• Hier soir , tard, @davduf a commencé à rédiger sur Twitter, le compte-rendu de la journée du procès #Benalla :

    David Dufresne
    @davduf
    8:53 PM · 24 sept. 2021
    https://twitter.com/davduf/status/1441475834058092545

    Procès #Benalla @benallaoff .
    J’ai passé la journée au tribunal. Aujourd’hui, c’était le grand jour. La vidéo de @T_Bouhafs place de la Contrescarpe, 1er mai 2018. Je vous raconte dans la soirée.
    Marrant, instructif et politique.

    9:57 PM · 24 sept. 2021
    14h, l’huissier de justice a beau être fort aimable, le règlement, c’est le règlement : pas question de garder le téléphone allumé. Ça, c’est pour les avocats et la presse (avec cartes). D’où le décalage de ce live-tweet, réalisé dans les conditions du direct. Mais en différé.

    Sur les bancs des accusés : Vincent Crase, alors employé par @enmarchefr
    , et comparse de Benalla. Sur les vidéos de l’époque, c’est l’homme au crâne chauve et aux lunettes noires. Aujourd’hui, il n’a pas ses lunettes.

    A ses côtés, un homme de grande taille.
    Le contrôleur général Simonin, à l’époque haut gradé de la @prefpolice. Ce 1er mai 2018, il commande à la salle de commandement. Il joue un rôle clé dans le disposiitif de maintien de l’ordre ce jour là.
    De ce qu’on comprend, il a été promu à Mayotte.

    Et puis il y a @benallaoff qui assume son rôle de prévenu-star (pour les photos), moins dans le prétoire. Comme on va voir.

    Bancs de la presse, du beau monde : @michel_deleande @Mediapart
    , @pa_souchard de @Dalloz, @samuellaurent de @lemondefr
    ou @arianegriessel de @franceinter

    D’ordinaire, me souffle @AlexLanglois_ (partie civile avec @VIGI_MI ) il y a beaucoup moins de presse pour suivre ce procès.
    C’est un peu le syndrome Sarkozy. Des audiences essentielles, des couvertures-presse éparses. C’est quand même injuste, tout ça.

    C’est donc le grand jour du procès #Benalla. Le 7ème jour d’audience. 7 comme les 7 mercenaires (d’accord, ils étaient 2 mais comptaient comme 7) : les soupçons de violences volontaires place de la Contrescarpe, Paris, le 1er mai 2018.

    Souvenirs :
    David Dufresne
    @davduf
    Allo, la @prefpolice
     ? Vous faites quoi ?
    https://twitter.com/davduf/status/991384913629843464

    La salle est de bois récent. Les bancs espacés. Un écran se niche dans le plafond : il ne va pas tarder à se dévoiler. Car aujourd’hui, c’est #vidéo.
    Vraiment.
    La vidéo comme attestation des #ViolencesPolicières (même commises par des déguisés-policiers)

    L’assesseur, président de l’audience du jour, est assez pince sans rire. Un ancien juge d’instruction anti-terroriste, me dit-on.
    Il sait (aussi) manier la souris. On va bientôt le voir en VJ. Vidéo sur vidéo --- vitesse normale, ralenti, arrêt sur image.
    Il maitrise.

    Mais d’abord, place à Chloé P. et Georgios D., les deux « interpellé » par Crase et Benalla.
    Georgios s’est mis sur son 31. Son Français est impeccable, son veston un peu grande. Chloé arbore la même longue chevelure que sur la vidéo de @T_Bouhafs

    Les deux s’expriment avec une infinie douceur, et beaucoup d’honnêteté (et une pointe de candeur).
    Ce 1er mai là, place de la Contrescarpe, Chloé et Georgios ne manifestaient pas. Ils fêtaient leur anniversaire de rencontre.

    Précision : Devant la charge « inexplicable » des CRS (on va y venir, c’est intéressant), selon leurs dires, Georgios et Chloé lancent des projectles.
    Lui : une carafe vers les CRS.
    Elle : une bouteille en plastique.
    Précision 2 : le couple a déjà été condamné à 500 € d’amende.

    Mais aujourd’hui, Georgios et Chloé sont partie civile.
    (saut dans le temps, vers 19h, Chloé va déclarer : « Cette affaire a été très difficile à vivre. Il y a eu beaucoup de choses dites sur nous dans les #médias. C’est pas facile. C’est pas facile. Ça va rester toutes notre vie »)

    Ensuite, tout le monde a vu la vidéo.
    Crase et #Benalla s’interposent.
    Crase, sans rien ou presque : on verra plus loin, sur des images de vidéo surveillance de la @prefpolice
    qu’il arbore un tissus orange qui ressemble à s’y méprendre au orange-brassard-de-police mais aussi, on est jamais trop prudent : une matraque télescopique dans sa poche arrière droite de son jean.
    C’est grâce aux Zooms de l’assesseur qu’on les voit bien.
    Georgios raconte : il a senti quelqu’un l’attraper au cou par derrière, il a cru à un étranglement, puis un coup dans l’estomac, un second au visage, et enfin un troisième, violent, derrière le genou droit, qui le projette au sol.

    Les premiers coups, c’est Benalla, coiffé d’un casque @prefpolice
    . Rappelons qu’il est, ce jour là, officiellement « observateur », pas main-forte.

    Les autres coups, un CRS. Ce jour là, sur cette place là, c’est la CRS de Béthune.
    L’assesseur lit les témoignages de la Compagnie. C’est pas fameux.
    Des gestes de Benalla et de Crase, ils disent qu’ils ne sont « pas professionnels ».

    Pire : « On avait pas besoin de ces deux policiers de la BAC ».
    Un aveu qui en dit beaucoup sur les liens, aigres-doux, entre services.
    Passons.
    Crase, qui s’est réfugié dans un café, parce que la lacrymo, très peu pour lui, est accusé d’avoir brandi une carte tricolore en s’annonçant « de la police ».

    Il dit qu’il n’a jamais dit ça, Crase.
    – Vous avez dit quoi ? Demande le juge.
    – Que j’étais avec les Forces de l’ordre.

    Benalla est appelé à la barre. Il fait plus jeune qu’à la télé, et plus massif aussi. Il faut dire qu’il aime bien rappeler son poids. 110 kilos. Pour dire que « 110 kilos, ça laisse des traces » Et que sur Georgios, il n’y en a point (de traces). Et ce point est important :

    l’homme de l’Elysée l’assure. Il n’a pas cherché à violenté Georgios.
    « La scène, que tout le monde a vu, concède-t-il, elle est violente. Mais... mais ce sont des gestes techniques qui se sont mal passés »
    Ah ? se dit la salle (et le président assesseur)

    Alexandre @benallaoff s’explique :
    – Des gestes vigoureux, mais je porte pas de coups... Et je vais être très modeste [véridique, NDLR] : c’est raté. Mon intervention, c’est une tentative de maîtrise très brouillonne... »

    Le juge assesseur, bon prince, fait lecture du rapport #IGPN : « il n’y a pas de violences illégitimes... [les points de suspension ont leur importance] ...dès lors qu’il s’agit de policiers ».
    Mais
    1. Crase et #Benalla ne sont pas policiers.
    Et 2. l’#IGPN est quand même farceuse

    S’en suit une digression interminable.
    Selon #Benalla, les CRS, ben, ils avaient besoin d’aide : « J’ai beaucoup de respect pour eux », dit-il.
    Mais...
    Mais ils avaient pas réussi à maitriser Georgios. Fallait quand même bien que quelqu’un se dévoue.

    – C’est à dire, demande le juge ?
    – L’individu était décidé à ne pas se laisser faire, c’était un mano a mano !
    Et puis.
    Et puis il y a le code pénal. L’article 73.
    Comme Benalla l’aime et le cite beaucoup, il faut dire ce qu’est l’article 73.

    « Dans les cas de crime flagrant ou de délit flagrant puni d’une peine d’emprisonnement, toute personne [a fortiori quand elle travaille @Elysee
    pour @EmmanuelMacron] a qualité pour en appréhender l’auteur et le conduire devant l’officier de police judiciaire le plus proche. »

    C’est l’argument-matraque de Benalla. Ce qu’il a fait :
    « C’est du civisme. Le statut d’observateur n’existe pas à ce moment là. Là, c’est le citoyen [Benalla] qui agit... Des gens préfèrent filmer la police... Moi, je l’aide. C’est du bon sens ».
    [véridique, toujours et encore]

    A l’écouter, sans lui : « Il y aurait eu, ce jour là, un agresseur de policier libre en plus dans la rue ».
    Tandis que sur le banc des parties civiles, Georgios et Chloé ne laissent rien paraître, le juge commence à s’impatienter.

    Miracle de la technologie moderne : l’écran descend du ciel (à moins que ce soit du plafond).
    Qu’il est espiègle, le juge. Il dit qu’il va procéder « à de la chirurgie ». Il va faire de l’arrêt sur image.
    – et ça, c’est quoi, demande-t-il à Benalla ?
    – une clé de contrôle.
    – Ah ?

    – A ne pas confondre, poursuit le prévenu, à un étranglement.
    Le juge, qui confond rien, mais ne comprend pas tout, demande des éclaircissements.
    Benalla a alors cette phrase : - est-ce que je peux mimer ?

    – Faites donc, dit le juge, dont on devine le sourire malicieux sous le masque.
    Et voila #Benalla qui fait un pas de danse.
    – Vous voyez... je sautille... Entrainé par la chute de monsieur Georgios D., je sautille... Mon pied effleure une demi-seconde son thorax... comme ça.

    (à ce moment là, je me me rends compte qu’ils devraient être quatre sur les bancs des prévenus. Mais ce vendredi, Maxence Creusat, commissaire de son état, n’est point là. Concernant les absences, on note aussi celles, fracassantes de la cellule riposte @Elysee
    et @enmarchefr)

    (ces cellules qui ont traficoté les bandes vidéos de la @prefpolice
    pour essayer de sauver le soldat #Benalla, mais revenons à nos prévenus du jour) (c’est quand même fou cette tendance française à dépolitiser les procès politiques) (de l’art, à ce niveau)

    Mais revenons à la salle d’audience.

    Le juge examine maintenant le relevé du téléphone de #Benalla (pour les curieux, un Samsung). Le magistrat est un tantinet intrigué par certaines recherches Google, restées en mémoire.
    (c’est fou, ça aussi, combien des requêtes anodines peuvent jeter un doute, a posteriori).

    Sur l’écran (géant, le même), on lit les recherches fébriles de #Benalla. Avant et après (19 juillet 2018) les révélations @ArianeChemin
    de @lemonde.
    Avant, @benalla demande à Google ce que ça vaut des « violences volontaires ».
    Après, quid des « circonstances aggravantes ».

    A la barre, l’homme de main de @EmmanuelMacron dit que ces recherches, c’était pas vraiment pour lui. Mais pour les incultes de @Elysee
    (il dit pas ça, mais on le comprend ainsi). Il voulait être « pouvoir présenter les articles de loi à des gens qui sont des non-juristes ».

    Le président maîtrise décidément son VLC. Il enchaîne les vidéos, avant, la plus célèbre, signée @T_Bouhafs, la seule qui dévoile le visage de @benallaoff
    (et, du même coup, les turpitudes de la Ve république).

    Une, deux, trois vidéos. A chaque fois, un nouvel angle. Alexandre #Benalla saisit le cou de Georgios D., le relève brusquement, un main au niveau du menton, puis la seconde qui s’abat sur sa tête. Et des cris de passants.

    #Benalla proteste :
    – Ma main ne touche pas sa tête. Elle l’effleure. Moi, j’essaye de rattraper son épaule. Il essaye de fuir, vous comprenez.
    Le juge, qui comprend :
    – Quand même, c’est une main qui tombe franchement.

    Là, suspension d’audience. C’est mérité. Au retour des débats, #Benalla émet une hypothèse quand la tribunal l’interroge sur ses grands gestes pour repousser curieux et protestataires.
    S’il empêche les citoyens de comprendre ce qui se déroule c’est parce que...

    « S’il y avait un accident de la route, je demanderais aux gens de s’éloigner... »
    Pardon ? interroge du regard le président.
    « ...pour laisser les policier travailler », rétorque Benalla.

    #Benalla ajoute, à propos d’une inconnue, belle et en colère, rousse et en manteau, qui s’interpose à plusieurs reprises, et qu’il repousse :
    « Mon but, c’est que cette dame ne prenne pas de coups de matraques, ou même se fasse bousculer par une manœuvre policière ».

    A la barre, le haut responsable de la DOPC @prefpolice
    , Laurent Simonin, est d’accord avec ça : ça s’appelle « un geste de maintien de l’ordre » (rappelons que, sauf contre-ordre qui nous aurait échappé, M. Alexandre Benalla n’est toujours pas policier)
    https://www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr/presentation/les-directions-et-services/directions-de-police-active/la-direction-de-lordre-public-et-de-la-circulation

    Minute, papillon semble dire @sahandsaber75
    . Il a beaucoup étudié les vidéos, l’avocat de Georgios et Chloé.
    Et il trouve que le geste de Benalla, ça lui appelle ça : Zidane qui « s’essuie les crampons » contre l’Arabie saoudite en 1998.
    https://www.dailymotion.com/video/x1gvq5r

    La métaphore sportive semble produire son effet. #Benalla se lève et s’excuse (presque) :
    – Si monsieur a ressenti ça comme une agression, j’en suis désolé.
    Avant de se reprendre :
    – Moi ce que j’ai constaté, c’est une agression contre les forces de l’ordre. J’ai voulu bien faire.

    Vincent Crase se lève à son tour, un brin embarrassé :
    – A posteriori, on peut se poser la question de savoir si mon intervention était vraiment opportune. Sur le moment, je ne me la pose pas.

    – A posteriori, demande @sahandsaber75
     : c’est l’article 73 ou c’est la connerie ?
    Silence dans les rangs (fournis) de la défense. Le procureur, à propos, sauve Crase : - La connerie n’est pas toujours pénale.
    Des rires fusent, de tous bords.

    Arrivée remarquée dans les bancs des parties civiles du jeune @T_Bouhafs
    , l’homme par qui la vidéo scandale est arrivée. Son avocat, @AA_Avocats
    , tente de cuisiner le commissaire Simonin qui argue de son droit (c’est son droit) au silence et esquive toute question.

    M° @AA_Avocats
    maintient ses questions (c’est son droit, aussi). Et se met à lire les retranscriptions des ondes radios entre la salle de commandement de la @prefpolice et les hommes sur le terrain.
    Et là, attention, pour ceux qui s’intéressent au maintien de l’ordre, du lourd :

    (rappelons que Simonin, qui garde le silence, gardait le commandement ce soir là).
    @AA_Avocats lit les conversations couchées sur bandes.
    Un haut gradé dit (Simonin ?) : « il faut retirer nos hommes de la place de la Contrescarpe, c’est nous qui créons l’événement ».

    En #NousSachons, ça veut dire : ça se pourrait bien que c’est la police qui met le foutoir.
    Pour rappel : ce jour là, il y a un apéro militant sur la place. Etudiants et manifestants sont assis en tailleur, discutent, boivent des coups, sans hostilité.

    Léger flottement dans le prétoire. Côté défense, on proteste. Mais c’est quelle côte du dossier, ça @AA_Avocats hésite, il cherche. Et propose qu’on écoute les bandes, il les a sur une clé USB. Tenez, monsieur l’huissier. Sans façon, lui dit-on dans la partie adverse.
    (dommage)

    (j’oubliais, dans l’intervalle, #Benalla a dit au procureur)
    – D’accord avec vous. Si on s’était annoncé comme observateurs, on n’en serait pas là aujourd’hui, c’est sûr et c’est certain.
    (parce que, oui, comme tout le monde, les CRS trouvaient le duo plus vrai flic que nature)

    #Benalla répète aussi
    – le contrat social repose sur l’article 73. Il faut aider la police. Aujourd’hui, à la moindre occasion, on sort son téléphone portable, on filme, on est passif. Le contrat social, c’est pas ça. C’est agir.

    Chloé et Georgios, eux, ont une autre approche.
    Ils racontent, toujours doucement, d’une voix parfois fluette, leur vie après les révélations de @lemondefr
    , quand ils ont compris que c’était pas le premier bacqueux venu qui les avait interpellés, mais deux hommes du Président :

    « On a été jugés, on s’est excusés. On a payé. Mais après le 18 juillet [quand l’affaire devient d’Etat], dès qu’on voyait une voiture devant la maison, on se posait des questions. »

    Là, La Défense de #Benalla tente de déstabiliser le couple et singulièrement Georgios.
    C’est vrai, son certificat médical est anti-daté. Pour résumer : à la première visite (juste après le 1er mai), Georgios est accusé, pas besoin de certificat. En juillet, il devient victime.

    La médecin signe en juillet le certificat de mai.
    Lors de l’instruction, elle reconnaîtra « une erreur » celle, notamment, de « ne pas avoir mesuré l’ampleur de l’affaire » : « je n’aurais pas dû écrire l’attestation à la va-vite »
    Ainsi vont les affaires politiques.

    En verve, comme il sait faire, @ChStPalais se lève. Il est le conseil de Crase. Il tente de savoir ce que Georgios pense de son interpellation.
    Le jeune homme répond :
    – légitime.
    On souffle dans le camp #Benalla.
    Georgios ajoute :
    – Mais pas les violences volontaires !

    Il est maintenant 19h. Le tribunal appelle @T_Bouhafs .
    – Votre vidéo est une vidéo importante et essentielle, lâche l’assesseur (dont on avait saisi, une heure plus tôt son attachement à la bande, tant il l’avait disséquée : c’est dire l’importance capitale désormais des vidéos).

    (la suite, demain, je m’écroule) 2:18 AM · 25 sept. 2021

    David Dufresne
    @davduf
    https://twitter.com/davduf/status/1441660259177689089
    (bonjour amis de Twitter, du café et de la justice bien faite)
    9:06 AM · 25 sept. 2021

    La séance est ouverte.

    Alors, nous en étions à l’audition, hier, à la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris du jeune et trépidant @T_Bouhafs
    . Il a le hoodie chic et la démarche nonchalante.

    La présidente Isabelle Prévost-Desprez, qui avait cédé son micro jusqu’ici au juge Brunaud (je viens d’avoir son nom, grâce à la lecture matinale du compte-rendu de @samuellaurent
    dans @lemondefr
    ) reprend la parole. Parce que y débat. Y a débat juridique.
    https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2021/09/25/au-proces-benalla-sur-les-evenements-du-1er-mai-2018-je-reconnais-que-la-sce

    Monsieur Bouhafs est-il fondé à se porter partie civile ?C’est vrai, ça, de quoi se plaint-il ? Demandent (et c’est le jeu), sans le demander tout à fait comme ça (et c’est l’art de la joute) les avocats de Benalla, Crase et Simonin.

    – C’est très simple, lâche @T_Bouhafs.
    – Expliquez nous...
    – La politique.
    Murmures dans le public, de plus en plus respectueux des gestes barrière. Il est tard, et ça file à l’anglaise, notamment du côté des médias (d’où ce live en différé).

    Bouhafs, qui n’est pas seul comme chacun sait, mais tout de même isolé à cet instant, embraye :
    – Ce qui s’est passé place de la Contrescarpe est quelque chose d’éminemment politique.

    Selon lui, la police a empêché un apéro-militant, calme et pacifique. Et comme il y participait ...il estime être victime de « l’immixtion [dans le maintien de l’ordre] de monsieur Crase et de monsieur Benalla, ces deux représentants du pouvoir ».
    La juge demande :
    – Vous les aviez reconnus ? Vous saviez qui ils étaient ?
    – Non, non.

    (m’enfin, tout le monde est là, le tribunal en premier, parce qu’ils ont bien fini par être reconnus)

    Bouhafs, qui s’y connait en la matière, analyse la situation ce jour là :
    – Je pense que ça rentre dans une logique de répression politique qui est à l’oeuvre dans ce pays depuis plusieurs années.

    Et le voila qui s’élance. Je cite Ariane Griessel de @franceinter qui le cite :
    Ariane Griessel
    @arianegriessel
    https://twitter.com/arianegriessel/status/1441458695527976962
    Invité par son avocat, Arié Alimi, à décrire l’ambiance avant l’intervention des forces de l’ordre, Taha Bouhafs raconte que "tout était calme", décrit "une place qui se tient sage".

    @T_Bouhafs avance un autre préjudice : la sortie du circuit légal des images de #vidéosurveillance. Petite leçon de choses :
    – Si on accepte tous d’être filmés, c’est parce qu’il y a un contrat, c’est réglementé. Ces images où j’apparais se sont retrouvées dans les mains de @Elysee

    Et troisième raison à sa présence : Bouhafs estime avoir été trompé par l’usurpation de l’identité de policier par Alexandre #Benalla et Vincent Crase.Son avocat @AA_Avocats lui demande :
    – Seriez-vous intervenu si vous n’aviez pas cru que M. Crase et M. #Benalla étaient policiers ?

    Bouhafs, tranchant :
    – Non, il y avait des policiers autour, c’était à eux d’intervenir.
    Rires contenus dans la salle.

    Passé le moment de point juridique (partie civile, pas partie civile ?), qui aurait passionné tous les apprentis de @ENM_France
    , et qui sera tranché (lui aussi), à la fin du procés, place au témoignage de @T_Bouhafs.

    #Crase ne le quitte pas des yeux. #Benalla est plus fuyant. Simonin, qui sait que ça le concerne moins, s’étire les jambes, qu’il a longues.
    (on note tout de même un autre grand absent du procès, le major Mizerski, chaperon de #Crase et #Benalla pour leur journée d’observation)

    Bouhafs, à propos des « gestes techniques » de Benalla (pour reprendre l’expression de Bennal lui-même) :
    – J’ai été surpris de cette violence. Pourquoi Benalla lui même une patate comme ça, à Georgios ?
    Il ajoute :
    – Je savais pas quoi faire...

    ...La seule chose que je pouvais faire, c’était filmer. Dès qu’il m’a vu, Alexandre Benalla est parti.
    (ce que conteste l’intéressé qui assure, plutôt, avoir tenté de retrouver un OPJ de la @prefpolice
    pour embarquer Georgios et Chloé).

    Bouhafs décrit la scène. Les coups, les cris, les gaz :
    – On a été gazé parce qu’on filmait. C’est devenu une technique systématique. Dès qu’on filme, on a un policier qui vient taper votre objectif, ou donner un coup de gazeuse.

    Il poursuit :
    – Ça va si loin qu’ils ont même confectionné une loi pour ça, pour nous empêcher de filmer.

    Peu à peu, Bouhafs déroule. Il ne martèle rien, il raconte, parfois il hésite et se reprend. Il ne transforme pas la barre en estrade politique, il remet juste la réalité à sa place : ce procès n’est pas (seulement) celui d’une basse police, mais d’une vision de basse politique.

    Bientôt 20h, fin des débats, l’écran géant remonte gentiment se cacher dans le plafond, et chacun rentre chez soi, libre et fatigué.
    L’audience est suspendue. Reprise lundi.

  • Le patron de la #Police ordonne que les sanctions disciplinaires contre les agents soient exécutées plus rapidement
    http://www.davduf.net/le-patron-de-la-police-ordonne-que-les-sanctions

    Lu sur Franceinfo | Depuis des années, chercheurs, observateurs, avocats le crient haut et fort. Cette fois, c’est le directeur général de la police nationale qui l’écrit dans une note de service. Le patron de la police nationale, Frédéric Veaux, a demandé fin juillet que les sanctions disciplinaires à l’encontre des policiers reconnus coupables de fautes graves soient plus rapidement mises à exécution, selon une note consultée lundi 16 août par l’AFP. « Les délais trop longs pour sanctionner des (...) Revue de presse, du web & veille en tous genres

    / Police, #IGPN

    #Revue_de_presse,du_web&_veille_en_tous_genres

  • Deux ou trois choses sur le rapport annuel #IGPN 2020
    http://www.davduf.net/deux-ou-trois-choses-sur-le-rapport-annuel-igpn

    Ici et là, la presse salue les chiffres en baisse produits par l’IGPN. Et pourtant, il suffit de quelques coups de sonde dans le rapport 2020, pour comprendre les tours de passe passe de cette institution qui rejette, toujours et encore --- contre vents, marées et bon sens --- critiques formulées à son encore. #IGPN | Rapport 2020, rendu public ce matin. #GiletsJaunes : sur 456 enquêtes judiciaires suite à des plaintes #violencespolicières, 70% ont été classées sans suite : 70% pour absence (...) #Allo_Place_Beauvau

    / Une, #Police, IGPN

    https://www.interieur.gouv.fr/sites/minint/files/medias/documents/2021-07/igpn-rapport-2020.pdf
    https://twitter.com/asimpere/status/1417793804720087040

  • 90% des victimes de violences conjugales satisfaites par la police...d’après l’IGPN

    Plus d’un an après le Grenelle sur les violences conjugales, Marlène Schiappa annonce ce vendredi les chiffres sur l’audit fait sur l’accueil des femmes victimes des violences de genre par la police... menée par l’IGPN et l’IGGN.

    https://www.revolutionpermanente.fr/90-des-victimes-de-violences-conjugales-satisfaites-par-la-poli

    #déni #sexisme #discrimination #IGPN #communication #violences_conjugales

  • Mort de Cédric Chouviat : les policiers auraient menti avec la bénédiction de leur hiérarchie - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/faits-divers/mort-de-cedric-chouviat-les-policiers-auraient-menti-avec-la-benediction-


    Cédric Chouviat avait été interpellé le 3 janvier près de la tour Eiffel. Il est décédé deux jours plus tard sans avoir repris connaissance.
    DR.

    Les policiers mis en examen auraient tenté de cacher leur responsabilité dans la mort du chauffeur-livreur de 42 ans. Leur hiérarchie les aurait couverts.

    Ils n’ont pas entendu Cédric Chouviat crier « j’étouffe » à sept reprises. C’est ce qu’ont affirmé les policiers qui ont plaqué au sol, sur le ventre, le chauffeur-livreur de 42 ans lors d’un contrôle routier près la tour Eiffel à Paris le 3 janvier. Transporté dans un état critique à l’hôpital Georges-Pompidou, le père de famille était mort deux jours plus tard.

    Des mensonges que mettent en lumière mardi Mediapart et Libération grâce à des documents qu’ils ont consultés. Après une enquête menée par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), trois des quatre fonctionnaires impliqués dans l’interpellation fatale à Cédric Chouviat ont été mis en examen pour homicide involontaire, avec interdiction d’entrer en contact avec tout ou partie de l’équipage. Une policière a été, elle, placée sous le statut de témoin assisté.

    Au cours de leurs auditions, les policiers n’en ont pas démordu : ils n’ont pas entendu les cris de détresse du chauffeur-livreur. Pourtant, Cédric Chouviat continuait d’enregistrer la conversation lorsqu’il a été attrapé par le cou, plaqué au sol sur le ventre, encore casqué, avant d’être menotté. Non seulement on l’entend se plaindre d’étouffer, mais on entend aussi distinctement l’un des fonctionnaires dire à son collègue, le chef de bord Michaël P. : « C’est bon, c’est bon, lâche », « sur un ton paraissant empreint d’inquiétude ».

    Mais face aux enquêteurs de la police des polices, ce gardien de la paix ne « sait plus » pourquoi il a prononcé ces mots, rapporte Mediapart. La « clé d’étranglement » ? Un simple « maintien de tête », affirme Michaël P. « Il n’y a pas eu de geste volontaire », dit-il encore. D’autres vidéos tournées par l’une des policières impliquées ont pourtant été versées au dossier.

  • Le policier lanceur d’alerte qui a révélé les maltraitances au tribunal de Paris sanctionné par sa hiérarchie
    https://www.streetpress.com/sujet/1610471819-policier-lanceur-alerte-revele-maltraitances-tribunal-de-par

    En juillet 2020, le brigadier-chef Amar Benmohamed révélait sur StreetPress des centaines de cas de maltraitance et de racisme dans les cellules du tribunal de Paris. Six mois après, c’est lui qui est sanctionné par un « avertissement » ! Tribunal de grande instance de Paris (75) – Il est minuit passé ce mardi 12 janvier. Au dépôt, le service qui gère la centaine de cellules du tribunal, une réunion de gradés se termine. Le lieutenant T., qui préside la réunion retient le brigadier-chef Amar Benmohamed (...)

    #police #procès #racisme #violence #délation #IGPN

  • Violences policières : quand l’IGPN est désavouée par la justice
    https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2021/01/11/violences-policieres-quand-l-igpn-est-desavouee-par-la-justice_6065820_16535

    « Ma carrière dans la police nationale est brisée. Pour moi, c’est terminé. » A 50 ans, le brigadier-chef JMC (qui a souhaité rester anonyme) le reconnaît sans fard : il a « creusé [sa] tombe » depuis qu’il a décidé de dénoncer « des violences policières illégitimes, ces coups qui ne laissent pas de trace lors des interpellations, des dysfonctionnements et autres agissements illégaux » au sein du commissariat de Pau, où il a exercé ses fonctions de 2013 à 2020.

    Ses multiples alertes et rapports auprès de sa hiérarchie vont lui coûter sa carrière. « Il y a eu un effet de meute, les collègues se sont ligués contre moi : j’étais devenu l’homme à abattre », raconte-t-il, évoquant le « harcèlement moral » dont il a fait l’objet, avec son lot de changements de poste, « insultes, propos dégradants, provocations physiques, menaces, mise en quarantaine et placardisation ».

    Lanceur d’alerte, JMC finira par être « chargé » par l’inspection générale de la police nationale (IGPN), poursuivi au pénal pour « dénonciation calomnieuse, dénonciation mensongère à une autorité judiciaire ou administrative entraînant des recherches inutiles » et « violence par une personne dépositaire de l’autorité publique sans incapacité ». Il sera finalement relaxé par le tribunal correctionnel de Pau, en juillet 2019, et par la cour d’appel, en décembre 2020.

    • Ce dossier est l’archétype de tout ce qu’on peut faire si on souhaite dissuader des policiers de dénoncer une bavure, les faire taire. »

      Pour JMC, c’est le 27 janvier 2018 que « le vase a débordé ». Ce jour-là, le brigadier-chef et des collègues interpellent trois mineurs de 14 ans soupçonnés d’avoir commis un vol avec effraction – le dossier sera ensuite classé sans suite. Selon JMC, l’un de ses subordonnés aurait alors frappé l’un des adolescents alors que ce dernier était au sol, percutant le brigadier-chef qui aurait alors pris un coup au passage. S’ensuit une altercation entre les deux policiers, séparés par une collègue.

      Lire aussi Pour les agents, l’expression « #violences_policières » est vue comme une « remise en cause frontale de leur travail »

      De retour au commissariat, le brigadier-chef rapporte ces faits de violence présumés à sa supérieure, la capitaine Marie F. Cette dernière, comme elle l’a reconnu dans un rapport administratif, demande à JMC « de ne pas relater sur le PV d’interpellation les faits relatifs à l’altercation ». « Je craignais qu’on verrouille tout, que cela soit étouffé », considère JMC, sommé de rédiger un rapport interne.

      Une enquête administrative est ouverte et confiée au numéro 2 de la sûreté départementale, le commandant Jean-Michel Delos. Lors de ses différentes auditions, le mineur prétendument agressé confirme la version de JMC. Quant aux deux autres adolescents interpellés, ils affirment avoir reçu des « coups de poing et des gifles ». Pour leur part, six collègues de JMC réfutent les allégations de ce dernier. Selon eux, c’est le brigadier-chef qui aurait agressé son subordonné.

      Des « accusations fallacieuses » selon l’IGPN

      Directrice départementale de la sécurité publique des Pyrénées-Atlantiques, la commissaire divisionnaire Brigitte Pommereau informe le parquet de Pau, en mars 2018, des conclusions de l’enquête administrative. Pour le commandant Delos, « les faits dénoncés » par JMC ont été « corroborés par la personne interpellée ». « De plus, les auditions des mineurs mettaient en évidence d’autres violences illégitimes par personnes dépositaires de l’autorité publique », souligne l’officier qui évoque « des faits de nature pénale » et met en cause le brigadier qui aurait agressé JMC et le mineur ainsi que « d’autres fonctionnaires de police à identifier ».

      La procureure de la République de Pau, Cécile Gensac, décide alors de saisir la délégation #IGPN de Bordeaux, « car la lecture des premiers actes de l’enquête administrative témoignait de la limite des possibilités d’investigation de l’officier en charge de cette enquête au regard des premières versions des faits produites », comme l’explique la magistrate aujourd’hui.

      Lire aussi IGPN : Gérald Darmanin « prêt à étudier » toutes les pistes de réforme (...)

      En juin 2018, un premier rapport de l’IGPN est réalisé. Ses conclusions prennent l’exact contre-pied de celles de l’enquête administrative. Chargé des investigations de la « police des polices », le commandant Philippe D. met en avant les déclarations « incohérentes, parfois évolutives » de JMC, « ses accusations fallacieuses » , et met hors de cause son collègue « tant pour ce qui concernait les allégations de violences sur le jeune que sur la personne » du brigadier-chef.

      Quelques mois plus tard, l’IGPN confirme ses premières conclusions et estime que « la responsabilité pénale » de JMC « pourrait être engagée des chefs de dénonciation calomnieuse et ou de dénonciation mensongère du délit de violence volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique ».

      « Un parti pris immédiat »

      En octobre 2018, la procureure de Pau propose alors à JMC une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) « dans la mesure où les faits me paraissaient constitués et où le mis en cause aurait pu l’accepter », comme elle le justifie au Monde.

      JMC refuse et se voit cité à comparaître devant le tribunal correctionnel de Pau pour trois chefs. Le parquet requiert contre lui six mois de prison avec sursis, trois ans d’interdiction d’exercice de la profession et une #obligation_de_soins. Le confrère que JMC avait dénoncé se constitue partie civile.

      En juillet 2019, le tribunal correctionnel de Pau relaxe le brigadier-chef. Son jugement sonne comme un désaveu pour le parquet et l’IGPN. « Dès réception de l’enquête administrative concluant à l’existence de violences policières et avant toute investigation, l’IGPN dressera un procès-verbal prenant immédiatement partie contre JMC (…), mettant ainsi à mal les conclusions d’un fonctionnaire de police ayant enquêté plusieurs semaines », estime la cour.

      Dans la foulée, la procureure Cécile Gensac décide de faire appel. « J’étais persuadée qu’une nouvelle analyse du dossier devait engendrer sa condamnation pour les faits visés, indique la magistrate. Il me semblait indispensable de faire réexaminer la situation par une juridiction supérieure au nom de l’intérêt général que je représente. Ma connaissance du milieu local aura fini de forger ma conviction sur l’opportunité de cet appel. »

      La cour d’appel de Pau confirme le jugement en première instance et enfonce le clou dans son arrêt, égratignant le rapport de l’IGPN qui « révèle à sa lecture (…) un parti pris immédiat contre les déclarations de JMC puisque avant même d’avoir effectué une quelconque audition, le commandant de police prenant en compte l’enquête réalisée par la DDSP [direction départementale de la sécurité publique] des Pyrénées-Atlantiques qualifiera les conclusions de son homologue, le commandant Delos, de “très curieuses” ».

      « Un dérapage complet » de l’IGPN

      « Ce fonctionnaire de police utilisera dans ses propres conclusions du 5 juin 2018 un grand nombre de formulations plus subjectives que descriptives ou démonstratives, mentionnant le “côté fantaisiste” des déclarations de JMC », développe la cour d’appel, qui estime que « les déclarations de JMC ont été constantes, cohérentes, qu’elles rejoignent celles faites » par les mineurs interpellés, « qu’elles sont compatibles avec les constatations médicales réalisées ». « C’est un dérapage complet de l’IGPN », assène Me Sagardoytho, l’avocat du brigadier-chef.

      JMC a, depuis, lancé une procédure pour « harcèlement moral » devant le tribunal administratif de Pau. Il souligne notamment que la protection fonctionnelle d’Etat (PFE), soit la prise en charge des frais de justice par les pouvoirs publics, lui a été refusée, en mai 2019, par sa hiérarchie. En novembre 2018, la commissaire divisionnaire Brigitte Pommereau – aujourd’hui à la retraite et promue en janvier au grade d’officier de l’ordre national du Mérite sur proposition du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin – avait rendu un avis défavorable, JMC « ayant dénoncé de façon calomnieuse l’un de ses collègues ».
      Par ailleurs, Mme Pommereau avait décidé, en novembre 2018, de ne pas attribuer à JMC une « prime de résultats exceptionnels » « compte tenu de la procédure disciplinaire en cours » à son encontre.

      L’avocate du brigadier-chef, Me Christelle Mazza, annonce qu’elle va porter plainte au pénal pour « harcèlement moral » et « violence volontaire » contre le collègue policier que JMC avait initialement dénoncé. « Toute sa carrière est démolie, dit-elle. Il est au placard désormais. »

      Après sa première victoire judiciaire devant le tribunal correctionnel, JMC a été muté à Lourdes (Hautes-Pyrénées) « dans l’intérêt du service » en mars 2020, et affecté à des missions subalternes. « Cette mutation est une sanction disciplinaire déguisée. Dans mon dossier, il n’y a eu aucune justification de ma hiérarchie », observe JMC, désormais délégué syndical (Vigi). En février 2018, soit quelques jours après avoir dénoncé ces faits de violence présumés, le brigadier-chef avait été affecté au service des fourrières du commissariat de Pau, sans poste de travail. Avec une chaise en bois pour s’asseoir.

      Contactée, la direction générale de la #police nationale n’a « pas de commentaire à formuler sur une décision de justice ». Avocate du confrère dénoncé par JMC, Me Emmanuèle Legrand-Bogdan n’a pas répondu à nos questions.

      #violences_sur_mineurs #violence_d'État #psychiatrisation

  • France : mise au point sur notre refus de participer au comité de l’IGPN - Amnesty International France
    https://www.amnesty.fr/liberte-d-expression/actualites/france-mise-au-point-refus-participation-comite-igpn

    La directrice de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a déclaré vouloir créer un comité d’évaluation de la déontologie policière au sein de l’IGPN. À cette occasion, elle a annoncé que nous pourrions faire partie de ce comité. En réalité, nous avons décidé de ne pas accepter cette proposition.

    Nous sommes extrêmement surpris que l’IGPN ait annoncé publiquement notre possible participation à leur comité d’évaluation de la déontologie policière. Si nous avons effectivement reçu une sollicitation de leur part, nous nous apprêtions à leur communiquer notre refus d’être membre de ce comité. En effet, si la décision de créer un tel comité semble montrer la volonté de l’IGPN de se pencher sur la question essentielle de la déontologie de la police, il ne nous semble pas que toutes les conditions sont réunies pour un travail permettant d’améliorer substantiellement les pratiques de la police et leur conformité avec les droits humains.  

    La présence d’une seule association, au milieu de nombreux représentants des forces de l’ordre, l’opacité quant au choix des membres de ce comité tout comme sur son mandat et ses pouvoirs réels, et l’absence de représentation des associations et collectifs travaillant dans les quartiers populaires (où les pratiques de la police posent régulièrement des questions de déontologie), sont les facteurs principaux nous conduisant à refuser d’être membre de ce comité. 

    Nous demandons depuis longtemps que les associations soient consultées sur ces questions et que le ministère de l’intérieur ouvre la concertation aux acteurs associatifs de terrain et à ceux qui militent pour les droits humains. De manière ponctuelle, nous avons déjà participé à des consultations organisées sous l’égide du ministère de l’intérieur, notamment dans le cadre de la préparation pour le nouveau schéma national du maintien de l’ordre (SNMO). Or ce SNMO démontre que nos préconisations n’ont pas été suivies.   

    Dans ce contexte, nous attendons maintenant des gestes forts du ministère de l’Intérieur montrant que nos recommandations sont prises en compte, à commencer par la suspension de certaines armes et techniques (LBD, plaquage ventral), l’interdiction des grenades de désencerclement, et la mise en place d’un mécanisme d’enquête indépendant et impartial sur les cas de violences ou de discrimination de la part des forces de l’ordre.

    #IGPN

    • Non, cette fois-ci Amnesty a refusé l’invitation de la directrice de l’Inspection générale de la police nationale.
      Amnesty International France n’est pas la Cnil. Quoi qu’on en pense, ils sont indépendants.

    • Tu n’es pas obligé de partager mon analyse @vanderling
      Je maintiens que ce gouvernement autoritaire s’essuie sur la CNIL ou Amnesty (et surement d’autres encore) comme sur des paillassons.

      Et dans ce que renverront les médias, personne ne retiendra la grossière entourloupe faite à la CNIL ni la tentative de faire croire qu’Amnesty jouera pour Darmanin. Mais le mensonge de la consultation est inscrite. C’est aussi pour ça que je colle le sinistre de la #propagande.

      https://seenthis.net/messages/892686

      le texte a été réécrit après sa consultation pour y introduire sa mesure la plus polémique : le fichage des opinions politiques.

    • Mais oui, CNIL et Amnesty n’ont rien en commun hormis le fait que le #syndrome_consultatif du gvt lui garantit son auto-absolution en utilisant l’une et l’autre comme étendards démocratiques (ou paillassons selon).
      Et nous sommes d’accord que la CNIL a été réduite depuis longtemps à son plus simple appareil « consultatif », mais que même à ce stade de dégradation de son rôle de garde-fou, l’humiliation se poursuit sans vergogne. Pour Amnesty, c’est une tentative échouée à moitié, parce que le Ministère de l’Intérieur ne s’est même pas donné la peine de savoir si l’association était ou non d’accord, comme si seule suffisait l’invocation symbolique.
      La preuve de l’ignominie que je souligne étant là même.

  • #Mort de #Zineb_Redouane, les #preuves qui accusent la #police

    Disclose et Forensic Architecture ont réalisé une contre-enquête des évènements qui ont coûté la vie à Zineb Redouane, le 2 décembre 2018, à #Marseille. A l’aide de documents inédits et d’une #modélisation 3D des événements, elle démontre que la responsabilité de la police est plus que jamais engagée dans cette affaire.

    https://www.youtube.com/watch?v=bhsbnmci04U


    #violences_policières #gilets_jaunes #décès #grenade_lacrymogène #André_Ribes #vidéo #forensic_architecture #architecture_forensique #expertise_balistique #justice #impunité #armes #rapport_balistique #contre-expertise #CRS #IGPN

  • Comment policer la police : les exemples à l’étranger
    https://theconversation.com/comment-policer-la-police-les-exemples-a-letranger-140808

    La France, qui était un État précurseur en matière de contrôle de sa police avec la création en 1986 du Code de déontologie de la Police nationale, puis avec la création de la CNDS en 2000, est devenue une nation frileuse depuis trop longtemps en ce qui concerne le traitement des comportements inadaptés des policiers qui entachent toute l’institution.

    Par la mise en place de pratiques réflexives basées sur le modèle anglais, par la redéfinition des missions de l’IGPN et par la création d’une Commission nationale de déontologie de sa sécurité dotée de moyens suffisants, la police et les policiers pourraient retrouver une certaine légitimité et la population, une police sur laquelle elle pourrait compter.

    L’occasion de découvrir l’IPCAN :
    https://ipcan.org/fr

    #igpn #défenseur_des_droits

  • Les exilé·es chassé·es de la #République. #Violence d’un soir, continuité d’une politique

    Lundi soir, place de la République, les forces de police ont brutalement appliqué le principe "#zéro_tolérance" qui résume à lui seul la politique de #harcèlement méthodiquement menée contre les exilé·es qui tentent, faute de solutions d’hébergement, de survivre en s’installant dans les #interstices de l’#espace_public.

    Au cœur de #Paris, sur cette place symbole et sous le regard de témoins qui peuvent et savent se faire entendre, la violence de cette politique est devenue visible : les coups, les tentes arrachées et confisquées, leurs occupant·es pourchassé·es à coups de grenades lacrymogènes ou de désencerclement ont répliqué à la "constitution d’un campement" qui n’était tout simplement "pas acceptable" selon le communiqué par lequel la préfecture de police et celle de la région Île-de-France (Prif) ont tenté de justifier "la dispersion de cette occupation illicite ».

    Cette opération de police n’a fait que mettre en évidence le traitement que les exilé·es subissent, en réalité, depuis des mois sinon des années. En tout cas depuis que la doctrine du gouvernement repose sur un même credo : parce que leur seule présence n’est "pas acceptable", empêcher qu’ils se rassemblent, disperser tout regroupement, interdire la (re)constitution de tout ce qui peut ressembler, de près ou de loin, à un lieu de vie. Et pour ce faire, entraver et discréditer l’action de toutes celles et ceux qui tentent de substituer l’entraide à l’isolement, la solidarité au dénuement.

    Que personne ne s’y trompe, ces #violences sont depuis longtemps le lot quotidien des habitants des #campements. À Paris et dans les environs de Paris où, par exemple, celles et ceux que la dispersion de celui de Saint Denis, le mardi précédent, avait laissé·es sans solution d’hébergement étaient, ces derniers soirs, systématiquement traqués jusque dans les fourrés où ils étaient contraints de se cacher.

    Si la brutalité policière de la place de la République justifie pleinement les condamnations indignées qu’elle suscite, elle n’a pour autant rien à envier à celle que subissent pareillement, à Calais et dans sa région, les centaines d’exilé·es qui tentent, depuis plusieurs années, de survivre dans le même dénuement et où sévit, sous l’autorité du ministre de l’intérieur, la même politique d’éradication des "points de fixation". Dispersion systématique des campements, harcèlement policier permanent, confiscation des tentes et des effets personnels, coups, invectives, gazages, sont régulièrement constatés et documentés par les associations et bénévoles qui, dans une indifférence fataliste, s’épuisent à tenter d’inverser la logique du rejet.

    En confiant une enquête à l’IGPN sur les événements de la place de la République, le ministre feint d’ignorer que le mauvais scénario qui s’y est joué n’est que la réplique de l’action constante de ses forces de police et le produit d’une politique délibérée qui prétend faire du harcèlement une méthode de dissuasion. Aurait-il soudainement pris conscience des excès, voire même des impasses, de la guerre d’usure ainsi menée contre les exilé·es ?

    Ce serait un revirement spectaculaire de celui qui, après avoir reçu la maire de Calais le 10 septembre dernier, annonçait le renforcement des effectifs de CRS et avoir demandé au préfet du Pas de Calais de prendre un arrêté interdisant aux associations de distribuer de la nourriture aux exilé·es dans le centre de la ville [1].

    « Choquantes », c’est le qualificatif que Gérald Darmanin a choisi à propos des images et vidéos non floutées que les réseaux sociaux ont permis de diffuser et qui lui auraient ouvert les yeux sur les violences exercées par ses propres services.

    Si d’aventure il entendait convaincre de sa volonté de tourner le dos à la politique sur laquelle les événements de la place de la République ont jeté une lumière crue, le retrait du projet de loi sur la sécurité globale serait un premier test de sa sincérité.

    https://www.gisti.org/spip.php?article6508
    #violences_policières #asile #migrations #réfugiés #destruction #démantèlement #France #23_novembre_2020
    #place_de_la_République

    • Evacuation de la place de la République : le #rapport vite fait mal fait de l’#IGPN

      Dans son rapport de synthèse sur la soirée de lundi, rendu public sur décision de Gérald Darmanin, la « police des polices » n’évoque que trois scènes. Et concède d’éventuels #manquements dont deux sont déjà aux mains de la justice.

      C’est la copie médiocre d’un élève pris par le temps, mais obligé de rendre son devoir. Saisie d’une #enquête_administrative sur l’évacuation de la place de la République, lundi soir, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) explique qu’elle a fait de son mieux compte tenu du délai imparti et du cadre posé : « la diffusion sur les réseaux sociaux de vidéos et de messages évoquant des comportements inappropriés de policiers ».

      Dans un « rapport de synthèse » de deux pages adressé au préfet de police de Paris Didier Lallement et rendu public jeudi soir (à télécharger ici) – Gérald Darmanin s’y était engagé –, la directrice de l’IGPN s’excuse presque. « Dans le temps imparti (48 heures), je ne peux vous rendre compte que des conclusions provisoires qui sont contenues dans les trois rapports d’enquête joints. » Lesdits rapports restent confidentiels, les citoyens ayant seulement accès à leur substantifique moelle.

      Il faut souligner, d’abord, ce que le rapport de synthèse n’évoque pas. Rien sur le dispositif policier en lui-même, sa pertinence, sa proportionnalité, les ordres donnés, le recours à des BAC de nuit plutôt qu’à des unités spécialisées dans le maintien de l’ordre. Rien sur les nasses dans lesquelles se sont retrouvés piégés des manifestants et des élus, des avocats, des journalistes. Rien, surtout, sur les migrants vidés de leurs tentes comme des jambons, les affaires confisquées, les chaussures manquantes, la poursuite dans les rues puis la reconduite aux frontières de Paris.

      Invité sur France 2 pour une interview de sept minutes, jeudi soir, le ministre de l’intérieur n’a développé aucun discours critique sur le déroulement de l’opération, renouvelant son soutien au préfet de police. Gérald Darmanin a rappelé que la manifestation place de la République était « illégale » puisque sans « aucune autorisation ». « J’ai demandé qu’on évacue, bien sûr, cette place », a ajouté le ministre, appelant ses concitoyens à ne pas « toujours juger dans l’émotion » provoquée, selon lui, par les images.

      Le rapport de l’IGPN ne porte pas sur la soirée entière mais sur trois scènes, filmées et largement relayées sur les réseaux sociaux comme dans les médias traditionnels. Deux d’entre elles ont déclenché, mardi, l’ouverture d’enquêtes préliminaires menées par le parquet de Paris pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique ». C’est sur celles-là que le rapport s’attarde.

      La première scène montre le croche-pied d’un policier sur un migrant qui tombe au sol, interrompu dans sa fuite. L’auteur de ce croche-pied, un commissaire divisionnaire de la BAC nuit en Seine-Saint-Denis, a reconnu son geste, qu’il explique par la fatigue, la lassitude et un dispositif de maintien de l’ordre mal construit.

      Selon le rapport de synthèse, ce commissaire « avait reçu la mission d’empêcher les usagers d’emprunter la rue dont il tentait d’interdire l’accès ». « S’il est possible de comprendre qu’au regard de ces instructions, il ait envisagé un moyen pour ralentir ou stopper la progression des manifestants, […] le barrage qu’il constituait quasiment seul n’était ni efficace ni inviolé. »

      Compte tenu du risque de blessure grave, et puisque l’homme qui court ne représente aucune menace, l’IGPN conclut que ce geste, choisi « sans doute en une fraction de seconde », constitue « un manquement par un usage disproportionné de la force ». Le ministre a complété au 20 heures : pour cet acte « totalement injustifié », il réclame un conseil de discipline, l’organe interne à la police qui propose des sanctions.

      La deuxième scène, faisant également l’objet d’une enquête judiciaire, montre le journaliste de Brut, Rémy Buisine – même si le rapport prend soin de flouter son nom – recroquevillé au sol, contre un mur, un policier s’agitant au-dessus de lui. Le journaliste a fait savoir, par la suite, que le même agent s’en était pris trois fois à lui dans la soirée. Mais les vidéos de ce moment précis ne permettent pas de discerner, il est vrai, s’il reçoit des coups.

      À ce sujet, le rapport de l’IGPN souligne dans un langage administratif alambiqué que « les constatations réalisées sur la vidéo, malgré l’impression donnée par les images, ne font état d’aucun coup porté par le policier avec les poings ou avec la matraque ». Il résume l’audition du gardien de la paix, qui « nie tout acte de violence, ayant simplement cherché à se dégager d’une situation de corps à corps ».

      Les déclarations de ce policier n’étant « ni corroborées ni infirmées » par d’autres témoignages ou d’autres vidéos, l’IGPN promet de continuer ses investigations « pour compléter et déterminer s’il y a eu usage de la force, pour quelles raisons éventuelles et dans quelles conditions M. Buisine s’est retrouvé allongé au sol ».

      Au détour d’une phrase, le rapport souligne que « l’usager victime n’a pas répondu aux sollicitations de l’IGPN », ce qu’a répété le ministre de l’intérieur sur France 2. « C’est bien évidemment faux, je reste à disposition des enquêteurs dans les plus brefs délais », a répondu Rémy Buisine quelques minutes plus tard.

      Le gardien de la paix mis en cause par Rémy Buisine, appartenant lui aussi à la BAC de nuit du 93, est visible sur d’autres images au cours de la soirée. L’IGPN écarte tout manquement professionnel dans la troisième scène, tendue, où ce fonctionnaire écarte un manifestant d’un coup de pied à l’entrejambe. Car pour l’IGPN, il ne s’agit pas d’un simple coup de pied, mais d’un « chassé frontal », geste technique d’intervention enseigné dans les écoles de police.

      « La technique a été mise en œuvre avec un objectif à ce moment précis de maintien à distance. Le danger (attitude offensive et agressive des manifestants) était réel et de plus en plus imminent. » Ce policier sans casque ni bouclier, qui selon l’IGPN ne disposait pas non plus de gazeuse lacrymogène, « semble avoir utilisé la seule possibilité qu’il avait de repousser ses agresseurs. […] Il a atteint son objectif et n’a pas blessé d’usager ».

      Anticipant, peut-être, les critiques, voire les moqueries, l’IGPN prend soin de rappeler que « tout usage de la force, quelle que soit l’analyse technique et juridique que l’on puisse en faire, est par nature choquant pour des observateurs ». Mais qu’elle se doit de « décortiquer les images » pour en proposer une analyse légale et déontologique. Ce geste, le seul examiné dans son rapport à ne pas faire l’objet d’une enquête pénale, lui semble donc conforme aux canons de la profession.

      https://www.mediapart.fr/journal/france/261120/evacuation-de-la-place-de-la-republique-le-rapport-vite-fait-mal-fait-de-l

    • #Fabien_Jobard, sociologue, à propos de l’#évacuation de la place de la #République

      #Fabien_Jobard, sociologue, à propos de l’#évacuation de la place de la #République : « Cela illustre la hantise des pouvoirs publics de tout mouvement qui s’installe. Les préfets aujourd’hui sont formés à craindre tout ce qui peut ressembler à une zone d’occupation temporaire ».

      https://twitter.com/_alairlibre/status/1331300451833274372

      Transcription :

      "La hantise de la part des pouvoirs publics de tout mouvement qui s’installe quelque part... Les préfets aujourd’hui sont formés en France à craindre tout ce qui peut, de près ou de loin, ressembler à une #zone_d'occupation_temporaire, voire le pire de tout, une #ZAD.
      En ce qui concerne les migrants, la #peur du #campement.
      Effectivement, on intervient le plus tôt possible, pour éviter que se mettent en place des #habitudes : apporter de la #nourriture, apporter de l’eau, mettre en place des toilettes sèches, que sais-je... qui transforment la Place la république et qui rendent, plus tard, l’évacuation médiatiquement plus difficile. Cela explique une intervention très précoce, brutale, quasi-instantanée, qui a l’avantage en plus, puisqu’on est dans une #bataille_de_l'image... la manifestation... c’est rendre manifeste, rendre visible les choses. Là, elle a l’avantage, en hiver, de se dérouler de #nuit, donc ça explique cette intervention très rapide. Bien sûr les migrants ne sont pas seuls, il y a autour d’eux depuis au moins les années 1970 tout un ensemble d’associations , y compris d’#élus, d’élus locaux, #Audrey_Pulvard, d’élus nationaux comme #Eric_Coquerel... et donc ça donne ces #images difficilement compréhensibles d’élus de la République ne pouvant être entendus, ne parlant presque pas la même langue que des policiers qui semblent exécuter des #ordres venus d’une #autorité très lointaine.

      #Place_de_la_république #points_de_fixation #fixation

    • La #violence comme seul horizon politique

      Inacceptable ; c’est le mot qu’a utilisé le préfet de police de Paris, à propos de l’« #occupation_illicite » de la place de la République après que des exilé·es y ont installé une centaine de tentes, pour justifier la violence rare avec laquelle a été menée, le 24 novembre, leur « #dispersion ».

      Sans doute estimait-il « acceptable » que plusieurs centaines de personnes qui n’avaient pas été prises en charge une semaine auparavant, lors de l’évacuation du campement dans lequel elles survivaient depuis plusieurs semaines porte de Paris, à Saint-Denis, soient privées de toit, contraintes à l’errance et exposées au harcèlement policier.

      Depuis des mois, les violences à l’égard des personnes exilées se sont amplifiées, que ce soit dans le nord-ouest de la France [1], le long de la frontière franco-italienne ou à Paris et dans sa périphérie. Celles infligées lors des opérations de démantèlement de leurs campements – au caractère hautement politique – sont particulièrement impressionnantes.

      Le 17 novembre, une énième expulsion – c’est le 65e démantèlement de grande ampleur en Île-de-France depuis 2015 – mobilise d’importantes forces de police dès 4 heures du matin. Il s’agit, comme chaque fois, de « mettre à l’abri » – provisoirement et dans des hébergements d’urgence [2] – des personnes survivant dans des conditions insalubres et contraires à la dignité humaine. Comme chaque fois, des centaines d’entre elles ne peuvent même pas grimper dans le bus qui les mènerait vers cet hébergement, juste pour souffler. Car, comme chaque fois, l’opération policière n’a pour but que de les faire disparaître. Cette fois encore, les forces de l’ordre ont pourchassé tou·tes ces recalé·es de l’hébergement en banlieue nord et jusque dans les rues de la capitale pour les empêcher de poser leur tente. Au cours des nuits qui ont suivi, la chasse à l’homme a continué avec une violence inouïe.

      Pour que leur sort ne reste pas dans l’ombre, des exilé·es, rejoint·es par des militant·es, ont installé un campement symbolique place de la République en plein cœur de Paris. Dans l’espoir que, leur situation étant ainsi exposée, des solutions de mise à l’abri pérenne leur soient proposées. Mais le préfet de police ne l’entendait pas ainsi et ses troupes, mobilisées en hâte, ne les ont pas lâché·es ; il ne leur a pas fallu plus d’une heure pour sortir les matraques, les grenades lacrymogènes ou de désencerclement et les LBD. Des vidéos, largement diffusées sur les réseaux sociaux, montrent des policiers soulevant des tentes et les secouant pour en faire tomber les occupants, et jetant dans un camion le peu d’affaires que les exilé·es avaient réussi à conserver… Tolérance zéro. Et à nouveau, la traque impitoyable et indigne a recommencé.

      Rarement mises en évidence et condamnées, les violences policières ont cette fois suscité de nombreuses réactions d’indignation, y compris de responsables politiques dont on pourrait attendre qu’ils mobilisent les moyens à leur disposition plutôt que de se contenter de protestations, aussi bienvenues soient-elles. Au demeurant, elles ne peuvent faire oublier que ces violences s’inscrivent dans la continuité de la politique d’éradication des « points de fixation » méthodiquement menée depuis plusieurs années tant à Paris qu’à la frontière britannique ; parce que leur seule présence n’est « pas acceptable », il s’agit d’empêcher que les exilé·es se rassemblent et d’interdire la (re)constitution de tout ce qui peut ressembler à un lieu de vie. Et, pour ce faire, d’entraver et de discréditer l’action de toutes celles et ceux qui tentent de substituer l’entraide à l’isolement, la solidarité au dénuement [3].

      Plusieurs actions sont en cours pour dénoncer ces violences commises devant des journalistes, des membres d’associations et des élu·es, comme la demande de mise en place d’une commission d’enquête parlementaire et le dépôt de plaintes pénales groupées pour violences volontaires et dégradations de biens. On espère qu’elles auront plus de succès que l’enquête confiée à l’IGPN par le ministre de l’intérieur qui s’est dit « choqué » par les événements de la place de la République… feignant d’ignorer qu’ils sont la réplique de l’action constante de ses forces de police et le produit d’une politique délibérée qui prétend ériger le harcèlement en méthode de dissuasion.

      Si le ministre a dû se résoudre à cette désapprobation minimaliste, c’est qu’il ne pouvait que s’incliner devant l’évidence après la circulation de vidéos montrant la violence des forces de l’ordre. Ces images, sans appel, font écho au délit que le gouvernement tente d’intégrer dans la proposition de loi sur la sécurité globale. Les diffuser pourrait, désormais, être passible d’emprisonnement ! En muselant les défenseurs des libertés publiques, le gouvernement veut imposer un monopole policier sur le récit des opérations dites de maintien de l’ordre.

      L’invisibilisation est de longue date un élément central des politiques ignorant les droits et rejetant a priori toute revendication des exilé·es, que les gouvernements voudraient isoler dans un face-à-face à huis clos avec les forces de l’ordre. En cherchant à priver l’ensemble des mouvements sociaux du « droit à l’image », le gouvernement franchit une nouvelle étape de son projet visant à étouffer les voix dissidentes sous la pression policière. Ne le laissons pas faire. Nous ne renoncerons pas à opposer la réalité vécue par les exilé·es aux « éléments de langage » institutionnels.

      https://www.gisti.org/spip.php?article6526

  • À #Argenteuil, les habitants écopent d’#amendes par vengeance ou pour les faire taire | #StreetPress
    https://www.streetpress.com/sujet/1593693805-argenteuil-habitants-ecopent-amendes-par-vengeance-faire-tai

    Le silence par les amendes
    Ces amendes sont surtout un moyen pour les policiers de se #venger. Dans les dossiers de Stanis, une histoire est symbolique et date de 2013. Après un énième contrôle violent à la cité Champagne, dix jeunes dont Tarek, Geoffrey ou Omar (qui ont déjà été victimes de dérives policières dont nous vous parlons ici) vont porter plainte au commissariat d’Argenteuil. On les fait attendre puis on leur demande de repasser. Quelques jours plus tard, ils reçoivent une quarantaine d’amendes. De trois à huit selon les personnes, d’après les #PV que StreetPress a pu consulter. Six sont pour un « dépôt d’ordures » le 4 février à 19h pétantes. À croire qu’ils sortent leurs poubelles tous ensemble. Sur ces six, cinq autres ont également des #prunes pour « déversement de liquide insalubre » et « émission de bruit de nature à troubler le voisinage » à 19h. Pas de chance, Tarek, Geoffrey et Omar reprennent des contraventions pour « dépôt d’ordures », « émissions de bruit » et « interdiction de fumer » du 5 au 7 février. Toutes constatées à 23h30 pour les deux premiers et à minuit pour le troisième. Pour Stanis, qui a porté leurs plaintes à l’#IGPN et devant le #défenseur_des_droits, c’est plus que #louche :

    « Ils les ont fait payer pour avoir voulu porter plainte. Ce sont des #faux_en_écriture_publique, un crime passible des #Assises ».

  • La police des polices au secours de Taha Bouhafs
    Par Denis Courtine | Le 3 juillet 2020 à 16h29, modifié le 3 juillet 2020 à 18h31 - Le Parisien
    https://www.leparisien.fr/faits-divers/le-proces-pour-outrage-du-journaliste-taha-bouhafs-renvoye-en-janvier-03-

    L’un des pourfendeurs des violences policières disculpé par… la police. Drôle de victoire ce vendredi après-midi pour Taha Bouhafs. Le « journaliste militant » ou « engagé », comme il se définit, devait comparaître pour outrage et rébellion un an après son interpellation lors d’une manifestation de travailleurs sans-papiers qu’il couvrait à Alfortville (Val-de-Marne).

    Si le procès a une nouvelle fois été renvoyé, le prévenu est tout de même ressorti du palais de justice de Créteil avec le sourire. Et pour cause, à la demande de l’avocat de la défense, la présidente a lu le mail envoyé au tribunal par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), saisie après une plainte de Taha Bouhafs accusant lui-même de violences le fonctionnaire de la brigade anti-criminalité d’Alfortville. Ce courrier daté du 11 février fragilise considérablement l’accusation.

    Une accusation « incertaine » et « douteuse »

    Selon la police des polices, la procédure montée par leur collègue est « incertaine » et « douteuse ». Les vidéos récupérées « ne confirment pas d’outrage ». Elles montrent d’autre part que le fonctionnaire impliqué dans cette affaire ne porte « aucun signe distinctif » indiquant sa qualité.

    Bref, un mail qui « sonne le glas de la procédure », triomphe à la sortie de l’audience Arié Alimi, l’avocat de Taha Bouhafs. Et « pour une fois », de « remercier » la police des polices sous les applaudissements des supporters du prévenu. Drapeau de la CGT et du NPA à la main, ils étaient une soixantaine devant le palais de justice à réclamer la relaxe pour le « journaliste militant ».

    « Je ne céderai pas aux intimidations »

    Outre les députés de la France insoumise Eric Coquerel et Mathilde Panot, toujours en première ligne quand on évoque les violences policières, l’ancien footballeur Vikash Dhorasoo, proche lui aussi de la France insoumise, a dénoncé une « presse plutôt du côté du pouvoir ».

    « Je ne céderai pas aux intimidations », a clamé, de son côté, Taha Bouhafs qui a rappelé qu’il avait eu dans cette affaire « une épaule déboîtée » et s’était « fait frapper à plusieurs reprises au visage ».

    Le journaliste David Dufresne, qui compile depuis 2018 des tweets commençant invariablement par « Allo @Place_Beauvau - c’est pour un signalement » a, lui, estimé que Taha Bouhafs était « la relève de la profession ».
    La police se refuse à tout commentaire

    Côté police, on se refuse à commenter « une procédure toujours en cours ». Le procès est renvoyé au 8 janvier. Malgré ce fameux mail « apportant un éclairage différent sur l’affaire », selon ses termes, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) n’a pas encore terminé son enquête.

    Le 11 juin 2019, Taha Bouhafs avait été interpellé alors qu’il filmait une manifestation de travailleurs sans papiers devant la société Chronopost à Alfortville pour le média en ligne « Là-bas si j’y suis ».

    #violences_policières

  • #Hautes-Alpes : des migrants ont-ils été rackettés par deux policiers de la #PAF à la frontière franco-italienne ?

    Les deux policiers sont jugés en correctionnel à Gap pour des faits présumés de #violence et de #détournement_de_fonds.

    Soupçonné de violence contre un jeune migrant en août 2018, un gardien de la paix de la #police_aux_frontières (PAF) de #Montgenèvre (#Hautes-Alpes) et un adjoint de sécurité (ADS) du même service, jugé pour détournement de fonds, en janvier 2019, comparaissent cet après-midi devant le tribunal correctionnel de Gap.

    Comme depuis le déconfinement du 11 mai et la reprise des audiences correctionnelles, le procès se déroule sans public en raison des mesures sanitaires liées au coronavirus.

    Le gardien de la paix, un fonctionnaire âgé de 51 ans, et l’ADS âgé de 30 ans, dont le contrat n’a pas été renouvelé par l’administration sont respectivement poursuivis pour « #violences_volontaires_sans_ITT » commises par #personne_dépositaire_de_l’autorité_publique (#PDAP) dans l’exercice ou à l’occasion de ses fonctions, et pour « #faux_administratif » et « #soustraction_frauduleuse_de_fonds_publics » par PDAP.

    Une révélation en interne

    L’enquête menée par l’antenne marseillaise de l’inspection générale de la police nationale (#IGPN) a débuté en janvier 2019 après un rapport remis au parquet de Gap par la direction départementale de la police aux frontières (DDPAF) des Hautes-Alpes, « signalant plusieurs dysfonctionnements administratifs et en interne mais également des faits de violence contre un migrant et de détournement de fonds », a indiqué une source judiciaire. « Une révélation en interne qui fait suite à des soupçons de rackets réguliers à l’encontre de migrants qui traversaient la frontière franco-italienne à Montgenèvre », souligne cette même source.

    Concernant ces vols présumés, « l’enquête n’a pas permis d’établir, ni la réalité des dénonciations, ni l’identification des éventuels auteurs, au contraire des faits qui justifient la comparution des deux prévenus aujourd’hui », a souligné avant le début du procès, le procureur de la République de Gap, Florent Crouhy.

    « Dès la fin de l’année 2018, le parquet a reçu de nombreux courriers de migrants ou d’associations dénonçant des faits de vols sur des migrants. Les vérifications n’ont jamais permis d’étayer ces dénonciations, les migrants étant le plus souvent impossible à retrouver », a indiqué le magistrat qui représentera le ministère public à l’audience.

    Un enregistrement audio à charge contre le policier

    Selon le rapport de l’IGPN, le gardien de la paix - actuellement en arrêt maladie - est soupçonné d’avoir donné un #coup_de_poing à un migrant Malien, aujourd’hui âgé de 17 ans. L’#altercation a été discrètement enregistrée par la victime présumée qui accuse des policiers de lui avoir volé son argent quelques jours plus tôt lors d’un contrôle sur la voie publique à Montgenèvre.

    L’adjoint de sécurité est soupçonné d’avoir gardé pour lui 90 euros en espèce, c’est-à-dire le montant d’une amende dressée lors d’un contrôle à l’encontre d’un conducteur italien qui n’avait pas sa ceinture de sécurité. L’auteur présumé qui conteste les faits a jusqu’ici soutenu qu’il s’agissait d’une erreur de remplissage du procès-verbal.

    « La commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a rendu en 2018 un rapport sur lequel la frontière italienne ne doit pas être une zone de non-droit. Notre affaire s’inscrit pleinement dans cette problématique de comportements qui ne sont pas acceptables », a expliqué avant le début de l’audience Me Vincent Brengarth, du barreau de Paris, avocat de la victime présumé ainsi que de l’association « Tous Migrants » qui doit se constituer partie civile au procès. Créée en 2016 à partir d’un mouvement citoyen de 2015, l’association « sensibilise la population aux enjeux migratoires et plaide pour le respect des droits des étrangers et notamment des personnes exilées auprès des pouvoirs publics », rappelle son coprésident Michel Rousseau.
    Les prévenus encourent 3 et 10 ans d’emprisonnement

    « Nous disposons d’un enregistrement audio ce qui permet la tenue de ce procès. Nous attendons que les responsabilités des policiers qui sont mis en cause pour des faits de vols et de violence soient déterminées par le tribunal, avance Me Brengarth. C’est un procès rare pour des pratiques dont on sait qu’elles sont régulières. Le dossier révèle qu’il ne s’agit pas de faits isolés. Il est indispensable que la justice puisse rétablir le droit de ceux que nous devons protéger ». Alors que l’ancien Adjoint de sécurité (ADS) encourt jusqu’à 10 ans d’emprisonnement, le gardien de la paix risque jusqu’à 3 ans de prison. Le jugement devrait être mis en délibéré.

    https://www.laprovence.com/article/faits-divers-justice/6035565/hautes-alpes-des-migrants-ont-ils-ete-rackettes-par-deux-policiers-de-la
    #police #racket #frontières #asile #migrations #réfugiés #France #Italie #frontière_sud-alpine #justice

    ping @davduf

    • Une compagnie de policiers de Seine-Saint-Denis au cœur d’un scandale, Nicolas Chapuis
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/30/une-compagnie-de-policiers-de-seine-saint-denis-au-c-ur-d-un-scandale_604474

      Des enquêtes de l’IGPN, qui portent sur du racket de trafiquants de drogue, menacent l’existence de l’unité, dont six membres sont en garde à vue.

      En jargon policier, on appelle cela un « chantier », un coup monté à base de preuves maquillées. Mais aujourd’hui, les quelques fonctionnaires de Seine-Saint-Denis impliqués dans cette affaire qui aurait pu sembler anodine menacent d’engloutir une unité entière, dans un scandale fracassant.
      Six agents de la compagnie de sécurité et d’intervention de Seine-Saint-Denis (CSI 93) ont été placés en garde à vue, lundi 29 juin, notamment pour détention et transport de stupéfiants, vol, faux et usage de faux, extorsion de fonds, violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique… Une ribambelle de charges, qui ne serait que la partie émergée de l’iceberg. Car en réalité, une vingtaine d’enquêtes préliminaires ont été menées de front par l’inspection générale de la police nationale (IGPN), sur décision du parquet de Bobigny. Elles pourraient viser des dizaines de policiers de cette même unité.

      Tout commence en juin 2019. L’IGPN reçoit deux plaintes visant des policiers. Deux jeunes hommes de la cité Cordon, connue comme l’un des principaux points de « deal » à Saint-Ouen, se plaignent d’avoir été interpellés de manière illégale, le 30 mai 2019. Ils accusent les agents d’avoir fait croire que l’un d’entre eux détenait un sachet de cannabis. En réalité, ce serait les policiers qui auraient jeté un sac contenant de l’herbe aux pieds du jeune homme. La scène a été filmée, mais le téléphone aurait été détruit par les agents. Les deux jeunes hommes se plaignent également de mauvais traitements, de coups portés pendant l’interpellation. Ils dénoncent enfin des procès-verbaux maquillés.

      Racket et fausses procédures

      Ce n’est pas la première fois que des signaux d’alerte sont envoyés au sujet de cette compagnie. Sur instruction de la procureure de Bobigny, Fabienne Klein-Donati, la police des polices décide de procéder dans le plus grand des secrets à un « balayage » des procédures montées par cet équipage en particulier, et par tous leurs collègues de la CSI 93.

      Au fur et à mesure qu’avancent les investigations, les faits se précisent. Les agents sont soupçonnés d’avoir racketté des trafiquants de drogue, notamment avec des fausses procédures entamées contre eux. Ils auraient extorqué d’importantes sommes d’argent. Leurs appartements ont été perquisitionnés lundi. Les locaux de la CSI, notamment les vestiaires, ont également reçu la visite des enquêteurs.

      Pendant un an, l’IGPN a déployé les grands moyens pour permettre aux investigations d’aboutir, mettant au jour un système organisé. D’après une source policière, des véhicules et des locaux de la CSI 93 ont été sonorisés, plusieurs agents ont fait l’objet d’écoutes. En tout, une vingtaine d’enquêtes préliminaires sur des faits potentiellement délictueux ont été ouvertes depuis juin 2019. Certaines ont été classées sans suite, faute de preuves suffisantes. Mais d’autres pourraient aboutir dans les jours à venir, après les interrogatoires menés pendant les gardes à vue.

      A l’été 2019, la CSI 93 avait déjà fait parler d’elle pour des faits de violence. Un homme interpellé pour trafic de drogue avait reçu un coup de pied de la part d’un agent. Une scène filmée. Il avait ensuite assuré que les policiers avaient tiré dans ses parties génitales avec un pistolet à impulsion électrique dans le fourgon. Il avait porté plainte pour actes de torture. Six fonctionnaires avaient été placés en garde à vue. Une partie d’entre eux seront jugés en novembre.

      Très mauvais moment

      Pour la #CSI 93, cette enquête de grande envergure sonne le glas. L’unité, composée de quelque 150 fonctionnaires et créée en 2008 sous Nicolas Sarkozy, ne survivra pas au scandale. Le préfet de police Didier Lallement a d’ores et déjà annoncé qu’une refonte allait avoir lieu.

      La compagnie de sécurité et d’intervention joue pourtant un rôle majeur dans ce département, où la délinquance est très importante. Cette unité composite, qui intervient notamment pendant les épisodes de violences urbaines, réunit des effectifs en tenue, d’autres en civil, qui agissent comme des brigades anticriminalité (#BAC), ainsi qu’un groupe de motards.

      Pour la police nationale, la potentielle mise en cause de dizaines d’agents tombe à un très mauvais moment. L’institution traverse une période de remise en cause de ses pratiques, sur fond d’accusations de violences policières et de racisme. Le mouvement parti des Etats-Unis après la mort de George Floyd, un homme noir tué par un policier blanc à Minneapolis (Minnesota), a connu un vif écho en France, notamment dans les quartiers populaires d’Ile-de-France, en Seine-Saint-Denis en particulier.

      D’un autre côté, plusieurs sources policières soulignent le gros travail effectué par l’#IGPN depuis un an. Un service dont l’indépendance et la qualité du travail sont régulièrement critiquées. Alors que le ministère de l’intérieur a fait part de sa volonté de réorganisation, ce coup de filet spectaculaire devrait peser, à l’heure de faire le bilan de son activité.

      #police #racket

    • Il est assez marrant, l’article du Monde, parce qu’il est bourré de jargon professionnel (copspeak), et rapidement je me dis que ça ressemble à une ode à l’IGPN, avec force descriptions des méthodes et de l’ampleur des moyens qu’elle a déployés.
      Et tu m’étonnes, ça se termine par cette conclusion épatante :

      D’un autre côté, plusieurs sources policières soulignent le gros travail effectué par l’#IGPN depuis un an. Un service dont l’indépendance et la qualité du travail sont régulièrement critiquées. Alors que le ministère de l’intérieur a fait part de sa volonté de réorganisation, ce coup de filet spectaculaire devrait peser, à l’heure de faire le bilan de son activité.

  • IGPN : plongée dans la fabrique de l’impunité | David Dufresne et Pascale Pascariello
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120620/igpn-plongee-dans-la-fabrique-de-l-impunite?onglet=full

    Dans son dernier rapport annuel, l’inspection générale de la police nationale se défend fermement d’être « la police des polices », mission qui « reste dans l’imaginaire populaire ». Sa directrice fait même assaut de transparence : son « ambition première » n’est pas de contrôler mais de « valoriser l’institution et ses agents ». Cet aveu, en bonne place (dans l’éditorial dudit rapport), est certainement le meilleur effort de sincérité auquel s’est livré l’IGPN depuis des années. Une institution qui n’hésite pas à légitimer, de la part des forces de l’ordre, « des ripostes plus nombreuses et plus fermes et donc des blessés » du fait « des violences exercées contre [elles] lors des manifestations ». Attendre de cette instance un devoir d’impartialité serait donc vain. Et depuis plusieurs mois, au regard de (...)

  • Allô IGPN ? Que fait (vraiment) la police des polices ? - davduf.net
    http://www.davduf.net/allo-igpn-que-fait-vraiment-la-police-des-polices

    Comment l’IGPN travaille-t-elle concrètement ? Quelles sont ses conclusions d’enquête ? Ses motifs, ou non, de classer une plainte ? Auditionne-t-elle toujours les victimes et les policiers mis en cause ? Cette compilation d’études de cas, régulièrement mise à jour et fondée sur nos signalements Allô Place Beauvau, constitue la première plongée jamais effectuée en profondeur dans les arcanes de l’institution. Allô #IGPN met au jour ce que certains appellent une « énigme » : sa capacité de (sous-)traiter les affaires liées aux accusations de violences policières.

    Plus de 65 plaintes suivies.

    Six mois d’enquête.

    Une collection proposée par @davduf, Etamin Studio, WeDoData, @fil et l’équipe de Mediapart.

  • Dix questions à l’IGPN - Page 1 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120620/dix-questions-l-igpn?onglet=full

    À l’image de Christophe Castaner, qui nous a toujours opposé le silence depuis la création d’Allô Place Beauvau, Brigitte Jullien, cheffe de l’Inspection générale de la police nationale #IGPN, a refusé de répondre à nos questions. Les voici : il n’est jamais trop tard.

    Brigitte Jullien, cheffe de l’Inspection générale de la police nationale, a refusé de répondre à nos questions. Les voici. Puisqu’il n’est jamais trop tard.

    1. Dans la collection de rapports que nous avons analysés en profondeur, il apparaît clairement que tout est fait pour éviter d’avoir une vision juste sur le long terme de votre activité. Des indicateurs disparaissent d’une année sur l’autre, des modes de comptage diffèrent, de nouvelles catégories surgissent. Doit-on y voir un manque de transparence certain ?

    2. Pourquoi avoir supprimé les données concernant les discriminations dans l’édition 2019 ?

    3. Pourquoi depuis 2015 les données sur les « Violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique » ne sont plus indiquées en chiffres bruts mais en pourcentages, rendant opaque leur lisibilité ?

    4. Savez-vous pourquoi votre rapport 2019 a été mis sous le boisseau pendant deux mois ?

    5. Dans votre éditorial, qui ouvre le rapport 2019, vous écrivez que « l’IGPN a désormais une triple ambition » et la première d’entre elles serait : « valoriser l’institution et ses agents ». N’est-ce pas un aveu complet de votre dépendance ?

    6. Page 21 du même rapport, pour expliquer une utilisation moindre du LBD en 2019 qu’en 2018, notamment en novembre-décembre 2018, au début du mouvement des gilets jaunes, il est dit : « La médiatisation de certaines blessures et les réactions suscitées par l’utilisation de cette arme ont vraisemblablement joué un rôle inhibiteur pour les forces de l’ordre. » Cela rejoint vos déclarations, l’année dernière, selon lesquelles la police ne ferait pas l’économie d’un débat sur l’usage des LBD. Où en est ce débat ? Où sont vos analyses ?

    7. Lundi 8 juin, Christophe Castaner a appelé à « une réforme en profondeur des inspections du ministère de l’intérieur », pour plus de « transparence » et « plus de cohérence et plus d’indépendance dans leur action vis-à-vis des services ». Le ministre a expliqué souhaiter que l’Inspection générale de l’administration (IGA) dirige désormais « les enquêtes administratives les plus difficiles et les plus complexes concernant les forces de police et de gendarmerie ». Un désaveu pour votre institution ?

    8. Faut-il déconnecter la police des polices du ministère de l’intérieur, pour la placer sous l’égide de celui de la justice ?

    9. Que pensez-vous des modèles danois ou anglais (Independent Office for Police Conduct) qui intègrent des personnalités hors du champ policier dans les enquêtes sur la police ?

    10. Quel est votre motif de classement préféré choisi par les parquets à partir de vos propres enquêtes ? Infraction insuffisamment caractérisée ? Auteur non identifié ? Exploitation vidéosurveillance insuffisante ?

  • Sept ans de #rapports #IGPN analysés : « Une absence de sincérité dans la recherche de la #transparence » - Page 2 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120620/sept-ans-de-rapports-igpn-analyses-une-absence-de-sincerite-dans-la-recher ?
    #violences_policieres

    À partir de 2015, les données concernant les #violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique sont publiées en pourcentage et non plus en chiffres bruts. Que nous dit ce changement de #méthode ?

    Sebastian Roché : Ce n’est pas un changement de méthode mais de présentation. Le manque de transparence du ministère de l’intérieur est une autre faiblesse manifeste et qui, si elle ne s’aggrave pas, progresse de manière très faible et lente. Lorsqu’on peut lire des rapports réguliers, on peut noter les insuffisances. Lorsqu’il n’y en avait pas, on ne pouvait même pas le faire. C’est le côté positif. Le côté sombre, c’est l’absence de sincérité dans la recherche de la transparence vis-à-vis du public, qui se traduit par la pauvreté et la partialité des informations communiquées au public. Cela s’explique par le fait que ni le ministre de l’intérieur, ni le premier ministre, ni le président, ni l’Assemblée nationale n’exigent de l’IGPN et de sa sœur l’IGGN [Inspection générale de la gendarmerie nationale] de progresser.

    [...]

    Sebastian Roché : Le nombre de sanctions diminue pour une activité de police inchangée. Il faudrait le rapporter aux effectifs, mais ils n’ont pas baissé depuis 2012, donc on peut abandonner cette piste. Une bonne partie de la baisse, ce sont les blâmes : « c’est pas bien » et on n’en parle plus. Le reste est stable, donc je dirais : business as usual. Il faut savoir que depuis 2009-2010, le contrôleur anglais de l’Independent Office for Police Conduct (IOPC) enregistre plus de 30 000 plaintes par an, soit au moins trois fois plus de signalements qu’en France (en tenant compte du fait qu’une partie des plaintes passent pas l’Inspection générale de la gendarmerie nationale). On voit bien, par comparaison, l’insensibilité aux doléances des citoyens de la part de l’IGPN. Le système français décourage de diverses manières (qui ne sont pas étudiées) le dépôt de plainte : déclaration de la directrice qui montre l’absence d’indépendance, déclarations du ministre, et anticipation corrélative de l’inefficacité de la plainte, sanctions rares et très lointaines des policiers, etc. Et l’État n’a pas de vision d’ensemble des plaintes par un système consolidé de toutes les polices.

    • IGPN : plongée dans la fabrique de l’impunité - Page 1 | Mediapart
      https://www.mediapart.fr/journal/france/120620/igpn-plongee-dans-la-fabrique-de-l-impunite

      Chloé Chalot revient sur l’affaire de Sébastien M., blessé à la tête lors d’une manifestation de gilets jaunes, le 12 janvier 2019 à Paris par un tir de lanceur de balles de défense (LBD), lui occasionnant 30 jours d’interruption totale de travail. 

      À partir de vidéos de témoins, une brigade d’une vingtaine de policiers en civil est identifiée. Il s’agit des Détachements d’action rapide (les DAR renommés depuis les BRAV-M), des binômes à moto, résurgence des « voltigeurs » interdits depuis la mort de Malik Oussekine en 1986. Trois détenteurs de LBD sont identifiés. Auditionné par l’IGPN, le lieutenant commandant la brigade confirme les tirs, mais explique ne pas être en mesure « de donner le nombre de cartouches ». 

      Et pour cause, les fiches dites TSUA, qui permettent de suivre l’usage des armes avec l’heure, le lieu et l’auteur n’ont pas été rédigées « sur instruction de la hiérarchie », selon le lieutenant , car « il y avait trop de tirs et il était inutile de faire un écrit ».

      On apprend que « les consignes initiales au début des manifestations des gilets jaunes étaient de ne pas rédiger » de fiches. « Les détenteurs de LBD donnaient le nombre de munitions tirées et l’officier faisait une synthèse. »

      C’est ainsi que la non-traçabilité des tirs des policiers était organisée par la hiérarchie, ordres contraires au règlement. Les trois policiers porteurs de LBD ont, au cours de leur audition, nié être les auteurs de tirs. L’un d’entre eux affirme « ne pas se souvenir avoir fait usage du LBD ».

  • Le rapport annuel de l’IGPN vient d’être rendu public. (reçu par mel)
    https://www.interieur.gouv.fr/Publications/Rapports-de-l-IGPN/Rapport-annuel-d-activite-de-l-IGPN-2019

    En le parcourant rapidement, un paragraphe m’a sauté aux yeux :

    Page 20 du rapport :

    « .../..
    Vient ensuite le manque de respect et de courtoisie dû à la
    population : 20% des signalements évoquent cette thématique, qui
    comprend les comportements agressifs, moqueurs, familiers
    (tutoiement) ou injurieux, émis principalement dans des contextes
    d’accueil physique ou téléphonique du public (25%) et à l’occasion
    de contrôles d’identité ou routiers (22%). »

    C’est très étonnant que parmi ces comportements n’apparaissent pas
    les injures racistes, d’autant plus que, contrairement à la moquerie et
    au tutoiement cités dans le paragraphe, elles sont un délit
    explicitement réprimées par le code pénal.

    En fait, en faisant une recherche textuelle sur le rapport, on
    s’aperçoit qu’à aucun moment les mots « ethnie », « race » et leurs dérivés
    n’y apparaissent au moins une seule fois...

    Comme si cette problématique n’existait pas dans la police...

    #IGPN #Police #Racisme

    • Violences policières : quand l’IGPN enlève la case « injure raciste » de son rapport
      https://www.leparisien.fr/faits-divers/violences-policieres-quand-l-igpn-enleve-la-case-injure-raciste-de-son-ra

      En 2017 et 2018, la police des polices avait accordé une case aux enquêtes pour soupçons d’insultes « racistes ou discriminatoires ». Elle ne l’a pas fait en 2019, alors que le débat est brûlant depuis quelques jours.

      Le rapport 2019 de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) rend notamment public le nombre de morts (19) et blessés graves (117) lors d’interventions policières.
      Le rapport 2019 de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) rend notamment public le nombre de morts (19) et blessés graves (117) lors d’interventions policières. LP/Yann Foreix

      Le 8 juin 2020 à 13h48, modifié le 8 juin 2020 à 15h32
      Le pouvoir des mots. Au moment où elle se voit accusée de cacher ou de minimiser des problèmes de racisme au sein de ses troupes, l’Inspection générale de la police nationale a publié ce lundi son rapport d’activités annuel dans lequel l’expression « injures à caractère raciste ou discriminatoire » a disparu.

      Dans ce document, sorte de bilan des « infractions alléguées » visant les forces de l’ordre et des « enquêtes administratives », l’IGPN ne fait plus mention à ce type d’atteintes. Les deux premiers rapports du genre jouaient pourtant la carte de la transparence. En 2017, on répertoriait ainsi 62 allégations (4 % du total) et 42 enquêtes pour ces faits. En 2018, l’IGPN indiquait que 46 enquêtes et 2,97 % des accusations étaient liées à ce sujet.

      « Trente cas » mais pas de case attitrée

      Alors, où sont passés ces chiffres ? En réalité, ils n’ont pas disparu des statistiques. Le directeur général de la police nationale (DGPN) Frédéric Veaux avait même dévoilé un nombre lors de l’entretien qu’il nous avait accordé récemment.

      « Il n’y a qu’une trentaine de faits concernant du racisme sur les 1500 enquêtes judiciaires traitées par l’IGPN en 2019 », nous avait-il indiqué alors qu’il était interrogé sur les manifestations contre les violences policières et le racisme qui se multiplient en France et aux Etats-Unis. Ce chiffre a ensuite été confirmé par le Journal du Dimanche. Mais alors qu’il s’agit de chiffres plus faibles que les années précédentes, pourquoi ne plus le donner clairement ?

  • #Actu_Coronavirus – 06 juin
    https://www.les-crises.fr/actu-coronavirus-6-juin

    Ce fil d’actualités comprend des informations provenant de deux sources : le live #Covid-19 de 20 minutes et le compte Twitter @Conflits_FR. 06 juin 20h Justice : un #policier sera jugé le 26 juin pour « violences involontaires » après un tir de #LBD sur une femme de 19 ans le 18/12/2018 à #Biarritz lors d’une manifestation dans le cadre de la préparation du #G7. Le policier a été identifié après enquête de l’#IGPN. (Le Figaro) #Politique : une moyenne des sondages étasuniens attribue actuellement à Joe #Biden une avance de 7,1 points sur Donald #Trump pour l’élection présidentielle de novembre prochain. L’ex vice-président arriverait premier dans plusieurs États clés. (RealClearPolitics) #USALire la (...)

    #Revue_de_Presse #SRAS-2 #Revue_de_Presse,_Actu_Coronavirus,_Covid-19,_SRAS-2

  • Racisme dans la police : « C’est très loin d’être un phénomène isolé », dénonce un délégué du syndicat Vigi
    franceinfo - Mis à jour le 06/06/2020
    https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/police/violences-policieres/racisme-dans-la-police-c-est-tres-loin-d-etre-un-phenomene-isole-denonc

    (...) Comment se manifeste cette « complicité passive » que vous évoquez ?

    J’en ai fait l’expérience. J’ai moi-même porté une affaire de racisme avec des éléments matérialisés devant l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Les individus dont il a été établi qu’ils étaient les auteurs de mails et d’échanges à caractère raciste ont été promus au grade supérieur et moi, j’ai été suspendu 24 mois, dont 18 avec sursis. Donc, en fait, l’IGPN et les autorités m’ont envoyé un signal très clair : on ne dénonce pas le racisme dans la police. (...)

    https://seenthis.net/messages/802511
    #violences_policières #Noam_Anouar

    • Dans son jugement, le tribunal de Paris estime que cette femme de 43 ans s’est défendue après avoir subi un étranglement.

      Un soir d’août 2019, Leïla N., témoin d’une agression alors qu’elle rentrait chez elle, dans le 17e arrondissement de Paris, a appelé la police pour que les forces de l’ordre interviennent. Sans se douter qu’un peu plus tard, elle se retrouverait elle-même au commissariat après une empoignade avec l’un des policiers.

      Cette cadre commerciale de 43 ans a été placée en garde à vue et poursuivie en justice par Florian G., agent de la brigade anticriminalité, pour violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une incapacité temporaire de travail (ITT) supérieure à huit jours. Leïla N. était accusée d’avoir tordu le pouce de la main gauche du fonctionnaire. Celui-ci était en train de l’étrangler.

      Par un jugement du mercredi 3 juin, le tribunal correctionnel de Paris a prononcé la relaxe de Leïla N., ne suivant pas les réquisitions du procureur de la République. Le jugement estime que l’infraction de violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique n’est pas caractérisée. Pour se prononcer, le tribunal s’est basé sur des témoignages et des vidéos tournées par des riverains et des passants, qui permettent d’avoir une vision claire du déroulé des faits.

      Coups de casque de moto

      Rue Legendre, ce 19 août, une femme est à terre, entourée par trois personnes, et reçoit des coups de casque de moto. Leïla N. a « appelé la police pour y mettre un terme et tenté courageusement d’enjoindre à l’agresseur de cesser de porter des coups à la victime au sol » , expose le jugement.

      Alors que les agents de la brigade anticriminalité arrivent sur place, Leïla N. s’inquiète des menaces formulées à son encontre par l’un des agresseurs et craint des représailles. La cadre commerciale s’en émeut auprès de l’un des agents, Florian G., qui la prend à partie. Les vidéos montrent le fonctionnaire de police la saisissant au niveau du cou, avec sa main gauche, pour la faire reculer. Leïla N., qui a des difficultés à respirer, essaye de s’en dégager, attrape la main du policier et tord son pouce avant de recevoir un coup de pied dans les jambes.

      La prévenue était « indéniablement sous l’emprise d’un geste d’étouffement par un serrement du cou dont les lésions [ont été] objectivées par un certificat médical et corroborées par les images vidéo et les attestations de témoins » , expose le jugement. Leïla N., qui s’en tire avec deux larges ecchymoses, s’est d’abord vu prescrire un jour d’incapacité temporaire de travail (ITT), puis quarante.

      Lors de l’audience, Florian G., qui s’est vu prescrire dix jours d’ITT, a contesté avoir été violent, indiquant que Leïla N. mettait en danger ses collègues en s’adressant directement à l’auteur des violences et qu’il voulait donc la faire reculer.

      Défaillances de l’enquête

      « Si la prévenue a effectivement tordu le pouce de M. G., elle n’a pas agi volontairement dans le but de porter atteinte à son intégrité physique ni même pour s’opposer à lui, mais par réflexe d’autodéfense pour faire cesser la douleur ressentie au niveau du cou et mettre fin à sa sensation d’étouffement » , tranche sans ambiguïté le jugement. Précisant qu’il ne ressort pas de la procédure que Leïla N. « ait tenté de s’opposer à l’ordre qui lui était intimé de s’éloigner de la scène violente ni même qu’elle ait adopté un comportement injurieux ou irrévérencieux à l’égard du fonctionnaire de police dans l’exercice de ses fonctions » .

      Le jugement pointe également les défaillances de l’enquête. Il indique qu’il « n’a été procédé à aucune audition dans le cadre de cette procédure, des nombreux témoins présents sur les lieux ou ayant assisté à la scène depuis leur balcon, les autres policiers de la brigade anticriminalité n’ayant pas non plus été entendus » .

      « Dans le contexte actuel d’une forme de systématisation des violences policières, cette relaxe est salutaire », se réjouit l’avocat de la prévenue, Me David Curiel. Pour autant, « cette affaire n’est pas terminée » , précise-t-il. Juste après les faits, estimant être victime de violences policières, Leïla N. avait déposé plainte contre le policier auprès de l’Inspection générale de la police nationale. Cette plainte a été classée sans suite par le parquet de Paris et ce, « malgré les preuves accablantes », estime son avocat.

      A la suite de la relaxe de sa cliente, il indique se « réserver le droit de citer directement le policier auteur des violences » . Débouté de ses demandes, le policier a dix jours pour faire appel du jugement rendu par le tribunal correctionnel de Paris.

      #police #BAC #baqueux #justice #violences_policières #IGPN

    • La voie est étroite. Les conditions réunies pour être relaxé face à des poursuites judiciaires lancée par la police. Dans ce cas : être cadre, intégrée ; avoir sans conteste démontré que l’on met en pratique l’"assistance à personne en danger" (comme dans les cas de ces sans papiers régularisés après avoir sauvé une vie et que cela se soit su) ; disposer de quasi preuves (vidéos) à l’appui.

  • Mort d’Adama Traoré : une nouvelle contre-expertise met en cause les gendarmes
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/02/nouvelle-contre-expertise-independante-dans-l-affaire-adama-traore-le-plaqua

    Dans ce document daté du 2 juin, que Le Monde a pu consulter, l’expert, professeur spécialiste des maladies systémiques, dont la sarcoïdose (une maladie inflammatoire avancée par certaines expertises comme étant l’une des causes possibles d’une défaillance cardiaque de la victime), conclut que le « décès fait suite à un syndrome asphyxique. Le syndrome asphyxique fait suite à un œdème cardiogénique. L’œdème cardiogénique fait suite à une asphyxie positionnelle induite par le plaquage ventral. Le plaquage ventral a entraîné “la mise en position corporelle entravant l’échange normal de gaz et avec l’impossibilité de se libérer de cette position”. Aucune autre cause de décès n’est identifiée. » « L’œdème cardiogénique n’est que la conséquence de l’asphyxie et non la cause », est-il précisé. « Ce rapport démonte point par point l’expertise de la semaine dernière et désigne le plaquage ventral comme ayant causé la mort d’Adama Traoré », se félicite Me Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille.

    – Le type est vivant
    – un flic s’assied sur lui (technique qui a donné naissance au slogan « i can’t breathe » depuis… 2014)
    – quand les flics le livrent aux pompiers, il est mort.

    Et ça fait depuis 2016 qu’on a besoin de multiplier les expertises et les contre-expertises pour vérifier que, de fois, il ne serait pas décédé de mort naturelle.

  • Émeutes après la blessure de Villeneuve la Garenne : Les gouttes policières font déborder le vase populaire
    https://desarmons.net/2020/04/21/emeutes-apres-la-blessure-de-villeneuve-la-garenne-les-gouttes-policieres

    #Villeneuve-la-Garenne s’est enflammée depuis ce dimanche soir. La révolte a éclaté après qu’un habitant de la ville, Mouldi, a percuté la portière d’une voiture Passat banalisée de #police, arrêtée au niveau d’un feu, samedi soir vers 22 heures sur l’avenue de Verdun.

    Dans la voiture de police se trouvaient quatre agents de la #BAC des Hauts-de-Seine, qui avaient remarqué Mouldi alors qu’il circulait sans casque sur une moto-cross. Lorsque Mouldi est arrivé à hauteur du véhicule pour la dépasser par la droite en emprunter la piste cyclable, l’un des passagers, qui l’observaient pourtant dans leur rétroviseur et ne pouvaient avoir manqué son arrivée à pleine vitesse, a ouvert la portière, projetant Mouldi sur un poteau du trottoir. Précisons que la voiture n’était pas sérigraphiée, Mouldi ne pouvant pas savoir qu’il s’agissait d’un véhicule de police.

    Des témoins directs présents sur les lieux ont filmé les minutes suivantes et publié les vidéos (deux angles différents) sur Snapchat. On y voit Mouldi crier de douleur, tandis qu’un policier lui fait un bandage à un mètre du poteau sur lequel il a atterri. Sa moto est quelques mètres plus loin sur le trottoir, tandis que trois autres policiers font des allers-retours entre Mouldi et leur véhicule. L’un des témoins affirmera que l’un des policiers était alcoolisé, affirmant que la portière a été ouverte volontairement à l’arrivée de la moto. Les témoins pensent dans un premier temps que Mouldi a perdu sa jambe. Pris en charge à l’hôpital, il souffre d’une fracture ouverte de la jambe gauche, mais n’a heureusement pas été amputé.

    Le lendemain matin, une autre vidéo prise depuis la station essence qui jouxte le lieu de l’accident, montre des policiers emporter le poteau sur lequel Mouldi a été projeté la veille. Le parquet affirme qu’aucune enquête #IGPN n’a été pour l’heure diligentée, mais la presse prétend qu’une enquête a été ouverte contre Mouldi pour « rodéo urbain » et « mise en danger d’autrui ». L’enquête est menée par le SAIP local, c’est à dire les collègues directs des policiers de la BAC impliqués dans l’accident.

    On s’en fout bien de savoir si Mouldi avait un casier judiciaire. Avec cet Etat répressif, nous sommes des dizaines de milliers à avoir un casier judiciaire, pour des raisons diverses. Cela ne justifiera jamais que des policiers frappent, mutilent et tuent un-e seul-e d’entre nous.

    Dans la nuit de dimanche à lundi, ce ne sont pas seulement les quartiers de Villeneuve-la-Garenne qui ont explosé de colère, mais aussi certains quartiers de #Nanterre, #Suresnes, #Aulnay-sous-Bois, #Egly, #Gennevilliers, #Epinay, #Grigny, #Fontenay, #Saint-Ouen, #Villepinte, #Neuilly-sur-Marne, #Amiens Nord, #Rueil-Malmaison, #Noisiel, #Mulhouse, #Sevran, #Evry, #Strasbourg, #La_Courneuve, #Chanteloup, #Bordeaux, #Toulouse : feux de poubelles, artifices et barricades contre gaz lacrymogènes, balles de caoutchouc et grenades. Et arrestations violentes de journalistes indépendants, pratique devenue coutume chez des policier-es qui ont très clairement quelque chose à se reprocher…

    Ces explosions de colère ne sont pas seulement le résultat de l’accident de Mouldi, mais font suite aux contrôles, humiliations et violences incessantes subies par les habitant-es des quartiers populaires, notamment depuis le début du confinement. Cette colère est politique.

    Dans la semaine précédent l’accident de #Mouldi, le 15 avril, #Malik_Zar_Mohammad, 25 ans, a été tué de trois balles dans la tête par les policiers d’une brigades cycliste dans le parc de la Courneuve. Les policiers ont été appelés en renfort par une brigade équestre durant sa ronde, après que Malik aurait refusé de quitter les lieux et se serait rué sur les chevaux avec un couteau. Repoussé à l’aide de gaz lacrymogène, les policiers affirment qu’il serait revenu à la charge avant d’être abbatu (NB : Malik était demandeur d’asile et non francophone).

    Dans la nuit du 14 au 15 avril, un homme de 60 ans est mort dans une cellule du commissariat de #Rouen, après avoir été arrêté pour conduite sous l’emprise d’alcool. Le médecin l’ayant vu au moment de son placement en cellule l’avait jugé apte à la garde-à-vue.

    Le 10 avril, la police de #Bruxelles a tué Adil, 19 ans, pour avoir enfreint le confinement, en percutant son scooter en voiture dans le quartier d’Anderlecht.

    Dans la nuit du 9 au 10 avril vers 1 heures, Boris, 28 ans, est mort noyé dans la Charente à #Angoulême, après avoir tenté d’échapper à un contrôle de la BAC. Pris en chasse par la police, il se serait trouvé bloqué à contre-sens sur le pont Saint Antoine et serait descendu de son véhicule avant d’enjamber la balustrade et de se jeter dans l’eau.

    La même nuit vers 4h30, un automobiliste de 28 ans est mort dans un accident de voiture sur la route départementale 643 à hauteur d’#Estournel, après avoir esquivé un contrôle à #Cambrai et été poursuivi par la police. Son passager, âgé de 20 ans, a été hospitalisé entre la vie et la mort et placé en coma artificiel.

    Toujours la même nuit, un homme de 49 ans est mort dans sa cellule de dégrisement à #Sorgues, après avoir été interpellé en raison d’une rixe avec son colocataire. Il est constaté mort dans sa cellule lors de la reprise de service par les gendarmes le matin.

    Le 8 avril, la police municipale de #Béziers a tué #Mohamed_Gabsi, 33 ans, lors d’une arrestation violente pour avoir enfreint le confinement (alors que Mohamed dormait à la rue).

    Le 4 avril, la police de #Chanteloup-les-Vignes a tiré au LBD dans la tête d’une fillette de 5 ans, en marge d’échauffourées faisant suite à un contrôle de scooter. 14 tirs de LBD et 9 grenades lacrymogènes ont été recensés. Elle a été plongée dans un coma artificiel à l’hôpital Necker, souffrant d’une fracture et d’un important traumatisme crânien.

    De nombreuses images de contrôles violents ont également circulé dés le début du confinement, dont l’agression de Sofiane, 21 ans, le 24 mars aux #Ullis ou celle de #Ramatoulaye, 19 ans, le 19 mars.

    Six morts entre les mains de la police française en deux semaines !!

    Nous nous associons à la colère des émeutiers, qui ne font que réagir à cette #violence systémique et raciste qui inonde notre paysage quotidien, les réseaux sociaux permettant aux témoins de diffuser instantanément les preuves en images des agissements policiers dans les quartiers populaires. Ces images ne rendront pas #justice, mais elles permettent au moins d’établir la vérité et de prendre une distance critique par rapport à la version officielle servie par les auteurs de ces actes et les procureurs qui organisent systématiquement leur impunité.