• « Défaire les confusions servant l’ordre dominant » Jacques Rancière, Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/031219/jacques-ranciere-defaire-les-confusions-servant-l-ordre-dominant

    Quelles sont les racines de la crise démocratique actuelle ? Comment comprendre la simultanéité des révoltes contemporaines ? Quinze ans après la publication de son ouvrage analysant les contours de la « haine de la démocratie », éléments de réponse avec le philosophe Jacques Rancière.

    Alors que des révoltes s’emparent de plusieurs pays sur tous les continents ; que la France s’apprête à un mouvement social contestant, au-delà de la réforme des retraites, l’accentuation des réformes d’inspiration néolibérale ; et que la politique traditionnelle ne semble guère offrir qu’une fausse alternative entre des « progressismes » et des « autoritarismes » dont le dénominateur commun est leur subordination aux intérêts financiers, le philosophe Jacques Rancière revient pour Mediapart sur ces basculements politiques et intellectuels pour tenter de « défaire les confusions traditionnelles qui servent l’ordre dominant et la paresse de ses prétendus critiques ».

    Quinze ans après la publication de La Haine de la démocratie (La Fabrique), quel tour a pris la mutation idéologique que vous décriviez alors ?

    Jacques Rancière : Les thèmes du discours intellectuel « républicain » que j’avais analysés alors se sont diffusés largement et, en particulier, ils ont alimenté l’aggiornamento de l’extrême droite qui a bien vu l’intérêt qu’il y avait à recycler les arguments racistes traditionnels en défense des idéaux républicains et laïques. Ils ont également servi de justification à un certain nombre de mesures de restriction des libertés comme celles qui proscrivent tel habillement et demandent à chacun d’entre nous de s’offrir à visage nu au regard du pouvoir.
    On peut dire à la fois que ces thèmes ont étendu leur empire et qu’ils ont plus clairement laissé voir leur obédience par rapport aux puissances dominantes. La haine intellectuelle de la #démocratie s’est de plus en plus montrée comme le simple accompagnement idéologique du développement vertigineux des #inégalités en tout genre et de l’accroissement du pouvoir policier sur les individus.

    Le terme de populisme, dans son emploi péjoratif, constitue-t-il le nouveau visage principal de cette haine de la démocratie qui prétend défendre le gouvernement démocratique à condition qu’il entrave la civilisation démocratique ?

    Populisme n’est pas le nom d’une forme politique. C’est le nom d’une interprétation. L’usage de ce mot sert à faire croire que les formes de renforcement et de personnalisation du pouvoir étatique qu’on constate un peu partout dans le monde sont l’expression d’un désir venant du peuple, entendu comme ensemble des classes défavorisées. C’est toujours la même grosse ficelle qui consiste à dire que, si nos États sont de plus en plus autoritaires et nos sociétés de plus en plus inégalitaires, c’est en raison de la pression exercée par les plus #pauvres qui sont bien sûr les plus ignorants et qui, en bons primitifs, veulent des chefs, de l’autorité, de l’exclusion, etc. On fait comme si Trump, Salvini, Bolsonaro, Kaczyński, Orbán et leurs semblables étaient l’émanation d’un petit peuple souffrant et révolté contre les élites. Or ils sont l’expression directe de l’#oligarchie_économique, de la classe politicienne, des forces sociales conservatrices et des institutions autoritaires (armée, #police, Églises).

    Que cette oligarchie s’appuie par ailleurs sur toutes les formes de supériorité que notre société laisse à ceux qu’elle infériorise (des travailleurs sur les #chômeurs, des Blancs sur les basanés, des hommes sur les #femmes, des habitants des provinces profondes sur les esprits légers des métropoles, des gens « normaux » sur les pas normaux, etc.), c’est certain. Mais ce n’est pas une raison pour mettre les choses la tête en bas : les pouvoirs autoritaires, corrompus et criminels qui dominent aujourd’hui le monde, le font d’abord avec l’appui des #nantis et des #notables, pas avec celui des déshérités.

    Que vous inspirent l’inquiétude affichée par beaucoup vis-à-vis de la fragilité des institutions démocratiques existantes et les nombreux ouvrages annonçant la fin ou la mort des démocraties ?

    Je ne lis pas trop la littérature catastrophiste et j’aime assez l’opinion de Spinoza pour qui les prophètes étaient d’autant mieux placés pour prévoir les catastrophes qu’ils en étaient eux-mêmes responsables. Ceux qui nous alertent sur la « fragilité des institutions démocratiques » participent délibérément à la confusion qui affaiblit l’idée démocratique. Nos institutions ne sont pas démocratiques. Elles sont représentatives, donc oligarchiques. La théorie politique classique est claire là-dessus même si nos gouvernants et leurs idéologies se sont employés à tout embrouiller. Les institutions représentatives sont par définition instables. Elles peuvent laisser un certain espace à l’action des forces démocratiques – comme cela a été le cas des régimes parlementaires au temps du #capitalisme_industriel – ou tendre vers un système monarchique. Il est clair que c’est la dernière tendance qui domine aujourd’hui.

    C’est notamment le cas en France où la Cinquième République a été conçue pour mettre les institutions au service d’un individu et où la vie parlementaire est entièrement intégrée à un appareil d’État lui-même entièrement soumis au pouvoir du capitalisme national et international quitte, bien sûr, à susciter le développement des forces électorales qui prétendent être les « vraies » représentantes du « vrai » peuple.

    Parler des menaces pesant sur « nos démocraties » a alors un sens bien déterminé : il s’agit de faire porter à l’idée démocratique la responsabilité de l’instabilité du système représentatif, de dire que si ce système est menacé, c’est parce qu’il est trop démocratique, trop soumis aux instincts incontrôlés de la masse ignorante. Toute cette littérature travaille finalement pour la comédie réglée des seconds tours de présidentielle où la gauche « lucide » se serre autour du candidat de l’oligarchie financière, seul rempart de la démocratie « raisonnable » contre le candidat de la « démocratie illibérale ».

    Les critiques sur les désirs illimités des individus de la société de masse moderne se sont accentuées. Pourquoi ? Comment expliquez-vous qu’on retrouve ces critiques sur tous les bords de l’échiquier politique ? S’agit-il de la même chose chez Marion Maréchal-Le Pen ou chez Jean-Claude Michéa ?

    Il y a un noyau dur invariant qui alimente des versions plus ou moins de droite ou de gauche. Ce noyau dur a d’abord été forgé par les politiciens conservateurs et les idéologues #réactionnaires du XIXe siècle, qui ont lancé l’alerte contre les dangers d’une société où les capacités de consommer et les appétits consommateurs des pauvres se développaient dangereusement et allaient se déverser en torrent dévastateur pour l’ordre social. C’est la grosse astuce du discours réactionnaire : alerter contre les effets d’un phénomène, pour imposer l’idée que ce phénomène existe : que les pauvres, en somme, sont trop riches .

    Ce noyau dur a été récemment ré-élaboré « à gauche » par l’idéologie dite républicaine, forgée par des intellectuels rancuniers à l’égard de cette classe ouvrière en qui ils avaient mis toutes leurs espérances et qui était en train de se dissoudre. Le grand coup de génie a été d’ interpréter la destruction des formes collectives de travail commandée par le capital financier comme l’expression d’un « individualisme démocratique de masse » issu du cœur même de nos sociétés et porté par ceux-là mêmes dont les formes de travail et de vie étaient détruites.
    À partir de là toutes les formes de vie commandées par la domination capitaliste étaient ré-interprétables comme des effets d’un seul et même mal – l’individualisme – auquel on pouvait, selon son humeur, donner deux synonymes : on pouvait l’appeler « démocratie » et partir en guerre contre les ravages de l’égalitarisme ; on pouvait l’appeler « libéralisme » et dénoncer la main du « capital ». Mais on pouvait aussi rendre les deux équivalents et identifier le capitalisme au déchaînement des appétits consommateurs des petites gens.

    C’est l’avantage d’avoir donné le nom de « libéralisme » au capitalisme absolutisé – et, par ailleurs, parfaitement autoritaire – qui nous gouverne : on identifie les effets d’un système de domination avec ceux des formes de vie des individus . On pourra donc, à son gré, s’allier aux forces religieuses les plus réactionnaires pour attribuer l’état de nos sociétés à la liberté des mœurs incarnée par la PMA et le mariage homosexuel ou se réclamer d’un idéal révolutionnaire pur et dur pour faire porter à l’individualisme petit-bourgeois la responsabilité de la destruction des formes d’action collectives et des idéaux ouvriers.

    Que faire face à une situation où la dénonciation d’une façade démocratique dont les lois et les institutions ne sont souvent que les apparences sous lesquelles s’exerce le pouvoir des classes dominantes, et où le désenchantement vis-à-vis de démocraties représentatives ayant rompu avec toute idée d’égalité donne de l’espace à des personnages de type Bolsonaro ou Trump qui accroissent encore les inégalités, les hiérarchies et les autoritarismes ?

    Ce qu’il faut d’abord, c’est défaire les confusions traditionnelles qui servent également l’ordre dominant et la paresse de ses prétendus critiques. Il faut, en particulier, en finir avec cette doxa héritée de Marx qui, sous couleur de dénoncer les apparences de la démocratie « bourgeoise », valide en fait l’identification de la démocratie avec le système représentatif. Il n’y a pas une façade démocratique sous le masque de laquelle s’exercerait la réalité du pouvoir des classes dominantes_[je vois pas comment on peut faire de ce voile-là -attesté, jusqu’à Lordon aujourd’hui- l’entièreté ni même l’essentiel de l’analyse de l’État chez Marx, d’autant plus si on prend au sérieux les fruits les moins blets de cette critique, L’État et la révolution de Lénine ne propose rien d’autre que la destruction de l’État et les operaïstes italiens caractérisent après Marx l’État comme #capitaliste_collectif. La phrase qui suit n’est dans la période qu’une irréfutables évidence qui invite à prendre en compte les contradictions des dominants et de tous les #militants_de_l'économie, ndc]_. Il y a des institutions représentatives qui sont des instruments directs de ce pouvoir.

    Le cas de la Commission de Bruxelles et de sa place dans la « Constitution » européenne aurait dû suffire à éclairer les choses. On a là la définition d’une institution représentative supranationale où la notion de représentation est totalement dissociée de toute idée de suffrage populaire. Le traité ne dit même pas par qui ces représentants doivent être choisis. On sait, bien sûr, que ce sont les États qui les désignent mais aussi qu’ils sont en majorité des anciens ou de futurs représentants des banques d’affaires qui dominent le monde. Et un simple coup d’œil sur le périmètre des sièges de sociétés dont les immeubles entourent les institutions de Bruxelles rend tout à fait inutile la science de ceux qui veulent nous montrer la domination économique dissimulée derrière les institutions représentatives.
    Encore une fois, Trump pourrait difficilement passer pour un représentant des paumés de l’Amérique profonde et Bolsonaro a été immédiatement adoubé par les représentants des milieux financiers. La première tâche est de sortir de la confusion entre démocratie et représentation et de toutes les notions confuses qui en sont dérivées – du genre « démocratie représentative », « populisme », « démocratie illibérale », etc. Les #institutions démocratiques ne sont pas à préserver contre le péril « populiste ». Elles sont à créer ou à recréer. Et il est clair que, dans la situation actuelle, elles ne peuvent l’être que comme des #contre-institutions, autonomes par rapport aux institutions gouvernementales.

    La haine de la démocratie est-elle comparable quand elle prend la forme de la nostalgie dictatoriale d’un Bolsonaro ou l’apparence bon enfant d’un Jean-Claude Junker expliquant qu’il ne peut « y avoir de choix démocratique contre les traités européens » ? Autrement dit, doit-on et peut-on hiérarchiser et distinguer les menaces qui pèsent sur la démocratie, ou bien la différence entre les extrêmes droites autoritaires et les technocrates capitalistes prêts à réprimer violemment leurs peuples n’est-elle que de degré et pas de nature ?

    Il y a toutes les nuances que l’on veut entre ses diverses formes. Elle peut prendre appui sur les forces nostalgiques des dictatures d’hier, de Mussolini ou de Franco à Pinochet ou Geisel. Elle peut même, comme dans certains pays de l’Est, cumuler les traditions des dictatures « communistes » avec celles des hiérarchies ecclésiastiques. Elle peut s’identifier plus simplement aux incontournables nécessités de la rigueur économique, incarnées par les technocrates bruxellois. Mais il y a toujours un noyau commun.
    Juncker n’est pas Pinochet. Mais on s’est rappelé récemment que les puissances « néolibérales » qui gouvernent au Chili le font dans le cadre d’une constitution héritée de Pinochet. La pression exercée par la Commission européenne sur le gouvernement grec n’est pas la même chose que la dictature des colonels. Mais il s’est avéré que le gouvernement « populiste de gauche », spécialement élu en Grèce pour résister à cette pression, a été incapable de le faire.

    En Grèce comme au Chili, comme un peu partout dans le monde, il s’est avéré que la résistance aux oligarchies ne vient plus que de forces #autonomes par rapport au système représentatif et aux partis dits de gauche qui y sont intégrés. Ceux-ci raisonnent de fait dans le cadre de la logique du choix du moindre mal. Ils y subissent débâcle sur débâcle. On serait tenté de s’en réjouir si cette débâcle continue n’avait pas l’effet d’augmenter le pouvoir de l’oligarchie et de rendre plus difficile l’action de ceux qui cherchent vraiment à s’y opposer.

    Comment regardez-vous les embrasements planétaires de cet automne ? Peut-on repérer des causes et des motifs communs dans les différentes révoltes qui se produisent sur plusieurs continents ? Par rapport aux mouvements « des places », qui réclamaient une démocratie réelle, ces révoltes partent davantage de motivations socioéconomiques. Est-ce que cela raconte quelque chose de neuf sur l’état de la planète ?

    La revendication démocratique des manifestants de Hong Kong dément une telle évolution. De toutes façons, il faut sortir de l’opposition traditionnelle entre les motivations socioéconomiques (jugées solides mais mesquines) et les aspirations à la démocratie réelle (jugées plus nobles mais évanescentes) . Il y a un seul et même système de domination qui s’exerce par le pouvoir financier et par le pouvoir étatique. Et les mouvements des places ont précisément tiré leur puissance de l’indistinction entre revendications limitées et affirmation démocratique illimitée . Il est rare qu’un mouvement démarre par une revendication de démocratie. Ils démarrent souvent par une réclamation contre un aspect ou un effet particulier d’un système global de domination (un trucage électoral, le suicide d’une victime de harcèlement policier, une loi sur le travail, une augmentation du prix des transports ou des carburants mais aussi un projet de suppression d’un jardin public).

    Quand la protestation collective se développe dans la rue et dans les lieux occupés, elle devient non pas simplement une revendication de démocratie adressée au pouvoir contesté mais une #affirmation de démocratie effectivement mise en œuvre (democracia real ya). Ce que cela raconte, c’est essentiellement deux choses : premièrement, la politique prend de plus en plus le visage d’un #conflit_de_mondes – un monde régi par la loi inégalitaire contre un monde construit par l’action égalitaire – où la distinction même entre #économie et politique tend à s’évanouir ; deuxièmement, les partis et organisations jadis intéressés à la démocratie et à l’#égalité ont perdu toute initiative et toute capacité d’action sur ce terrain qui n’est plus occupé que par des forces collectives nés de l’événement lui-même. On peut toujours répéter que ça manque d’organisation. Mais qu’est-ce qu’elles font, les fameuses organisations ?

    Une certaine forme de routinisation de l’émeute à l’échelle mondiale dessine-t-elle un contre-mouvement important ?

    Je n’aime pas trop le mot de routinisation. Descendre dans la rue à Téhéran, Hong Kong ou Djakarta ces temps-ci, ça n’a vraiment rien de routinier. On peut seulement dire que les formes de la protestation tendent à se ressembler contre des systèmes gouvernementaux différents mais convergents dans leurs efforts pour assurer les profits des privilégiés au détriment de secteurs de la population toujours davantage paupérisés, méprisés ou réprimés. On peut aussi constater qu’elles ont obtenu, notamment au Chili ou à Hong Kong, des succès dont on ne sait pas le lendemain mais qui montrent qu’on a là tout autre chose que de simples réactions rituelles de désespoir face à un ordre des choses inamovible.

    Il y a quinze ans, la perspective de la catastrophe écologique était moins prégnante. Cette nouvelle question écologique transforme-t-elle la question démocratique au sens où certains expliquent que la sauvegarde de la planète ne pourra pas se faire dans un cadre délibératif ?

    Il y a déjà un certain temps que nos gouvernements fonctionnent avec l’alibi de la crise imminente qui interdit de confier les affaires du monde à ses habitants ordinaires et commande de les laisser au soin des spécialistes de la gestion des crises : c’est-à-dire en fait aux puissances financières et étatiques qui en sont responsables ou complices. Il est clair que la perspective de la catastrophe écologique vient à l’appui de leurs arguments. Mais il est clair aussi que la prétention de nos États à être les seuls capables d’affronter des questions globales est démentie par leur incapacité à prendre, individuellement et collectivement, des décisions à la mesure de cet enjeu. La revendication globaliste sert donc essentiellement à nous dire soit que c’est là une question politique trop compliquée pour nous, soit que c’est une question qui rend l’action politique traditionnelle caduque. Ainsi entendue, la question climatique sert la tendance à absorber la politique dans la #police .

    En face, il y a l’action de celles et ceux qui affirment que, puisque la question concerne chacun[e] d’entre nous, il est aussi au pouvoir de chacun[e] de s’en occuper. C’est ce qu’ont fait les mouvements du type Notre-Dame-des-Landes qui s’emparent d’un cas bien précis pour identifier la poursuite d’un objectif concret déterminé avec l’affirmation d’un pouvoir de n’importe qui. L’annulation d’un projet d’aéroport ne règle évidemment pas la question du réchauffement à l’échelle planétaire. Mais elle montre en tout cas l’impossibilité de séparer les questions écologiques de la question démocratique entendue comme exercice d’un pouvoir égalitaire effectif.

    Dans son dernier livre, Frédéric Lordon se démarque de ce qu’il nomme une « antipolitique » dans laquelle il range notamment une « politique restreinte à des intermittences » que serait en particulier le « repartage du sensible ». Que vous suggère cette critique adressée à certaines de vos manières de définir ce qu’est le politique ?

    Je ne tiens pas à m’engager dans des polémiques personnelles. Je me limiterai donc à souligner quelques points qui ne sont peut-être pas clairs pour tout le monde dans ce que j’ai écrit. Je n’ai pas dit que la politique n’existait que par intermittences. J’ai dit qu’elle n’était pas une donnée constitutive et permanente de la vie des sociétés, parce que la #politique, ce n’est pas seulement le pouvoir, mais l’idée et la pratique d’un pouvoir de n’importe qui . Ce pouvoir spécifique n’existe qu’en supplément et en opposition aux formes normales d’exercice du pouvoir. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe de politique que dans l’extraordinaire de moments de fête collective, qu’il ne faut rien faire entre-temps et qu’il ne faut ni organisation ni institutions. Des organisations et des institutions, il y en a toujours eu et il y en aura toujours.

    La question est de savoir ce qu’elles organisent et ce qu’elles instituent, quelle est la puissance qu’elles mettent en œuvre, celle de l’égalité ou celle de l’inégalité. Les organisations et #institutions_égalitaires sont celles qui développent cette puissance commune à tous qui, de fait, ne se manifeste que rarement à l’état pur. Dans l’état actuel de nos sociétés, il est clair que ce ne peuvent être que des contre-institutions et des organisations autonomes par rapport à un système représentatif qui n’est plus qu’un ressort du pouvoir étatique.

    On peut aisément constater que dans les deux dernières décennies, un peu partout dans le monde, les seules mobilisations contre les avancées du pouvoir financier et du pouvoir étatique ont été le fait de ces mouvements qu’on qualifie de « spontanéistes » bien qu’ils aient témoigné de capacités d’organisation concrète très supérieures à celles des « organisations » de gauche reconnues (n’oublions pas d’ailleurs que beaucoup de celles et ceux qui y ont joué un rôle étaient des militant[e])s déjà formé[e]s par des pratiques de lutte de terrain). Il est vrai que c’est très difficile de maintenir dans la durée cette puissance commune. Cela suppose de créer un autre temps, un temps qui soit fait de projets et d’actions autonomes, qui ne soit plus rythmé par le calendrier de la machine étatique. Mais on ne peut développer que ce qui existe. On ne peut construire dans la durée qu’à partir des actions qui ont effectivement changé, si peu et si brièvement que ce soit, le champ du possible.

  • The Abortion Bans Keep Coming. Even Anti-Abortion Groups Doubt They’ll Work. – Mother Jones
    https://www.motherjones.com/politics/2019/10/the-abortion-bans-keep-coming-even-anti-abortion-groups-doubt-theyll-wo

    The confirmation of Supreme Court Justice Brett Kavanaugh in October of 2018 spurred many state legislatures to pass abortion bans in the hopes of getting a case to the Supreme Court that could overturn Roe v. Wade. “In 10 to 15 states for the last 30 years, legislators have passed anti-abortion laws that in their view move the envelope toward further restricting the right to abortion,” says Stephen Wermiel, a constitutional law professor at American University. “Now, with Kavanaugh replacing [Anthony] Kennedy, I think the states feel a strong interest in trying to push farther to see one of two things: either if they can get Roe overturned altogether or if they can significantly advance restrictions on abortion.”

    Major anti-abortion organizations such as Americans United for Life have openly spoken out against these bans, arguing that they are not the best strategy to roll back abortion access.

    “They are not likely to make it to the Supreme Court,” says Steven Aden, chief legal officer for Americans United for Life. “For that reason, we think there are other more productive means of the state expressing its respect for life.”

    However, so far none of these laws have been upheld by federal judges. Without a split among the federal courts on the abortion bans, Wermiel says, the Supreme Court is unlikely to take up any of these cases.

    Abortion-related legislation tends to drop off in major election years, given how controversial it is. But Nash thinks 2020 may be different. “I feel like abortion will be an election issue, and for conservatives perhaps in a different way because of the Supreme Court, because of the threat to Roe,” she says, adding, “I can imagine that we are going to see more on abortion bans in 2020.”

    #avortement #réactionnaire

  • Isère : la collégienne visée par une procédure disciplinaire pour un débardeur jugé provocant ne sera pas sanctionnée (France 3 Auvergne-Rhône-Alpes)
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/isere/isere-collegienne-visee-procedure-disciplinaire-debarde

    Une collégienne iséroise de 14 ans faisait l’objet d’une procédure de discipline pour avoir porté des tenues jugées inappropriées par son établissement.

    Que le règlement intérieur intègre des éléments sur la tenue vestimentaire cela paraît raisonnable. Mais la lourdeur de la sanction envisagée intrigue. Et on découvre avec stupéfaction l’argumentaire de l’établissement tel que rapporté par la mère de la collégienne :

    "Les principaux arguments sont : « ça excite les garçons, ils sont en pleine crise d’adolescence, il faut cacher le corps car vous comprenez, il peut arriver des accidents »", déclarait Marion, ​​la mère de cette jeune fille de 14 ans […].

    Donc :
    #culture_du_viol : la tenue vestimentaire justifie les « accidents ».
    #regard_masculin : ce n’est pas tant l’adéquation de la tenue vestimentaire au règlement intérieur qui pose problème que le regard masculin sexualisant qui est porté sur la collégienne.
    NB : le regard masculin est attribué aux collégiens adolescents mais comme les propos sont tenus par l’institution et non par ses camarades, on peut penser qu’il s’agit d’abord d’un regard d’adulte, la réaction putative des collégiens servant de prétexte oratoire.

    Notons que dans le collège d’à-côté d’autres jeunes filles seront exclues pour une robe trop longue ou aux couleurs trop ternes.
    cf. https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2015/04/28/une-jupe-trop-longue-peut-elle-etre-consideree-comme-une-atteinte-a-la-laici

    #éducation #collège #sexisme #contrôle_des_corps #patriarcat

  • Mark Lilla et Gérard Noiriel dans la tête des réactionnaires
    https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/290919/mark-lilla-et-gerard-noiriel-dans-la-tete-des-reactionnaires

    Mark Lilla, enseignant à l’Université de Columbia, consacre un livre à « l’esprit de réaction ». L’historien Gérard Noiriel s’intéresse, lui, à la « part sombre de la République », à travers le parcours croisé des réactionnaires Édouard Drumont et Éric Zemmour. Deux ouvrages instructifs mais parfois problématiques.

    #ESSAIS #réactionnaires,_Gérard_Noiriel,_Franz_Rosenzweig,_Edouard_Drumont,_Eric_Voegelin,_identitaire,_Mark_Lilla,_neo-reactionnaires,_Eric_Zemmour,_Leo_Strauss

  • L’affaire Mashrou3 Leila provoque toujours un débat autour de la Liberté d’Expression
    https://libnanews.com/liban-debat-liberte-expression
    https://i2.wp.com/libnanews.com/wp-content/uploads/2019/08/Capture-contre-appel.jpg?fit=1956%2C1170&ssl=1

    Une pétition en #réaction à l’appel de L’Orient le Jour « #Liberté_d’expression : ne cédons pas face à la #violence ! » et intitulée « Halte à la banalisation des attaques publiques contre la foi chrétienne au #Liban ! » circule actuellement sur les réseaux sociaux.

    [...]

    Pris à son propre piège, le quotidien francophone, tout en revendiquant la défense de liberté d’expression par son appel signé par 200 intellectuels, aurait refusé de faire de même et de publier dans ses colonnes ce contre-appel, accusent les auteurs du texte publié sur le site Change.org : [...]

  • Le Grand Oral de François Asselineau - Les Grandes Gueules de RMC
    https://www.crashdebug.fr/diversifion/16051-le-grand-oral-de-francois-asselineau-les-grandes-gueules-de-rmc

    Rappel : François Asselineau participera au débat entre têtes de liste pour les Européennes 2019, ce mercredi 22 mai 2019 à 22h30 sur France 2. (UPR)

    Source : Youtube.com

    Informations complémentaires :

    Crashdebug.fr : La VV Battle : François Asselineau vs Patrick Vignal - #FrExit vs #Europe - #UPR vs. #LREM (Sud Radio)

    Crashdebug.fr : L’UPR exclu du débat des têtes de listes aux européennes de France TV...

    Crashdebug.fr : Européennes : la justice ordonne à France 2 d’inviter Hamon, Philippot et Asselineau à son débat (Le Figaro)

    Crashdebug.fr : Arnaud Montebourg balance sur l’Union européenne et sur la trahison des élites françaises (OD)

    Crashdebug.fr : Philippot : « L’Euro est une arme de destruction massive devant laquelle on se couche » (Sputnik)

    Crashdebug.fr : « La tragédie de l’euro » ou (...)

    #En_vedette #Divers

  • Un député LREM demande la dissolution de la CGT des Bouches-du-Rhône - Ration [Tournure faussement interrogative du titre supprimée, ndc]
    https://www.liberation.fr/checknews/2019/03/29/un-depute-lrem-a-t-il-demande-la-dissolution-de-la-cgt-des-bouches-du-rho

    Mohamed Laqhila, député LREM, a annoncé dans un communiqué vouloir saisir le Premier ministre pour discuter d’une éventuelle dissolution de l’antenne départementale de la CGT, qui avait empêché le 25 mars la tenue d’un meeting LREM.

    #réaction #régime_autoritaire #libertés_publiques

  • Ça pue. On peut lire ici les délires de "castoriadiens" passé au néoconservatisme (sans même être stipendiée par l’OCDE :)

    "Dans les pays occidentaux, il est devenu aussi dangereux de critiquer l’islam que ça l’était autrefois de dénoncer le “socialisme réellement existant” en URSS" (écrit @lieuxcommuns).

    Entre ces merdes infâmes du néo #racisme "de gauche" et le passage sous silence de l’#antisémitisme français (anti impérialiste, bien sur !), je sais pas trop pourquoi je reste là.

    #confusionismes #réaction

    • Oui tout comme il y a aussi des comptes qui parlent de Philippot ou qui font de la propa russe. On l’a déjà dis mais t’as toujours pas compris que Seenthis c’est un réseau social, pas le site d’une organisation précise avec une charte éditoriale (avec que des gens qui pensent pile comme toi) ?

      Sont supprimés les spams évidents, et les comptes qui postent des contenus répréhensibles par la loi (ce qui menacent donc de poursuites le proprio du domaine et l’hébergeur). Le reste ça se fait par réseau social : les gens peuvent se bloquer.

      Pour l’instant ce n’est pas prévu de changer, mais tout le monde n’est pas forcément d’accord, il y a des discussions. Tu peux aussi t’impliquer, pour l’instant c’est dans une liste de discussion.

      (Ah et ces casto néocon, ils sont aussi sur radio libertaire, qui eux ne sont pas un réseau social neutre et ont des restrictions éditoriales : déso mais c’est un peu que c’est vraiment problématique.)

    • une mini équipe qui se délite

      le manque de garde fous qu’offre un collectif vivant

      C’est probablement le même processus à l’œuvre qui expliquerait qu’un collectif se revendiquant de Castoriadis ne sache pas comment joindre l’auteur d’un texte à son sujet.

      https://seenthis.net/messages/763912

      Conférence, de date et de lieu inconnus, de François Bérard [...] Nous cherchons à contacter l’auteur : nous écrire.

      Le délitement a carrément provoqué ici une perte de mémoire collective.

  • Loi Blanquer : quand les parlementaires se défoulent
    https://blogs.mediapart.fr/b-girard/blog/160219/loi-blanquer-quand-les-parlementaires-se-defoulent

    Dans un contexte brutalement populiste de remise en cause du principe parlementaire, l’Assemblée nationale, avec la discussion du projet de loi #Blanquer, est en train d’apporter à ses détracteurs la pire réponse qui soit : brutale et populiste.

    Sur le fond comme sur la forme, c’est une semaine de défoulement que se sont offerte les députés. Des amendements à la pelle chaudement défendus sur des sujets comme l’uniforme scolaire (et la tenue vestimentaire des enseignants), la présence des symboles nationaux (un lever des couleurs chaque matin dans les écoles ?), la suppression de l’éducation sexuelle, du principe d’égalité entre hommes et femmes, de l’enseignement de l’anglais en primaire, la possibilité d’une amende de 450 euros (!) pour toute insulte proférée par un élève, bien sûr l’incontournable question du foulard etc : les préoccupations reflétées par ces propositions, discutées ou pas, adoptées ou non en quelques minutes, voire en quelques secondes, donnent une bien piteuse image de la représentation nationale. Et lorsqu’au fil des débats, on en arrive à une question aussi lourde de conséquences que « l’école du socle », qui porte en germes le risque d’absorption de l’enseignement primaire par le secondaire - une question donc fondamentale mais qui n’a fait l’objet d’aucune étude préalable, d’aucune concertation – il ne faut néanmoins pas plus d’une demi-heure à une poignée de parlementaires pour en adopter le principe.

    Méconnaissance du sujet (par exemple l’ignorance crasse des députés sur les programmes scolaires), dogmatisme et incapacité réelle à prendre en considération la complexité des choses, refus du débat, mépris pour l’opinion d’autrui, conception abusive de la majorité (les plus nombreux ont nécessairement raison), inclination à satisfaire momentanément ses électeurs plutôt qu’à œuvrer pour l’intérêt général : en proie au populisme le plus débridé, les députés ont fait le choix de décisions insensées qui engagent l’avenir pour de longues années.

    Face à un projet de loi ministériel porté par une idéologie lourdement réactionnaire, les parlementaires non seulement n’ont pas joué leur rôle de contrôle du gouvernement mais ils ont renforcé le ministre dans son arrogance et son sentiment de toute puissance. Arrogance et sentiment de toute puissance qui ne tombent pas de nulle part mais qui ont été incontestablement encouragés par le silence ou la complaisance qui accompagnent Blanquer depuis bientôt deux ans : brutal et doctrinaire, il l’était déjà à sa nomination. Mais l’on est bien forcé de constater que ses premières mesures, ses premières annonces – suspension de la réforme du collège, retour à la semaine de quatre jours en primaire, encouragement au redoublement etc – n’avaient guère suscité de critiques, pas davantage que son mode opératoire fait d’une communication forcenée et d’annonces démagogiques. Tradition bien française : il aura fallu la réforme du lycée et celle du bac pour faire émerger de la quasi confidentialité une contestation qui n’avait sans doute pas jugé nécessaire (ou suffisamment digne…) de s’appliquer aux autres niveaux d’enseignement.

    Alors que les parlementaires font l’objet de menaces et d’agressions personnelles difficilement justifiables même dans une démocratie aussi étriquée que la 5e république, que le Palais-Bourbon a été la cible d’une attaque qui n’est pas sans évoquer les émeutes factieuses de février 34, que la contestation politique se noie dans l’hystérie verbale et la violence physique, que certains syndicats ne voient pas d’inconvénients à défendre leur cause au côté d’irresponsables aventuriers, la question éducative mérite sans doute une autre approche. Il y a urgence, même…

    #éducation #nationalisme #classisme #sexisme #islamophobie #réactionnaires #école

    • Plus de détails ici
      http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/02/14022019Article636857263009013863.aspx

      Le rapport de la seconde journée dit

      Proximité idéologique LR - Blanquer

      Face à ces amendements, JM Blanquer ne se braque pas. Bien au contraire, il répond avec beaucoup de tact. « Vous avez raison il faut une carte de France », répond-il à D Lorion(LR). « L’amour du pays doit être partagé et c’est mon rôle de ministre de l’éducation. Mais ce débat nous amènerait à tapisser toutes les salles de classe de nos bonnes intentions ». Sur l’uniforme : « j’ai vu les bienfaits de l’uniforme. Je continue à l’encourager ». La proximité idéologique est telle qu’une députée LR, Mme Kuster, invite JM BLanquer à la rejoindre. « Vous vous retenez. Lâchez vous. Allez jusqu’au bout. On a besoin de vous ».

      L’occasion est rapidement trouvée de secondes retrouvailles. Les Républicains et la majorité se mettent d’accord sur un amendement commun sur des sanctions pour les harceleurs (amendement 1134).

      Aussi l’amendement de V Petit (LREM) en faveur des parents homosexuels passe t-il sans autre réaction que celle ,indignée, de Mme Thill (LREM). Cet amendement demande que les questionnaires de l’éducation nationale parlent de « parent 1 » et « parent2 » au lieu de père et mère (834).

      Lors de la seconde séance ,
      http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/02/13022019Article636856375738954541.aspx
      le débat se porte sur l’histoire nationale, ou plutôt le roman national, et la priorité donnée aux familles en éducation sur l’Etat. A Ramadier veut qu’on apprenne les grands hommes de l’histoire de France et JM Blanquer rappelle qu’il a changé les programmes. L’EMC est particulièrement ciblée car portant une éducation morale qui devrait rester l’apanage des parents. Ce qui est enseigné à l’école doit l’être « dans le respect de l’éducation qu’il reçoit dans sa famille ». « Personne ne nie le rôle primordial des parents », répond JM Blanquer.

      Je ne comprend pas bien la phrase sur les #grand_homme que j’ai graissé. Quand Blanquer dit qu’il a changé les programmes, est-ce que ca veut dire qu’il a déjà renforcé la place des grands hommes dans les programmes d’enseignement ?

  • Gilets jaunes : derrière l’accusation de « mépris de classe », la condescendance de classe

    https://mars-infos.org/gilets-jaunes-derriere-l-3825

    La critique du mouvement des #gilets_jaunes est systématiquement soupçonnée d’être instruite par mépris de classe. Cette accusation est le plus souvent dénuée de fondements et elle est problématique sur le plan politique. Elle reflète surtout la condescendance de celles et ceux qui la formulent.

    Les textes des camarades qui soutiennent le mouvement des gilets jaunes se suivent et se ressemblent. Outre l’aveuglement volontaire dont ils témoignent souvent vis-à-vis du caractère #réactionnaire du mouvement, ils incluent pour la plupart un paragraphe visant à disqualifier les contradicteur·ices potentiel·les. Le ressort de cette disqualification est toujours le même : puisque le mouvement est « #populaire », celles et ceux qui le critiquent pratiqueraient le #mépris_de_classe. Entre militant·es de #gauche et anarchistes, c’est un peu l’injure suprême : accuser l’autre de dédain pour les plus faibles, c’est le discréditer immédiatement.

    [...]

    Cette condescendance est problématique sur le plan politique, à plusieurs égards :

    – Réduire toute critique à du mépris de classe, c’est refuser de voir que nombre de critiques émanent, précisément, de personnes d’extraction sociale modeste et s’appuient, précisément, sur leur vécu en milieu populaire.

    – C’est aussi fournir un paravent bien pratique pour empêcher la critique des comportements racistes, sexistes ou homophobes qu’adoptent les personnes mobilisées, quelle que soit leur classe sociale.

    – Renoncer à tout jugement #critique sous prétexte qu’un mouvement serait populaire, c’est nier au « peuple » sa capacité à faire des choix éthiques et politiques. C’est donc, en leur refusant d’avoir à répondre de leurs actes sur ces plans, exclure les classes populaires des interlocuteurs légitimes et de l’espace démocratique. Les personnes issues des classes populaires sont déjà très faiblement présentes dans l’espace médiatique et politique. Refuser à celles qui le font de les écouter sur le plan politique - et le cas échéant de les combattre sur ce plan - c’est contribuer à leur infériorisation.

    – Cette condescendance révèle enfin la distance qu’entretiennent celles et ceux qui l’adoptent avec celles et ceux qu’ils appellent « le peuple ». Il ne faut vraiment avoir aucun contact avec des ouvrier·es et des employé·es pour pouvoir affirmer, toute honte bue, qu’ils et elles seraient tou·tes indifféremment #dépolitisé·es, #racistes, #homophobes ou #sexistes. Outre que c’est insultant, c’est objectivement faux. Ce « peuple » que nous mépriserions est totalement fantasmé.

    Une des conséquences de la #condescendance_de_classe est de ne pas identifier les #fachos pour ce qu’ils sont mais de croire voir « le peuple » en eux. Camarades, si vous voyez un #fasciste agiter un drapeau bleu blanc rouge en hurlant « on est chez nous » sur une barricade, ce n’est pas « le peuple », c’est quelqu’un qu’il faut dégager.

    Collectif Athéné Nyctalope

  • A #Bordeaux, #Frantz_Fanon n’aura pas de ruelle à son nom

    La ville de Bordeaux vient d’annoncer qu’il n’y aurait pas de ruelle au nom de Frantz Fanon, auteur né en Martinique. La raison : les liens de l’écrivain avec le Front de libération national algérien, qui ont fait l’objet d’une pétition relayée sur Internet.


    https://la1ere.francetvinfo.fr/bordeaux-frantz-fanon-n-aura-pas-ruelle-son-nom-677665.html
    #noms_de_rue #toponymie #FLN #Algérie #France

  • Interview « Ce qui était autrefois un râteau est aujourd’hui un délit… », estime Éric Dupond-Moretti

    http://lavdn.lavoixdunord.fr/495779/article/2018-11-26/ce-qui-etait-autrefois-un-rateau-est-aujourd-hui-un-delit-estime-

    — Vous attendiez-vous à tant de réactions ?

    « Oui. Georges Tron n’a pas eu de chance : son affaire a commencé en pleine affaire DSK à New York, et son procès se tient en plein phénomène #Metoo, #Balancetonporc… »

    [...]

    –- De la même manière que d’autres, naguère, avec la parole de l’enfant ?

    « Exactement ! Et on a vu ce que cela a donné. Et comment il a fallu se battre aux côtés d’innocents, devant la cour d’assises. »

    (les extraits de son bouquin sont aussi particulièrement gratinés)

    Cf. le fil de @mad_meg sur l’affaire d’Outreau, où s’était illustré Dupond-Moretti, et en particulier la vidéo avec Gwénola Sueur et Pierre-Guillaume Prigent qui font entre autres la généalogie de la constitution des assos masculinistes en France et l’histoire de leur lobbying dans les lieux de pouvoir, en particulier dans la magistrature :

    https://seenthis.net/messages/738233

    #Dupond-Lajoie-Moretti #backlash #réaction #on_sen_fout_on_va_gagner

  • L’élection brésilienne n’est qu’un aperçu de ce qui peut nous arriver.
    https://paris-luttes.info/home/chroot_ml/ml-paris/ml-paris/public_html/local/cache-gd2/18/27af0742d5a89a9a763000783de177.jpg?1542369494
    https://paris-luttes.info/l-election-bresilienne-n-est-qu-un-11003

    Bolsonaro victorieux c’est toutes les forces réactionnaires mondiales qui jubilent. Face à cela, les militants de gauche et les forces du mouvement ouvrier organisées semblent sidérées et désarmées. Il faut que cela change. Y compris en France. Et vite !

    #fascisme #syndicalisme #dystopie #racisme #homophobie
    @rezo

    • Nous ne sommes pas prêt et pourtant seules les luttes sociales peuvent nous sauver

      Il ne s’agit pas ici d’appeler à un front antifasciste. De toute façon un front avec qui ? La France insoumise continue à s’humilier sur les réseaux sociaux, s’embourbant dans des débats douteux sur le patriotisme de gauche. Lutte ouvrière n’a toujours pas compris que nous n’étions pas en 1917. Le NPA n’est qu’une grande bande gauchiste qui ne cesse de scissionner dans tous les sens sur des bases bizarres. Les organisations libertaires n’existent plus… Qui plus est, le front antifasciste n’a jamais été la preuve d’autre chose que l’imminence de la défaite. Il s’agit de s’organiser afin de faire vivre un rapport de force. Afin que les destructions sociales, qui accompagnent systématiquement les montées fascisantes, soient contrées. Afin aussi de reprendre le chemin du réel. Car c’est dans les luttes sociales que les langues se délient, ...

    • Il me semble, au contraire, que LO est parfaitement conscience du gouffre dans lequel nous nous retrouvons, marqué par des reculs réactionnaires de plus en plus profonds. Rien à voir avec une quelconque situation révolutionnaire comme en 1917 ! Cette semaine encore, elle répétait a l’attention du NPA ce qui caractérise sa position : « Le contexte de crise profonde du système capitaliste met la classe ouvrière face à des responsabilités majeures. En même temps qu’elle doit se battre pour ses besoins immédiats, contre les attaques du patronat et du gouvernement, et retrouver le chemin des luttes collectives pour défendre ses conditions d’existence, elle doit combattre les forces d’extrême droite qui sont pour elle un danger mortel. La conscience des travailleurs est cependant en retard sur les nécessités de la situation, et notre tâche est de nous adresser à eux et de leur dire la vérité sur les dangers de la situation actuelle. Nous devons leur dire que, s’ils ne veulent pas être écrasés, ils doivent se battre pour leurs intérêts collectifs et que cela implique de remettre en cause la domination du grand capital [...] L’aggravation de la crise et ses conséquences politiques nous imposent d’affirmer notre programme révolutionnaire, sans en brouiller le contenu et les perspectives au milieu d’une campagne fourre-tout ».

  • Certains de vos commentaires sur Facebook sur l’arrivée des migrants dans la région sont insupportables

    La publication ce jeudi matin sur notre page facebook d’une vidéo sur l’arrivée à Toulouse de migrants de Calais a déclenché un torrent de commentaires. Certains sont empreints d’humanité mais beaucoup donnent la nausée. Nous avons décidé de réagir.

    C’est une simple vidéo. De quelques secondes. Une vidéo réalisée durant la nuit par une équipe de journalistes de #France_3 Midi-Pyrénées. On y voit des hommes, fatigués, tous d’origine afghane, débarquer d’un bus et récupérer leurs bagages. Quelques instants plus tard, ils seront installés dans un centre de la Croix-Rouge à Toulouse. Car ces hommes sont ce que l’on a pris désormais l’habitude d’appeler des « migrants », des réfugiés. Quelques heures auparavant, ils « vivaient » dans des conditions inhumaines dans la « jungle » de Calais.

    Cette vidéo, strictement informative, publiée sur notre page facebook, a déclenché un flot de commentaires. La plupart de ces commentaires sont haineux. Ils rejettent, a priori, sans les avoir rencontré, sans connaître leur histoire, des individus, des êtres humains, simplement parce qu’ils viennent d’un pays étranger, que leurs « traditions », leur « mode de vie » ne seraient pas exactement les mêmes que les nôtres.

    Mais cela va plus loin, « accusant » ces hommes d’être des violeurs en puissance, des agresseurs d’enfants. C’est insupportable.

    D’autres parlent « d’invasion » (quand tout au plus 270 personnes vont s’installer dans notre région, qui compte 5,7 millions d’habitants) ou font l’amalgame avec les terroristes !


    Heureusement, au milieu de cette mare d’immondices déversés sur facebook, certains internautes tentent de faire entendre une autre voix. « Bienvenue à eux » écrivent certains.

    Nous sommes, en tant que service public d’information, profondément attachés à la liberté d’expression. Les commentaires sur notre page facebook sont modérés a posteriori. Cela signifie que ceux qui franchissent la ligne jaune, en matière de respect de la loi (incitation à la haine, insulte, etc) sont supprimés après intervention de nos modérateurs. C’est un travail fastidieux surtout sur certains sujets dits « sensibles » et encore plus à l’approche des élections.

    Il y a la loi. Et puis il y a l’esprit. L’esprit, redisons-le, c’est celui de permettre au plus grand nombre de s’exprimer. Mais laisser le droit à l’expression n’empêche pas d’avoir un avis. La rédaction de France 3 Midi-Pyrénées, tout au long de l’année, à la télévision ou sur son site internet, a l’ambition de montrer la vie des gens qui habitent dans notre région, d’expliquer les faits d’actualité, de les contextualiser. Nous avons fait le choix de ne pas fermer les commentaires sur facebook mais sur certains sujets, des internautes, sous pseudonymes ou leur véritable identité, font tout pour nous pousser à restreindre la liberté d’expression. Nous ne voulons pas nous y résoudre mais nous ne pouvons pas laisser dire des choses fausses et laisser publier des propos insupportables sur notre page facebook sans réagir.

    La France est une terre d’asile. Chacun d’entre nous a dans sa famille ou connaît une personne qui a des origines espagnoles, italiennes, maghrébines, africaines, asiatiques... La région Occitanie a été et reste une terre d’accueil des peuples, au gré de l’histoire : guerres civiles, guerres mondiales, immigration économique, etc.
    L’histoire de notre pays est comme cela, que ça plaise ou non, et sans ces mélanges de population, sans cette ouverture sur le monde, la France ne serait pas la France.

    Cette « haine de l’autre » est irrationnelle. Elle ne repose sur rien d’autre qu’un sentiment. Peu importe comment on le nomme, « de peur », « d’insécurité ». Irrationnel. Ce ne sont pas 27 hommes, démunis de tout qui vont changer la vie d’un quartier, d’une ville comme Toulouse. Ce ne sont pas 250 ou 270 personnes qui vont mettre en péril l’équilibre de notre région. Vous qui voyez dans ces images des violeurs ou des agresseurs, dites-vous qu’y figurent peut-être le médecin qui sauvera demain votre enfant ou le maçon qui construira votre maison ! (Lisez, s’il vous plaît, l’encadré au pied de cet article, « La nausée » de la journaliste Marie Martin).

    Nous savons que la publication de cet article va déclencher de nouveaux commentaires haineux. Nous savons à quoi nous nous exposons. Mais nous ne voulions pas rester silencieux devant tant de haine et face à ce déversement sur facebook de commentaires nauséeux. Ne rien dire c’était se rendre complices.

    https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/certains-vos-commentaires-facebook-arrivee-migrants-reg
    #enfin #médias #réaction #journalisme #migrations #réfugiés #haine #service_public #presse #France3 #racisme #xénophobie #fact-checking #préjugés #invasion #afflux
    ping @reka

  • Le mauvais #dessin | castagne
    http://hyperbate.fr/castagne/2018/08/08/le-mauvais-dessin

    Avec le dessin de Marsault, je rencontre plusieurs problèmes. Son propos politique est dérangeant, bien sûr, et pas dérangeant comme lui ou ses fans le pensent : ce n’est pas parce qu’il heurte ma « bien-pensance », mon « tiers-mondisme » ou ma « bisounourserie » qu’il me pose problème : en lisant ses planches où il cogne (en dessins) les féministes, les écologistes, les pacifistes, etc., je ne me sens pas fragilisé personnellement. En revanche je me sens inquiet, car si sa peur des femmes et du reste du monde est aussi répandue que ses lecteurs sont nombreux, alors notre pays va bien mal. Sa grande cible, ce sont les gens qu’il juge angéliques car ils n’ont pas « compris qu’une société multiraciale ne peut mener qu’à une boucherie » et à qui il reproche de ne pas se préparer physiquement, psychologiquement et matériellement — je n’invente rien, c’est le propos qu’il développait dans un post récent.

    #réactionnaire

  • Ehrung der DDR-Richterin Hilde Benjamin : Von wegen starke Frau - taz.de
    http://www.taz.de/!5506976


    Hilde Benjamin, victime des nazis, juriste et auteure de nombreux articles de loi instituant l’égalité entre hommes et femmes en #RDA .

    On savait déjà que le journal TAZ poursuit son voyage depuis son point de départ du côté des militants de gauche vers l’univers de la droite néolibérale, pourtant il est stupéfiant de constater à quel point la rédaction adopte les positions de l’anticommunisme héréditaire allemand. Les Junker sont de retour.

    https://en.wikipedia.org/wiki/Junker_(Prussia)

    Réponse de Peter Nowak à l’article de Katharina Meyer zu Eppendorf

    https://seenthis.net/messages/695673

    17.5.2018 - von Katharina Meyer zu Eppendorf
    In einer Broschüre wollte der Bezirk Steglitz-Zehlendorf „starke Frauen“ ehren – darunter auch die berüchtigte DDR-Richterin Hilde Benjamin.
    Hilde Benjamin sitzt auf der Richterbank, vor ihr steht ein Angeklagter

    Die „Bluthilde“ nannte man sie im Volksmund, die DDR-Justizministerin und Vorsitzende mehrerer Schauprozesse. 67 Mal urteilte Hilde Benjamin zwischen 1949 und 1953 über „Republikfeinde“, Alt-Nazis und „Wirtschaftssaboteure“. Ihre Bilanz: zwei Todesurteile, 15 lebenslängliche Haftstrafen und insgesamt 550 Jahre Zuchthaus. Den Mauerfall erlebte sie nicht mehr, Benjamin starb im April 1989 mit 87 Jahren in Ostberlin.

    Hilde Benjamin wird aufgrund ihrer Tätigkeit als Richterin nicht nur von Konservativen und AntikommunistInnen kritisch eingeordnet. Sie als eine „starke Frau“ zu bezeichnen, läge vielen fern. In einer Broschüre, erschienen im schwarz-grün regierten Berliner Bezirk Steglitz-Zehlendorf, ist jetzt aber genau das passiert: „Starke Frauen in Steglitz-Zehlendorf 1945 – 1990“ heißt das 76-Seiten-dicke Heft, das der taz vorliegt und in der Hilde Benjamin neben Frauen wie Jutta Limbach und Ingeborg Drewitz gewürdigt wird. Beziehungsweise gewürdigt werden sollte.

    Denn auf der Bezirksverordnetenversammlung (BVV) am Mittwochabend hatten die CDU- und FDP-Fraktion mit ihren Dringlichkeitsanträgen Erfolg, die Broschüre gedruckt nicht weiter vertreiben zu lassen und digital ohne den Beitrag über Hilde Benjamin zu veröffentlichen. Mit Ausnahme der Linksfraktion stimmten alle anderen dem Antrag der FDP zu. „Die Vernichtung der Broschüre unterdrückt doch nur die Diskussion. Es braucht eine kritische Ergänzung und Diskussion und keine ideologische Grabenkämpfe“, reagierte die Linksfraktion auf Twitter am Donnerstag.

    Der stellvertretende Bezirksbürgermeister und Stadtrat für Gleichstellung, Michael Karnetzki (SPD), war aufgrund einer Dienstreise auf der Versammlung nicht anwesend. Eine Stellungnahme lies er trotzdem verlesen. Darin entschuldigte er sich bei den anderen genannten Frauen für die Nennung Benjamins. Die Broschüre war im Auftrag des Jobcenters von einem freien Träger erstellt worden, Karnetzki hatte darin aber ein Vorwort geschrieben.
    Nur eine kleine Auflage

    Bereits am 9. Mai hatte sich der Ausschuss Frauen und Gleichstellung des Bezirkes Steglitz-Zehlendorf im Rathaus Zehlendorf getroffen. Die Frauenbeauftragte Hildegard Josten stellte dort eine Broschüre vor, die starke Steglitzer- und Zehlendorferinnen würdigen soll. Die Auflage ist mit 100 Stück sehr klein, auf der Internetseite des Bezirks gibt es sie aber auch digital aufzurufen.

    „Als wir die Broschüre bekamen und darin Hilde Benjamin entdeckten, waren wir ziemlich irritiert“, sagt Kay Ehrhardt, der Fraktionsvorsitzender der FDP im Bezirk. „Es ist natürlich wichtig, dass Frauen geehrt werden, aber doch nicht jemand wie Frau Benjamin“, erklärt er.

    Diese Ansicht teilte man in der Ausschusssitzung. Gemeinsam einigten sich die Fraktionen darauf, die Broschüre vorerst nicht weiter zu vertreiben und aus dem Internet zu entfernen.

    Das bestätigt auch Hubertus Knabe, Direktor der Stasi-Gedenkstätte Berlin-Hohenschönhausen. „Als wir ein Exemplar der Broschüre bei Frau Josten angefragt hatten, wurde sie uns nicht herausgegeben. Es hieß, der Senat habe der Veröffentlichung nicht zugestimmt“. Von der Webseite verschwand die elektronische Form der Broschüre laut Ehrhardt allerdings nicht auf Anfrage des Senats, sondern des Frauenausschusses – und zwar am Freitag vergangener Woche.

    Die Senatsverwaltung für Kultur und Europa wusste bis zum Montag nichts von der Broschüre, wie die stellvertretende Sprecherin Anja Scholtyssek der taz mitteilte: „Wir als Senatsverwaltung sind für diese Broschüre auch gar nicht verantwortlich“. Aber wer dann?
    Doris Habermann, YOPIC e.V.

    „Unserer Meinung nach sind Menschen auch für ihre positiven Eigenschaften zu würdigen.“

    Laut Impressum ist die Politikwissenschaftlerin Claudia v. Gélieu für das Projekt verantwortlich. Redaktionell betreut wurde es jedoch von dem Verein YOPIC („Young People for International Cooperation e.V.“), der Doris Habermann vorsitzt. Erstellt hatten die Broschüre acht TeilnehmerInnen einer Arbeitsmaßnahme des JobCenters.
    „Wir haben ihre Taten ja nicht verheimlicht“

    Auf Anfrage der taz sagte die Vereinsvorsitzende Doris Habermann: „Wir stehen nach wie vor dazu, Hilde Benjamin in dieser Broschüre genannt zu haben. Benjamin ist eine starke Frau, die sich in ihrer Zeit beispielhaft für die Gleichstellung von Frauen eingesetzt hat. Menschen sind nicht nur schwarz und weiß. Wir haben ihre Taten ja nicht verheimlicht. Wir wollten ihre wichtige Arbeit für die Gleichberechtigung deshalb aber nicht vernachlässigen“.

    Auf die Frage, ob die Würdigung einer Frau, die Todesurteile gesprochen habe, nicht Grenzen überschreite, sagte Habermann: „Manche mögen das so sehen, aber das ist dann eine subjektive Einschätzung. Unserer Meinung nach sind Menschen auch für ihre positiven Eigenschaften zu würdigen. Benjamins Einsatz für die Gleichberechtigung zählt für uns dazu“.

    Die Einstellung der Broschüre durch die BVV wollte Habermann nicht kommentieren. Das Logo des Bezirkes, das YOPIC ohne dessen Einwilligung auf die Broschüre gesetzt hatte, dafür schon. „Das war ein Fehler“, sagt Habermann.

    #Allemagne #anticommunisme #droit #histoire #réaction #Prusse

  • Le mot : « Puritain » - regards.fr
    http://www.regards.fr/je-vois-rouge-par-clementine-autain/article/le-mot-puritain

    Par Clémentine Autain

    Comment un mouvement exigeant la fin de relations violentes et dominatrices, revendiquant l’émancipation des femmes peut-il être taxé de puritanisme ? L’accusation n’est pas nouvelle, elle se traduit brutalement depuis longtemps par une idée reçue sur les féministes, ces « mal baisées ». Ainsi, critiquer les normes traditionnelles de séduction et de sexualité reviendrait à rejeter la séduction et la sexualité.

    Quelle aporie ! Serait-il difficile d’imaginer le sexe et la drague en dehors des stéréotypes, de ces rôles imposés par la domination masculine et l’asymétrie entre les hommes et les femmes – le prince charmant et la belle au bois dormant, le sujet et l’objet, etc. –, au point que les remettre en cause mènerait à abolir la séduction et la sexualité elles-mêmes ?
    S’émanciper des schémas imposés

    Aspirer à d’autres rapports ne signifie en aucune manière viser, in fine, pas ou peu de rapports. Gageons même que la sexualité libérée de la peur d’être violée, la séduction libérée de la crainte d’être harcelée peuvent démultiplier l’envie d’accepter la rencontre, d’avoir une relation sexuelle.

    Gageons encore que les hommes pourraient, eux aussi, ressentir davantage de plaisirs s’ils s’émancipaient des schémas imposés, des attitudes auxquelles ils sont sommés de se conformer. Rechercher le désir de l’autre et non sa domination : là se joue la profonde différence. Ce bougé radical dans la conception de la séduction et des rapports charnels entre les sexes suppose toujours d’attirer l’autre à soi, mais pas pour le posséder : pour nourrir une relation entre sujets libres et égaux.

    #Féminisme

  • De l’École Maternelle aux jardins d’enfants ?

    Il y a quelques années l’école Maternelle, présentée comme une spécificité française, était reconnue comme un point fort de notre système éducatif.

    Ces dernières années, elle a servi de variable d’ajustement lors des suppressions de postes (les effectifs de certaines classes ne permettant plus d’atteindre les objectifs annoncés), elle a subi un recul de l’âge de la scolarisation (avec la disparition des classes de 2 ans ou TPS, préjudiciable notamment pour les élèves les plus fragiles) et elle a été isolée du reste de l’école primaire lors de la dernière réforme des programmes (rattachement de la GS au cycle 1, programmes spécifiques publiés symboliquement à part de ceux de l’élémentaire et du collège).
    Néanmoins ses objectifs, son rôle et son importance ont été réaffirmée.

    Jean-Michel Blanquer a annoncé lors de son arrivée au Ministère qu’il ne réformerait rien, c’est donc assez logiquement que depuis 6 mois, il a défait ce qui avait été mis en place lors du précédent quinquennat et que tous les dossiers imaginables sont aujourd’hui sur la table pour des changements en profondeur du système éducatif, changements qui orienteront durablement celui-ci pour les décennies à venir (à mon avis…).
    Il était donc prévisible qu’il s’attaque à l’école maternelle…

    Jean-Michel Blanquer veut transformer l’école maternelle
    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/01/06/01016-20180106ARTFIG00055-jean-michel-blanquer-veut-transformer-l-ecole-mat

    Le ministre de l’Éducation nationale annonce samedi envisager une réforme des formations des enseignants afin notamment de développer le langage des enfants.

    Il a confié la réflexion au neuropsychiatre Boris Cyrulnik en axant la réforme sur l’épanouissement des élèves et de l’apprentissage du langage.

    Le ministre de l’Education s’appuie sur un neuropsychiatre pour « penser la maternelle de demain » (Ouest France)
    https://www.ouest-france.fr/education/ecole/entretien-blanquer-s-appuie-sur-un-neuropsychiatre-pour-penser-la-mater

    Jean-Michel Blanquer veut transformer l’école maternelle. Le ministre de l’Éducation nationale va s’appuyer sur l’expertise du neuropsychiatre Boris Cyrulnik, spécialiste de la petite enfance pour « penser la maternelle de demain ». Des assises réunissant les principaux acteurs de l’école maternelle se tiendront en mars prochain. Objectif : faire en sorte que la maternelle française soit, plus encore, l’école de l’épanouissement et de l’apprentissage du langage.

    Or, Boris Cyrulnik, qui peut tenir des propos très pertinents sur l’école et l’apprentissage (les notes, la bienveillance, les rythmes…), est pour retarder l’âge de scolarisation. Pourtant, les études disponibles montrent l’influence d’une scolarisation précoce sur les inégalités scolaires, notamment dans les quartiers populaires, notamment en langage.

    Boris Cyrulnik : « Peu d’enseignants ont conscience de leur impact affectif sur les enfants » (VousNousIls)
    http://www.vousnousils.fr/2015/06/08/boris-cyrulnik-peu-denseignants-ont-conscience-de-leur-impact-affectif-s

    Nous serions toutefois bien inspirés de prendre exemple sur les pays nordiques. Comme eux, il nous faudrait nous intéresser à la sécurisation des tout petits, retarder leur entrée à l’école, ne pas attribuer de notes en primaire, raccourcir la durée des cours, confier des activités éducatives à des tiers issus du monde de la culture ou du sport, etc.

    Retarder l’âge de scolarisation signifie par ailleurs concrètement la fin de l’école maternelle (publique) au profit de "jardin d’enfants" (privés). Cette idée est déjà dans les esprits voire dans les tuyaux de l’institution ministérielle.

    Haute-Loire : l’Education Nationale propose des jardins d’enfants pour soulager les classes uniques (France 3 Auvergne-Rhône-Alpes)
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/haute-loire/haute-loire-education-nationale-propose-jardins-enfants

    Dans les plus petites communes de Haute-Loire, il ne subsiste souvent qu’une école à classe unique. Difficile pour les enseignants d’y faire la classe de la maternelle au CM2 pour des enfants de 2 à 11 ans. L’inspection académique propose aux maires de créer des jardins d’enfants

    Les mauvais esprits diront que les économies de postes en maternelle financeront les promesses de Macron de dédoubler les CP et CE1… ou juste une réduction des postes dans un contexte d’économies budgétaires. D’autres esprit chagrins remarqueront, une nouvelle fois, que J.-M. Blanquer, cheville ouvrière des sombres années Darcos… fait du Darcos.

    X. Darcos va supprimer l’école maternelle ? (Sébastien Rome)
    https://blogs.mediapart.fr/sebastien-rome/blog/110708/x-darcos-va-supprimer-l-ecole-maternelle

    Le gouvernement va mettre en place un large plan d’économie dans l’Education nationale en réduisant la scolarité des élèves. Progressivement, les élèves de deux ans puis de trois ans et enfin de quatre ans ne seront plus accueillis à l’école maternelle. Le plan en préparation depuis plusieurs mois à Bercy sera bientôt mis en œuvre. En effet, la Caisse d’allocations familiales de Montpellier vient d’annoncer aux crèches et aux PMI qu’elles devraient s’apprêter à accueillir (ou plutôt garder en leur sein) les enfants de 2/3 ans à la rentrée 2009 puis, à terme, les enfants de 3/4 ans.

    #éducation #école_maternelle #cycle1 #réforme #jardin_d'enfants #privatisation

  • Wiener Wut : Österreich dreht die Zeit zurück - Politik - Tagesspiegel
    http://www.tagesspiegel.de/politik/wiener-wut-oesterreich-dreht-die-zeit-zurueck/20797592.html
    L’Autriche en marche arrière - on lève l’interdiction de fumer dans les restaurants, on se prend à la limitation de vitesse sur les autoroutes, on réduit les allocation sociales, on introduit les notes par points dans les classes les plus petites et on blocque l’accès aux réfugiés.

    Bravo l’Autriche.

    Si seulement vous pourriez aussi me rendre les années de vie qu’on a passé avec la lutte contre vos semblables, je les reprendrait volontiers pour refaire la même chose.

    Die so große wie vage Erzählung von der „Veränderung“ hat Sebastian Kurz den Wahlsieg gebracht, mittlerweile wird sie konkreter: Das Regierungsprogramm liest sich wie eine Melange aus der deutschen Agenda 2010 und Plänen für die Festung Europa. Arbeitszeitflexibilisierung, eine Art Hartz IV – und damit eine Schlechterstellung – für Langzeitarbeitslose, nur noch Sachleistungen für Asylbewerber. Dazu mehr Gewicht für die direkte Demokratie – es deutet sich ein gewaltiger Umbau des Landes an.
    Für die jüngsten Schüler werden Noten ab der ersten Klasse wieder Pflicht – damit auch bei Sechsjährigen die „Leistung wieder gefordert wird“, wie Vizekanzler Heinz-Christian Strache es formuliert. Zur Familie heißt es im Regierungsprogramm, sie sei als „Gemeinschaft von Frau und Mann mit gemeinsamen Kindern natürliche Keimzelle und Klammer“ der Gesellschaft. Kein Wort zur „Ehe für alle“, diese erzwang mitten in den Koalitionsverhandlungen der Verfassungsgerichtshof, zur großen Verärgerung der FPÖ. Österreichs neue Regierung scheint entschlossen, das Land in eine Zeitmaschine zu stecken.

    #Autriche #réaction #fachos

  • À propos de l’hommage appuyé à Jean d’Ormesson :

    Ce long, très long mais très intéressant billet d’André Markowicz malheureusement sur FB et que je me permets de reproduire ici avec le lien pour celles et ceux qui ont encore un compte.

    https://www.facebook.com/photo.php?fbid=2053869168158718&set=a.1385294238349551.1073741827.10000606

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    André Markowicz

    Mireille aux Invalides, Macron, d’Ormesson et Johnny, images de la France

    Ça avait commencé le jour d’avant. J’avais vu passer une déclaration de Françoise Nyssen, mon éditrice, une personne que je connais depuis plus de ving-cinq ans, qui disait qu’il serait bon de rendre un hommage national à Jean d’Ormesson et à Johnny Hallyday. Sur le coup, j’ai cru que ça devait être un hommage conjoint, dans la même fournée, pour ainsi dire, et j’ai pensé, — qu’elle me pardonne — qu’elle déraillait. Et bon, vous savez comme c’est, il y a plein de choses qui se passent en l’espace d’une heure, j’ai oublié cette déclaration, j’avais d’autres choses à faire.

    Quand un ami m’a dit qu’il y aurait un hommage à Jean d’Ormesson aux Invalides, j’ai cru qu’il me faisait marcher. Bon, je l’avoue d’emblée, je n’ai jamais pu lire trois pages d’affilée de ses livres — et dire que je suis mort de honte à l’avouer serait mentir. J’en avais feuilleté quelques-uns, sur les tables de libraires, et c’était toujours, comme on dit en français (et seulement en français) « bien écrit », comme si ça voulait dire quelque chose, de bien écrire, pour un écrivain. Mon ami Armando, à la Sorbonne, faisait ça : il regardait systématiquement les premières pages des romans sur les tables des libraires, et il livrait son jugement : « Oui, c’est pas Dante ».

    Et donc oui, oui, oui, Jean d’Ormesson écrit bien. Il a une « belle langue ». Et non, Jean d’Ormesson, ce n’est pas Dante. Quand je traduisais « les Démons », ce sont des gens comme d’Ormesson qui m’ont servi d’images pour la figure de l’écrivain Karmazinov, qui, de fait, « écrit bien », et qui finit son œuvre en disant « merci ». Merci à ses lecteurs, merci à l’existence, merci à qui vous voulez — qui finit très content. Parce que c’est vrai que c’est très important, d’être content dans la vie. Parce que ça fait plaisir à tout le monde. D’abord à ceux qui vous lisent, et ensuite à soi-même. Et donc, bon, j’ai toujours pensé qu’il était, au mieux, l’exemple parfait du « petit maître », issu d’une tradition, là encore, bien française, qui date du XVIIe. C’est vrai, du coup, il représente une « certaine image de la France » — d’une certaine tradition française de la littérature, ridicule pour toute l’Europe depuis le romantisme — et qui n’est pas moins ridicule aujourd’hui.

    Ce n’était pas une blague. Il y a eu un hommage aux Invalides. Pourquoi aux Invalides ? Est-ce que d’Ormesson avait, je ne sais pas, accompli des actes héroïques au service de la France, ou est-ce qu’il avait été victime du terrorisme ? Etait-il une figure de l’ampleur de Simone Veil ? Et quel écrivain français a été l’objet d’un tel hommage avant lui ? — Il y avait eu Malraux, je crois. Mais Malraux avait été ministre, il était une figure du siècle. Mais qu’a-t-on fait à la mort de Claude Simon ou de Beckett ou, je ne sais pas, celle de Francis Ponge ou de René Char, sans parler de Foucault, de Barthes ou de Derrida — et même d’Yves Bonnefoy ? — Il y a eu des communiqués de l’Elysée (ce qui est bien normal), mais jamais un hommage aux Invalides, c’est-à-dire un hommage de la République, en présence, qui plus est, des deux anciens présidents de la République encore ingambes que nous avons, à savoir Nicolas Sarkozy et François Hollande. — Qu’est-ce que ça veut dire, qu’on rende hommage à d’Ormesson de cette façon ? C’était ça, ma question.

    Et puis, j’ai écouté le discours d’Emmanuel Macron. Et là, les choses ont commencé à se remettre en place : non, Françoise Nyssen n’avait pas déraillé du tout. Elle avait exprimé l’idée. Parce que ce discours est un moment majeur, pas seulement pour d’Ormesson, ou, plutôt, pas du tout pour d’Ormesson, mais pour la vision à long terme de la présidence de Macron — pour sa vision de la France. De sa France à lui.

    Objectivement, c’était un discours formidable. Un discours littéraire, qui multiplie les citations, qui est un hymne à « ce que la France a de plus beau, sa littérature »… Un discours formidable aussi parce que mimétique : on aurait dit que Macron (ou Sylvain Fort, mais ça n’a aucune importance — en l’occurrence, c’est Macron, je veux dire le Président de la République française) faisait un pastiche proustien du style de d’Ormesson lui-même pour prononcer son éloge funèbre, en construisant, avec des imparfaits du subjonctifs gaulliens (et grammaticalement indispensables) un éloge de la clarté, qualité essentielle du « génie national ». Et puis, j’ai entendu cette phrase : « La France est ce pays complexe où la gaieté, la quête du bonheur, l’allégresse, qui furent un temps les atours de notre génie national, furent un jour, on ne sait quand, comme frappés d’indignité. »

    Dites, — comment ça, « on ne sait pas quand » ? Si, on sait parfaitement quand : d’abord, — non pas en France, mais dans l’Europe entière, au moment du romantisme, et de la Révolution française. Quand, d’un seul coup, c’est le monde qui a fait irruption dans les livres, et pas seulement dans la beauté des salons. C’est le moment du grand débat entre Racine et Shakespeare, oui, dans l’Europe tout entière. Et la remise en cause de la « légèreté comme génie national de la France », c’est, par exemple, tout Victor Hugo. Et puis, il y a ce moment de désastre, d’éblouissement qui reste, jusqu’à nous, une déchirure « irréfragable », selon le beau mot employé par Macron, le moment de Rimbaud — qui trouve la légèreté verlainienne, sublime, à la limite extrême de l’indicible, et la transforme en cette légèreté atroce et impensable, « littéralement et dans tous les sens », des « Derniers vers », et qui le laisse dévasté, Verlaine, et qui s’en va, en nous laissant, oui, aujourd’hui encore, nous tous qui parlons français, béants et bouleversés : et c’est après la catastrophe de Rimbaud que viendra, par exemple, celle d’un poète comme Paul Celan (qui lui est si proche).

    Emmanuel Macron a cité les amis de Jean d’Ormesson : Berl, Caillois, Hersch, Mohrt, Déon, Marceau, Rheims, Sureau, Rouart, Deniau, Fumaroli, Nourissier, Orsenna, Lambron ou Baer… — Bon, Orsenna…
    Hersch… C’est Jeanne Hersch ? Et Sureau, c’est François Sureau (dont j’apprends qu’il écrivait les discours de Fillon) ? Et les autres… Berl, Mohrt, Déon, Marceau, Rheims, Rouart, Fumaroli, c’est, de fait, « une certaine idée de la France », — une idée dont je ne pourrais pas dire qu’elle est franchement de gauche. C’est de cette longue lignée dont parle le Président pour peindre, aux Invalides, dans le cadre le plus solennel de la République, la France qu’il veut construire. Et il le fait sans avoir besoin de dire l’essentiel, qui est compris par toute l’assistance : nous sommes dans le cercle du « Figaro », dans le cercle — très ancien — de la droite française la plus traditionnelle, celle des « Hussards », des nostalgiques de l’aristocratie. Parce qu’il faut bien le dire, quand même, non ? — la « légèreté » de Jean d’Ormesson, c’était quand bien ça qu’elle recouvrait : la réaction la plus franche — même si Dieu me préserve de mettre en cause son attachement à la démocratie parlementaire. —

    Michel Mohrt, Marceau (Félicien, pas Marcel…), Michel Déon, Paul Morand, toute, je le dis, cette crapulerie de l’élitisme de la vieille France, moi, je ne sais pas, ça ne me donne pas l’image d’une France dans laquelle je pourrais me reconnaître.

    L’impression que j’ai, c’est que par l’intermédiaire de Jean d’Ormesson, le Président rendait hommage à cette France-là, en l’appelant « la France », et c’est à propos de cette France-là qu’il parlait de son « génie national ». Et sans jamais employer de mot de « réaction », ou le mot « droite ».

    Les Invalides, c’était pour ça. Pour dire la France dans laquelle nous vivons, maintenant que la gauche n’existe plus. Depuis qu’il n’y a plus que la droite. Dans cette légèreté des beautés esthétiques — et cela, alors même, je le dis en passant (j’en ai parlé ailleurs) que la langue française disparaît, en France même, par les faillites de l’enseignement, et, à l’étranger, par les diminutions drastiques et successives du budget alloué à l’enseignement du français. On le sait, la littérature, la beauté, c’est, je le dis en français, l’affaire des « happy few ».

    Et puis, pour les « unhappy many », le lendemain, c’était l’hommage à une autre France, celle des milieux populaires, celle, censément, de Johnny Hallyday. Les deux faces du même.— En deux jours, les deux France étaient ainsi réconciliées par une seule voix, jupitérienne, celle des élites et celle du peuple. Je ne dirai rien de ce deuxième hommage, je ne me reconnais ni dans d’Ormesson, ni dans Johnny (que j’avais vu très grand acteur avec Godard). Mais paix à l’âme de Johnny, que la terre, comme on le dit en russe, lui soit « duvet », qu’elle lui soit, c’est le cas de le dire, « légère ».

    Il y a eu deux hommages, un appel aux applaudissements dans le second, un silence grandiose à la fin du premier, et, moi, parmi les citations que le Président, il y a en une sur laquelle j’ai tiqué, parce que, vraiment, je n’arrivais pas à la situer (je dois dire que je ne me souvenais pas de celle de « La Vie de Rancé », mais qu’elle est grande !..). Non, à un moment, Macron parle de Mireille.

    « C’est le moment de dire, comme Mireille à l’enterrement de Verlaine : « Regarde, tous tes amis sont là. »…

    C’est qui, Mireille ? Dois-je avoir peur d’afficher mon inculture ? J’ai fouillé tout Paul Fort (enfin, pas tout…), il y a un poème célèbre qui devenu une très belle chanson de Brassens sur l’enterrement de Verlaine (Paul Fort y avait assisté)… et pas de Mireille. Je demande autour de moi, je regarde sur Google, il y a une autre chanson de Paul Fort, à « Mireille, dite Petit-Verglas », — mais, là encore, cette citation n’y est pas. Est-ce une espèce de condensé d’une citation de Brassens ? Sur le coup, dans ma naïveté, je me suis demandé s’il ne voulait pas parler de Mireille, vous savez, qui avait fait « le petit conservatoire de la chanson » à l’ORTF… Je me demande d’ailleurs si le jeune Johnny n’est pas passé chez elle. — Je plaisante. Et puis, Mireille, même si quand j’étais enfant, elle était vieille, elle n’était pas vieille à ce point-là. Donc, je ne sais pas qui est Mireille.

    Je me demande ce qu’elle vient faire, cette Mireille, aux Invalides pour dire « tous tes amis sont là »… Si c’est une bourde (je ne vois pas laquelle), ou si, d’une façon plus bizarre, ce n’est pas comme une blague, procédé bien connu parmi les potaches, de fourrer au milieu d’une vingtaine de citations véritables, une citation totalement débile, que personne ne remarquera, histoire, justement, de ne pas se faire remarquer, parce qu’il ne faut pas dire que le roi est nu. — De mon temps, des copains khâgneux avaient fait une série de références à la pensée héraclitéenne de Jacob Delafond, auteur d’un « Tout s’écoule ». C’était, de la part de ces jeunes gens, un signe de mépris envers leur prof. De quoi serait-ce le signe ici ?...

    Quoi qu’il en soit, cette Mireille, aux Invalides, elle participe à la construction de l’image de la France du président Macron. — Non, non, notre roi n’est pas nu. Il porte les habits de la « vieille France ». Ils sont très beaux. Ils sont très vieux. Mais ce ne sont pas ceux des grands auteurs du classicisme, — ce sont plutôt ceux des petits marquis.

    *

    Et puis, enfin, bizarrement, je ne sais pas comment dire : j’ai le cœur serré en pensant à Verlaine.

  • Charlie Hebdo, Mediapart et l’hystérie triomphante | La plume d’un enfant du siècle
    https://marwen-belkaid.com/2017/11/21/charlie-hebdo-mediapart-et-lhysterie-triomphante

    Le plus abject dans toutes ces histoires n’est pourtant pas ici à mes yeux. Le plus abject en effet est que les femmes qui ont dénoncé des agissements honteux et répréhensibles pendant des semaines (harcèlements et agressions sexuels, viols) commis par Tariq Ramadan et bien d’autres, bien trop d’autres, se soient faits dépossédés de leur combat par des politiciens irresponsables et des médias complices. Alors que le sujet initial était la question des droits des femmes ainsi que du comportement et des agissements abjects d’une part considérable des hommes, nous revoilà parti dans des débats rances et identitaires. Cette confiscation de la parole est absolument insupportable, cette instrumentalisation de la parole de femmes dénonçant des agressions sexuelles et des viols l’est tout autant.

    Les #réactionnaires et identitaires ont accueilli comme du pain béni cette affaire Ramadan en cela qu’elle leur permet de faire diversion, leur grande spécialité. Alain Finkiekraut, à qui on peut reconnaitre le mérite de la franchise, n’a pas dit autre chose il y a quelques jours en expliquant que le but de « la campagne #Balancetonporc était de noyer le poisson de l’Islam » et que ledit poisson est désormais de retour grâce à Tariq Ramadan. Cet arc réactionnaire et identitaire se sert de l’Islam pour noyer la question des agressions sexuelles et viols aujourd’hui comme il se servait hier de l’Islam pour ne pas parler des questions économiques et sociales. Dans cette grande diversion dont ils sont les experts, bien aidés par des médias complices, les grands perdants sont toujours les plus dominés de notre société. Il est plus que temps de se lever contre cette dynamique morbide.

    • @sombre Ce sont deux thermes différents « islamo-fascime » ; ce sont les acteurs (Taliban, EI, Frères Mus.), « Islamo-Gauchisme », ce sont « les conpagons de route » (Plenel, etc..). Donc Il n’y a pas de glissement.

    • C’est amha une explication de la volonté de ceux qui inventent ces mots, par une explication absolue :-)

      Un de ces jours, peut-être que nos gardiens du temple (les éditocrates) s’attaqueront sérieusement à ceux qui ont par exemple payé Daech afin que leurs usines soient protégées... aussi sérieusement qu’ils s’attaquent à ceux qu’ils nomment « islamogauchistes ».

      Sincèrement, que ce soit Charlie Hebdo et toute la clique autour de ces organes de propagande rance, ou bien les éditocrates... comment se fait-il que nous ne parvenions pas à les mépriser totalement en ne leur donnant plus aucune importance, en les ignorant absolument ? Idem pour Mediapart et son directeur d’ailleurs, qui même s’il fait parfois un vrai travail d’information, en revient toujours à ses fondamentaux à lui, qui ont pour objet de finalement suivre le même travail de sape de l’opinion que les premiers cités.

      Bref...

    • @nicod_ j’ai pas dit ça.. J’explique les 2 thermes sans transition.
      « Compagnon de route » c’est de l’islam ou l’islam-politique en générale.

      Cela dit si le débat est possible (j’en doute, mais bon) les liens entre la gauche et l’islamisme existe réellement :

      Cette posture « à gauche », plus importante qu’on ne le pense, n’est pas un hasard puisque ce discours islamo-gauchiste joue justement sur les catégories historiques de la « pensée » de « Gauche », comme on va le voir. Il est donc assez facile à repérer dès qu’on en a la clef. Et puis, il y a tous ceux, très nombreux, pour qui tout cela semble apparaître comme un point aveugle, qui passent la chose sous un silence plus ou moins complice ou procèdent par omissions spécifiques, sous-entendus ou ironie. Ils ne cessent d’excuser, de dédouaner, de minimiser l’extrême droite musulmane, quand ils en reconnaissent l’existence, alors même qu’ils sont extrêmement sourcilleux concernant l’extrême droite française ou tout simplement la droite [2]. Les principales victimes, si j’ose dire, ce sont les milieux dits « antifascistes » qui sont absolument aveugles à cette extrême droite musulmane et totalement muets à son endroit, du moins de ce que j’en sais. J’en ai vu dernièrement, par exemple, défiler dans ma ville de banlieue populaire en criant « Pas de fachos dans nos quartiers ! », etc. Évidemment, les fachos ne sont pas dans ces quartiers-là, et sûrement pas dans le mien, et à peine dans ses urnes. Par contre des barbus et autres porteurs de qamis il y en a, en tenue de djihadistes, et à tire-larigot. Là, la contradiction est criante, quand même, mais il est impossible de le leur faire comprendre, la question ne sera pas posée, même lorsque des femmes en burqa passent en riant devant la banderole... Ces militants, qui se proclament pour l’égalité des sexes, pour la liberté des homosexuels, contre les discriminations et le capitalisme, etc., mettent l’islamisme de quartier hors de cause, même lorsqu’il fait des morts. Tout cela interroge fortement, et notamment nos copains tunisiens qui ne comprennent pas pourquoi une telle complaisance, qui serait facilement explicable en terre musulmane, parce que ce phénomène d’islamo-gauchisme est très répandu chez eux comme le montre l’interview d’eux dans notre brochure 19, mais qui leur paraît incroyable en France, terre de combats antireligieux. Alors avant d’aborder le pourquoi, de proposer une explication, je vais me demander comment ils procèdent, quels sont les arguments utilisés.

      https://collectiflieuxcommuns.fr/689-islamisme-islamophobie-islamo?lang=fr