• More than 50,000 unaccompanied child migrants went missing in Europe : Survey

    Highest number in Italy with nearly 23,000, notes Lost in Europe project

    More than 50,000 unaccompanied child migrants went missing after arriving in Europe, a survey by a European journalism project revealed Tuesday.

    “Italy has the highest number of registered missing unaccompanied minors, with 22,899, followed by Austria (20,077), Belgium (2,241), Germany (2,005), and Switzerland (1,226),” according to the Lost in Europe project, which gathered data from 13 European countries from 2021 - 2023.

    It said the number of missing children may be even higher because data is often unreliable and incomplete, and many European countries do not collect data on missing unaccompanied minors.

    “These shocking findings underscore the seriousness of the issue, with thousands of children missing and their whereabouts unknown,” it said.

    Aagje Ieven, head of Missing Children Europe, said, “The increased number of reports on missing unaccompanied minors serves as a sharp reminder of the giant iceberg that looms beneath the surface.”

    https://www.aa.com.tr/en/europe/more-than-50-000-unaccompanied-child-migrants-went-missing-in-europe-survey/3206605

    #disparitions #MNA #mineurs_non_accompagnés #enfants #enfance #migrations #asile #réfugiés #Italie #Autriche #Belgique #Allemagne #Suisse

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    A mettre en lien avec les statistiques et chiffres des « enfants réfugiés disparus en Europe » —> l’exemple d’Ancona montre les raisons des départs de #MNA des centres d’accueil en Italie :
    https://seenthis.net/messages/714320

  • Royaume-Uni : premières arrestations de demandeurs d’asile en vue des expulsions vers le Rwanda - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56808/royaumeuni--premieres-arrestations-de-demandeurs-dasile-en-vue-des-exp

    Royaume-Uni : premières arrestations de demandeurs d’asile en vue des expulsions vers le Rwanda
    Par Maïa Courtois Publié le : 02/05/2024
    Des interpellations ont été menées, depuis lundi, pour placer en rétention les premiers demandeurs d’asile expulsables vers le Rwanda, dans le cadre du plan voté la semaine dernière par le Royaume-Uni. Le Home Office n’a pas encore détaillé le nombre et les nationalités de ces personnes interpellées, mais réitère son objectif de faire décoller les premiers vols en juillet et d’atteindre 5 700 expulsions d’ici la fin de l’année.
    Le Royaume-Uni affirme avoir procédé, depuis lundi, aux premières arrestations de demandeurs d’asile susceptibles d’être renvoyés vers le Rwanda. Dans une vidéo mise en ligne mercredi 1er mai, le Home Office (équivalent britannique du ministère de l’Intérieur) montre ces premières interpellations et placements en détention. Selon le Times, des femmes se trouvaient parmi les personnes appréhendées par les quelque 800 agents déployés sur le territoire pour ces raids d’interpellation.
    Ces arrestations font suite à l’adoption du plan Rwanda dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 avril, après de longs mois de contestation de la société civile, de recours en justice et d’aller-retours parlementaires. Pour rappel, ce plan consiste à éloigner sous la contrainte, vers ce pays d’Afrique de l’est, des exilés primo-arrivants sur le sol britannique, afin d’y faire examiner leur demande d’asile.
    Les mineurs non-accompagnés, seule exception aux arrestations
    Sollicité par Infomigrants, le Home Office ne souhaite pas « communiquer de détails opérationnels » concernant le nombre d’arrestations effectuées jusqu’ici. Ni les nationalités des personnes interpellées. Il affirme simplement, dans un communiqué publié le 1er mai, que cette opération « est un élément clé du plan visant à acheminer des vols vers le Rwanda dans les 9 à 11 semaines à venir ».Londres confirme ainsi le calendrier annoncé pour son plan Rwanda, à savoir : des premiers vols pour juillet. Avec pour objectif : 5 700 migrants renvoyés sur le sol rwandais d’ici la fin de l’année. Ces derniers ont déjà été identifiés. Tous sont arrivées depuis janvier 2022 au plus tôt sur le sol britannique. Ils ont ensuite reçus, entre leur date d’arrivée et juin 2023, un document, appelé « Notice of Intent », leur annonçant l’intention de l’administration de traiter leur demande d’asile comme irrecevable.
    La liste de ce premier groupe de migrants expulsables a été envoyée au Rwanda, qui a accepté leur prise en charge. Mais selon une étude d’impact publiée par le Home Office lundi, seuls 2 145 exilés parmi les 5 700 identifiés « continuent de se présenter » aux services de l’Intérieur et peuvent ainsi être localisés rapidement « en vue d’une détention ».Seule exception à ce plan Rwanda : les mineurs non accompagnés, « qui ne peuvent pas être considérés comme inadmissibles sur le territoire », confirme le Home Office dans cette étude d’impact. En dehors de ces enfants, le gouvernement ne prévoit aucune autre exception à la mise en œuvre des interpellations et placements en rétention.
    En prévision des prochaines semaines d’arrestations, l’Intérieur a « augmenté la capacité de détention à plus de 2 200 places », affirme-t-il dans le communiqué. Le gouvernement assure également avoir « formé 200 nouveaux assistants sociaux pour traiter rapidement les demandes et a préparé 500 escortes hautement qualifiées » pour mener les expulsions. S’agissant de la logistique, des charters commerciaux ont d’ores et déjà été réservés pour les vols futurs - le Home Office ne souhaitant pas nous communiquer le nom des compagnies aériennes concernées.
    Certains centres de détention sont particulièrement critiqués pour les conditions d’enfermement qui y règnent. Dans un rapport diffusé le 30 avril, l’inspecteur en chef des prisons, Charlie Taylor, a par exemple épinglé les conditions « inacceptables » du centre de détention situé à côté de l’aéroport de Luton. (...)
    Outre les arrestations qui promettent de se multiplier, des départs « volontaires » ont déjà lieu vers le Rwanda. Selon la presse britannique, un premier demandeur d’asile, dont la nationalité n’a pas été précisé mais qui serait ressortissant d’un pays africain, y a été expulsé en début de semaine. Celui-ci avait vu sa demande d’asile refusée fin 2023. Il faisait partie d’un programme basé sur le volontariat pour les migrants déboutés - un cadre bien distinct du plan Rwanda actuel. En acceptant l’expulsion, ces personnes déboutées peuvent recevoir une contrepartie financière pouvant aller jusqu’à 3 000 livres sterling (3 500 euros environ), selon le Times. Pour rappel, le plan Rwanda s’inscrit dans le cadre d’une politique plus large, intitulée « Stop the boats » par le gouvernement britannique. « La politique rwandaise dissuadera les migrants de faire des voyages périlleux à travers la Manche », affirment ainsi les autorités dans le communiqué.
    Pourtant, dans le nord de la France, les exilés rencontrés par Infomigrants ont un tout autre discours. L’immense majorité espère échapper aux expulsions une fois sur le sol britannique, ou affirme simplement n’avoir pas d’autre choix, après avoir parcouru des milliers de kilomètres depuis leur pays d’origine. A l’instar de Racho, 18 ans, pour qui l’Angleterre constitue « le dernier espoir ». « J’ai fui le Sud-Soudan, traversé la Libye, la Tunisie, la Méditerranée, l’Italie… J’ai déjà essayé de passer la Manche au moins 20 fois », a-t-il raconté à nos équipes sur place. « À chaque fois, la police nous a arrêtés, en perçant le canot ou en jetant des gaz lacrymogène. Et vous pensez qu’une loi va m’arrêter ? ». Plus de 7 200 personnes ont traversé la Manche à bord de canots de fortune depuis le début de l’année, un record historique pour les quatre premiers mois de l’année.

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#rwanda#arrestation#expulsion#mineur#centredetention#sante

  • How European countries wrongfully classify children seeking asylum as adults

    Thousands of children seeking protection in Greece, Italy, and the UK have likely been registered as adults – a failure with serious consequences.

    In July 2015, a Gambian teenager named Omar boarded a dinghy in Libya and crossed the Mediterranean Sea. Hours after landing in Italy, he was accused of steering the boat and arrested for people smuggling – a charge levelled against many asylum seekers and migrants attempting to reach Europe.

    Omar, whose name has been changed to protect his identity, told Italian authorities that he was 16 – a minor. But they didn’t believe him and X-rayed his hand and wrist to determine his age. Based on the results of the medical exam, authorities determined Omar was over 18.

    The exam that was used can have a margin of error of over two years, and many medical organisations believe it to be inaccurate. But it is still administered in numerous European countries.

    Omar was sent to Pagliarelli prison, the largest adult carceral facility in Sicily, to await trial. After months being there, he was able to connect with a lawyer, Cinzia Pecoraro, who had successfully defended other detainees facing smuggling charges.

    “You could see from his face he was a child,” Pecoraro, reflecting on her first visit to see Omar, told Solomon. “You can’t stay here,” she remembers telling him.

    But by the time Pecοraro was able to prove Omar was a minor, he had already spent a year in adult prison. Nearly a decade later, “he remains traumatised,” Pecoraro said. “He stutters, and he’s afraid of everything.”

    Omar’s case isn’t isolated. Solomon and The New Humanitarian spent more than six months investigating the wrongful classification of asylum seeking minors as adults in Greece, Italy, and the UK, speaking to over 30 lawyers, doctors, and human rights advocates, and analysing court documents and reports. The reporting showed that:

    - Unaccompanied children seeking asylum in all three countries have been repeatedly classified as adults, including by border security force officials who sometimes arbitrarily decided the age of asylum seekers;

    - The assessment systems that are used to determine people’s ages are unreliable, poorly implemented, and often violate the legal rights of children;

    - And that systemic issues – including a lack of qualified interpreters – makes it difficult for children who are wrongfully qualified as adults to appeal their cases.

    ‘Consequences can be disastrous‘

    Every year, tens of thousands of children undertake dangerous journeys to Europe on their own, often in search of safety or to reunite with relatives. In 2023, more than 41,500 unaccompanied children applied for asylum in EU countries.

    Over the past decade, that number has ebbed and flowed, along with the overall number of asylum seekers reaching Europe, from a low of around 13,500 in 2020 to a high of nearly 92,000 in 2015. In the UK, out of around 75,000 asylum applications submitted last fiscal year (ending in October), around 4,600 came from unaccompanied minors.

    It is difficult to know how many children have been wrongfully classified as adults because many cases are never documented.

    Italy does not collect data on the number of age classification cases that have been challenged and overturned. Numerous requests by Solomon and The New Humanitarian to the Greek Ministry of Migration and Asylum for data have gone unanswered. A document provided by the ministry to the Greek parliament, however, said that, between the end of April 2021 and the end of March 2023, there were 1,024 age dispute cases. In 37% of these cases, the people involved were found to be children.

    Meanwhile, in the UK, between the start of 2020 and September 2023, there were 9,681 age dispute cases. In 55% of these, the people were found to be children.

    The stakes for children when are high. Obtaining an accurate age assessment can make the difference between having access to shelter or being forced to live on the streets and between gaining legal status or being deported.

    Like Omar, other children wrongfully classified as adults have been tried in the adult criminal justice system.

    In one high-profile case, six young Afghan asylum seekers were accused of starting the fire that burned down the notorious Moria refugee camp on the Greek island of Lesvos in September 2020. Two of them were already registered as minors. Three of the other four said they were under 18, but were tried as adults after being given an age assessment exam. They were convicted and sentenced to 10-year jail terms.

    Last month, a judge in an appeals case found the three of the defendants who said they were minors were in fact under 18 at the time of the fire and that the age assessment exam they had been given had not followed procedures. The judge declared a mistrial, and the three defendants will now be tried again as minors. They have been released from prison – although they are barred from leaving Greece – as they await their new trial, but only after spending three and a half years in a prison for inmates between the ages of 18 and 25.

    In general, children being incorrectly classified as adults during trials leads to harsher sentences, and time spent in adult prisons increases the likelihood of them being exposed to violence and abuse.

    Outside the criminal justice system, children wrongfully classified as adults are also denied rights, such as access to education, and face bureaucratic barriers to reuniting with family members in other European countries.

    “These consequences can be disastrous,” Monica Mazza, a psychologist based in Turin, Italy and a member of the Italian Society of Migration Medicine, told Solomon. “They can affect [minors] for long periods of their life.”
    ‘There’s bias built into the system’

    The problem of minors being classified as adults is a symptom of often overburdened and under-resourced asylum systems in EU countries and the UK, according to some of the experts Solomon spoke to.

    Governments say that they use age assessments to protect minors and to prevent adults from pretending to be children to try to gain easier access to legal status, protection from deportation, and better services. But some experts say the dysfunction of asylum systems – which in many places (including the UK, Italy, and Greece) are being made increasingly draconian as a strategy to try to deter migration – creates an incentive for some people to try to game the system.

    “If you know that after turning 18 you’re screwed, then you do anything to remain 17 your whole life,” said Nikolaos Gkionakis, a psychologist and co-founder of Babel Day Center, which provides mental health services to asylum seekers and migrants in Athens, Greece.

    At the same time, minors also sometimes claim to be adults, according to lawyers Solomon spoke to, especially when they have relatives in other European countries and want to avoid getting stuck in formal family reunification processes that often move at a glacial pace. “They know they’d end up stuck in a childcare facility,” Rosa Lo Faro, a lawyer who works with asylum seekers and migrants in Catania, Italy, said.

    Underaged girls who are victims of human trafficking are also often forced by traffickers to claim that they are over 18 so they don’t end up in the more robust child protection system. “This is why an accurate age assessment process is important,” Mazza, the Turin-based psychologist, added.

    At best, however, the evaluation methods EU countries and the UK rely on when doubts are raised to determine people’s age have their limitations. At worst, they are fundamentally flawed.

    With hundreds of thousands of people applying for asylum each year, accurately categorising applicants as adults or children, and channelling them into the corresponding system, presents a significant challenge. A few countries (including the UK, Serbia, and Ireland), have relied on visual and biographical age assessments to do this. But many European countries (including Italy and Greece), frequently use medical testing, despite numerous warnings from experts and medical associations that they are inaccurate and unethical.

    “There is no scientific test that can be used to tell you precisely how old a child is in terms of looking at their age for immigration and asylum purposes,” says professor Andew Roland, a consultant in paediatric emergency medicine and officer for child protection at the UK’s Royal College of Paediatrics and Child Health. “The methods that have been proposed to be used in this age assessment process, the answer that they give is often an age range.”

    One of the most commonly used methods – which was used on Omar – is a bone age assessment done by x-raying the hand and wrist using the Greulich-Pyle atlas. Developed in the 1950s using data gathered from Caucasian children, the test doesn’t take ethnicity or other variables, such as socioeconomic background and nutritional status, into account.

    “It’s important to know that there’s bias built into the system,” Ranit Mishori, a senior medical advisor for Physicians for Human Rights who has written about the inaccuracy of medical age assessments, told Solomon.

    In 2018, the European Society of Pediatric Radiology recommended against using the Greulich-Pyle atlas, as well as other bone measurement methods, as age assessment tests. Despite this, the Greulich-Pyle atlas continues to be widely used.

    In 2019, the World Medical Association (WMA) released a statement recommending that “medical age assessments only be carried out in exceptional cases and only after all non-medical methods have been exhausted”.

    “There is conflicting evidence about the accuracy and reliability of the available methods of age assessment, which may generate significant margins of error,” the statement said.

    Countries like Italy and Greece, however, continue to use medical age assessments as the primary method to determine the age of minors.
    ‘Without observing basic fairness’

    In addition to concerns about the accuracy of tests, authorities often disregard laws on how age assessments are supposed to be conducted.

    In Greece and Italy, medical testing is only supposed to be conducted after a psychosocial assessment by social workers, child psychologists, and neuropsychiatrists. But lawyers and NGO workers said this step is often skipped in both countries.

    In Greece, this is often due to a shortage of qualified professionals. In 2021, for example, age assessments on the island of Lesvos were suspended for six months because of a lack of qualified personnel. During this time, people who said they were minors but were not believed by authorities were placed in tents with hundreds of adults at the reception centre on the island.

    One Afghan asylum seeker who claimed to be 16 was placed in a tent with 180 men where he was threatened with rape before eventually being attacked with a knife in the toilets.

    In Italy, a recent report found that out of 102 local health authorities (the main institutions that conduct age assessments), only 29 implemented a 2017 law aimed at improving the asylum system for children, which included a more comprehensive age assessment procedure involving a social worker and a psychological or neuropsychiatric evaluation. Instead, most still use age assessments that heavily rely on medical exams.

    In addition to the Greulich-Pyle atlas, Italy is one of several countries – including Germany, Austria, and Croatia – that still uses highly intrusive sexual maturation genital exams to determine age. “A minor can decide not to do it, but he could be declared over eighteen,” Alice Argento, an Italian immigration lawyer, said.

    In the UK, where authorities have relied almost exclusively on visual and psychosocial age assessments in recent years, issues have still arisen.

    On 14 December 2020, an asylum seeker – who is referred to as MA in court documents – arrived in the UK in the back of a lorry after being separated from his mother. Police picked him up at a gas station in the middle of the night after he asked for help. His age assessment happened at noon the following day. Lasting just 42 minutes, the assessment concluded he was 20 years-old – despite his claims that he was 16.

    “I had only just arrived and I was very tired and so I was not certain of what happened or what was said,” MA said in a witness statement. “The interpreter was there, but they were only on the phone and there was no one there to look out for me, just the two people who were asking me many questions. It was a very difficult experience.”

    MA ended up spending three days in an immigration removal centre before being sent to an accommodation for adult asylum seekers. According to his lawyers, he wasn’t given a copy of his age assessment or made aware that he could challenge the result.

    In June 2022, a High Court judge noted that MA had been given an age assessment that was unlawful. “Hundreds of children were subject to this guidance and age disputed under a truncated process that operated without observing basic fairness or providing young people with an appropriate adult,” MA’s lawyers said in a statement.
    ‘Life changing implications’

    Under a legal principle called favor minoris (favouring the minor) international law requires that asylum seekers who declare themselves to be under 18 should be treated as minors until their age can be confirmed. This principle is often disregarded.

    In Greece, for example, children spent months stranded in camps for adults. “Through correspondence with the authorities, we found out that the presumption to minority was not applied in cases where minors who were wrongly registered as adults were waiting for the age assessment results,” said Dimitra Linardaki, who works with the NGO Fenix.

    In Italy, “there is no favor minoris”, immigration lawyer Nicola Datena said. Instead of being protected, children are often left at the mercy of a system that questions them, he added.

    Unaccompanied minors often don’t know that they can challenge an age misclassification, and they struggle to access quality legal representation. The onus for overturning an incorrect age classification is almost entirely on the children, according to experts. And lawyers in Italy said that authorities sometimes intentionally register minors as adults to allow them to be deported. The Italian Ministry of Interior has not responded to The New Humanitarian’s request for comment on this allegation.

    As political attitudes toward migration in Europe continue to shift rightward, there is little sign of governments being interested in improving or replacing current age assessment systems, despite the clearly documented problems. In fact, in the UK, as part of its efforts to crack down on migration, the government has announced that it intends to introduce medical age testing.

    While the flaws in current approaches are apparent, the question remains: what would a better system look like?

    Some medical associations advocate for the use of multiple assessment tools, combining psychosocial and medical exams that involve X-rays and CT scans. But other medical experts worry about the risks associated with exposing children to radiation. “You have to balance the risks of these exams with the benefits. And all this radiation really kind of gives me a pause,” said Mishori from Physicians for Human Rights.

    “These decisions that have been taken have absolutely life changing implications for some of the most vulnerable young people in our society,” said Roland, from the UK’s Royal College of Paediatrics and Child Health. “To base some of those decisions on unspecific scientific outcomes, to expose those young people to radiation – it really is not ethically acceptable; it’s not scientifically robust.”

    Overall, the flaws in age assessment systems are reflective of the problems within European asylum systems as a whole, lawyers, researchers, and migration experts said. With the focus on reducing migration rather than providing people protection, “what’s missing is the willingness to do a good job,” Argento said.

    https://wearesolomon.com/mag/focus-area/migration/how-european-countries-wrongfully-classify-children-seeking-asylum-as-
    #enfants #enfance #asile #migrations #réfugiés #Grèce #Italie #UK #Angleterre #âge #MNA #mineurs_non_accompagnés #test #test_osseux #estimation

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    sur les tests osseux pour déterminer l’âge, voir aussi :
    – la position de la Société Suisse de Pédiatrie : https://asile.ch/2017/05/29/position-de-societe-suisse-de-pediatrie-determination-de-lage-jeunes-migrants
    – la position des Sociétés Suisses de Radiologie Pédiatrique (SSRP) ainsi que d’Endocrinologie et Diabétologie Pédiatriques (SSEDP) : https://asile.ch/2016/09/01/paediatrica-lage-osseux-ne-permet-de-determiner-lage-jeunes-requerants-dasile

  • Le Royaume-Uni souhaite expulser 5 700 migrants vers le Rwanda cette année - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56779/le-royaumeuni-souhaite-expulser-5-700-migrants-vers-le-rwanda-cette-an

    Le Royaume-Uni souhaite expulser 5 700 migrants vers le Rwanda cette année
    Par La rédaction Publié le : 30/04/2024
    Le gouvernement britannique espère expulser vers le Rwanda 5 700 demandeurs d’asile « d’ici la fin de l’année », a-t-il indiqué mardi. Parmi eux, 2 143 exilés sont identifiés et devraient bientôt être placés en détention. Les autorités tentent de localiser les autres personnes visées par la première phase d’expulsion.
    Londres brandit un premier chiffre pour son projet d’expulsion vers le Rwanda, adopté la semaine dernière par le Parlement britannique. Le Royaume-Uni souhaite transférer 5 700 demandeurs d’asile dans ce pays d’Afrique de l’Est dans les prochains mois. « Nous compter expulser [ce groupe] d’ici la fin de l’année », a déclaré la ministre de la Santé, Victoria Atkins, lors d’une interview à Sky News mardi 30 avril.
    Ces personnes ont été sélectionnées parmi plus de 57 000 migrants arrivés de manière irrégulière en Angleterre par la Manche entre début janvier 2022 et fin juin 2023, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles. Selon un document publié lundi par le ministère de l’Intérieur, Kigali « a accepté en principe » d’accueillir 5 700 exilés. Ces derniers verront leur demande d’asile traitée par le Rwanda et ils ne pourront pas venir de manière légale sur le sol britannique. Ce même document indique par ailleurs que sur les 5 700 demandeurs d’asile ciblés, « 2 143 continuent de se signaler au Home Office et peuvent être identifiés afin d’être placés en détention » dans l’attente de leur expulsion. La ministre de la Santé a précisé que le gouvernement travaillait actuellement à localiser les autres. « Nous voulons que le message soit très clair (…) ils seront trouvés et ils seront expulsés », a martelé Victoria Atkins.
    Depuis lundi, le gouvernement mène une importante opération visant à arrêter des demandeurs d’asile dans tout le pays pour remplir les prochains avions en partance vers Kigali, a révélé le quotidien britannique The Guardian. Pendant deux semaines, des exilés pourront être interpellés dans les bureaux des services de l’immigration ou encore lors des rendez-vous de mise en liberté sous caution. Ils seront ensuite orientés vers des centres de détention et enfermés dans ces structures en attendant les premiers vols pour le Rwanda, prévus dès cet été. L’une de ces structures est d’ailleurs sous le feu des critiques au Royaume-Uni. Dans un rapport rendu public lundi, l’inspecteur en chef des prisons, Charlie Taylor, dénonce les conditions « inacceptables » de détention des migrants dans le centre situé à côté de l’aéroport de Luton.
    Ce site, qu’il a inspecté en janvier, « n’était tout simplement pas en mesure de faire face aux demandes qui lui étaient adressées », explique-t-il. « Nous étions particulièrement inquiets de constater que les enfants étaient placés dans des salles d’attente surpeuplées avec des adultes n’ayant aucun lien de parenté avec eux », s’inquiète l’inspecteur. De plus, les migrants sont détenus « beaucoup trop longtemps » dans des installations mal équipées pour de longs séjours, critique-t-il. La plupart des aéroports britanniques ont des centres de détention de courte durée où sont placées les personnes qui viennent d’entrer au Royaume-Uni à bord d’un avion ou qui viennent d’autres structures, avant d’être expulsées. Au total, 17 445 migrants ont été placés dans ces centres entre juiet novembre 2023. Dans son rapport, Charlie Taylor signale que les conditions de détention varient d’un centre à un autre, prenant l’exemple du nouveau site de Manchester dont les installations « offrent un environnement bien conçu et raisonnablement confortable ».
    L’inspecteur note par ailleurs que, alors que les migrants ne devraient demeurer que quelques heures dans ces centres, plus d’un quart y sont restés pendant plus de 12 heures. Près de 600 personnes, dont six enfants, y ont été retenues pendant plus de 24 heures

    #Covid-19#migrant#migration#royaumeuni#rwanda#asile#migrationirreguliere#centrededetention#mineur#sante

  • A la frontière franco-italienne, des refoulements « illégaux » de migrants, dénonce la Défenseure des droits

    Dans une décision-cadre inédite, au terme de deux ans d’instruction, la Défenseure des droits dénonce des violations « systématiques » des droits des personnes par les autorités françaises, en particulier des demandeurs d’asile et des mineurs isolés. Des #privations_de_liberté « arbitraires » et « indignes » sont aussi épinglées.

    C’est une décision inédite de la Défenseure des droits, Claire Hédon, qui est rendue publique jeudi 25 avril. Pour la première fois, cette autorité administrative indépendante s’est penchée avec exhaustivité sur les pratiques de la France à sa frontière avec l’Italie. Depuis 2015, des contrôles y ont été rétablis, qui contreviennent au principe de libre circulation des personnes dans l’espace Schengen, mais qui sont sans cesse justifiés auprès de la Commission européenne par la menace terroriste et les flux migratoires irréguliers en Europe.

    Pendant près de deux ans, la Défenseure a enquêté sur la façon dont ces contrôles aux frontières intérieures de l’Union européenne (UE) sont réalisés, en se rendant notamment aux postes de police de Menton (Alpes-Maritimes) et de Montgenèvre (Hautes-Alpes), en épluchant les registres des services, en visitant les locaux dans lesquels les personnes sont retenues, en interrogeant les préfectures et les forces de l’ordre. Ses conclusions sont cinglantes : « Les droits des personnes migrantes font l’objet de violations massives », soulignent les équipes de Mme Hédon auprès du Monde.

    En 2023, plus de trente mille refus d’entrée ont été réalisés à la frontière franco-italienne, quasi exclusivement au motif que les personnes n’avaient pas de document de voyage ou de titre de séjour. Sur 184 pages, les observations de la Défenseure des droits détaillent des contrôles, des interpellations, des privations de liberté et des renvois en Italie de migrants. Pour elle, ces refoulements sont « illégaux ».

    La Défenseure a par exemple constaté que des refus d’entrée sont opposés à des personnes contrôlées en dehors des points de passage frontaliers formellement identifiés. Elles se trouvent donc déjà sur le territoire français et devraient en conséquence se voir appliquer d’autres procédures de contrôle.

    Contrôles « discriminatoires »

    Sur le principal point de passage, la gare de Menton-Garavan, qui concentre « 70 % à 80 % des interpellations », Mme Hédon a aussi observé des contrôles « discriminatoires, fondés sur des caractéristiques physiques associées à une origine réelle ou supposée », mais aussi des palpations systématiques sans qu’un danger potentiel objectif ait été identifié, y compris sur des mineurs et à la vue du public.

    Une fois les personnes contrôlées amenées au poste de la police aux frontières, qu’il s’agisse de celui de Menton ou de Montgenèvre, la Défenseure des droits considère qu’elles sont éloignées sans tenir compte de leur situation individuelle et donc de façon indiscriminée et systématique, au mépris en particulier de leur souhait de demander l’asile. Mme Hédon s’étonne que les autorités « assument » de procéder ainsi. « Cette pratique illégale est pleinement avalisée par la hiérarchie des forces de police ainsi que par l’autorité préfectorale », souligne-t-elle, dénonçant « une violation durable et systématique du droit d’asile à la frontière franco-italienne ».

    Les violations des droits de l’enfant sont également largement documentées. La Défenseure des droits considère que la police doit immédiatement orienter vers l’aide sociale à l’enfance des départements les jeunes se disant mineurs isolés. En lieu et place de quoi, la police aux frontières procède à des « opérations d’identification judiciaires » : elle relève leurs empreintes et consulte plusieurs fichiers biométriques. De même, lorsque les mineurs présentent des documents d’état civil tels que des actes de naissance, ceux-ci ne sont pas pris en compte. A tel point que la police fait figurer des dates de naissance différentes sur les refus d’entrée qu’elle édicte.

    « Appréciation » de l’âge des mineurs

    Dans les Alpes-Maritimes, une expérimentation est menée avec le conseil départemental depuis 2019. Des effectifs sont présents au sein des locaux de police de Menton pour procéder à une « appréciation » de l’âge des jeunes, à travers un entretien de quelques minutes. Un entretien dont les enjeux ne sont pas précisés aux personnes et qui fait l’objet d’un compte rendu qui n’est pas relu par le jeune, pas plus que celui-ci n’est informé de la possibilité de saisir un juge des enfants s’il conteste l’évaluation de son âge. Pour la Défenseure, ce protocole expérimental est illégal. De même, Mme Hédon a constaté que, si la police italienne refusait de reprendre le jeune, la police française avait pour pratique de le laisser libre en lui notifiant une obligation de quitter le territoire. Un procédé jugé, là encore, illégal.

    De façon plus générale, la Défenseure des droits a constaté que la police privait de liberté les personnes interpellées, pendant parfois toute une nuit en raison de la fermeture des services de police italiens. Les locaux préfabriqués utilisés pour, officiellement, des « mises à l’abri » de migrants, sont en réalité des lieux d’enfermement « arbitraire », puisque les personnes n’y bénéficient pas des droits afférents. Le juge n’y exerce aucun contrôle, les personnes n’ont pas accès à un avocat et les conditions matérielles d’enfermement sont qualifiées d’« indignes », en raison notamment de l’exiguïté des lieux, du manque d’hygiène, de lits et de matelas, d’aération ou encore de séparation entre les mineurs et les adultes.

    Surtout, la Défenseure des droits rappelle que, depuis une décision du Conseil d’Etat du 2 février (qui répercute un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne du 21 septembre 2023), le droit applicable aux étrangers à une frontière intérieure a été clarifié. La justice a ainsi rappelé que les éloignements devaient suivre une procédure de remise à l’Italie bien précise (prévue par un accord bilatéral de 1997, dit « de Chambéry »). Ces précisions de droit ont des implications importantes sur les pratiques de la police.

    Aménager des locaux spécifiques

    Les personnes contrôlées à la frontière peuvent ainsi faire l’objet, si elles se trouvent en situation irrégulière, d’une retenue administrative pour vérification de leur droit au séjour. Mais la Défenseure rappelle que ni les demandeurs d’asile ni les mineurs non accompagnés ne peuvent être placés en retenue administrative (car alors ils ne sont pas en situation irrégulière mais doivent être orientés, les premiers vers un guichet de demande d’asile et une véritable mise à l’abri, les seconds vers l’aide sociale à l’enfance pour une procédure d’évaluation). Les demandes d’asile formulées par les personnes étrangères « doivent être transmises sans délai à l’autorité préfectorale, et sans autres vérifications », insiste la Défenseure.

    Mme Hédon profite de sa décision pour se pencher sur les conséquences éventuelles de la loi relative à l’immigration adoptée en décembre 2023 et promulguée début 2024, et qui prévoit le placement en rétention administrative des demandeurs d’asile lorsqu’ils présentent un « risque de fuite ». Pour la Défenseure, cette rétention ne saurait s’appliquer de façon systématique aux migrants à la frontière et devrait faire l’objet d’un contrôle de constitutionnalité au fond.

    Quant aux personnes en situation irrégulière placées en retenue administrative, la Défenseure des droits rappelle que cette retenue ne peut excéder vingt-quatre heures, que des locaux spécifiques doivent être aménagés à cette fin, qui respectent la dignité des personnes, que le procureur doit être systématiquement averti, et qu’il doit en outre autoriser toute consultation du fichier automatisé des empreintes digitales, que les personnes doivent être informées, dans une langue qu’elles comprennent, de la possibilité d’avoir un avocat, qu’un procès-verbal de fin de retenue doit leur être notifié ainsi qu’une décision écrite de remise à l’Italie, pays qui doit formellement donner son accord à cette remise. « Aujourd’hui, rappellent les équipes de la Défenseure des droits, nous n’avons pas de garantie sur un changement de système. »

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/04/25/a-la-frontiere-franco-italienne-des-refoulements-illegaux-de-migrants-denonc

    #frontière_sud-alpine #asile #migrations #réfugiés #frontières #Italie #France #Vintimille #renvois #expulsions #défenseur_des_droits #contrôles_frontaliers #Hautes-Alpes #Alpes_Maritimes #Montgenèvre #violations_massives #refus_d'entrée #interpellations #refoulements #push-backs #droit_d'asile #illégalité #mineurs #enfants #âge #retenue_administrative

    –-> et ce terme "illégaux" mis entre guillemets... pourtant les #refoulements sont illégaux. C’est l’article 33 de la convention sur les réfugiés qui le dit, c’est le #principe_de_non-refoulement...
    #illégalité #terminologie #mots #vocabulaire

    –-

    ajouté à la métaliste autour de la Création de zones frontalières (au lieu de lignes de frontière) en vue de refoulements :
    https://seenthis.net/messages/795053

    • Respect des droits des personnes migrantes à la frontière intérieure franco-italienne : le Défenseur des droits publie une décision-cadre

      Le Défenseur des droits publie ce jour une décision-cadre sur le respect des droits des personnes contrôlées et interpellées à la frontière intérieure franco-italienne, par les forces de sécurité françaises, dans les départements des Alpes-Maritimes et des Hautes-Alpes.

      Le franchissement des frontières de l’Union européenne (UE) est régi par le règlement européen dit code frontières Schengen, qui distingue d’un côté, les « frontières extérieures » de l’UE, et de l’autre, les « frontières intérieures » entre deux États membres de l’UE. Le franchissement de chaque catégorie de frontières obéit à des conditions qui lui est propre. Concernant les frontières intérieures, le principe est la libre circulation des personnes. Le droit de l’UE assure ainsi l’absence de tout contrôle des personnes aux frontières intérieures, quelle que soit leur nationalité, lorsqu’elles franchissent ces frontières. Cependant, depuis 2015, la France a rétabli les contrôles à ces frontières, en faisant application d’une exception prévue par le code frontières Schengen mais strictement encadrée.

      La #décision-cadre n°2024-061 (https://juridique.defenseurdesdroits.fr/index.php?lvl=notice_display&id=50351) s’inscrit dans le cadre du traitement de réclamations individuelles adressées à l’institution par les personnes concernées et par l’intermédiaire d’associations. Elle est le résultat d’une instruction contradictoire menée auprès des autorités mises en cause et de la mise en œuvre des pouvoirs d’enquête et d’intervention de l’institution. À ce titre, la Défenseure des droits a effectué un déplacement avec ses équipes à Montgenèvre et Briançon les 10 et 11 février 2022. Les services de l’institution ont également mené une vérification sur place du 10 au 13 avril 2023 à Menton, au sein des locaux de la police aux frontières (PAF) et à des points de passage autorisés.

      Cette décision intervient dans un contexte inédit, dans lequel la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE, 4e ch., 21 septembre 2023) et le Conseil d’État (CE, section du contentieux, 2ème et 7ème ch.) ont récemment réaffirmé l’obligation pour les États membres de l’Union européenne, d’appliquer les garanties juridiques minimales prévues par la directive européenne dite retour aux personnes qui sont interpellées à la frontière intérieure, afin que leurs droits fondamentaux soient respectés.

      De manière préoccupante, cette décision-cadre conclut à l’existence de procédures et pratiques qui ne sont pas conformes à la directive retour, au droit européen et au droit national. Elle conclut également à des atteintes substantielles et multiples aux droits des personnes interpellées, à partir du moment où elles sont contrôlées, jusqu’à leur éloignement du territoire.

      Des procédures de refus d’entrée contraires au droit de l’UE

      Le Défenseur des droits constate que les personnes interpellées font l’objet d’une procédure de refus d’entrée qui ne respecte pas les garanties juridiques minimales de la directive retour telles que le recours à une procédure équitable et transparente, impliquant notamment un examen de la situation individuelle de la personne, la motivation des décisions en fait et en droit ou encore l’accès à l’interprétariat. Ces atteintes concernent un nombre de personnes d’autant plus important que la procédure est mise en œuvre sur une zone frontalière très étendue et imprécise, ce qui est en contradiction avec le droit européen.
      Une privation de liberté hors de tout cadre juridique

      Un grand nombre de personnes interpellées se retrouvent enfermées pendant plusieurs heures, voire une nuit entière, dans des locaux présentés comme des espaces de « mise à l’abri », sans fondement légal et dans des conditions indignes. Plus inquiétant encore, parmi ces personnes se trouvent des personnes vulnérables, notamment des familles, des mineurs et des demandeurs d’asile.
      Des obstacles au droit d’asile

      Concernant les demandeurs d’asile, le Défenseur des droits constate notamment que si la personne est considérée comme « non entrée » sur le territoire, elle fait l’objet d’un refus d’entrée et aucune demande d’asile n’est prise en compte. Cette pratique largement assumée est ouvertement contraire au droit d’asile, et constitue une entrave grave, généralisée et durable à l’accès à la procédure d’asile à la frontière franco-italienne.
      De lourdes atteintes aux droits des mineurs

      Concernant les mineurs, le Défenseur des droits relève de lourdes atteintes à leurs droits, qu’ils soient ou non accompagnés, en violation de l’intérêt supérieur de l’enfant et des droits des mineurs, et des garanties de la directive retour. Les procédures mises en place entravent notamment l’accès des mineurs non accompagnés à la protection de l’enfance.

      Au regard de l’ensemble de ses constats et conclusions alarmants, la Défenseure des droits formule une série de recommandations qu’elle adresse au ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et aux préfectures concernées. Elle appelle à faire cesser, dans les plus brefs délais, les procédures et pratiques constatées et à mettre fin aux atteintes multiples portées aux droits des personnes qui sont contrôlées et interpellées à la frontière franco-italienne.

      https://www.defenseurdesdroits.fr/respect-des-droits-des-personnes-migrantes-la-frontiere-interieur

    • La France accusée de « violations systématiques » des droits des migrants à sa frontière avec l’Italie

      Une enquête très documentée publiée jeudi par la Défenseure des droits souligne des « violations systématiques » par les autorités françaises des droits des personnes migrantes souhaitant entrer sur le territoire depuis l’Italie, ainsi que des privations de liberté « arbitraires et indignes ».

      En 2023, 30 000 refus d’entrées ont été notifiés à des personnes que la police a ensuite refoulées sur le territoire italien. Dans bon nombre de cas, ces refoulements étaient illégaux. C’est ce qu’a pu constater la Défenseure des droits Claire Hédon au terme d’une enquête de deux ans, en se rendant avec ses équipes à la frontière franco-italienne. Cette « décision-cadre », un document qui fait partie des moyens d’action de la Défenseure des droits, a été publiée jeudi 25 avril et adressée au ministère de l’Intérieur.

      L’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafe) constate ces violations des droits sur le terrain depuis huit ans. « On était encore en observation à la frontière la semaine dernière, précise son président Alexandre Moreau. Ce qu’on observe, c’est qu’il n’y a toujours pas d’interprètes dans les procédures de vérification de séjour. Il n’y a pas d’information sur la procédure appliquée aux personnes, il n’y a pas d’avocat et donc pas d’assistance juridique. Il n’y a pas non plus d’information sur la procédure d’asile. Or un certain nombre de personnes fuient des situations qui leur justifieraient un besoin de protection internationale au-dessus de l’asile, il n’y a pas de toute cette explication et c’est encore pire pour les mineurs isolés. »
      Atteintes aux droits des enfants pour les mineurs non accompagnés

      Le cas des mineurs non accompagnés est particulièrement mis en lumière dans l’enquête de la Défenseure des droits. Selon la loi, une personne migrante se déclarant mineure doit notamment être prise en charge par les services départementaux de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Or, les pratiques de la police française aux frontières (PAF) ne reflètent pas les procédures prévues, estime Alexandre Moreau.

      « Lorsqu’on procède à une vérification du séjour pour les mineurs, on doit leur permettre un temps de répit. Mais on observe qu’il n’y a pas ce temps de répit immédiatement. Quand il y a interpellation, il y a examen. L’examen ne dure même pas 30 minutes. On ne leur explique pas pourquoi ils doivent répondre à ces questions et quels en sont les enjeux. Systématiquement, on s’aperçoit que la minorité, elle, est contestée et donc le doute ne profite pas à la minorité. Et on ne leur explique pas, par exemple, qu’ils ont droit à un avocat, qu’ils ont droit aussi de saisir le juge des enfants pour contester la décision de majorité. Or, les mineurs isolés ne sont jamais, jamais, jamais en situation irrégulière sur le territoire. »
      Privations de liberté arbitraires

      Une fois interpellées, « un grand nombre de personnes se retrouvent enfermées pendant plusieurs heures, voire toute une nuit », souligne l’enquête. Cela sous prétexte d’être « mises à l’abri », avant d’être reconduites de l’autre côté de la montagne par la police italienne. « On n’est ni dans une zone d’attente, ni dans un centre de rétention, indique Alexandre Moreau. C’est une procédure complètement illégale et arbitraire d’un enfermement dans des préfabriqués, donc en plus dans des conditions complètement indignes. Et on ne sait pas exactement dans quel cadre juridique la police pratique cet enfermement. Elle parle de mise à l’abri, mais c’est tout un code particulier qui n’est pas non plus lui-même respecté. »

      Parmi la longue liste d’entraves constatées par la Défenseure des droits dans ce rapport de 180 pages, le lieu même des contrôles policiers pose question. Les points de contrôles doivent être déclarés à la Commission européenne, condition sine qua non au rétablissement des contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen. Or, à plusieurs reprises, des personnes exilées ont été interceptées à d’autres endroits que ceux officiellement prévus dans les textes.
      Le rétablissement des frontières intérieures justifié par un attentat à Moscou

      Le droit européen permet effectivement aux États membres de l’espace Schengen, dont la libre-circulation des personnes est un principe clef, de rétablir les contrôles à titre exceptionnel et pour une durée de six mois.

      Depuis 2015, en raison d’une menace terroriste après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, la police française aux frontières a activement repris du service. Depuis, le rétablissement des contrôles est sans cesse renouvelé, motivé par des événements aussi variés que la pandémie de Covid-19 en 2020, ou l’organisation de la Coupe du monde de Rugby en 2023.

      L’autorisation actuelle prend fin le 30 avril 2024. Au 1er mai, de nouveaux arguments ont été notifiés à la Commission européenne : la tenue des Jeux Olympiques et paralympiques à Paris et l’attentat de Moscou du 22 mars dernier.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/56698/la-france-accusee-de-violations-systematiques-des-droits-des-migrants-

  • Débat sur la violence des jeunes : « La répression est une idée populaire, mais c’est un échec »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/24/debat-sur-la-violences-des-jeunes-la-repression-est-une-idee-populaire-mais-

    Face à la description de la « violence déchaînée, morbide, sans règle » de certains jeunes, le 18 avril, par le premier ministre, les historiens que nous sommes proposent d’inscrire un nouveau chapitre au programme d’éducation civique qui lui tient tant à cœur. Il s’intitulerait : « La #justice des #enfants ou la longue histoire d’une addiction à la sanction ». Il permettrait de raconter à nos écolières et nos écoliers comment, depuis le XIXe siècle, ses prédécesseurs ont fait face au « fléau de la #délinquance_juvénile » décrite comme « toujours plus violente, plus nombreuse, plus précoce » (Le Petit Journal, 1907). Les élèves découvriraient sans doute avec surprise que ses propositions s’inscrivent dans une fascinante continuité, qu’elles ont été maintes fois appliquées et qu’à l’épreuve des faits leur efficacité est discutable.

    Le chapitre débuterait en 1810. On ouvrirait ensemble le code pénal de Napoléon (empereur peu réputé pour son laxisme), et les élèves liraient dans ses articles la volonté de ne plus juger un enfant comme un adulte, la nécessité de pouvoir l’excuser du fait de sa minorité. Ils observeraient aussi que, sans doute effrayé par sa propre hardiesse, le législateur impérial s’assure néanmoins que tout enfant capable de marcher et de voler une pomme puisse être envoyé en prison ordinaire.
    L’histoire se poursuivrait avec une analyse de la loi de 1850 « sur le patronage des #jeunes_détenus », censée répondre à l’échec de la #prison. Les députés républicains considèrent alors que le gamin de Paris, le petit vagabond, l’enfant de parents ouvriers – souvent décrits comme abrutis de travail et viciés par l’alcool – doit bénéficier d’une correction avant de « tomber dans la délinquance », pour reprendre les mots de M. Attal. Selon eux, pour le redresser, il est nécessaire de le placer en #internat_disciplinaire, loin de la ville et d’une famille défaillante, afin de le remettre sur le bon chemin.

    Malgré les rapports parlementaires dénonçant le coût de ces institutions, leur violence et le niveau élevé de récidive des jeunes placés, ces « colonies agricoles pénitentiaires » fleurissent. La France est inquiète ! Des bandes de jeunes gens cruels font régulièrement la une de la presse à grand tirage, et les statistiques, déjà, sont formelles : « De 16 à 20 ans le nombre de jeunes délinquants quadruple » (Le Temps, 1899) ; « Inquiétante augmentation de près de 50 % d’enfants délinquants en vingt ans » (Le Journal, 1901).

    Accompagnement social des mineurs

    Le cours aborderait ensuite les temps bouleversés du début du XXe siècle. En 1912, une nouvelle loi a le courage de considérer que l’accompagnement social des mineurs délinquants est une priorité. Elle n’aura ni les moyens ni le temps d’être appliquée, la Grande Guerre ravivant les angoisses d’une dérive de la jeunesse.
    Néanmoins, l’hécatombe de 14-18 modifie en profondeur le regard des Français sur l’enfermement et la peine. Les élèves liraient alors, médusés, que la presse en vient à se scandaliser du sort réservé aux jeunes délinquants dans les « bagnes d’enfants », certains allant même jusqu’à reprendre les mots d’un poète, Jacques Prévert, dénonçant la « chasse à l’enfant ». Soudain, il serait presque possible de croire que le temps de la jeunesse doit être une promesse.

    Nous pourrions poursuivre avec le second conflit mondial. La France occupée puis libérée, souvent grâce à la fougue de jeunes héros ; un hiver 1945 rude amenant son lot de destructions, de violences, de marché noir, et une explosion de la délinquance juvénile. La France peut alors compter sur l’autorité du général de Gaulle, et c’est bien sa signature qu’ils découvriront au bas du préambule de l’ordonnance du 2 février 1945 « relative à l’enfance délinquante ».

    Nous croiront-ils quand nous expliquerons que ce texte fait primer l’éducation sur la sanction ? Que la prison doit être l’exception ? Parviendrons-nous à faire admettre que l’article 17 expose alors que les mineurs « ne pourront faire l’objet que de mesures de protection, d’éducation ou de réforme, en vertu d’un régime d’irresponsabilité pénale » ? [principe jamais appliqué ; quant à l’éducation... ndc] Rapidement, nous devrons ajouter, pour être précis, que cette ordonnance prévoyait des dérogations, laissant la possibilité aux juridictions de lever l’excuse de minorité. Sans oublier que la peine de mort fut applicable aux mineurs jusqu’en 1981.

    Justice spécifique

    Enfin, il serait temps de conclure. Nous pourrions alors évoquer ce texte fondateur qu’est la Convention internationale des droits de l’enfant (1989), sanctuarisant une justice spécifique pour les #mineurs et l’inscrivant dans un ensemble de droits protecteurs et émancipateurs. Il faudrait des trésors d’imagination pédagogique pour expliquer comment cette apothéose des droits se transforme en véritable feu d’artifice de mesures répressives en France : lois, circulaires, ordonnances affirmant la « fermeté » des pouvoirs publics, création de foyers renforcés (1998) puis fermés (2002), construction d’établissements pénitentiaires pour mineurs (2002), levée de l’excuse de minorité pour les 16-18 ans en état de récidive (2007), peines plancher (2007), tribunaux correctionnels pour mineurs (2010), mise à l’épreuve éducative (2024)…

    La leçon se terminerait, et peut-être qu’un doigt se lèverait pour nous demander : mais alors, si les politiques affirment que la violence des jeunes ne cesse d’augmenter, c’est peut-être que toutes ces punitions ne fonctionnent pas ? Pourquoi continuer ?

    La répression est une idée populaire, mais c’est un échec. Pas tant parce que les jeunes seraient d’incorrigibles criminels biberonnés à la violence, mais parce que la sanction brute se fait toujours prophétie créatrice : elle fragilise des jeunes et leurs familles déjà vulnérables, elle sape le travail social et éducatif censé les aider à sortir de la délinquance. Et si, pour une fois, nous avions l’audace de mettre en application les réformes progressistes votées depuis plus de deux cents ans ?

    La supposée crise de l’autorité que nous traversons ne prend pas racine dans un affaiblissement des institutions. Bien loin d’un « réarmement civique » martial, c’est en conférant aux jeunes liberté, égalité et, in fine, pouvoir d’agir que nous les rendrons maîtres de leur propre destin, artisans de la paix sociale dans un monde qu’ils estiment plus juste et solidaire. En somme, sevrons-nous de l’autoritarisme en pensant l’émancipation de la jeunesse.

    Véronique Blanchard est historienne, enseignante-chercheuse à l’université d’Angers (Temos) ; David Niget est historien, enseignant-chercheur à l’université d’Angers (Temos). Ils sont tous les deux spécialistes de l’histoire de l’enfance, de la jeunesse et de la justice.

    #colonies_pénitentaires et aujourd’hui, outre les #CJD, les #établissements_pénitentiares_pour_mineurs, les #centres_éducatifs_fermés

    • Christian Mouhanna, sociologue : « En dépit de dramatiques faits divers, le nombre de mineurs auteurs de délits baisse »
      TRIBUNE
      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/24/christian-mouhanna-sociologue-en-depit-de-dramatiques-faits-divers-le-nombre

      Une fois de plus revient sur le devant de la scène politique et médiatique le thème des #mineurs_délinquants, qui seraient de plus en plus jeunes et de plus en plus violents. Premier ministre, ministres, préfets et syndicalistes policiers reprennent tous cette assertion pour désigner une menace qui viendrait fragiliser la tranquillité et la cohésion de la société.

      L’actualité, il est vrai, invite les responsables à réagir : les meurtres de Grande-Synthe (Nord), Romans-sur-Isère (Drôme) ou Viry-Châtillon (Essonne) et l’agression de Montpellier, lors des deux premières semaines d’avril, choquent l’opinion publique. Faut-il pour autant en conclure que nous avons affaire à un phénomène de masse, accentué par les réseaux sociaux et la perte du sens de l’autorité et du devoir parmi les plus jeunes ? Sans minimiser l’émotion légitime suscitée par ces événements, on peut néanmoins observer que les chiffres disponibles ne confirment pas cette impression.

      Les statistiques des tribunaux nous montrent en effet une baisse notable des mineurs auteurs de délits. Ceux qui sont orientés vers les alternatives aux poursuites, sanctions qui concernent les cas les moins graves, ont diminué de 40 % entre 2018 et 2022. Quant aux faits plus graves, qui font l’objet d’une orientation devant les juges des enfants ou les juges d’instruction, ils baissent de 33 % sur la même période. Globalement, le nombre de mineurs condamnés n’a cessé de diminuer depuis 2017. Et ils représentent toujours une infime minorité des auteurs de meurtres ou tentatives de meurtre.

      Durcissement des lois

      On pourrait objecter qu’il s’agit là d’un effet du « laxisme »
      judiciaire dénoncé par certains, mais en ce qui concerne les majeurs, les condamnations et les incarcérations ont augmenté entre 2018 et 2022. Si l’on regarde les établissements pénitentiaires , ceux qui sont réservés aux mineurs – établissements pour mineurs et quartiers mineurs des prisons – affichent un taux d’occupation de « seulement » 60 % fin 2023, alors qu’il dépasse les 145 % dans les maisons d’arrêt pour majeurs. Et beaucoup de ces jeunes incarcérés (56 %) sont en détention provisoire, en attente de jugement. La baisse du nombre de mineurs sanctionnés par l’appareil judiciaire est d’autant plus remarquable que la période considérée se caractérise par un durcissement des lois visant les comportements jugés inappropriés ou incivils des jeunes, notamment dans l’espace public.
      Bien entendu, ces chiffres ne viendront pas consoler la peine des proches des victimes de ces actes. Ils viennent seulement interroger ceux qui instrumentalisent ces faits divers terribles pour en tirer des leçons sur les évolutions de la société et en faire le terreau de politiques prônant davantage de sanctions. Ces derniers ignorent, ou font semblant d’ignorer, que les lois pénalisant les mineurs n’ont cessé de se multiplier depuis le milieu des années 1990, et jusque très récemment.

      Le nouveau code de la justice pénale des mineurs est entré en vigueur le 30 septembre 2021, réformant l’ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante. C’est la quarantième fois que ce texte, à l’origine fondé sur un équilibre entre éducation et sanction, est modifié. Depuis 2002 et les #lois_Perben, une orientation toujours plus répressive n’a cessé de s’imposer à une justice des mineurs par ailleurs de moins en moins bien dotée en moyens matériels et humains. Cette sévérité renforcée n’a pourtant pas apaisé les discours punitifs. Depuis le début des années 2000, les ministres de l’intérieur successifs reprennent la rengaine des « mineurs délinquants de plus en plus jeunes et de plus en plus violents », alimentant un discours anxiogène sur le déclin supposé de nos sociétés.

      Ce discours n’est ni neuf ni étayé par des résultats scientifiquement prouvés, bien au contraire. Toute réflexion s’appuyant sur les nombreux rapports disponibles dans les ministères ou les assemblées législatives, sans parler des laboratoires de recherche et les universités, est écartée au profit d’une #réaction immédiate, sans mise en perspective.

      Au lieu de replacer ces événements dans un cadre plus large, les discours n’hésitent pas à monter en généralité à partir de faits divers certes réels, mais qui ne reflètent pas une situation d’ensemble. Et dans ce cadre du court terme, les solutions proposées ne sont pas le fruit d’une réflexion approfondie : on ressort sans cesse la menace de sanctions plus dures, sans évaluation et sans attendre les effets éventuels des précédents textes votés.

      Stratégie politique

      Dans une période où les fake news et les discours populistes et démagogiques sont dénoncés, il est dommage de voir un gouvernement prétendument réaliste sombrer, pour des raisons de stratégie politique, dans les mêmes travers que les pires idéologues fascinés par la punition des plus faibles. Car les mineurs sont aussi parmi les plus touchés par les homicides intrafamiliaux.

      Si le nombre de mineurs auteurs de délits baisse, en revanche celui de ceux qui sont pris en charge au titre de l’enfance en danger s’est accru. Il représente 72 % de l’activité des juridictions pour mineurs. A l’heure de la disparition de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, il serait peut-être important de remettre ces résultats en perspective et de s’interroger sur le « processus de décivilisation » à l’œuvre, selon le président de la République dans son discours de mai 2023.

      S’agit-il d’un processus dont serait responsable une jeunesse spontanément ancrée dans la violence, ou bien du résultat de choix politiques peu cohérents ? Les cadres politiques actuels auront-ils le courage de leurs prédécesseurs de 1945, pour qui l’enfance délinquante était un défi qu’il fallait relever en donnant plus de moyens à l’éducatif ? Ou se contenteront-ils de continuer à tenter – inutilement – de se construire une légitimité fondée sur la peur et sur leur volonté d’y apporter une réponse par une sévérité accrue ?

      Christian Mouhanna est sociologue, chercheur au CNRS et au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip), où il étudie les organisations policières, la justice pénale et le milieu carcéral.

    • Enfants en danger : l’embolie des services chargés de leur protection provoque des situations dramatiques
      https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2022/05/11/la-protection-de-l-enfance-en-danger-confrontee-a-une-nouvelle-degradation_6

      La mise en œuvre des décisions de justice censées protéger les mineurs maltraités ou délaissés intervient avec des retards croissants, provoquant des situations dramatiques.

      https://justpaste.it/bg1y7

      #enfance

    • Délinquance des mineurs : « Les effectifs des éducateurs de rue sont devenus une variable d’ajustement économique », David Puaud, Anthropologue

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/24/delinquance-des-mineurs-les-effectifs-des-educateurs-de-rue-sont-devenus-une

      « Je vous le dis, la culture de l’excuse, c’est fini. » C’est avec cette ritournelle sécuritaire que le premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé, jeudi 18 avril à Viry-Châtillon (Essonne) une série de mesures visant à lutter contre la violence d’une partie de la jeunesse. Ce discours à l’accent frontiste a réamorcé les vieilles antiennes de l’internat éducatif, de l’autorité à l’école ou de la responsabilisation des parents.

      La remise en cause par Gabriel Attal de l’« excuse de minorité », établie dans le code de la justice pénale des mineurs et dont le principe est consacré par le Conseil constitutionnel, vise une nouvelle fois à privilégier l’aspect répressif par rapport à la prévention et à la protection de l’enfance.

      Et pourtant, de nombreuses études attestent que la prévention et la protection sont essentielles à l’expérience de la citoyenneté et à la remédiation sociale de sujets en voie de marginalisation. A l’été 2023, après la mort de Nahel M. à Nanterre, la France avait été secouée par onze jours de violences urbaines. Au cœur de cette période de turbulences, les plus importantes depuis celles de novembre 2005, des éducateurs de prévention spécialisée, dits « éducs de rue », ont été en première ligne dans de nombreux quartiers populaires.

      Ces « fantassins du travail social », tels que les nomma Pierre Bourdieu dans La Misère du monde (Seuil, 1993), ont pour mission principale de travailler avec des jeunes en situation de marginalité plus ou moins avancée. Soumis à des principes d’intervention fondés sur la libre adhésion, l’anonymat et le secret professionnel, ils favorisent l’inclusion sociale de jeunes en situation de disqualification sociale et/ou préviennent les processus de désaffiliation sociale.

      Désengagement économique

      En 2021, la ministre déléguée chargée de la ville Nadia Hai avait recruté 600 « adultes-relais » au sein de « bataillons de la prévention » dans 45 quartiers prioritaires, 300 médiateurs et 300 éducateurs spécialisés afin de tisser un « filet de protection contre la délinquance de la ville ». On compte aujourd’hui en France environ 4 000 de ces éducateurs de rue, mais déjà en sous-effectifs, ils sont devenus dans de nombreux territoires de l’Hexagone une variable d’ajustement économique.

      Parce que son financement reste facultatif, des départements se désengagent de cette compétence, alors même qu’elle relève de l’aide sociale à l’enfance, dont ils sont responsables. Ainsi, le 29 mars, le conseil départemental de la Vienne a entériné une baisse de 250 000 euros de la dotation annuelle allouée aux services de prévention spécialisée de l’association départementale de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence, tout en accordant une subvention de 190 000 euros pour le passage de la flamme olympique. Cette coupe budgétaire entraîne la suppression de cinq postes d’éducateurs dans des quartiers de Poitiers et Châtellerault touchés par les émeutes de l’été 2023. Ainsi, environ quatre cents enfants et familles ne seront plus accompagnés socialement par ces éducateurs de proximité.

      En 2022, le département de l’Ardèche avait annoncé la fin de ses financements en direction de la prévention spécialisée, avant de faire machine arrière et de réduire de moitié la baisse de subvention, en appelant d’autres collectivités à les compléter. A Cognac, le service de prévention spécialisée a disparu à la suite de la non-reconduction de la convention avec l’association socio-éducative locale chargée de cette mission. A Perpignan, huit des douze éducateurs des bataillons de la prévention ont été menacés de licenciement en 2024, et l’incertitude reste de mise pour 2025.

      Equations à inconnues multiples

      Dans de nombreux autres territoires de la République, les services sociaux de proximité sont régulièrement soumis à des équations budgétaires aux multiples inconnues. En effet, les injonctions sécuritaires se sont immiscées au cœur de l’éducatif dans la rue. Certaines équipes sont désormais municipalisées. D’autres, comme celles des bataillons, relèvent des préfectures. La majorité est rattachée aux conseils départementaux qui devraient leur garantir un cadre d’action structuré au sein de la protection de l’enfance. Pourtant, toutes se retrouvent au cœur d’enjeux politico-financiers locaux et nationaux.

      Ces professionnels attachés historiquement au secteur de la protection de l’enfance, dont la mission est d’« aller vers » des jeunes en situation de marginalisation, ont besoin de pérennité et d’engagement à long terme. Dans nos enquêtes menées ces dernières années sur les processus de violence et sur la prévention de la radicalisation, nous constatons que ces spécialistes contribuent à prévenir des situations dramatiques et à rétablir des liens entre les habitants des quartiers populaires et les institutions républicaines. La temporalité de leurs « terrains » est différente de celle du financeur, soumis aux aléas du politique à court terme.

      Force est de constater, malheureusement, que la montée de l’extrême droite et les enjeux électoraux à court et moyen terme ne laissent guère de place à la narration des résultats pourtant probants des actions de prévention qui se jouent sur le long terme.

      Cette cécité à l’égard des acteurs sociaux de proximité renforce la marginalisation d’une partie de nos concitoyens dans les zones dites pourtant « prioritaires ». Colette Pétonnet, pionnière de l’anthropologie urbaine, qualifiait en 1975 de catégorie sacrifiable ces « gens unanimement désignés comme marginaux, asociaux, inadaptés, ou handicapés, suggérant qu’ils sont à la société contemporaine ce que les pharmakoi étaient aux Athéniens, c’est-à-dire à la fois le mal et le remède ». A renier ainsi une partie de la population devenue « victime-émissaire », l’histoire nous raconte que nous en paierons comptant les conséquences sociétales.

      David Puaud est anthropologue au sein du Laboratoire d’anthropologie politique (CNRS-EHESS) et chargé d’enseignement à Sciences Po Paris (campus de Poitiers). Il a notamment écrit « Les Surgissants. Ces terroristes qui viennent de nulle part » (Rue de Seine, 2022) et « Un monstre humain ? Un anthropologue face à un crime sans mobile » (La Découverte, 2018).

    • Comme le souligne l’historienne, Véronique Blanchard, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’État a eu besoin de « forces vive » et a mis en place de nouvelles modalités de contrôle de la jeunesse, via l’ordonnance de 1945. L’étude des donnés statistiques concernant la population envoyées dans les colonies agricoles et industrielles montre que le nombre d’enfants détenus en ces lieux diminua à partir du moment où la législation prolongea l’âge de l’enseignement scolaire obligatoire. Il y a donc transfert de l’exercice du contrôle de la jeunesse, des structures répressive vers l’Éducation nationale. Ce temps scolaire, comme a pu l’être par le passé le service militaire, a pour objectif que le jeune devienne ce que la société attend de lui afin que le fonctionnement du pouvoir puisse perdurer.

      Milot L’incorrigible. Parcours d’un jeune insoumis à la Belle Époque, Collectif l’Escapade. Niet ! éditions.

    • 100 années d’éducation spécialisée mises à la poubelle. C’est ça, ça fait plus d’un siècle qu’on réfléchit à ces questions pour sortir de l’horreur autoritariste imposée par les bourgeois du XIXe… et ces salopards considèrent que rien de tout cela n’existe.

  • Dans la Manche, au moins cinq migrants, dont un enfant, sont morts dans des tentatives de traversée
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/23/dans-la-manche-au-moins-cinq-migrants-dont-un-enfant-sont-morts-dans-des-ten

    Dans la Manche, au moins cinq migrants, dont un enfant, sont morts dans des tentatives de traversée
    Un important dispositif de secours a été déployé au large et sur la plage de Wimereux, selon « La Voix du Nord », qui précise qu’une centaine de migrants ont déjà été secourus par la marine nationale.
    Au moins cinq migrants, dont un enfant, sont morts lors d’une tentative de traversée de la Manche dans la nuit de lundi 22 à mardi 23 avril au niveau de la plage de Wimereux (Pas-de-Calais), a appris l’Agence France-Presse (AFP) de source policière, confirmant une information de La Voix du Nord. Trois hélicoptères du SAMU et des canots de secours sont mobilisés pour des recherches toujours en cours, selon le quotidien régional, qui précise qu’une centaine de migrants ont déjà été récupérés à bord d’un remorqueur d’intervention de la marine nationale, et vont être déposés au port de Boulogne. Le dernier drame remontait au 3 mars avec la mort par noyade d’une petite fille de sept ans dans le canal de l’Aa à Watten (Nord) alors qu’elle se trouvait sur une petite embarcation avec quinze autres migrants. Dans la nuit du 13 au 14 janvier, cinq migrants, dont un adolescent syrien de 14 ans, sont morts à Wimereux, alors qu’ils tentaient de rejoindre une embarcation déjà en mer dans une eau à 9 degrés.

    #Covid-19#migrant#migration#france#royaumeuni#manche#traversee#mortalite#pasdecalais#wimerieux#mineur#sante

  • Espagne : plus de 60 corps de migrants retrouvés en mer d’Alboran, en 2023 - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/56554/espagne--plus-de-60-corps-de-migrants-retrouves-en-mer-dalboran-en-202

    Espagne : plus de 60 corps de migrants retrouvés en mer d’Alboran, en 2023
    Par Marlène Panara Publié le : 19/04/2024
    Sur l’ensemble de l’année dernière, 67 cadavres ont été repêchés par les autorités espagnoles dans la mer d’Alboran. Située entre le Maroc, l’ouest de l’Algérie et le sud de l’Espagne, cette route migratoire a été traversée cette année-là par plus de 6 400 migrants, soit une augmentation de 61% en un an.
    La mer d’Alboran, un « cimetière de migrants ». D’après le ministère de l’Intérieur espagnol cité par El Debate, 67 corps ont été récupérés dans la zone en 2023, au large d’Almeria. Novembre a été le mois le plus meurtrier, avec 11 cadavres repêchés. Et entre juin et septembre, période où de nombreuses embarcations affluent dans le sud de l’Espagne, 27 ont été extraits de la mer.
    Toujours en 2023, 6 433 personnes réparties dans 492 bateaux ont été secourues par les autorités dans ces eaux, soit 61% de plus qu’en 2022. Juillet constitue la période la plus chargée pour les sauveteurs en mer : 1 339 personnes ont été secourues ce mois-là.
    Ce passage est généralement emprunté par les migrants algériens et marocains. Ils prennent la mer à bord de petits bateaux en fibre de verre depuis les côtes du royaume chérifien et d’Algérie, direction l’Andalousie. D’après l’ONG Caminando Fronteras, ce chemin « s’est véritablement consolidé en 2022 ». Mais si la distance à parcourir est moindre que sur les autres routes migratoires en Méditerranée, la traversée reste tout aussi dangereuse. Et les naufrages, nombreux.
    En 2024, trois personnes sont mortes et sept sont toujours activement recherchées après que leur bateau a coulé au large de Motril, dans le sud de l’Espagne, le 22 mars. L’embarcation était partie d’Algérie six jours auparavant. Et le 27 février, huit personnes sont décédées dans le naufrage de leur embarcation, un zodiac parti de la ville de Béni Chiker, près de Nador. Quatre victimes ont été identifiées pour le moment, selon la section de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Nador.
    Depuis le début de l’année, une partie des exilés qui empruntent cette route a débarqué sur l’ilot d’Alboran, situé à 88km d’Almeria, et à 56km de Nador, au Maroc. Fin février, près de 200 personnes y sont arrivées en deux jours. Deux semaines avant, 89 migrants avaient aussi débarqué sur l’ilot.
    Mais sur ce petit territoire inhabité qui n’abrite que 21 militaires, rien n’est prévu pour accueillir les exilés. Alors face à l’augmentation des arrivées, le gouvernement espagnol a validé, le 17 avril, la construction d’un centre d’hébergement d’urgence pour migrants. D’un montant de 1,3 millions d’euros, ces nouvelles installations seront conçues « pour améliorer et optimiser » les infrastructures de l’île. Fin février, les exilés avaient en effet attendu plusieurs jours avant d’être évacués vers l’Espagne continentale, en raison des intempéries rendant impossible la navigation. Un homme qui présentait de forts symptômes d’hypothermie, une femme et quatre mineurs avaient, eux, quitté le territoire en hélicoptère avec les secours.L’exilé transféré n’avait en revanche pas survécu. Il est mort à l’hôpital d’Almeria six jours après son transfert, le 1er mars.
    Les deux frères « n’étaient pas très riches, mais ils n’étaient pas pauvres non plus », avait raconté à InfoMigrants leur cousine, Sarah*. « Mais depuis toujours, ils voient des gens revenir d’Europe avec des voitures neuves. Ils s’imaginent que de l’autre côté de la mer, c’est l’Eldorado »."Je pense que ce qui les a convaincus de partir, c’est de voir des vidéos de jeunes sur TikTok et Instagram qui filment leur traversée en musique, et célèbrent leur arrivée en Andalousie, pensait-elle. À l’écran, ça a l’air très facile".

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#mediterranee#traversee#mortalite#alboran#zodiac#sante#mineur#femme#imaginairemigratoire

  • Espagne : des jeunes migrants se déclarant mineurs incarcérés pour avoir conduit des canots - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55997/espagne--des-jeunes-migrants-se-declarant-mineurs-incarceres-pour-avoi

    Espagne : des jeunes migrants se déclarant mineurs incarcérés pour avoir conduit des canots
    Par Leslie Carretero Publié le : 22/03/2024
    En Espagne, les cas de jeunes migrants se disant mineurs enfermés dans les prisons du pays pour avoir piloté des canots se multiplient, à mesure que les arrivées irrégulières augmentent. Les adultes, eux aussi, subissent le même sort. Comme en Grèce et au Royaume-Uni, deux États qui incarcèrent également des exilés vus à la barre d’un canot, les associations et les militants espagnols estiment que le gouvernement se trompe de cible.
    B.C. a quitté la prison de Las Palmas, sur l’île de Grande Canarie, jeudi 14 mars. Le jeune Sénégalais de 17 ans, accusé par la justice d’être un passeur pour avoir conduit un canot de migrants, était incarcéré dans ce centre pour adultes depuis presque trois mois.
    Quelques heures plus tôt, le tribunal avait ordonné sa libération en raison de son âge. « Les conclusions [de l’examen] médico-légal » effectué sur B.C. ne permettent pas d’affirmer avec « certitude que le sujet est majeur », avait estimé le juge. Depuis son incarcération le 21 décembre 2023, le Sénégalais répétait inlassablement qu’il n’avait que 17 ans. Une photocopie de son acte de naissance transmis à l’administration n’avait pas suffi à mettre fin à son emprisonnement. Ni même un test médical qui avait conclu que « l’âge estimé du mineur présumé est compatible avec l’âge qu’il a mentionné ».
    L’ONU s’était emparé du sujet et avait exhorté le 11 mars les autorités espagnoles à libérer l’adolescent et à le traiter conformément à la Convention internationale des droits de l’enfant. L’organisation avait rappelé qu’en cas de doute sur l’âge d’une personne se déclarant mineure, elle doit être prise en charge en tant qu’enfant.Après la décision du tribunal de Las Palmas, B.C. a été transféré dans un centre fermé pour mineurs sur l’île de Ténérife en attendant son procès. Comme ce garçon originaire du Sénégal, d’autres Subsahariens connaissent le même sort : arrivés aux Canaries à bord d’une pirogue surchargée, ils ont été accusés de piloter le canot, et n’ont pas été considérés comme des mineurs. Depuis, ils croupissent dans les prisons canariennes.
    (...) On peut aussi citer l’histoire d’A.G., emprisonné avec B.C. alors qu’il n’avait que 15 ans. Ce Sénégalais a passé un mois et demi derrière les barreaux avant qu’un juge de surveillance pénitentiaire ordonne son transfert vers un centre fermé pour mineurs et que des tests prouvent sa minorité. Alors, les jeunes étrangers seraient-ils de plus en plus nombreux à remplir les prisons espagnoles ? Difficile à affirmer en raison du manque de données sur le sujet, l’enfermement des mineurs étant interdit par la loi. Mais pour Daniel Arencibia, avocat en droit des étrangers, les affaires de ce type se multiplient. Il dit observer ces derniers mois une hausse des cas et regrette « beaucoup d’erreurs pour déterminer l’âge » d’un migrant. Cette recrudescence des emprisonnements s’explique, selon lui, par l’augmentation du nombre de mineurs débarqués en Espagne. « En 2020, il y avait moins de 400 mineurs aux Canaries. Aujourd’hui, ils sont plus de 5 000 », précise l’avocat. Un chiffre qui coïncide avec la hausse des débarquements en Espagne : on comptait en 2023, plus de 56 000 arrivées de migrants dans le pays, soit un bond de 82% par rapport à 2022. Parmi eux, près de 40 000 ont été enregistrés aux Canaries, une hausse de 154% par rapport à l’année précédente.
    Des peines différentes selon les provinces espagnoles Les jeunes ne sont pas les seuls à subir le même sort. Les migrants adultes aussi se voient désigner comme passeurs, pour avoir piloté leur embarcation. Et selon le lieu de leur arrestation, les peines diffèrent de plusieurs années, révèle une étude de Daniel Arencibia. Ce dernier a analysé plus de 200 condamnations portées contre des exilés dans les provinces espagnoles – sur les îles et sur la péninsule – les plus touchées par les arrivées irrégulières, du 1er janvier 2021 à aujourd’hui. Et le constat est sans appel : les migrants jugés aux Canaries écopent de peines plus lourdes pour les mêmes chefs d’accusation que dans les autres régions du pays. « Aux Baléares, ils sont condamnés à deux ans de prison, et aux Canaries à trois voire cinq ans », affirme l’avocat dans une interview accordée au média local Diario de Canarias. Pour avoir conduit une pirogue, et être poursuivi en tant que passeur, les exilés encourent jusqu’à huit ans de prison en Espagne. Une circulaire stipule cependant que dans le cas où la personne cherche également à obtenir une protection, une circonstance atténuante peut être appliquée et permet de réduire la peine. Daniel Arencibia a également découvert que le jugement pouvait être plus clément si le migrant renonce à son procès et se déclare donc coupable : dans ce cas, le Parquet réclame trois années de prison, en vertu de la circulaire évoquée précédemment. Dans le cas inverse, il demande sept ans d’emprisonnement. « Dans la province de Las Palmas [sur l’île de Grande Canarie, ndlr], 91% des accusés ont signé le document et accepte la peine de trois ans », renonçant à faire reconnaitre leur innocence. Rien d’étonnant pour l’avocat car, selon lui, les exilés n’ont d’autres choix : « Le migrant ne comprend pas la langue, a peur et on lui dit : ‘Si vous ne signez pas ce papier, vous ferez sept ans de prison au lieu de trois’ », résume-t-il. Comme en Grèce et au Royaume-Uni, deux États qui incarcèrent aussi des exilés vus à la barre d’un canot, les associations et les militants espagnols estiment que le gouvernement se trompe de cible. Les migrants emprisonnés « n’appartiennent pas à des mafias, ce sont de pauvres pêcheurs pour la plupart. Nous dépensons des millions pour mettre en prison des pêcheurs mais nous n’avons pas le budget nécessaire pour poursuivre ceux qui deviennent réellement millionnaires, au Maroc ou en Mauritanie », déplore l’avocat.

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#baleares#mineur#prison#CIDE#droit#senegal#sante#grce#royaumeuni#pirogue

  • Espagne : des jeunes migrants se déclarant mineurs incarcérés pour avoir conduit des canots

    En Espagne, les cas de jeunes migrants se disant mineurs enfermés dans les prisons du pays pour avoir piloté des canots se multiplient, à mesure que les arrivées irrégulières augmentent. Les adultes, eux aussi, subissent le même sort. Comme en Grèce et au Royaume-Uni, deux États qui incarcèrent également des exilés vus à la barre d’un canot, les associations et les militants espagnols estiment que le gouvernement se trompe de cible.

    B.C. a quitté la prison de Las Palmas, sur l’île de Grande Canarie, jeudi 14 mars. Le jeune Sénégalais de 17 ans, accusé par la justice d’être un passeur pour avoir conduit un canot de migrants, était incarcéré dans ce centre pour adultes depuis presque trois mois.

    Quelques heures plus tôt, le tribunal avait ordonné sa libération en raison de son âge. « Les conclusions [de l’examen] médico-légal » effectué sur B.C. ne permettent pas d’affirmer avec « certitude que le sujet est majeur », avait estimé le juge.

    Depuis son incarcération le 21 décembre 2023, le Sénégalais répétait inlassablement qu’il n’avait que 17 ans. Une photocopie de son acte de naissance transmis à l’administration n’avait pas suffi à mettre fin à son emprisonnement. Ni même un test médical qui avait conclu que « l’âge estimé du mineur présumé est compatible avec l’âge qu’il a mentionné ».

    L’ONU s’était emparé du sujet et avait exhorté le 11 mars les autorités espagnoles à libérer l’adolescent et à le traiter conformément à la Convention internationale des droits de l’enfant. L’organisation avait rappelé qu’en cas de doute sur l’âge d’une personne se déclarant mineure, elle doit être prise en charge en tant qu’enfant.

    Après la décision du tribunal de Las Palmas, B.C. a été transféré dans un centre fermé pour mineurs sur l’île de Ténérife en attendant son procès.
    Plusieurs jeunes enfermés en prison

    Comme ce garçon originaire du Sénégal, d’autres Subsahariens connaissent le même sort : arrivés aux Canaries à bord d’une pirogue surchargée, ils ont été accusés de piloter le canot, et n’ont pas été considérés comme des mineurs. Depuis, ils croupissent dans les prisons canariennes.

    C’est le cas d’Alioune (prénom d’emprunt), un Gambien de 16 ans enfermé depuis octobre 2023 à Ténérife, après avoir été désigné comme le « patron » de l’embarcation dans laquelle il se trouvait en arrivant dans l’archipel. À l’intérieur, le corps d’un enfant de 13 ans avait été retrouvé et 10 personnes avaient péri pendant la dangereuse traversée de l’Atlantique.

    Comme B.C., Alioune a fourni un acte de naissance prouvant son âge, et s’est soumis à des tests osseux, via une radiographie de la main. Les résultats signalaient alors que « la personne examinée a un âge osseux supérieur à 18 ans », tout en rappelant qu’il « n’est pas possible d’établir avec certitude l’âge réel ».

    On peut aussi citer l’histoire d’A.G., emprisonné avec B.C. alors qu’il n’avait que 15 ans. Ce Sénégalais a passé un mois et demi derrière les barreaux avant qu’un juge de surveillance pénitentiaire ordonne son transfert vers un centre fermé pour mineurs et que des tests prouvent sa minorité.

    Hausse du nombre d’#emprisonnement

    Alors, les jeunes étrangers seraient-ils de plus en plus nombreux à remplir les prisons espagnoles ? Difficile à affirmer en raison du manque de données sur le sujet, l’enfermement des mineurs étant interdit par la loi. Mais pour Daniel Arencibia, avocat en droit des étrangers, les affaires de ce type se multiplient.

    Il dit observer ces derniers mois une hausse des cas et regrette « beaucoup d’erreurs pour déterminer l’âge » d’un migrant. Cette recrudescence des emprisonnements s’explique, selon lui, par l’augmentation du nombre de mineurs débarqués en Espagne. « En 2020, il y avait moins de 400 mineurs aux Canaries. Aujourd’hui, ils sont plus de 5 000 », précise l’avocat.

    Un chiffre qui coïncide avec la hausse des débarquements en Espagne : on comptait en 2023, plus de 56 000 arrivées de migrants dans le pays, soit un bond de 82% par rapport à 2022. Parmi eux, près de 40 000 ont été enregistrés aux Canaries, une hausse de 154% par rapport à l’année précédente.
    Des peines différentes selon les provinces espagnoles

    Les jeunes ne sont pas les seuls à subir le même sort. Les migrants adultes aussi se voient désigner comme passeurs, pour avoir piloté leur embarcation. Et selon le lieu de leur arrestation, les peines diffèrent de plusieurs années, révèle une étude de Daniel Arencibia.

    Ce dernier a analysé plus de 200 condamnations portées contre des exilés dans les provinces espagnoles – sur les îles et sur la péninsule – les plus touchées par les arrivées irrégulières, du 1er janvier 2021 à aujourd’hui. Et le constat est sans appel : les migrants jugés aux Canaries écopent de peines plus lourdes pour les mêmes chefs d’accusation que dans les autres régions du pays.

    « Aux Baléares, ils sont condamnés à deux ans de prison, et aux Canaries à trois voire cinq ans », affirme l’avocat dans une interview accordée au média local Diario de Canarias.

    Pour avoir conduit une pirogue, et être poursuivi en tant que passeur, les exilés encourent jusqu’à huit ans de prison en Espagne. Une circulaire stipule cependant que dans le cas où la personne cherche également à obtenir une protection, une circonstance atténuante peut être appliquée et permet de réduire la peine.

    Daniel Arencibia a également découvert que le jugement pouvait être plus clément si le migrant renonce à son procès et se déclare donc coupable : dans ce cas, le Parquet réclame trois années de prison, en vertu de la circulaire évoquée précédemment. Dans le cas inverse, il demande sept ans d’emprisonnement. « Dans la province de Las Palmas [sur l’île de Grande Canarie, ndlr], 91% des accusés ont signé le document et accepte la peine de trois ans », renonçant à faire reconnaitre leur innocence.

    Rien d’étonnant pour l’avocat car, selon lui, les exilés n’ont d’autres choix : « Le migrant ne comprend pas la langue, a peur et on lui dit : ‘Si vous ne signez pas ce papier, vous ferez sept ans de prison au lieu de trois’ », résume-t-il.

    Comme en Grèce et au Royaume-Uni, deux États qui incarcèrent aussi des exilés vus à la barre d’un canot, les associations et les militants espagnols estiment que le gouvernement se trompe de cible. Les migrants emprisonnés « n’appartiennent pas à des mafias, ce sont de pauvres pêcheurs pour la plupart. Nous dépensons des millions pour mettre en prison des pêcheurs mais nous n’avons pas le budget nécessaire pour poursuivre ceux qui deviennent réellement millionnaires, au Maroc ou en Mauritanie », déplore l’avocat.

    https://www.infomigrants.net/fr/post/55997/espagne--des-jeunes-migrants-se-declarant-mineurs-incarceres-pour-avoi
    #scafisti #criminalisation_de_la_migration #migrations #asile #réfugiés #Espagne #détention #mineurs #enfants #enfance #route_Atlantique #Canaries #îles_Canaries

  • Maroc : parmi les mineurs qui débarquent en Espagne, « beaucoup d’enfants en errance » - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55686/maroc--parmi-les-mineurs-qui-debarquent-en-espagne-beaucoup-denfants-e

    Maroc : parmi les mineurs qui débarquent en Espagne, « beaucoup d’enfants en errance »
    Par Marlène Panara Publié le : 08/03/2024
    Ces dernières semaines, les départs d’exilés marocains pour l’Espagne se sont faits plus réguliers, et ont été rendus visibles par les images publiées dans la presse espagnole de dangereuses traversées à la nage vers Ceuta. Nombre de ces migrants ont moins de 18 ans. Pourquoi sont-ils si nombreux ? Interview.
    Les images sont impressionnantes. Ces dernières semaines, la presse espagnole a publié des vidéos de jeunes Marocains ballotés par les vagues et les courants au large de l’enclave espagnole de Ceuta. Certains sont jetés malgré eux sur les rochers, nombreux à cet endroit. À leur arrivée sur la plage à genoux, épuisés, beaucoup s’effondrent.
    Sur la soixantaine d’exilés arrivés fin février de cette manière, plus de vingt avaient moins de 18 ans. Quinze jours plus tôt, 57 mineurs avaient emprunté le même chemin.Depuis le début de l’année, 144 au total ont atteint Ceuta par la mer. Environ 230 sont actuellement hébergés par l’Etat dans le centre de séjour temporaire pour immigrés (CETI) de l’enclave, « La Esperanza ».
    Chaque année, des milliers de jeunes marocains comme eux partent seuls sur les routes migratoires qui mènent à l’Espagne, direction Ceuta ou le sud de la péninsule ibérique. Qu’est-ce qui poussent ces mineurs, parfois encore des enfants, à tout quitter et à s’engager sur ces chemins périlleux ? Sont-ils de plus en plus nombreux ? Mehdi Alioua, sociologue et professeur à l’université internationale de Rabat, répond à InfoMigrants.
    InfoMigrants : Ces dernières semaines, des dizaines de jeunes marocains ont débarqué sur la plage de Benzu, à Ceuta. Peut-on dire que les arrivées sont en augmentation par rapport à ces derniers mois ?
    Mehdi Alioua : Il y a eu un léger pic d’arrivées en février, mais les tentatives de passages à cet endroit n’ont en fait jamais baissé. Dans cette région du Maroc, il y a toujours des mineurs qui s’entraînent à nager dans la mer pour un jour, partir. Au sud de Ceuta, à Nador, des enfants qui courent derrière les camions pour ensuite prendre les ferries vers l’Espagne, c’est tous les jours. Et ce, depuis 20 ans. Cette enclave a toujours été un lieu de circulation intense entre le Maroc et l’Espagne.Mais la militarisation de la frontière a rendu les choses bien plus compliquées. Les Marocains sont contraints de trouver d’autres solutions, plus dangereuses, pour passer. Les jeunes sont, en plus, très influencés aujourd’hui par les réseaux sociaux. Quand on voit un ami, un cousin, poster une photo de lui en Espagne tout sourire, on se dit que c’est possible.
    IM : Début février, Baker, 17 ans, s’est noyé en tentant d’atteindre l’enclave. Un autre adolescent, Hazim, est toujours porté disparu depuis début décembre. Ces drames réguliers entament-ils la détermination des candidats à l’exil ?
    M.A. : L’attrait de l’Espagne reste plus fort. Depuis les côtes marocaines, les jeunes voient les lumières de Ceuta la nuit. L’enclave leur paraît toute proche, accessible.La pression familiale peut être un facteur de plus. Les familles souhaitent envoyer les enfants en Espagne, rassurées par la forte communauté marocaine qui y réside. [Avec près de 800 000 ressortissants installés légalement, les Marocains représentent la première communauté étrangère d’Espagne, devant les Roumains et les Britanniques ndlr]. Certains jeunes souhaitent aussi rejoindre, parfois, un membre de la famille qui lui, est passé légalement à Ceuta.Mais parmi ces mineurs, il y a aussi beaucoup d’enfants en errance. Ces jeunes qui arrivent à Ceuta ou qui embarquent dans des bateaux dans le nord du Maroc ne sont pas forcément de la région. Ils viennent de tout le pays pour tenter la traversée.
    IM : Ces enfants sont-ils accompagnés d’un membre de la famille ou d’une connaissance ?
    M.A. : Ils sont complètement seuls, et se constituent en petits groupes lors de la traversée ou de l’arrivée en Europe. Au Maroc, on les appelle « Ouled El Haram », « les enfants du pêché ». Ils sont nés hors mariage, et sont donc considérés comme illégitimes. Les mères de ses enfants, de honte, les confient à une tante ou un oncle quand ils sont encore bébés. Et puis les années passant, ces enfants sont de plus en plus livrés à eux-mêmes, et finissent à la rue. C’est là qu’ils entendent parler d’une traversée pour l’Europe, où ils pourront gagner de l’argent. Et cela devient leur seul objectif.

    #Covid-19#migrant#migration#maroc#espagne#ceuta#nador#mineur#enfant#traversee#mediterranee#sante#mortalite#exil

  • « Ils sont à la rue » : 116 jeunes migrants en recours expulsés d’un gymnase à Toulouse - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/55547/ils-sont-a-la-rue--116-jeunes-migrants-en-recours-expulses-dun-gymnase

    « Ils sont à la rue » : 116 jeunes migrants en recours expulsés d’un gymnase à Toulouse
    Par Maïa Courtois Publié le : 01/03/2024
    À l’aube, ce vendredi, 116 jeunes migrants ont été expulsés du gymnase Saint-Sernin de Toulouse où ils avaient trouvé refuge. Auparavant, ces derniers avaient déjà été évacués par la préfecture d’un bâtiment universitaire. Considérés ni mineurs ni majeurs par l’administration, la plupart sont en recours pour faire reconnaître leur minorité. Les bénévoles peinent depuis de longs mois à obtenir leur mise à l’abri. L’expulsion du gymnase Saint-Sernin à Toulouse a débuté un peu avant 6 heures du matin, ce vendredi 1er mars. Pas moins de 116 jeunes exilés y étaient abrités et accompagnés par des associations et citoyens solidaires. « La police a été aperçue vers 5h30 dans le quartier, donc on a été prévenus. Les jeunes se sont réveillés dans le calme, ils ont rassemblé leurs affaires », raconte Fred, membre du collectif toulousain AutonoMIE.Une trentaine de CRS accompagnés de la police aux frontières (PAF) ont mené l’opération. Les forces de l’ordre « ont défoncé la porte arrière du gymnase avec un bélier. Sachant que la porte de devant était ouverte... Ils n’avaient pas besoin de faire ça », soupire Fred.
    La préfecture de Haute Garonne évoque, elle une « opération, qui a duré 45 minutes et qui s’est déroulée dans le calme et sans heurt » dans son communiqué paru ce vendredi. Objectif : « empêcher que ce bâtiment public, qui n’est pas destiné à de l’hébergement, ne devienne un squat pérenne dans des conditions de sécurité et de salubrité indignes. Il va pouvoir retrouver sa fonction première », justifie la préfecture.Cet après-midi, les bénévoles ont réussi à négocier un accès au gymnase pour récupérer les affaires restantes : duvets, papiers d’identité, vêtements... Depuis une semaine, la centaine de jeunes exilés avait trouvé refuge dans ce gymnase appartenant à la mairie.
    La collectivité avait saisi un juge des référés dès samedi dernier, à leur arrivée, en vue d’une expulsion. Le tribunal administratif lui a donné raison, en ordonnant, mercredi, une évacuation « sans délai ». Le juge des référés a considéré que « l’occupation en cause faisait obstacle (...) à l’utilisation normale » de l’infrastructure sportive.
    Les jeunes ont donc été sortis, ce vendredi, « par petits groupes, autour de la place, pour éviter qu’ils ne se rassemblent », raconte Fred. « Ils sont à la rue, pour l’instant. Et on ne se fait pas d’illusion : si on appelle le 115 pour cent personnes, on ne leur trouvera jamais de place ». Pour l’heure, aucune opération de mise à l’abri n’a été déployée. La préfecture affirme dans son communiqué que « l’ensemble des occupants du squat de l’université avaient fait l’objet in situ d’une évaluation individuelle des services de l’État et du conseil départemental » et que les personnes mineures se seraient déjà vues proposer un hébergement.Elle justifie donc, en ce qui concerne le gymnase : « Dans la mesure où ce sont les mêmes personnes (...) Elles ne peuvent prétendre à aucune une prise en charge immédiate ».
    Ce « squat de l’université » que mentionne la préfecture correspond en fait à la précédente occupation, juste avant celle du gymnase.
    Pendant plus d’un an, un bâtiment de l’université Paul-Sabatier avait été occupé par ces jeunes exilés. 267 occupants en avaient été expulsés le 23 février. Une partie s’était donc installée, dès le lendemain, dans le gymnase.Pour mieux comprendre la situation, il faut rappeler que l’immense majorité des jeunes - ceux de l’université, comme ceux du gymnase -, sont en recours pour faire reconnaître leur minorité. Ils sont en attente d’une décision du juge des enfants, après un premier refus de la DDAEOMI, le dispositif d’évaluation départemental, délégué à l’ANRAS (Association nationale de recherche et d’action sociale).Une telle procédure de recours implique plusieurs mois d’attente. Or, durant ce laps de temps, les jeunes restent « très souvent en errance, sans hébergement ni prise en charge éducative, dans l’attente du prononcé de la décision du juge des enfants », expose la Défenseure des Droits dans un rapport sur les MNA paru en février 2022.
    Il n’existe pas, en effet, d’obligation pour le département de garder ces jeunes à l’abri le temps du recours. D’où l’argumentaire de la préfecture. À noter : entre l’expulsion de l’université et celle du gymnase, « au moins un jeune a été reconnu mineur par le juge des enfants », et donc envoyé vers un hébergement dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance, souligne Fred.
    Lors de l’expulsion de l’université le 23 février, six jeunes avaient été, à l’inverse, envoyés « au Centre de rétention administrative en vue de leur reconduite dans leur pays d’origine », rapporte le communiqué de la préfecture de ce vendredi. Ce que les autorités oublient de préciser, c’est qu’entre-temps, ces jeunes envoyés en CRA « ont tous été libérés en raison d’une faute de procédure lors des contrôles de police », retrace encore Fred.Ce vendredi, plusieurs jeunes du gymnase ont été, eux, emmenés dans les locaux de la Police aux frontières pour approfondir les contrôles. « Au moins l’un d’eux a, depuis, été libéré », précise Fred.
    Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc (DVD) a salué « l’efficacité » de l’action des forces de l’ordre de ce vendredi, tout en reconnaissant que « le problème de fond reste entier », sur son compte X (ex-Twitter). La faute, selon lui, aux bénévoles : « Nous subissons en continu des squats organisés par certains réseaux très militants, sous couvert associatif, qui se servent de la misère de leurs occupants pour les manipuler à des fins politiques, à travers des occupations successives d’immeubles privés ou de bâtiments publics ».En réalité, l’entre-deux administratif dans lequel se trouve ces jeunes, considérés ni mineurs ni majeurs, créé un cycle ininterrompu d’expulsions. « En permanence, c’est la même problématique », s’exaspère Fred.
    Avant l’occupation de l’université, 141 jeunes sans solution d’hébergement avaient survécu plusieurs semaines dans un campement aux abords du palais de justice de Toulouse. Jusqu’à leur évacuation en septembre 2022.
    Un « dispositif d’évaluation et d’intervention » avait été déployé par la préfecture pour réorienter ces jeunes. 137 mineurs en recours auprès du juge des enfants - une situation similaire à celle d’aujourd’hui, donc -, avaient été orientés vers des centres d’hébergement.Preuve que les collectivités peuvent agir pour de la mise à l’abri. D’autant qu’il existe un historique important, à Toulouse : pendant deux ans, une centaine de jeunes avait trouvé refuge dans les bâtiments de l’Ehpad des Tourelles. Un accord-cadre, signé en février 2020 avec la mairie qui finançait le lieu, avait permis leur hébergement. Mais à cause de conditions d’accueil dégradées amenant des incidents, la collectivité avait fait volte-face et demandé une expulsion, mise en oeuvre par la préfecture en août 2022.Antoine Bazin, coordinateur programme et actions mobiles de Médecins du Monde, avait alors regretté auprès d’Infomigrants la perte « d’un lieu unique où il y avait des mineurs isolés au même endroit ». Le responsable craignait de « perdre le fil avec certains jeunes qu’on ne va pas forcément retrouver », suite à cette évacuation propice à « briser des parcours de soin déjà précaires ». (..).

    #Covid-19#migrant#migration#france#mineur#sante#DDAEOMI#PAF#MNA#accueil

  • Émigration clandestine : Les candidats reprennent la route
    https://www.dakaractu.com/Emigration-clandestine-Les-candidats-reprennent-la-route_a245037.html

    Émigration clandestine : Les candidats reprennent la route
    Émigration clandestine : Les candidats reprennent la route
    Après une courte période de répit, les embarcations clandestines ont repris les routes de l’océan Atlantique.
    Le journal Source A, informe l’interception d’une pirogue, par le patrouilleur de la Marine nationale le Walo à 30 km au sud de Dakar, transportant 154 candidats à l’émigration irrégulière dont cinq femmes et un mineur, le lundi 26 février.
    Dans la même journée, sur la petite côte, à Mbour, la section de recherches n’a pas chômée. En effet, les hommes en bleu ont saisi une pirogue, un moteur hors bord de 60 CV et 5 bidons de 60 litres de carburant.

    #Covid-19#migrant#migration#senegal#mbour#migrationirreguliere#mineur#femme#traversee#routemigratoire#atlantique#sante#pirogue#marine

  • Immigration en Europe : la France à la manœuvre pour autoriser la rétention des enfants dès le plus jeune âge
    https://disclose.ngo/fr/article/immigration-en-europe-la-france-a-la-manoeuvre-pour-autoriser-la-retention

    La France a œuvré dans le plus grand secret, pour obtenir l’autorisation d’enfermer des mineurs, sans limite d’âge, dans des centres construits aux frontières de l’Europe. Cette disposition inscrite dans le Pacte sur la migration et l’asile, qui sera voté au printemps par le Parlement européen, pourrait violer la Convention internationale des droits de l’enfant. Lire l’article

  • En Inde, la police enquête sur un trafic de migrants révélé par la saisie d’un avion en France
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/29/en-inde-la-police-enquete-sur-un-trafic-de-migrants-revele-par-la-saisie-d-u

    En Inde, la police enquête sur un trafic de migrants révélé par la saisie d’un avion en France
    Le Monde avec AFP
    La police indienne a déclaré, vendredi 29 décembre, s’efforcer de retrouver les chefs d’un réseau de passeurs, découvert lors de la récente immobilisation par les autorités françaises d’un avion convoyant 303 passagers indiens à destination du Nicaragua. Venant des Emirats arabes unis, l’Airbus A340 avait été immobilisé par la police française la semaine dernière à l’aéroport de Vatry, à l’est de Paris, lors d’une escale pour faire le plein de carburant, après un signalement anonyme indiquant qu’il transportait des victimes potentielles de traite d’êtres humains.
    L’avion a redécollé lundi de France vers Bombay après la levée de la saisie, avec à bord 276 de ses passagers. Ces derniers avaient payé entre « 4 et 12 millions de roupies » (entre 43 000 et 130 000 euros) à des passeurs pour les aider à atteindre la frontière sud des Etats-Unis depuis l’Amérique du Sud, a déclaré Sanjay Kharat, commissaire de police de l’Etat du Gujarat. « Nous voulons savoir comment ces personnes sont entrées en contact avec les passeurs », et « quel était leur plan après avoir atteint le Nicaragua », a-t-il ajouté. Sur les 276 passagers renvoyés en Inde, 66 étaient originaires du Gujarat. « Nous avons identifié des personnes susceptibles de nous fournir des informations sur ce trafic illégal et sommes en train de les interroger », a-t-il expliqué.
    La plupart des autres passagers sont originaires de l’Etat du Pendjab, dans le nord de l’Inde, où la police mène une enquête. Un responsable de la police locale a précisé sous couvert d’anonymat que les enquêteurs tentaient de déterminer l’ampleur du réseau et l’implication éventuelle d’agents officiels. Le vol était assuré par la compagnie charter roumaine Legend Airlines, et durant l’affaire, qui a alimenté un feuilleton médiatique, les passagers ont été maintenus dans la zone d’attente du petit aéroport de Vatry. Parmi les personnes restées en France, deux personnes interrogées par la police pour des soupçons de trafic d’êtres humains ont été libérées une fois établi que les passagers avaient embarqué dans l’avion de leur plein gré, selon une source judiciaire française. Vingt-cinq autres passagers, dont cinq mineurs, ont demandé l’asile en France, où les autorités continuent d’enquêter sur l’affaire pour violation potentielle des lois sur l’immigration, selon des sources judiciaires. Près de 100 000 migrants indiens ont tenté d’entrer illégalement aux États-Unis en 2023, selon le service des douanes et de la protection des frontières.

    #Covid-19#migrant#migration#france#inde#nicaragua#emiratsarabesunis#rafic#traite#mineur#asile#sante#droit

  • Trieste capolinea: diventare adulti lungo la rotta balcanica
    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Italia/Trieste-capolinea-diventare-adulti-lungo-la-rotta-balcanica-229074

    Trieste, città di frontiera, è l’ultima fermata della rotta balcanica. Nel 2023 i dati hanno registrato un incremento degli arrivi dei minori non accompagnati. Cosa vuol dire crescere lungo la rotta balcanica? Cosa succede una volta arrivati a Trieste? Un’analisi

  • When the Coast Guard Intercepts Unaccompanied Kids

    A Haitian boy arrived on Florida’s maritime border. His next five days detained at sea illuminate the crisis facing children traveling to the U.S. alone and the crews forced to send them back.

    Tcherry’s mother could see that her 10-year-old son was not being taken care of. When he appeared on their video calls, his clothes were dirty. She asked who in the house was washing his shirts, the white Nike T-shirt and the yellow one with a handprint that he wore in rotation. He said nobody was, but he had tried his best to wash them by hand in the tub. His hair, which was buzzed short when he lived with his grandmother in Haiti, had now grown long and matted. He had already been thin, but by January, after three months in the smuggler’s house, he was beginning to look gaunt. Tcherry told his mother that there was not enough food. He said he felt “empty inside.”

    More strangers, most of them Haitian like Tcherry, continued to arrive at the house in the Bahamas on their way to the United States. One day police officers came with guns, and Tcherry hid in a corner; they left when a man gave them money. The next time he and his mother talked, Tcherry lowered his bright, wide-set eyes and spoke to her in a quieter voice. “It was like he was hiding,” his mother, Stephania LaFortune, says. “He was scared.” Tcherry told her he didn’t want to spend another night on the thin mattress in the front room with scuffed pink walls. She assured him it would be over soon. A boat would take him to Florida, and then he would join her in Canada, where she was applying for asylum. LaFortune texted Tcherry photos of the city where she lived. The leaves had turned brown and fallen from the trees. Still, she was there, and that’s where Tcherry wanted to be. He waited another week, then two, then three.

    Tcherry didn’t laugh or play for months on end, until one day in February, when two sisters, both Haitian citizens, were delivered to the house. One was a 4-year-old named Beana. She wore a pink shirt and cried a lot. The other, Claire, was 8. She had a round face and a burn on her hand; she said that at the last house they’d stayed in, a girl threw hot oil on her. Claire did everything for her sister, helping her eat, bathe and use the bathroom. Like Tcherry, the girls were traveling to join their mother, who was working at a Michigan auto plant on a temporary legal status that did not allow her to bring her children from abroad. Their clothes were as dirty as his. Sometimes Tcherry and Claire watched videos on his phone. They talked about their mothers. “I am thinking about you,” Tcherry said in a message to his mother in early February. “It has been a long time.”

    Finally, nearly four months after Tcherry arrived at the house, one of the men in charge of the smuggling operation woke him and the two girls early in the morning. “He told us to get ready,” Tcherry recalls. With nothing but the clothes they wore, no breakfast or ID, they were loaded into a van and were dropped off at a trash-lined canal just outside Freeport, Bahamas. In the muck and garbage, more than 50 people stood waiting as a boat motored toward them. “Not a good boat,” Tcherry told me, “a raggedy boat.” But nobody complained. The 40-foot vessel tilted from the weight as people climbed aboard and pushed into the two dank cabins, sitting shoulder to shoulder or standing because there was no more space. Tcherry felt the boat speeding up, taking them out to sea.

    For almost 12 hours they traveled west, packed together in cabins that now smelled of vomit and urine. In the lower cabin, a baby was crying incessantly. A heavily pregnant woman offered up the last of her package of cookies to the child’s mother to help soothe the infant. Tcherry was thirsty and exhausted. Not far from him, he heard a woman say that the children’s parents must be wicked for sending them alone into the sea.

    The passengers had been promised they would reach U.S. shores hours earlier. People were starting to panic, sure that they were lost, when passengers sitting near the windows saw lights, at first flickering and then bright — the lights of cars and buildings. “That is Florida,” a young man said as the boat sped toward shore. Tcherry pulled on his sneakers. “If I make it,” he thought, “I will spend Christmas with my family.”

    But as quickly as the lights of Florida came into view, police lights burst upon them. A siren wailed. People screamed, a helicopter circled overhead and an officer on a sheriff’s boat pointed a long gun toward them. Uniformed men climbed on board, yelled orders and handed out life jackets. The group of 54 people was transferred to a small Coast Guard cutter. As the sun rose over Florida just beyond them, a man with a tattoo on his arm of a hand making the sign of the benediction began recording a video on his phone. “As you can see, we are in Miami,” he said. “As you can see, we are on a boat with a bunch of small children.” He intended to send the video to relatives waiting for him on land, and he urged them to contact lawyers. But his phone was confiscated, and the video was never sent.

    The Coast Guard frames its operations in the sea as lifesaving work: Crews rescue people from boats at risk of capsizing and pull them from the water. But the agency, which is an arm of the Department of Homeland Security, also operates as a maritime border patrol, its ships as floating holding facilities. Since the summer of 2021, the Coast Guard has detained more than 27,000 people, a number larger than in any similar period in nearly three decades. On a single day in January, the agency’s fleet of ships off the Florida coast collectively held more than 1,000 people. The public has no way of knowing what happens on board. Unlike at the U.S.-Mexico border, which is closely monitored by advocates, the courts and the press, immigration enforcement at sea takes place out of public view.

    The Coast Guard routinely denies journalists’ requests to witness immigration patrols, but in early March, I learned that several days earlier, a boat carrying dozens of Haitians had been stopped so close to land that they were first chased down by the Palm Beach County sheriff’s marine unit. Among them were three unaccompanied children: two young sisters and a 10-year-old boy. In the months afterward, I obtained a trove of internal Coast Guard documents, including emails and a database of the agency’s immigration interdictions, and I tracked down Tcherry, Claire and Beana and 18 people traveling with them. Many of them told me about the five days they spent detained on Coast Guard ships — an experience, one man said, “that will remain a scar in each person’s mind.”

    People intercepted at sea, even in U.S. waters, have fewer rights than those who come by land. “Asylum does not apply at sea,” a Coast Guard spokesperson told me. Even people who are fleeing violence, rape and death, who on land would be likely to pass an initial asylum screening, are routinely sent back to the countries they’ve fled. To try to get through, people held on Coast Guard ships have occasionally taken to harming themselves — swallowing sharp objects, stabbing themselves with smuggled knives — in the hope that they’ll be rushed to emergency rooms on land where they can try to claim asylum.

    The restrictions, combined with the nearly 30-year spike in maritime migration, created a crisis for the Coast Guard too, leading to what one senior Coast Guard official described in an internal email in February as “war-fighting levels of stress and fatigue.” Coast Guard crew members described to me their distress at having to reject desperate person after desperate person, but the worst part of the job, several said, was turning away the children who were traveling alone. From July 2021 to September 2023, the number of children without parents or guardians held by the Coast Guard spiked, a nearly tenfold increase over the prior two years. Most of them were Haitian. “The hardest ones for me are the unaccompanied minors,” one crew member told me. “They’re put on this boat to try to come to America, and they have no one.”

    The treatment of children is perhaps the starkest difference between immigration policy on land and at sea. At land borders, unaccompanied minors from countries other than Mexico and Canada cannot simply be turned back. They are assigned government caseworkers and are often placed in shelters, then with family members, on track to gain legal status. That system has its own serious failings, but the principle is that children must be protected. Not so at sea. U.S. courts have not determined what protections should extend to minors held on U.S. ships, even those detained well within U.S. waters. The Coast Guard says that its crew members screen children to identify “human-trafficking indicators and protection concerns including fear of return.” A spokesperson told me that “migrants who indicate a fear of return receive further screening” by Homeland Security officials.

    But of the almost 500 unaccompanied children held on the agency’s cutters in the Caribbean and the Straits of Florida between July 2021 and early September 2023, five were allowed into the U.S. because federal agencies believed they would face persecution at home, even amid escalating violence in Haiti, including the documented murder and rape of children. One other child was medically evacuated to a hospital in Florida, and six were brought to land for reasons that the internal Coast Guard records do not explain. The rest were delivered back to the countries they left, and it’s often unclear where they go once they return. Some have nowhere to stay and no one to take care of them. On occasion, they are so young that they don’t know the names of their parents or the country where they were born. One official from an agency involved in processing people delivered by the U.S. Coast Guard to Haiti told me “it is an open secret” that the process can be dangerously inconsistent. “Children leave the port,” the official said, “and what happens to them after they leave, no one knows.”

    Stephania LaFortune had not wanted to send her 10-year-old son on a boat by himself. She knew firsthand how perilous the journey could be. In May 2021, before the boat she had boarded made it to a Florida beach, some of the passengers jumped into the water to wade through the heavy waves. “They almost drowned,” she told me when I met her in Toronto. LaFortune waited on the beached vessel until U.S. Border Patrol officials came to detain her. In detention, she claimed asylum and was soon released. For months, she searched for other ways to bring Tcherry to her, but LaFortune ultimately determined she had no alternative.

    The first time LaFortune left Tcherry, he was 3 years old. Her husband, a police cadet, had been shot in his uniform and left to die in a ditch outside Port-au-Prince, and LaFortune, fearing for her life, departed for the Bahamas. Tcherry stayed behind with his grandmother. Four years later, as violence began to flare again, Tcherry’s mother finally made good on her promise to send for him. She arranged for him to fly to the Bahamas, where she had remarried and had a baby girl. But Tcherry was in the Bahamas not even a year when LaFortune told him that she would be leaving again — not because she wanted to, she assured her sobbing son, but because she had seen how Haitians were harassed and deported, and she simply didn’t believe there was real opportunity there. Tcherry’s stepfather and his younger half sister, who were Bahamian citizens, joined LaFortune months later. She arranged for Tcherry to live with relatives, promising to send for him as soon as she could.

    LaFortune’s asylum case in Florida dragged on, so she and her husband and daughter traveled over land to Canada, where they hoped they could get legal status more quickly. While they waited for a decision in their asylum case, the relative Tcherry was staying with said he could no longer take care of a growing boy by himself. After begging others to take her son, LaFortune found a woman she knew back in Haiti who said she was planning to make the trip to Florida herself with her own children. For $3,000, the woman said, she could take Tcherry with them. LaFortune sent the money. The woman took Tcherry to the smuggler’s house and did not return for him.

    That house, and the one where Tcherry was moved next, were filled with Haitians fleeing the crisis that began in July 2021, when President Jovenel Moïse was assassinated by a team of mostly Colombian mercenaries hired through a Miami-area security company. The U.S. Justice Department has accused nearly a dozen people, some based in the United States, of setting the assassination in motion. As the Haitian state crumbled, proliferating gangs, many with ties to the country’s political elite, burst from the neighborhoods they’d long controlled and began terrorizing Port-au-Prince and swaths of the rest of the country. Kidnapping, extortion, the rape of women and children, and the torching of homes and neighborhoods became routine weapons of fear. Thousands have been murdered, and in June the United Nations estimated that nearly 200,000 have been internally displaced. Haitians able to gather the resources have left however they can. Many have traveled over land to the Dominican Republic or by air to South and Central America. And thousands have boarded boats bound for the beaches of Florida.

    The people on the vessel with Tcherry had reasons, each as urgent as the next, for being there. There was a 31-year-old street vendor whose Port-au-Prince neighborhood had been taken over by gangs; she said that when she tried to flee north by bus, men with guns forced her and other women off the bus and raped them. A man from a district in the north said he’d been beaten more than once by thugs sent by a political boss he’d opposed; both times they threatened to kill him. A man who worked as a Vodou priest in Port-au-Prince said he left because he needed money for his sick daughter, and gangs were confiscating his wages. The pregnant woman who helped comfort the crying baby said she had been kidnapped and raped; she was released only after her family sold land and collected donations to pay for her ransom. Two women were traveling with their daughters, but Tcherry, Claire and Beana were the only young children traveling alone.

    Tcherry sat on the deck of a Coast Guard cutter called the Manowar along with the rest of the group, exhausted, scared and confused. Nobody had explained to him what would happen next. Crew members in blue uniforms finally gave them food, small plates of rice and beans, and began to search their belongings and run their photos and fingerprints through federal immigration and criminal databases. Tcherry and the sisters followed the orders of a crew member with blond hair, cut like the soldiers in movies Tcherry had seen, to sit in the shaded spot under the stairs to the bridge.

    On the stern of the cutter, a man in his early 30s named Peterson sat watching the children. He had crossed paths with them weeks earlier in one of the houses; seeing they were hungry, he had brought them extra slices of bread and even cut Tcherry’s hair. Claire reminded him of his own young daughter in Haiti. Peterson had not wanted to leave his child, but gangs had recently taken control of roadways not far from his home in the coastal city of Saint-Marc. He had not earned a decent wage for many months, not since he lost his job as a driver at a missionary organization. He had decided to leave for the United States so he could send money back to Haiti for his daughter, who remained behind with her mother.

    Now it occurred to Peterson that his connection to Tcherry and the girls could work to his advantage. Surely the Coast Guard wouldn’t return children to Haiti, he thought. Surely they wouldn’t separate a family. “I thought that there might be an opportunity for me to get to the U.S.,” he told me. He approached Tcherry, Claire and Beana and told them they should tell the crew he was their uncle.

    Peterson’s small kindness in the smuggler’s house had given Tcherry reason to trust him. When it came time for the blond-haired crew member, Petty Officer Timothy James, to interview the children, Peterson stood close behind. With the help of another Haitian man who spoke some English, Peterson told James that he was their uncle. James asked the children if it was true. Tcherry and Claire, both timid, their eyes lowered, said it was. Beana was too young to understand. James handed her a brown teddy bear, which the crew of the Manowar keeps on board because of the growing number of children they detain, and sent the children back to the stern.

    But no more than a couple of hours later, Peterson changed his mind. He’d noticed that the pregnant woman had been evaluated by Florida EMTs, and he moved over to offer her a deal: If she would tell the crew he was her husband and let him join her if they brought her to land, his brother in Florida, who already paid $6,000 for his place on this boat, would make sure she was compensated. “I helped her understand that that is something she could profit from,” he says. The woman agreed, and Peterson, who now needed to tell the truth about the children, divulged to a crew member that he was not their uncle. “I was just trying to help if I could,” he said.

    James crouched down beside the children again and told them not to lie. “Why did you leave your home to go to the United States,” he read off a questionnaire. “To go to my parents,” Tcherry replied. To Tcherry, the questions seemed like a good sign. He was unsure whether he could trust these crew members after the officer on the sheriff boat pointed a long gun at them the night before. “I thought they were going to shoot me,” Tcherry says. But James calmly directed the children to sit in the one shaded place on the boat, and gave them cookies and slices of apple. “He was nice,” Tcherry says — the nicest anyone had been since Peterson brought them bread in the house.

    James kept reading the form. “What will happen when you get there?” he asked. Tcherry looked up. He latched onto the words “when you get there” and took them as a promise. He asked James when they would be on land. James said the same thing he told everyone on the boat: that the decision was not up to him, that he was just doing his job. Tcherry was convinced James would send him and Claire and Beana to their mothers. He thought of the story his mother had told him about his father’s murder, his body in a ditch by the road, and of his last memory of Haiti, when he passed through a gang checkpoint on the way to the airport. “I saw bandits approaching toward us, and he had a gun pulled,” Tcherry told me. “My heart started beating fast, and I thought he was going to shoot.” He was overwhelmed with relief that he would never have to go back there.

    A boat came to bring someone to land. But it was not there to pick up Tcherry or the other children. A Coast Guard medical officer had reviewed the pregnant woman’s vitals and made a decision that because she “may go into labor at any moment,” she would be brought to a hospital in Palm Beach County accompanied by U.S. Customs and Border Protection. Before she was taken away, Peterson said the woman told him she would not claim to be married to him after all. She didn’t want a stranger on her baby’s birth certificate. She offered to say she was his cousin. “I knew that being the cousin would not be enough,” Peterson recalls, “and I have to say that I lost hope.”

    The pregnant woman disappeared on a small boat toward land. Those left on the stern began to talk among themselves, asking why the baby, who had barely stopped crying, and the other children had been left aboard the cutter. They said they could not keep going like this, eating only small portions of scarcely cooked and saltless rice and beans, unable to bathe and forced to urinate and defecate in a toilet seat attached to a metal box with a tube off the side of the open deck. They decided they would rise in unison and protest, and they passed the word from one to the next. At around 9 p.m., dozens of people began to yell toward the bridge demanding interpreters, lawyers or just to know what would become of them. From the bow where he stood, James heard faint yelling, and then the voice of the officer in charge over the loudspeaker. “They’re starting an uprising on the fantail,” he said. “I need you back there.”

    Timothy James came from a conservative family in a conservative little town in the mountains of North Carolina. He and his wife held handguns aloft in their wedding photos, and his first job after dropping out of college was as a sheriff’s deputy at the jail. James joined the Coast Guard in 2015. “My main goal,” he told me, “was to chase down drug runners and catch migrants” — two groups that were more or less the same, as far as he understood.

    He’d been on the job no more than a few weeks before his expectations were upended. “I had no idea what I was talking about,” he told me. There was much less “running and gunning, catching bad guys” than he’d anticipated. Instead, the people he detained would tell him their stories, sometimes with the help of Google Translate on his phone, about violence and deprivation like he had never contemplated. People described what it was like to live on $12 a month. There were children and grandmothers who could have been his own, and young men not so unlike him. They were not trying to infiltrate the country as he’d thought. They were running because “they didn’t have another option,” he says.

    James and his colleagues learned the lengths people would go to try to get to land. Since last fall, people detained on cutters have pulled jagged metal cotter pins, bolts and screws from the rigging and swallowed them, apparently trying to cause such severe injury that they’d be taken to a hospital. Last August, near the Florida Keys, three Cuban men were reported to the Coast Guard by a passing towboat operator; most likely fearing they would be brought back to Cuba, they stabbed and slashed their legs with blades and were found in puddles of blood. In January, a man plunged a five-inch buck-style knife that he’d carried onto a cutter into the side of his torso and slashed it down his rib cage. The crew taped the knife to the wound to stop him from bleeding out as he fell unconscious. Most of these people were delivered to Customs and Border Protection and rushed to hospitals on land, where they probably intended to claim asylum. By the time James began working as operations officer on the Manowar last summer, he and other crew members started every leg at sea by scouring the decks for anything that people might use to harm themselves. (According to a DHS spokesperson, “medical evacuations do not mean that migrants have a greater chance of remaining in the United States.”)

    People detained on cutters have in rare cases threatened to harm Coast Guard members or others they’re traveling with. In January, a group the Coast Guard detained pushed crew members and locked arms to stop their removal to another cutter, according to an internal record. That same month, a group of Haitians held children over the side of a boat, “threatening to throw them overboard and set them on fire” if the Coast Guard came closer. Weeks later, a group of Cubans brandished poles with nails hammered into them and tried to attack an approaching Coast Guard boat. Conflicts between crew and those they detain have escalated to the point that Coast Guard members have shot people with pepper balls and subdued others with stun maneuvers.

    James tensed as he heard the order over the loudspeaker. He thought of the crowd-control techniques he’d learned to immobilize someone, and stepped down the side walkway toward the stern. In front of him were dozens of angry men and a few women, yelling in Haitian Creole. James hesitated and then walked forcefully up to the group, his hands pulled into his sides as if he were ready to throw a punch. Instead, he took a knee. He gestured to the men around him to come join him. He spoke into a cellphone in English, and on the screen he showed them the Google Translate app: “You’ve got to tell everybody to calm down,” it read in Creole. “I can’t help you if I don’t know what’s going on.”

    Before they could respond, five other crew members came down the stairs, plastic zip ties and batons hanging from their belts. Tcherry was sitting under the stairs, beside Claire and Beana, who had not let go of the teddy bear. “Shut up, shut up,” one of the crew told the protesters as he stepped in front of Tcherry. “One of them said he was going to pepper-spray their eyes and handcuff them,” Tcherry says. James told his colleagues to wait. The yelling in English and Creole grew louder. A man to Tcherry’s left began to scream and roll on the ground, and then he rolled partway under the handrail. A crew member grabbed the man by the back of the pants and hauled him up. James secured his wrist to a post on the deck. “Nobody’s dying on my boat today,” James said.

    Above Tcherry, another crew member stepped onto the landing at the top of the stairs. He held a shotgun and cocked it. James claims that the gun was not loaded, but the threat of violence had its intended effect. The protesters stepped back and went quiet.

    James kept speaking into the phone. “What do you want?” he asked the men.

    “If we go back, we’re dead,” one man replied. They said they could not endure being on the boat much longer.

    “If it were up to me, we’d be taking you to land,” James said. “But it is not up to us.” There was a process to seek protection, he told them. “But what you’re doing now is not that process.”

    Coast Guard crews do not decide who will be offered protection and who will be sent back. Their responsibility is only to document what the agency calls “manifestation of fear” (MOF) claims. The Coast Guard instructs them to make note of such claims only when people proactively assert them or when they observe people exhibiting signs of fear, such as shaking or crying. They are not supposed to ask. That may help explain why the agency has logged only 1,900 claims from more than 27,000 people detained in this region between July 2021 and September 2023. Fewer than 300 of those came from Haitians, even though they make up about a third of people held on cutters. Officials in the Coast Guard and in U.S. Citizenship and Immigration Services told me that Haitians face a systemic disadvantage in making a successful claim for protection: Almost no one working on Coast Guard boats can speak or understand Creole. (The Coast Guard told me it has access to contracted Creole interpreters aboard cutters.)

    Regardless of the person’s nationality, the process is nearly always a dead end. Each person who makes a claim for protection is supposed to be referred to a U.S. Citizenship and Immigration Services officer, who conducts a “credible fear” screening by phone or in person on a cutter. Between July 2021 and early September 2023, USCIS approved about 60 of the approximately 1,900 claims — around 3%. By contrast, about 60% of asylum applicants on land passed a credible-fear screening over roughly the same period. Unlike on land, people who are denied on ships have no access to courts or lawyers to appeal the decision. And the few who are approved are not sent to the United States at all. Should they choose to proceed with their claims, they are delivered to an immigration holding facility at the U.S. naval base at Guantánamo Bay, where they are evaluated again. They’re told they should be prepared to wait for two years or more, until another country agrees to take them as refugees. Only 36 of the people with approved claims agreed to be sent to Guantánamo. The State Department says there are currently no unaccompanied minors held at the Migrant Operations Center at Guantánamo, but a recent federal contract document says that the facility is prepared to accept them.

    The Manowar crew had been tasked by the local Coast Guard office with logging any requests for protection. But the night after the protest had been too chaotic and exhausting for them to do so. In the morning, a larger cutter with more supplies arrived. The people detained on the Manowar would be transferred to that boat. Before they departed, James told them that anyone who intended to seek protection should seek help from the crew on the next boat. “Tell them, ‘I’m in fear for my life,’ just like you told me,” he said. “You tell whoever is processing you that specific thing.”

    But subsequent crews logged no such claims, according to records I obtained. One man told me that, in response to his plea for protection, an officer on the next boat wrote a note on a piece of paper, but nobody ever followed up. Another said that an officer told him their claims would be heard later. But there were no more interviews. “We had no opportunity,” a woman in the group says. When I asked the Coast Guard about this, a spokesperson told me the agency meticulously documents all claims. “Since we do not have a record of any of those migrants communicating that they feared for their lives if returned to Haiti, I cannot say that they made MOF claims while aboard,” he said.

    Tcherry fell asleep on the larger cutter and woke at around dawn to commotion. He saw an EMT pressing on the chest of a middle-aged woman who lay several yards away from him. She had been moaning in pain the night before. The crew member keeping watch had found her dead, her nose and mouth covered in blood. Another Haitian woman began to sing a hymn as the EMT performing CPR cried. A small boat took the woman’s body away and then returned for another man who had been complaining of pain and could not urinate. “I thought they would take us to land after the woman had died,” Tcherry says. “I thought they would let us go.” But that afternoon, he was transferred to yet another cutter that pulled away from Florida and into the high seas. Tcherry finally understood he was being sent back.

    The Coast Guard was first deployed as a maritime border-patrol agency to stop an earlier surge of migration from Haiti. In 1981, President Ronald Reagan made a deal with Jean-Claude Duvalier, the Haitian dictator, that allowed the Coast Guard to stop and board Haitian boats and deliver those detained directly back to Haiti. They would be processed on Coast Guard cutters, far from lawyers who could review their cases. The order, advocates argued at the time, undermined U.N. refugee protections and a U.S. refugee-and-asylum law that Congress passed just the year before. “This effort to push borders into the world’s oceans was new, and it marked a perverse paradigm shift,” Jeffrey Kahn, a legal scholar at the University of California, Davis, wrote recently.

    A decade after the Reagan agreement, as Haitians again departed en masse following a military coup, the George H.W. Bush administration further buttressed the sea wall. Bush signed an order that said federal agencies had no obligation to consider asylum claims from Haitians caught in international waters, no matter the evidence of danger or persecution. Lawyers and activists protested, calling the maritime regime a wholesale abdication of human rights doctrine. But the Bush order still stands. By the mid-1990s, its reach expanded to nearly anyone of any nationality caught in the sea, whether out in international waters or a couple of hundred feet from the beach.

    Pushing migrants and refugees away from the land borders to avoid obligations under law has now become common practice. In the United States, consecutive policies under Presidents Barack Obama, Donald Trump and Joe Biden have attempted to cast whole swaths of the land south of the border as a legal no-man’s land like the ocean. They have outsourced deterrence, detention and deportation to Mexico and Central America. Trump and Biden have sought to bar people from seeking asylum if they don’t first try to apply for protection in countries they pass through on their way to the United States. Europe, for its part, has pushed people coming by boat through the Mediterranean back to North African shores, where countries have imposed brutal regimes of deterrence.

    None of those measures have prevented the latest wave of migration from the Caribbean. In January, amid a generational spike in Haitians and Cubans held on their cutters, the Coast Guard acknowledged that crew members were reaching a breaking point. “We are in extremis,” a senior official wrote to colleagues in a widely circulated internal email in January. “I know you and your teams are pushed beyond limits.” The head of the Coast Guard for the eastern half of the United States, Vice Adm. Kevin Lunday, wrote in February to colleagues that two outside experts had told him their crews were under extreme stress similar to the levels experienced in “sustained combat operations.”

    Coast Guard members told me they had become accustomed to retrieving corpses from capsized boats, worn down by water or gnawed on by sharks. It was not uncommon to walk down a stairway or into a bunk room and come upon a crew member sobbing. Crew members waited months for mental health appointments, and the agency was talking openly about suicide prevention. “I don’t see how the current level of operations is sustainable,” Capt. Chris Cederholm, the commander of U.S. Coast Guard Sector Miami, wrote to colleagues, “without the breaking of several of our people.” Some were struggling with what one former crew member called a “moral dilemma,” because they had begun to understand that the job required them to inflict suffering on others. “We hear their stories, people who say they’d rather we shoot them right here than send them back to what they’re running from,” one Coast Guard member says. “And then we send them all back.”

    Tim James told me he tried to take his mind off the job by lifting weights and frequenting a cigar bar where service members and cops go to talk about “the suck,” but he soon realized he needed more than weights or whiskey to reckon with the mounting stress, even despair. “I go home, and I feel guilty,” he told me, “because I don’t have to worry about somebody kicking in my front door, you know, I don’t have to worry about the military roaming the streets.” He sought mental health support from a new “resiliency support team” the agency created. But James had not been able to shake the memories of the children he detained, particularly one 7-year-old Haitian girl with small braids. She’d been wearing shorts and a tank top, her feet were bare and she smiled at James whenever their eyes caught. “My mom is dead,” she told James with the help of an older child who spoke a little English. “I want to go to my auntie in Miami.”

    In the girl’s belongings the crew found a piece of paper with a phone number she said was her aunt’s. After James interviewed her, they sent her unaccompanied-minor questionnaire to the district office in Florida, and they waited for instructions on what to do with her. Out on the deck, James couldn’t help hoping she’d be taken to shore, to her aunt. But late in the morning the next day, the crew received a list from an office in Washington, D.C., of the people to be sent back. The girl was on the list. James cried on the return trip to port. One of his own daughters was about the girl’s age. “I can’t imagine sending my 7-year-old little kid across an ocean that is unforgiving,” James told me, nearly in tears. “I can’t imagine what my life would be like to have to do that.”

    That was just weeks before he encountered Tcherry, Claire and Beana. So when Peterson admitted the children were alone, the news came as a blow. “It’s a pretty hard hit when you think the kids have somebody and then it turns out that they really don’t,” James told me. He could see that Tcherry thought he would be making it to shore. “To see the hope on his face and then have to kind of turn around and destroy that is tough,” James told me. He never learns what becomes of the people he transfers off his cutter: that the pregnant woman gave birth in a hospital to a healthy boy and has an asylum case pending; that the body of Guerline Tulus, the woman who died on the cutter of what the medical examiner concluded was an embolism, remains in a Miami morgue, and that authorities have not identified any next of kin. He does not know what happened to the three children after they were sent back, but many months later, he says, he still wonders about them.

    Tcherry followed Claire and Beana up a rickety ramp in the port of Cap-Haïtien, Haiti, past a seized blue and yellow cargo ship into the Haitian Coast Guard station. The ground was littered with plastic U.S. Coast Guard bracelets that previous groups of people had pulled off and thrown to the ground. Officials from the Haitian child-protection authority and the U.N.’s International Organization for Migration watched as Tcherry and the rest of the group disembarked. “They looked scared and they said they were hungry,” a veteran official at IBESR, the Haitian child-protection agency, who was working at the port that day told me. “As a Haitian, I feel humiliated,” he says, “but we can’t really do anything about it. We’ve resigned ourselves.” To him, the people the Americans offloaded in Haiti always looked half dead. “It seems to me that when those children fall in their hands, they should know how to treat them. But that’s not the case.”

    Tcherry’s throat hurt and his legs were weak. He had never felt such tiredness. He ate as much as he could from the warm plate of food the UN provided. Slumped over on a bench, he waited for his turn to use the shower in a white and blue wash shed on the edge of a fenced lot behind the Haitian Coast Guard station. The officials brought several people to a hospital and got to work figuring out what to do with the unaccompanied children.

    The U.S. Coast Guard and State Department say that the children they send back are transferred into the hands of local authorities responsible for the care of children. “When we have custodial protection of those children, we want to make sure that the necessary steps are taken,” Lt. Cmdr. John Beal, a Coast Guard spokesperson, told me, “to ensure that when we repatriate those migrants, they don’t end up in some nefarious actor’s custody or something.” But no U.S. agency would explain the actual precautions the U.S. government takes to keep children from ending up in the wrong hands, beyond initial screenings aboard cutters. Last year, the Coast Guard stopped tracking the “reception agency” in each country, because according to the Department of Homeland Security, the U.S. government has set up rules establishing which agencies take these children and no longer needs to track them on a case-by-case basis.

    Haitian child-protection officials in Cap-Haïtien say their agency always finds relatives to take children, though sometimes after weeks or months. But the official with one of the other agencies involved in the processing of returned and deported Haitians at the Cap-Haïtien port said this claim is simply not true. The official said that children have departed the port with adults and with older children without any agency confirming they have an actual relationship or connection. “This is a serious concern in terms of trafficking,” the official told me. IBESR said those claims were unfounded. “According to the procedure, every child who leaves the port is accompanied by someone,” the IBESR official said, adding that when possible, the agency follows up with families to make sure children arrive safely. But the agency acknowledged there are limits to the support it can provide because of a lack of resources.
    Before they left the cutter, Peterson told Tcherry and the sisters that he would take care of them until they could contact their parents, who would figure out where they needed to go. Tcherry agreed. Peterson later told me he’d thought carefully about whether he wanted to get involved in the kids’ affairs once they were off the boat. He’d talked to other adults onboard, and they all agreed that someone needed to step up, that the Haitian government was surely not to be trusted. “If I didn’t do it,” Peterson says, “they would remain with the Haitian state, with all the risks that they could’ve faced, including kidnapping.”

    Peterson told the child-protection agency that he was the children’s guardian. The officials said they would need to contact the parents to confirm, so Peterson did the only thing he could think to do: He called the man who had been his conduit to the boat out of the Bahamas. The man sent him photos of the children’s IDs and put Peterson in touch with Claire and Beana’s mother, Inose Jean, in Michigan. She screamed and cried with relief upon learning her daughters were alive. Peterson explained that he’d taken care of the girls at sea and he asked her what to do with them. She said she would call back. Two hours later, she instructed Peterson to take the girls to her friend’s house in Cap-Haïtien.

    But Peterson still had no number for Tcherry’s mother. So he told the officials that Tcherry was Claire and Beana’s cousin, and that he’d gotten the image of Tcherry’s ID from Inose Jean. At dusk, Peterson walked with the three children through the metal gate of the Haitian Coast Guard station, at once incensed and relieved that he’d been allowed to take them. “The Haitian authorities didn’t talk to the children’s mothers,” Peterson says. “There was not enough evidence to actually prove I was who I was, or to prove a relationship.” They took a taxi to Jean’s friend’s house, and Claire, who recognized the woman from years earlier, rushed into her arms.

    The woman agreed to let Tcherry spend a night there. Peterson went to a cheap hotel with spotty electricity and a dirty pool. The man in the Bahamas finally sent Peterson Tcherry’s mother’s number. “I am the person who stood up to care for Tcherry on the boat,” Peterson told LaFortune. She collapsed onto the bed in her room, the only piece of furniture in the Toronto apartment she shared with her husband and her daughter. She had spent the last six days in a terrified daze, calling the people in the Bahamas she’d paid, begging for any news and fighting images in her mind of her son sinking into the sea. The next morning, after Tcherry woke, Peterson called LaFortune again. Tcherry looked weak and his voice was frail and hoarse. “When will I be with you, Mommy?” he asked.

    LaFortune did not for a moment consider trying to put Tcherry on another boat. She told him she would wait until she got asylum in Canada and send for him legally. But Haiti was even more dangerous for Tcherry than when he’d left. One man who was detained with Tcherry, whom I interviewed in Haiti two weeks after he returned there, said he feared he would be killed if he left Cap-Haïtien for his home in Port-au-Prince. After he ran through the roughly $50 the U.N. agency gave each of the returnees, which he used for a hotel, he did go back and was attacked on the street as he traveled to a hospital, he said, to get medicine for his daughter. He sent me photographs of gashes on his body. A second man sent me photos of a deep head wound that he suffered during an attack by the very armed men he had said he was running from. Another woman from the boat who told me she fled because she was raped says she is now “in hiding” in Port-au-Prince, living with relatives and her daughter, whom she does not allow to leave the house.

    Others on the boat have been luckier. In late 2022, the Department of Homeland Security started an unusually broad new legal-immigration program that now allows Haitians and Cubans, along with Venezuelans and Nicaraguans, to apply for two-year entry permits on humanitarian grounds from their countries, rather than traveling by land or sea first. The Department of Homeland Security says that since the program began, it has processed 30,000 people a month. More than 107,000 Haitians and 57,000 Cubans have been approved for entry, including a man who was detained with Tcherry. On Oct. 18, he stepped off a plane in Fort Lauderdale with a legal entry permit. He made it just under the wire, given the timing of his interdiction in February. In late April, DHS added a caveat to the new program: Anyone stopped at sea from then on would be ineligible to apply to the parole program. The Coast Guard says the new program and the accompanying restriction have caused the numbers of Cubans and Haitians departing on boats to fall back down to their pre-2021 level. “People have a safe and lawful alternative,” Beal, the Coast Guard’s spokesperson in Florida, told me, “so they don’t feel their only option is to take to the sea.”

    Tcherry rode a bus with Peterson over the mountains to Saint-Marc. In the stucco house on a quiet street where Peterson lived with his fiancée and her parents, Tcherry struggled to stop thinking about his experience at sea. “When I sleep, when I sit down, I want to cry,” Tcherry told me days after his arrival there. “They had us for five days. We couldn’t eat well, couldn’t sleep well. Couldn’t brush our teeth.” He thought of his body soaked from the sea spray, of the woman who died. Although Peterson assured him it was not true, Tcherry kept wondering if the officers had just thrown her body into the sea. “He is having nightmares about the boats,” Peterson told me a week after their arrival, “reliving the same moment again and again, and he starts crying.”

    LaFortune told Tcherry that she was arranging for him to travel to his grandmother in another part of the country. But it soon became clear to her that the roads were too dangerous, spotted with gang and vigilante checkpoints guarded often by men carrying AK-47s. Peterson told LaFortune that Tcherry could stay with him as long as she needed him to. But as the weeks turned to months, Tcherry felt that Peterson began to change. He said Peterson needed money, and he was asking Tcherry’s mother to send more and more. Peterson was frequently out of the house, working odd jobs, and often could not answer LaFortune’s calls. She grew worried. When she did talk to Tcherry, he was as quiet as he was in the smuggler’s house in the Bahamas.

    Two months passed. LaFortune’s asylum case was denied, and she and her husband appealed. Four more months passed. LaFortune’s husband heard news that gangs were closing in on Saint-Marc. LaFortune decided that they must move Tcherry, that it was time to risk the journey on the roads. In September, she sent an old family friend to collect him. They rode on a bus through a checkpoint where the driver paid a fee to a masked man. “I saw a man holding his gun,” Tcherry says. The man made a sign that they could pass.

    Tcherry arrived at a busy bus station in Port-au-Prince and looked for his grandmother. He saw her in a crowd and remembered her face, her high forehead and wide smile. “That is my grandma,” he said, again and again. His mutters turned to song. “That is my grandmother, tololo, tololo, that is my grandmother.” He sank into her arms. He held her hand as they boarded another bus and passed through another checkpoint, back to where he began.

    https://www.propublica.org/article/when-the-coast-guard-intercepts-unaccompanied-kids

    –—

    Reprise du #modèle_australien et son concept de l’#excision_territoriale :

    “People intercepted at sea, even in U.S. waters, have fewer rights than those who come by land. “Asylum does not apply at sea,” a Coast Guard spokesperson told me. Even people who are fleeing violence, rape and death, who on land would be likely to pass an initial asylum screening, are routinely sent back to the countries they’ve fled.”

    Excision territoriale :

    https://seenthis.net/messages/416996
    #Australie

    #droits #mer #terre #USA #Etats-Unis #asile #migrations #réfugiés #MNA #mineurs_non_accompagnés #enfants #enfance #Haïti #réfugiés_haïtiens

    via @freakonometrics

  • Paris Les bibliothèques sont aussi des refuges
    https://www.leparisien.fr/paris-75/a-paris-les-bibliotheques-sont-aussi-des-refuges-ici-les-sdf-retrouvent-u

    La précarité grandit dans les rues et s’invite dans les rayonnages de la cinquantaine de #médiathèques parisiennes. Celles-ci s’adaptent pour devenir des lieux de solidarité. Des cours de français sont, notamment, proposés dans certaines.

    Haroun a gardé son anorak noir sur le dos. Le vent froid qui fait frissonner la capitale est pourtant resté à la porte de la bibliothèque Václav-Havel, à deux pas de la bouillonnante Goutte d’or (XVIII e).

    L’après-midi file. D’ici 19 heures, lorsque la bibliothèque fermera ses portes, Haroun reprendra le maigre sac en plastique qui lui sert de valise. Puis ce Soudanais de 24 ans repartira à la recherche d’un abri pour la nuit. Depuis son arrivée à Paris il y a deux mois, ses jours et ses nuits se ressemblent. Haroun vient « tous les jours » dans cette médiathèque municipale installée dans la halle Pajol. « Je me sens bien ici », lâche-t-il timidement, par la voix d’un ami qui assure la traduction.

    Comme lui, de plus en plus de personnes #sans-abri ou en grande précarité trouvent refuge dans les 56 #bibliothèques de prêt de la Ville de Paris. Un des rares endroits chauffés où l’on peut « rester toute la journée sans consommer » , glisse une bibliothécaire.

    « La porte est ouverte à tous, sans qu’aucune question ne soit posée à l’entrée, abonde Pascal Ferry, directeur de Václav-Havel, qui compte une vingtaine d’agents et environ 100 000 visites par an. Ici, les SDF sont traités comme tout le monde. Ils retrouvent un statut qu’ils ont perdu dehors. »

    De nouveaux profils apparaissent. « Il y a un an et demi, nous avons dû faire face à l’arrivée des consommateurs de crack, poursuit Pascal Ferry. Aujourd’hui, nous voyons de plus en plus de #mineurs_isolés. Globalement, la précarité est plus visible. C’est un reflet de qui se passe dans la rue. » Depuis une dizaine d’années, ces structures s’adaptent. Certaines proposent des ateliers de conversation, des cours de français ou des initiations au numérique, des rendez-vous avec des assistants sociaux.

    « Réussir à faire cohabiter tous les publics »

    À Václav-Havel, les CSP + croisent des #familles_hébergées dans les #hôtels_sociaux, les jeunes migrants qui repartent avec des manuels de langue sous le bras, les ados qui sortent d’une session jeux vidéo dans la salle dédiée ou encore les « SDF habitués » qui viennent lire la presse.

    « Les bibliothèques ont beaucoup changé », confirme Boubacar Sy, 60 ans dont plus d’une trentaine comme bibliothécaire. Il y a quelques années, il est devenu « le premier médiateur » du réseau parisien. « Il y en a cinq autres désormais, précise-t-il. L’idée, c’était de répondre à certaines violences physiques ou verbales et de mieux prévenir les conflits. »

    « Il faut réussir à faire cohabiter tous ces publics et ces usages, insiste Pascal Ferry. C’est un équilibre fragile et compliqué. » Avec parfois des points de rupture. En 2015, deux ans après l’ouverture de la bibliothèque, un camp de migrants s’est installé sur le parvis. « Elle n’était quasiment plus accessible au reste du public », se souvient une membre de l’équipe. À quelques mètres, la « bulle » de la Chapelle se monte en 2016 pour faire face à toutes ces arrivées. Environ 60 000 migrants défilent sous ce chapiteau, jusqu’à ce que dispositif expérimental d’accueil prenne fin en 2018. Carine Rolland, adjointe (PS) de la maire de #Paris en charge de la culture, rappelle : « Ça a accéléré notre réflexion sur ce qu’est une bibliothèque : un lieu de culture, d’ouverture mais aussi de sociabilité. »

    Les bibliothécaires se forment sur le tas à l’accueil de visiteurs parfois en grande détresse. Comme il y a quelques jours, cette famille arrivée sous la pluie battante et pour laquelle « il a fallu trouver une solution d’hébergement en urgence ».

    De bonnes âmes aident, comme Jean-Claude, 79 ans, qui donne des cours de français bénévolement. Ce vendredi après-midi, ce graphiste retraité s’est installé dans un coin avec Haroun et trois autres jeunes Soudanais. Václav-Havel est devenu bien plus qu’une bibliothèque pour lui : « C’est ma deuxième maison ! »

  • Italie : le Conseil des ministres approuve l’accord avec l’Albanie sur l’externalisation des demandes d’asile - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/53713/italie--le-conseil-des-ministres-approuve-laccord-avec-lalbanie-sur-le

    Italie : le Conseil des ministres approuve l’accord avec l’Albanie sur l’externalisation des demandes d’asile
    Par Marlène Panara Publié le : 06/12/2023
    Signé par Rome et Tirana le 6 novembre dernier, le texte sur la délocalisation d’une partie des demandeurs d’asile a été confirmé mardi par le Conseil des ministres italien. Le décret atteste que les migrants secourus en mer Méditerranée par les autorités italiennes dans les eaux extra-européennes - ou eaux internationales - pourront être emmenés directement en Albanie.
    Des migrants secourus par les garde-côtes italiens bientôt en Albanie. Mardi 5 décembre, le Conseil des ministres a approuvé l’accord de collaboration entre Rome et Tirana pour l’accueil d’une partie des demandeurs d’asile dans ce pays non membre de l’Union européenne. Avec ce décret, annoncé le 6 novembre dernier par la Première ministre italienne Giorgia Meloni et son homologue Edi Rama, l’Albanie prévoit de prendre en charge jusqu’à 3 000 demandeurs d’asile en même temps, soit environ 36 000 personnes par an, d’après les prévisions des autorités.
    Mardi, quelques précisions ont été apportées quant à la mise en application de cette mesure. Ainsi, seuls les migrants secourus par les autorités italiennes en dehors des eaux territoriales européennes pourront être transférés vers l’Albanie et ses deux centres spécifiques - à Shengjin, pour l’identification, et à Gjader pour le traitement de la demande d’asile. Une spécificité qui permet ainsi à l’Italie de ne pas entrer « en conflit avec les règles du droit européen [qui interdit l’externalisation des demandes d’asile, ndlr] qui ne s’appliquent évidemment que sur le territoire ou dans les eaux européennes », explique La Repubblica. « Si le sauvetage a lieu dans les eaux internationales, le droit d’asile communautaire ne s’applique pas et l’Italie a le droit d’emmener ces personnes vers un autre pays », précise aussi l’agence de presse italienne Ansa, citant une source à Bruxelles.
    Avec ce traité, les migrants récupérés en mer ne débarqueront pas en Italie, ne fouleront pas son sol. Ils seront directement emmenés vers les ports albanais. Rome contourne ainsi la responsabilité légale d’accueil qui lui incombe lorsqu’un demandeur d’asile est secouru sur son territoire, maritime en l’occurrence. Au lendemain de la signature de l’accord le 6 novembre, le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) avait d’ailleurs rappelé à l’ordre l’Italie sur ce point. « La responsabilité première de l’évaluation des demandes d’asile et de l’octroi de la protection internationale incombe à l’État où le demandeur d’asile arrive », avait tancé l’institution onusienne. Cet accord obligera donc, aussi, les garde-côtes italiens « à s’éloigner beaucoup plus des côtes nationales pour les opérations de sauvetage, ce qui ne s’était pas produit depuis de nombreuses années », souligne la Repubblica.
    Le décret détaille également le fonctionnement interne des futurs centres, où la durée de rétention ne devra pas excéder 18 mois. Dans les structures albanaises, les migrants ne pourront échanger avec leur avocat seulement « à distance, par visioconférence », depuis le centre de Gjader. En cas de recours, l’audience avec les magistrats de Rome - tribunal compétent pour la gestion des centres - se déroulera de la même manière. « Le respect de tous les droits prévus par la réglementation générale (italienne et européenne) en la matière » seront garantis, assure le communiqué publié à l’issue du Conseil des ministres. En cas de problème juridique ou sanitaire, le transfert des exilés dans des centres en Italie ne sera possible qu’à titre « exceptionnel ». Dans la grande majorité des cas, l’entièreté des procédures se déroulera sur le sol albanais.
    Le centre de Shengjin sera construit sur un périmètre d’environ 240 mètres, et sera entouré d’une clôture de 4 mètres de haut, rehaussée de barbelés. Celui de Gjader, destiné à vérifier les conditions de protection internationale et de rapatriement des migrants, sera construit sur une superficie constructible de 77 700 mètres carrés. À l’heure actuelle, il n’existe à cet endroit qu’une dizaine de « bâtiments vétustes ». Des fonctionnaires, juges, médecins et infirmiers italiens seront aussi embauchés pour faire fonctionner les centres. Au total, 135 profils sont recherchés par les autorités.
    Coût total de l’opération ? Environ 200 millions d’euros. La moitié sera allouée en 2024, puis 50 millions d’euros seront versés chaque année, pendant quatre ans. « Cette somme sera bien dépensée, pour lutter contre l’immigration irrégulière », a assuré le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani à l’issue du Conseil des ministres. Pour Matteo Mauri, du Parti démocrate, cet argent est au contraire « littéralement jeté à la poubelle ». L’opposant dénonce « une pure opération de propagande de la part d’un gouvernement qui doit faire face à l’échec de sa gestion de l’immigration ». « Faire en Albanie ce qui devrait être fait en Italie ne résoudra aucun problème ni aucun coût », a-t-il fustigé. Dès son officialisation il y a trois semaines, cette collaboration avait essuyé de nombreuses critiques. « Il s’agit d’un accord de refoulement, une pratique interdite par les normes européennes et internationales et pour laquelle l’Italie a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme », avait déploré Elisa de Pieri d’Amnesty international qui évoquait un accord « illégal, et irréalisable ». L’ONG allemande de sauvetage en mer Méditerranée Sea-Watch évoquait de son côté « une manœuvre inhumaine et populiste sans fondement juridique ». « Avec cette nouvelle absurdité, le gouvernement tente une fois de plus de se soustraire à ses responsabilités en matière d’asile. Les migrants, privés de leurs droits, sont toujours ceux qui en paient les conséquences », déploraient les humanitaires sur leur compte X (ex-Twitter).
    Le député et secrétaire du parti d’opposition Più Europa, Riccardo Magi, avait déclaré, lui, : « On crée une sorte de Guantanamo italien, en dehors de toute norme internationale, en dehors de l’UE, sans la possibilité de contrôler la détention des personnes enfermées dans ces centres ». Cette année, plus de 152 000 migrants ont débarqué en Italie, contre 96 624 pour toute l’année 2022. En réponse, Rome multiplie les mesures pour dissuader les exilés de venir sur son sol. Le 28 novembre, les députés ont validé le décret Cutro 2, qui durcit les conditions d’accueil des migrants. Parmi les mesures les plus polémiques : celle qui autorise l’hébergement des mineurs de moins de 16 ans dans des centres pour adultes. Alors même que l’Italie a été épinglée plusieurs fois par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) à indemniser des migrants mineurs, hébergés dans des centres pour adultes. Début septembre par exemple, la CEDH a condamné l’Italie pour « traitements inhumains et dégradants » à l’égard d’une migrante mineure ghanéenne. Cette dernière a été hébergée huit mois dans un centre pour adultes en Italie, malgré la reconnaissance de sa minorité. Victime d’abus sexuels dans son pays d’origine et en Libye, M.A. avait passé huit mois dans la structure, totalement inadaptée à sa vulnérabilité.

    #Covid-19#migration#migrant#italie#albanie#CEDH#delocalisation#asile#protection#rapatriement#vulnerabilite#droit#sante#mineur

  • Rohingya child challenges Croatia and Slovenia over violent pushbacks. Unaccompanied minor files complaints at UN Child Rights Committee

    A Rohingya child refugee faced repeated beatings by Croatian border officers, had his belongings burnt and his shoes confiscated before numerous forced expulsions, including a “chain” pushback from Slovenia. U.F. submitted complaints against Croatia and Slovenia at the UN Child Rights Committee for multiple violations of the Convention on the Rights of the Child (CRC). These are the first complaints of their kind against these two states.

    Case

    U.F. was 8 years old when he fled a military attack on his village and became separated from his family. After many years searching for protection, he spent over a year in Bosnia and Herzegovina (BiH) from 2020 to 2021 having to survive without state support or medical care, sleeping rough in forests and squatting in abandoned buildings. During this time, he was pushed back five times from Croatia to BiH and subjected to consistent, choreographed violence. In Slovenia he was subjected to a “chain” pushback, by which he was forcibly returned first to Croatia by Slovenian authorities and then onwards by Croatian authorities to BiH in a coordinated operation.

    National, EU, and international law oblige Croatia and Slovenia to act in a child’s best interests and prioritize the identification of their age during their handling by border officers. The applicant’s complaints argue violations of the CRC, in relation to his expulsions and ill-treatment, and states’ failure to assess his age or apply any of the relevant safeguards under articles 3, 8, 20(1), and 37 CRC. U.F. corroborated his accounts with a range of digital evidence. The complaints were filed against Croatia and Slovenia with the support of ECCHR and Blindspots. The litigation forms part of the Advancing Child Rights Strategic Litigation project (ACRiSL). ACRiSL comes under the auspices of the Global Campus of Human Rights – Right Livelihood cooperation.

    Context

    In Croatia, pushbacks form part of a designed and systematic state policy, which has been fully documented by human rights institutions, NGOs and the media. Slovenia’s pushbacks have been implemented since 2018 through a readmission agreement which authorizes hasty expulsions with complete disregard for a person’s protection needs, a child’s identity or their best interests. In 2020 and 2021 alone, 13.700 people were pushed back from Slovenia in this manner.

    The applicant is represented by ECCHR partner lawyer, Carsten Gericke. These complaints are the latest in a series of legal steps to address systematic human rights violation at the EU’s external borders.

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=72&v=HJlmNZdblSc&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fww


    https://www.ecchr.eu/en/case/pushbacks-un-child-rights-croatia-slovenia

    #vidéo #migrations #asile #réfugiés #Croatie #Balkans #route_des_Balkans #frontières #violence #MNA #mineurs_non_accompagnés #violence #vidéo #film_d'animation #frontière_sud-alpine #push-backs #refoulements #Bosnie #Bosnie-Herzégovine #pattern #vol #Myanmar #enfants #enfance #réfugiés_rohingya #enfermement #refoulements_en_chaîne #the_game #frontière_sud-alpine

  • Un mort dans une embarcation secourue par un navire marchand, au large de Grande Canarie - InfoMigrants
    https://www.infomigrants.net/fr/post/53614/un-mort-dans-une-embarcation-secourue-par-un-navire-marchand-au-large-

    Des migrants attendent de débarquer au pour d’Arguineguin, à Grande Canarie, le 2 novembre 2023. Crédit : Reuters
    Par Marlène Panara Publié le : 01/12/2023
    Un navire britannique a porté secours à un bateau d’une cinquantaine de migrants en détresse, dont trois femmes enceintes, au large de l’île de Grande Canarie. L’un des passagers était déjà mort quand l’équipage a procédé au sauvetage, dans une mer démontée.Il faisait route vers le Royaume-Uni. Mercredi 29 novembre, un navire marchand britannique a été stoppé à 185 kilomètres de l’île de Grande Canarie : c’est à cet endroit, en plein océan Atlantique, qu’il a porté secours à une embarcation pneumatique chargée d’une cinquantaine de migrants. L’un d’eux était déjà mort à l’arrivée de l’équipage, rapporte l’agence de presse EFE.
    Dès que l’alerte a été donnée par le navire, à 11h15, heure locale, les autorités espagnoles ont immédiatement mobilisé une équipe de sauveteurs depuis le port d’Arguineguín à Grande Canarie. Mais l’équipage du bateau britannique, voyant les conditions météo se détériorer fortement, et le bateau de migrants « prendre l’eau », a finalement procédé lui-même au sauvetage, sans attendre les secours espagnols.
    Tous les exilés en détresse, dont trois femmes enceintes, ont été transférés sur le navire. Le cadavre de la personne décédée est, lui, resté dans l’embarcation pneumatique, partie à la dérive. À leur arrivée sur le pont, plusieurs passagers se trouvaient en état d’hypothermie. Une femme a pu être emmenée dans un hôpital de Grande Canarie par un hélicoptère des secours espagnols.
    Le même jour, 155 migrants au total, réparties dans quatre embarcations, ont été secourus près de Lanzarote, El Hierro et Tenerife. Parmi eux figuraient quatre mineurs et un bébé.
    Ces derniers mois, cette route migratoire a connu un regain des passages, après une baisse en début d’année. Entre le 1er janvier et le 15 novembre, 32 436 exilés ont débarqué dans l’archipel espagnol, d’après le bilan du ministère de l’Intérieur publié le 16 novembre. Soit 118% de plus qu’en 2022. Pour éviter la saturation dans les centres d’hébergement de l’archipel, Madrid a libéré fin octobre 11 000 places supplémentaires dans des structures de la péninsule.L’accueil des mineurs, en revanche, est sous le feu des critiques depuis la médiatisation d’une lettre écrite par douze jeunes migrants à la justice espagnole la semaine dernière. Les exilés assurent avoir subi de mauvais traitements dans le centre d’accueil Acorán, dans lequel ils étaient hébergés après leur débarquement à Grande Canarie. D’après les témoignages, l’un des mineurs, immobilisé par un éducateur, a reçu des « coups violents » de la part du directeur. Un autre fait également état « d’attouchements dans le bureau du directeur » du centre, indique La Provincia.
    Lors d’une table ronde sur les droits des enfants migrants et réfugiés organisée à Tenerife jeudi 30 novembre, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR), l’Unicef ​​​​et l’ONG Save The Children ont de concert déploré le manque de statistiques fiables sur les enfants migrants débarqués en Espagne, notamment sur les mineurs non accompagnés. Ce qui, pour les participants, a de lourdes conséquences sur leur prise en charge. « Il n’est pas rare », par exemple « que la police traite les migrants mineurs comme des adultes », a fustigé Marco Nardo, représentant du HCR.
    « Au centre, on a dit que qu’on avait quinze ans. Mais ils [les gérants] n’ont pas écrit ça, ils nous ont considérés comme des adultes, témoigne Moussa, un jeune Guinéen de 15 ans arrivé à Tenerife en octobre 2021, auprès de Reuters. Alors qu’on était des enfants ». Moussa et un ami ont été emmenés, malgré leurs dires, par la police à Las Raíces, une ancienne base militaire située dans les montagnes de Tenerife où environ 2 000 migrants adultes attendent d’être transférés vers le continent espagnol.
    Dans le cadre d’une enquête menées ces dernières semaines, Amnesty International s’est par ailleurs entretenu avec 29 migrants débarqués aux Canaries. Douze d’entre eux étaient mineurs, mais étaient hébergés dans des centres pour adultes. « Une jeune fille de 17 ans a passé trois jours avec des hommes et des femmes, sans qu’aucun contrôle des autorités ne soit fait. Elle dormait par terre », a déclaré Virginia Álvarez, d’Amnesty International, qui s’est rendue à Tenerife et à El Hierro entre le 25 et le 28 octobre 2023. « Traités comme des adultes », ces jeunes se retrouvent alors « sans protection [de l’État] ». Et sont ensuite transférés dans la péninsule ibérique où « ils se retrouvent, seuls, en Espagne ».

    #Covid-19#migrant#migration#espagne#canaries#routemigratoire#atlantique#traversee#mortalite#mineur#tenerife#elhierro#sante#migrationirreguliere

  • L’Ain va suspendre quelques mois la prise en charge des mineurs isolés étrangers
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/11/30/l-ain-va-suspendre-quelques-mois-la-prise-en-charge-des-mineurs-isoles-etran

    L’Ain va suspendre quelques mois la prise en charge des mineurs isolés étrangers
    Après avoir lancé une « première alerte » en septembre, le conseil départemental dit ne plus avoir de « solutions » pour accueillir de nouveaux jeunes migrants.
    Le Monde avec AFP
    Le conseil départemental de l’Ain a annoncé la suspension, au début de décembre, « pour une période d’au moins trois mois », de la prise en charge des nouveaux mineurs étrangers non accompagnés (MNA), faute de « capacités d’accueil et d’encadrement ». « Arrivées directes, réorientations, contestation de majorité devant le juge des enfants, maintien des jeunes majeurs dans le dispositif faute d’hébergement de droit commun, le dispositif explose », justifie dans un communiqué daté de mercredi le département, après « une première alerte » en septembre.
    « Malgré l’ouverture de plus de 150 places d’hébergement en 2023, le département ne dispose plus de solutions, ni temporaires, ni pérennes » pour les nouveaux jeunes migrants, écrit-il, le territoire étant « confronté depuis des mois à une augmentation massive d’arrivées » et à la « difficulté croissante » pour ses partenaires « de recruter des encadrants éducatifs formés » dans les structures de prise en charge. Depuis janvier, 252 arrivées directes ont été enregistrées (contre 131 pour l’ensemble de l’année 2022), et « une accélération flagrante » s’est opérée depuis septembre, le nombre d’arrivées ayant depuis lors presque doublé, selon la collectivité. L’accueil des arrivées directes sera donc suspendu « à partir du 1er décembre 2023 et pour une période d’au moins trois mois », a décidé le président, Jean Deguerry (Les Républicains), cité dans le communiqué, qui espère, « toutefois, continuer à faire face aux réorientations de la cellule nationale du ministère de la justice ». « Le département a consacré un budget de 5,6 millions d’euros aux mineurs non accompagnés en 2022. Les dépenses pour 2023 vont atteindre 7,7 millions d’euros et les projections pour le budget prévisionnel 2024 s’établissent à 8,7 millions d’euros », a ajouté l’élu, qui demande « solennellement au gouvernement de lui donner les moyens d’agir » au regard « de cette situation humainement intenable ».
    En effet, pour M. Deguerry, c’est aussi « toute la protection de l’enfance qui est impactée », en particulier pour « penser et développer des projets pour les familles et les enfants aindinois ». Contactée par l’Agence France-Presse, la préfecture de l’Ain n’a pas souhaité faire de commentaires.
    Depuis 2013, dans le cadre de leur mission de protection de l’enfance, les départements ont la responsabilité de l’accueil, de l’évaluation, de l’hébergement et de la prise en charge des MNA. Le mouvement migratoire, constaté en Italie par exemple, provoque un afflux en France de mineurs isolés. Avant l’été, plusieurs autres départements, également confrontés à un afflux de mineurs isolés étrangers, avaient déjà sonné l’alarme sur la situation, qu’ils qualifiaient d’« intenable ». En octobre, le conseil départemental du Territoire de Belfort, qui dit être confronté à une « saturation » de ses dispositifs de protection de l’enfance, avait annoncé qu’il allait plafonner la prise en charge des MNA.

    #Covid-19#migrant#migration#france#ain#mineurisole#etranger#mna#priseencharge#accueil#hebergement#crise

  • La CEDU condanna l’Italia per detenzione illegale di minori stranieri nell’hotspot di Taranto
    https://www.meltingpot.org/2023/11/la-cedu-condanna-litalia-per-detenzione-illegale-di-minori-stranieri-nel

    Nuova condanna all’Italia dalla Corte europea per i Diritti umani. Oggi nell’hotspot permangono ancora 185 minori. L’ASGI chiede l’immediato collocamento in strutture adeguate e la supervisione dell’attuazione delle precedenti sentenze che, come dimostra la situazione nell’hotspot di Taranto, non hanno fatto modificare le prassi illegittime. La Corte Europea dei Diritti Umani, con la decisione del 23 novembre 2023 resa nel procedimento n. 47287/17 (caso A.T. ed altri c. Italia), ha condannato l’Italia per avere detenuto illegalmente nell’ hotspot di Taranto diversi minori stranieri non accompagnati (art. 5, parr. 1, 2 e 4 della Convenzione europea dei diritti dell’uomo), per avere utilizzato trattamenti (...)

    #Giurisprudenza_europea #Guida_legislativa #Speciale_Hotspot

  • Les #expulsions ont des conséquences délétères sur la vie des #enfants

    L’Observatoire des expulsions des lieux de vie informels dénonce, dans son rapport annuel, des opérations qui compromettent la #scolarité des enfants et le #suivi_médical des #femmes_enceintes, à cause de l’#errance forcée qu’elles provoquent.

    Des femmes enceintes qui ne peuvent pas bénéficier d’un suivi médical continu, des enfants brutalement retirés de l’école, des mineur·es isolé·es démuni·es et traumatisé·es : les conséquences des expulsions des personnes occupant des lieux de vie informels sont multiples et délétères.

    C’est la conclusion du cinquième rapport annuel de l’Observatoire des expulsions de lieux de vie informels (#squats, #bidonvilles et #campements, #caravanes, #voitures ou camions) publié mardi 28 novembre. Il regroupe huit associations indépendantes, parmi lesquelles le Collectif national droits de l’homme Romeurope, la Fondation Abbé Pierre ou encore Médecins du monde.

    Elles ont recensé, entre le 1er novembre 2022 et le 31 octobre 2023, date du début de la trêve hivernale, 1 111 expulsions sur le territoire national, dont 729 pour le littoral nord (Calais, Pas-de-Calais, Dunkerque dans le Nord).

    Si les expulsions sur le littoral nord ont diminué de 58 %, elles ont augmenté de 24 % en un an sur le reste du territoire, outremer inclus, et concerné en moyenne 74 personnes chaque jour.

    85 % de ces expulsions sont dites « sèches », car elles n’ont donné lieu à aucune solution d’hébergement ou de relogement. 14 % ont donné lieu à des mises à l’abri pour au moins une partie des habitant·es. 1 % seulement ont donné lieu à un dispositif d’insertion, un hébergement stable ou un logement, pour au moins une partie des habitant·es, détaille l’Observatoire.

    L’organisme explique qu’il est difficile d’avoir des données précises sur les enfants mais compte cette année 5 531 enfants expulsés (contre 3 212 l’année précédente). Ce chiffre est très largement sous-estimé, a-t-il précisé lors de la conférence de presse de présentation du rapport.
    Le suivi compromis des grossesses

    Cette année, l’Observatoire s’est focalisé sur les conséquences concrètes des expulsions sur la vie des enfants et de leurs mères. Il rappelle que « la précarité, et en particulier l’absence de logement, est depuis longtemps identifiée par la littérature scientifique comme un facteur de risque lors de la grossesse ».

    Les chiffres sont éloquents. Une femme enceinte devrait avoir accès à sept consultations prénatales et à trois échographies au moins, rappelle Médecins du monde.

    Or, plus d’une femme enceinte sur trois rencontrées par les équipes des programmes fixes de Médecins du monde en France en 2022 présente un retard de suivi de grossesse, comme la quasi-totalité des femmes enceintes rencontrées par le programme de médiation en santé du Comité pour la santé des exilés (Comede) en Île-de-France. Un écart majeur avec la population générale, parmi laquelle moins de 5 % des personnes enceintes sont dans ce cas.

    Les associations soulignent que les suivis médicaux et de grossesse sont déjà erratiques d’ordinaire. Notamment parce que l’ouverture de droits à une couverture maladie exige une domiciliation administrative. Les démarches, surtout avec la barrière de la langue, peuvent être délicates. Certaines personnes peuvent aussi perdre des papiers dans la cohue des expulsions impromptues.

    Ces dernières insécurisent aussi les futures mères, qui cherchent « en premier lieu à répondre à des besoins de stricte survie », quitte à sacrifier leur santé.

    « Il y a des personnes qu’on va perdre de vue à la suite des expulsions. Elles vont se réinstaller beaucoup plus loin, dans une autre commune, à l’autre bout d’une métropole, a détaillé Antoine Bazin, coordinateur Médecins du monde à Toulouse, devant la presse. Et les suivis par les PMI [centres de Protection maternelle et infantile – ndlr] de secteur, par exemple, pour les femmes enceintes, les suivis par des médecins traitants si on peut en avoir, ou par des centres de santé, vont être rendus plus compliqués parce que les personnes vont être isolées. »

    Les expulsions compliquent aussi le suivi de pathologies. Dans son rapport, l’Observatoire rapporte comment une opération de dépistage de la tuberculose dans un bidonville du Val-d’Oise, au printemps 2023, après la découverte d’un cas sur le lieu de vie et quatre hospitalisations d’enfants, a été compromise par des expulsions successives.

    Même chose pour les campagnes de vaccination ou le repérage des cas de saturnisme, dus à une exposition au plomb pouvant affecter le développement psychomoteur des enfants.

    Par ailleurs, la vie quotidienne d’un enfant vivant dans un lieu de vie informel est aussi bouleversée par l’instabilité provoquée par les expulsions. La scolarité de ces enfants mais aussi leur équilibre mental et psychique sont ébranlés. En 2022, l’Unicef avait déjà alerté sur l’état de santé mentale dégradé des enfants sans domicile.

    Les expulsions sont de plus en plus violentes (voir l’opération « Wuambushu » à Mayotte), dénonce l’Observatoire. Antoine Bazin, de Médecins du monde, explique que les enfants sont les « acteurs passifs » de ces événements et vont vivre la violence intrinsèque au déroulement des opérations d’expulsions. En « vraies éponges », ils vont en conserver des souvenirs qui peuvent avoir des conséquences sur leur construction psychique.

    Julie Bremont, représentante du Comité de pilotage interassociatif MNA Nord-Littoral, confirme : « Les expulsions sont en elles-mêmes un moment très générateur d’anxiété et de peur pour les jeunes. Déjà, de par la violence du dispositif, avec des dizaines de camions de CRS et des policiers en uniforme. Ces opérations d’expulsion sont très souvent accompagnées de violences verbales et physiques. »
    Décrochages scolaires

    De son côté, Célia Mougel, coordinatrice de l’Observatoire des expulsions, souligne que 77 % des expulsions recensées (en dehors du Nord littoral) ont eu lieu pendant l’année scolaire, ce qui, évidemment, produit des décrochages, des déscolarisations, notamment quand on sait que pour réinscrire un enfant, il faut au moins six mois. Si les municipalités coopèrent, ce qui n’est pas toujours le cas.

    Contraindre ces familles à quitter leur lieu de vie et leur point d’ancrage entraîne des effets à long terme sur les enfants. Ils rencontrent alors des difficultés dans la continuité pédagogique, un sentiment d’exclusion ou encore des problèmes d’apprentissage.

    Le cas d’un collégien, Alex, raconté dans le rapport, le prouve. Le garçon aura vécu trois expulsions qui lui auront fait perdre une année scolaire entière. Aujourd’hui, à 12 ans, Alex et sa famille dorment sous un pont en Seine-Saint-Denis et il n’est plus scolarisé.

    Pour toutes ces raisons, l’Observatoire enjoint aux pouvoirs publics de suspendre les expulsions pendant l’année scolaire, pour éviter l’exclusion scolaire et le décrochage des enfants en cours d’année. Manuel Domergue, de la Fondation Abbé Pierre, considère qu’il faudrait aussi déployer davantage de médiateurs scolaires dans ces lieux de vie informels.

    Le reste du temps, les associations estiment qu’aucune expulsion ne devrait avoir lieu sans qu’un diagnostic social préliminaire (l’instruction du 25 janvier 2018 qui le recommandait n’est pas respectée), un accompagnement social global et des solutions de relogement dignes, adaptées et pérennes n’aient été mis en place. Cela pour permettre « une sortie des bidonvilles par le haut ».

    https://www.mediapart.fr/journal/france/281123/les-expulsions-ont-des-consequences-deleteres-sur-la-vie-des-enfants
    #enfance #mineurs #statistiques #chiffres #2022 #expulsions_sèches #santé_mentale #SDF #sans-abrisme #sans-abris #déscolarisation

  • "L’école n’est plus un sanctuaire" : l’expulsion en plein cours d’un élève de nationalité indienne fait réagir

    Ce mardi 21 novembre, les gendarmes de #Controis-en-Sologne (Loir-et-Cher) sont venus récupérer un jeune élève de nationalité indienne dans un collège de Blois. Selon un syndicat, il aurait été expulsé avec sa famille dès l’après-midi.

    « L’indignité n’a pas de limite ! » Dans un communiqué de presse, des associations et syndicats s’insurgent contre l’expulsion d’un collégien de nationalité indienne. Selon la Nouvelle République, les gendarmes du Controis-en-Sologne (Loir-et-Cher) accompagnés du père de l’adolescent se sont présentés au collège Blois-Vienne. Alors qu’il était en cours, l’adolescent a dû quitter l’établissement.

    Selon le quotidien régional, les gendarmes n’avaient pas indiqué le motif de leur intervention au principal adjoint de l’établissement. Les #forces_de_l'ordre agissaient dans le cadre de l’application d’une mesure d’#obligation_de_quitter_le_territoire français (#OQTF).

    « C’est extrêmement choquant qu’un gamin en classe, à l’école de la République puisse être interpellé et sorti pour être expulsé. », Benjamin Vetele, adjoint à l’éducation à la mairie de Blois.

    Cette intervention a rapidement fait réagir plusieurs associations et syndicats dont la CGT. « On a été sidérés puis révoltés de voir que l’école n’est plus un sanctuaire », réagit Camille Dumas, cosecrétaire départemental de la CGT éducation et salariée du collège Blois-Vienne.

    « Tous les enfants doivent pouvoir être à l’école en sécurité et préservés de ce genre de choses. Quelle que soit la situation de la famille, c’est un très mauvais signal qui est envoyé. », Camille Dumas, cosecrétaire départemental de la CGT éducation

    Selon la syndicaliste, « la famille a été expulsée le jour même alors que la semaine précédente. Ils n’avaient pas connaissance d’OQTF (mesure d’obligation de quitter le territoire français). Ils ont été convoqués le mardi matin et expulsés le mardi après-midi depuis l’aéroport de Roissy ».

    La préfecture du Loir-et-Cher assure que « la famille concernée, récemment entrée sur le territoire français (mai 2023) avec un visa touristique, a sollicité ensuite une carte de séjour. Ne satisfaisant pas aux critères d’obtention d’un titre de séjour, elle a, par conséquent, fait l’objet d’un arrêté les obligeant de quitter le territoire français (OQTF), avec un délai de départ volontaire de 30 jours ».

    Selon la préfecture, le délai de départ n’aurait pas été respecté. « La famille a ainsi été convoquée à la brigade de gendarmerie de Contres en vue de mettre en application cette obligation de quitter le territoire. Elle a répondu à cette convocation [...] La famille, qui n’a à aucun moment manifesté de contestation a été emmenée à l’aéroport. Tout s’est déroulé sans heurt. »

    Le projet de loi « immigration » dans toutes les têtes

    À partir du 11 décembre, le projet de loi « immigration » porté par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sera examiné à l’Assemblée nationale.

    Pour Benjamin Vétélé, adjoint à l’éducation à la mairie de Blois,"des gens se sentent autorisés à mettre en œuvre des mesures d’OQTF sans discernement. On paie directement le contexte de la loi Darmanin, la course à l’extrême droite semble se poursuivre et des gens en font les frais sous nos yeux". Pour la cosecrétaire de la CGT, ce projet de loi « fait craindre une explosion de ce genre de cas et inquiète profondément ».

    Le collectif d’associations, à l’origine du communiqué, espère désormais échanger avec le préfet et prévoit des actions « dans la rue », à Blois, avant la fin de l’année.

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/loir-cher/blois/l-ecole-n-est-plus-un-sanctuaire-l-expulsion-en-plein-c

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