veut bien, elle, elle veut bien pour la double-raison qu’elle n’est pas contrariante et qu’au fond d’elle-même elle s’en fiche, mais tout de même l’affaire lui semble chelou. Pardon ? Oui, bon, d’accord, puisque vous insistez elle cède et elle raconte.
Alors voilà : elle lit dans la feuille de chou locale que la nuit dernière (ou celle d’avant, elle s’y perd un peu dans leur fichu calendrier grégorien) les pompelard·e·s, les milices du Capital et tout le toutim ont dû intervenir À QUATRE HEURES DU MATIN parce qu’au chef-lieu de canton un ceusse s’apprêtait à se suicider en se jetant d’une grue de chantier. Bon. Déjà nous serons certainement d’accord pour dire que quand un individu trouve enfin la lucidité, la force, le courage et le moyen d’en finir ce n’est tout de même pas très fair-play d’aller lui mettre des bâtons dans les roues, mais ce n’est pas le sujet. Non, ce qui turlupine la vieille Garreau c’est « Comment pouvaient-iels savoir qu’il y avait un type en haut de la grue ? » Il y a quelque part et « au cas-z-où » une ouvrière ou un ouvrier du chantier déguisé·e en parpaing et qui, muni·e d’une paire de jumelles, est payé·e pour surveiller toutes les nuits que personne ne se jette du haut d’un engin ? Ou alors une fois arrivé au sommet le ceusse s’est mis à miauler comme un chat coincé dans un arbre ? Mystère et boule de gomme.
Certes, reste bien sûr la possibilité que le site soit truffé de systèmes d’alarmes et de caméras et que ce soit ça qui ait réveillé tout le secteur ; si c’est le cas vous ne lui ôterez pas de l’idée que c’est bien la chose la plus triste du monde qu’en sus de nous empêcher de vivre la technologie nous empêche aussi de crever tranquille.