril 2016, des échanges de tirs meurtriers avaient été observés en juillet 2020. Tout récemment, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev avait répondu de façon déterminée aux propos du Premier ministre arménien Nikol Pachinian affirmant que l’Artsakh (la dénomination arménienne du Karabakh) était arménien, point final, jetant le trouble dans les deux pays. Selon M. Aliev, cela réduit à néant toute idée de négociation et il ne restait plus pour Bakou que l’option militaire pour récupérer les territoires occupés. Rappelons que les forces arméniennes contrôlent plusieurs secteurs qui n’avaient jamais appartenu à la région autonome du Karabakh avant 1991.

    2. Y a-t-il un risque d’escalade régionale de ce conflit ?

    On ne peut pas l’exclure complètement étant donné l’environnement régional de ce conflit vieux de plus de trente ans. Chacun des acteurs ou de leurs voisins et alliés a son propre agenda. M. Pachinian souhaite raffermir son contrôle économique et politique sur le Karabakh qui depuis des années joue un rôle majeur en Arménie, plusieurs des dirigeants de cette région sécessionniste ayant accédé à des postes clefs à Erevan. M. Aliev aimerait reprendre par la force tout ou partie des territoires perdus en 1994 (lors de la conclusion du cessez-le-feu) afin de reprendre d’éventuelles négociations en position de force. La Turquie a toujours soutenu Bakou dans ce conflit et M. Erdogan semble vouloir en faire un nouvel élément de sa mobilisation patriotique en Turquie. Le projet d’un grand espace pan-turkiste a toujours séduit les élites nationalistes turques et le territoire azéri en est un élément clef. Les déclarations récentes de M. Erdogan proposant l’aide militaire active d’Ankara à Bakou sont d’autant plus inquiétantes qu’une intervention turque susciterait certainement une réponse russe. L’Arménie fait partie, avec la Russie, de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC, signé en 2002) qui indique que l’organisation défendrait un de ses membres en cas d’intervention militaire étrangère.

    3. Quel rôle peut jouer la Russie dans cette crise ?

    On n’en est heureusement pas encore là dans l’escalade mais Moscou se retrouve en position délicate. La Russie co-préside, avec la France et les États-Unis, le groupe de Minsk, chargé depuis 1992 au sein de l’OSCE de trouver une solution diplomatique à ce conflit, mais Bakou critique depuis longtemps son inefficacité et le rôle de Moscou qui a signé des traités d’amitié et de coopération et vend des armes aux deux belligérants. Ce n’est certainement pas un hasard si M. Choïgou, le ministre de la Défense russe, se trouvait le 25 septembre dernier à Bakou où il a rencontré le président azerbaïdjanais, le ministre de la défense et le chef d’État-major. M. Aliev aurait demandé que la Russie livre à l’Azerbaïdjan les mêmes types d’armes sophistiquées qu’à l’Arménie, y compris des avions de chasse Su-30SM, ce que Moscou aurait refusé.

    Dans ces conditions, il est difficile pour le Kremlin de réaffirmer sa position de neutralité dans le conflit et ses appels à la reprise des négociations risquent fort de ne pas être entendus. Le drame est que depuis des années, aucun des deux gouvernements ne prépare véritablement l’opinion publique de son pays à de réels compromis qui dégageraient la voie d’une solution diplomatique. On se retrouve dans une impasse armée, un de ces conflits qualifiés bien à tort de gelés.

    #haut-karabakh

  • Affrontements dans le Haut-Karabakh : l’Arménie et l’Azerbaïdjan au seuil de la guerre
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/09/28/l-armenie-et-l-azerbaidjan-a-nouveau-au-bord-de-la-guerre-au-haut-karabakh_6

    Le conflit gelé depuis près de trente ans dans cette région du Caucase, enclave séparatiste peuplée d’Arméniens mais revendiquée par l’Azerbaïdjan, a viré à l’escalade ce week-end. Avec, en coulisses, les deux arbitres : Ankara et Moscou.

    La poudrière du Haut-Karabakh, l’un des plus anciens conflits gelés de l’Europe post-soviétique, menace d’exploser en une nouvelle guerre. Au moins vingt-quatre personnes sont mortes et plus d’une centaine ont été blessées au cours de combats, samedi 26 et dimanche 27 septembre, dans cette région séparatiste d’Azerbaïdjan à majorité arménienne, située entre la Turquie et la Russie. Bakou et Erevan se rejettent la responsabilité des heurts, l’armée de l’un affirmant réagir respectivement aux agissements de l’autre. Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a dénoncé une « agression » qu’il s’est engagé à « vaincre ». Le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, l’a accusé d’avoir « déclaré la guerre à notre peuple ». Sur le terrain, les deux camps échangent, depuis samedi, des tirs d’artillerie. L’Azerbaïdjan a aussi procédé à des bombardements aériens.


    Affrontements dans la région du Haut-Karabakh, le 27 septembre. Image diffusée par le ministère des affaires étrangères arménien.
    AP

  • La guerre sans fin du #Haut-Karabakh
    http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2018/04/26/la-guerre-sans-fin-du-haut-karabakh_5290825_4497186.html

    Autoproclamé indépendante à la chute de l’Union soviétique, en 1991, cette province arménienne rattachée à l’Azerbaïdjan est au centre d’un conflit régional. Le photographe Emanuele Amighetti a exploré l’ultramilitarisation de la société.

    #Haut-Karabagh

    Dans le cadrage, pas un mot sur le groupe de Minsk, coprésidé par la France…

    Faut dire, le site frôle le néant absolu :
    • 0 publications
    • le dernier rapport date de mars 2011
    • y a juste un « programme social » si l’on en croit les photos ; on se rencontre de temps en temps entre ambassadeurs (la dernière est de juin 2016)
    https://www.osce.org/mg

  • Azerbaijan’s Last Rail Stop Before Nagorno Karabakh Is a Quiet Place, When It Isn’t Getting Hit by Shells · Global Voices
    https://globalvoices.org/2017/01/24/azerbaijans-last-rail-stop-before-nagorno-karabakh-is-a-quiet-place-wh

    The following is a version of a partner post written by Ilkin Hasanov that first appeared on the website Chai-Khana.org.

    Kocharli railway station in the Terter region of ex-Soviet Azerbaijan has been operating since 1983 and is the very last Azerbaijani station before the disputed Nagorno Karabakh region the country contests with Armenia.

    Before the war between Armenians and Azerbaijanis over control of Nagorno Karabakh broke out in 1988, the railway carried passengers and cargo from the national capital, Baku, 250 kilometres away, as far as the last station in Karabakh itself, Khankendi.

    #azerbaidjan #nagorno-karabagh #haut-karabakh

  • Haut-Karabakh : Le retour à la paix fragile après une guerre éclair - REGARD SUR L’EST

    http://www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=1652

    Début avril 2016, la reprise des hostilités entre Arméniens et Azéris dans le #Haut-Karabakh a fait ressurgir un conflit gelé depuis la dislocation de l’URSS. La « guerre de quatre jours » a fait plus d’une centaine de morts et un millier de déplacés, faisant bouger la ligne de front dans cette région du Caucase pour la première fois depuis la signature du cessez-le-feu en 1994.

    #caucase #caucase_sud

  • #Arménie - #Azerbaïdjan. #Conflit du #Haut-Karabakh : les #négociations reprennent

    Après les affrontements de début avril au Haut-Karabakh et l’intervention de Vladimir Poutine pour obtenir un cessez-le-feu, des négociations entre Serge Sarkissian et Ilham Aliev, dans le cadre du groupe de Minsk, ont commencé le 16 mai dans la capitale autrichienne.


    http://www.courrierinternational.com/article/armenie-azerbaidjan-conflit-du-haut-karabakh-les-negociations

  • Haut-Karabakh : un subtil arbitrage pour Moscou | Actualités russes
    http://fr.rbth.com/international/2016/04/19/haut-karabakh-un-subtil-arbitrage-pour-moscou_586059

    L’escalade militaire dans la région contestée du Haut-Karabakh, enclave majoritairement arménienne de l’ancienne République soviétique d’Azerbaïdjan, a pris par surprise la Russie comme l’Occident début avril. Des affrontements ont opposé les deux armées jusqu’à ce que l’Arménie et l’Azerbaïdjan signent, avec l’aide de médiateurs, un accord de cessez-le-feu. L’escalade a pu être stoppée, mais les prodromes demeurent inchangés, faute de perspective d’un règlement politique.

    #haut-karabakh

  • #Haut-Karabakh : vers une réactivation du conflit ? | IRIS
    http://www.iris-france.org/74821-affrontements-au-haut-karabakh-vers-une-reactivation-du-conflit-a

    Pour Jean de Gliniasty, la #Russie et les #États-Unis ayant des partenariats avec les deux belligérants, ils n’ont aucun intérêt à voir le conflit empirer. Erdogan est la seule voix dissonante. La #Turquie a soutenu l’action azéri, probablement à l’intention des pays de culture turcique en Extrême-Orient.

  • Le conflit du #Haut-Karabakh menace-t-il la Russie ? | Actualités russes
    http://fr.rbth.com/international/2016/04/05/le-conflit-du-haut-karabakh-menace-t-il-la-russie_582003

    Le conflit du Haut-Karabakh menace-t-il la Russie ?
    5 avril 2016 Alexeï Timofeïtchev
    Le premier week-end d’avril a été marqué par une aggravation, sans précédent depuis 1994, du conflit du Haut-Karabakh, qui oppose l’Azerbaïdjan et l’Arménie et qui a déjà emporté des dizaines de vies. RBTH s’est intéressé aux causes de cette flambée de violence dans le Caucase, au risque d’une guerre à grande échelle et au rôle que pourrait y jouer la Russie.

    #caucase

  • Unfrozen Conflict in Nagorno-Karabakh | Foreign Affairs

    https://www.foreignaffairs.com/articles/armenia/2016-04-12/unfrozen-conflict-nagorno-karabakh

    https://www.foreignaffairs.com/s3/files/styles/large-crop-landscape/s3/images/articles/2016/04/11/altstadt_unfrozenconflictinnagornokarabakh_trench.jpg?itok=5JtkArRO

    The early April clash between Armenian and Azerbaijani forces in Nagorno-Karabakh was the bloodiest since Russia brokered a cease-fire between the countries to end the fighting in the region in 1994. The fighting in April left some 30 people, soldiers and civilians, dead. And it did nothing to resolve a conflict that has simmered since the Russian intervention.

    The dispute’s intractability stems both from present-day complications and from incompatible historical narratives, conceptions of justice, and feelings of victimization on both sides. Emotion-laden issues of land, identity, and honor have made it nearly impossible over the last 20 years for mediators to nudge the adversaries toward the compromises essential for any durable political settlement.

    #haut-karabakh

  • Separatist clashes in Azerbaijan | Reuters.com
    http://www.reuters.com/news/picture/separatist-clashes-in-azerbaijan?articleId=USRTSDKF4

    http://s2.reutersmedia.net/resources/r/?m=02&d=20160407&t=2&i=1131036840&w=976&fh=&fw=&ll=&pl=&sq=&r=2016-

    Reuters / Thursday, April 07, 2016

    An Armenian soldier adjusts a cannon’s aim at artillery positions near the Nagorno-Karabakh’s town of Martuni, April 7, 2016. REUTERS.

    #haut-Karabakh #arménie #azerbaïdjan

  • Dans le Nagorny-Karabakh, le cessez-le-feu de 1994 « n’est plus valable » - Propos recueillis par Samia MEDAWAR - L’Orient-Le Jour

    http://www.lorientlejour.com/article/979582/dans-le-nagorny-karabakh-le-cessez-le-feu-de-1994-nest-plus-valable-.

    Interview de Vicken Cheterian, auteur et politologue, répond aux questions de « L’Orient-Le Jour » sur les enjeux de la dernière flambée de violence entre les troupes arméniennes et les forces azerbaïdjanaises dans la région contestée.

    Pourquoi y a-t-il eu une escalade soudaine sur le terrain entre les troupes arméniennes et azerbaïdjanaises ? Ce n’est pas la première fois que des escarmouches ont lieu et des incidents se produisent chaque semaine. Qu’est-ce qui diffère cette fois ?
    L’escalade militaire entre les deux camps est directement liée à la crise interne en Azerbaïdjan. Le cessez-le-feu dans le Nagorny-Karabakh (signé en mai 1994) et la stabilité interne de l’Azerbaïdjan ont tous deux été conditionnés par l’économie pétrolière de ce pays. Le développement des exportations de pétrole azerbaïdjanais coïncide avec l’arrivée au pouvoir d’Ilham Aliev en 2003, mais au cours des dernières années, le modèle économique de l’Azerbaïdjan a été érodé en raison de la diminution de la production de pétrole en mer Caspienne et de l’effondrement des prix internationaux du pétrole. Suite à la dévaluation du manat, la monnaie nationale, le citoyen moyen a perdu environ un tiers de son revenu, causant beaucoup de troubles sociaux depuis le début de l’année. Par conséquent, Ilham Aliev est confronté à une crise sociale, mais aussi à une crise de légitimité. Il est arrivé au pouvoir parce qu’il était le fils de Haidar Aliev, l’ancien président. Tout comme la Syrie, l’Azerbaïdjan est une « république dynastique » moderne. Pendant le boom pétrolier, il a investi des milliards dans l’achat d’armes, et en lançant la plus récente escalade militaire, il visait à détourner l’attention de l’opinion publique azerbaïdjanaise des problèmes économiques et des scandales financiers, tout en gagnant du territoire pour renforcer sa légitimité. Le fait que le premier jour de combats, les militaires azerbaïdjanais ont avancé de 200-300 mètres sur 8 différents fronts prouve que l’Azerbaïdjan a initié l’offensive, qu’elle était prévue et ce fut une attaque massive.

    #caucase #haut-karabakh #vicken_cheterian