• Prison avec sursis requise contre un responsable de la CGT à la suite d’un tract sur l’attaque du Hamas en Israël
    Le Monde avec AFP - Publié le 29 mars 2024
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/03/29/prison-avec-sursis-requise-contre-un-responsable-cgt-apres-un-tract-sur-l-at

    Un an de prison avec sursis a été requis, jeudi 28 mars, contre un responsable de la Confédération général du travail (CGT) du Nord, jugé à Lille pour « apologie du terrorisme » à la suite d’un tract controversé de soutien aux Palestiniens. La décision a été mise en délibéré au 18 avril.

    « Ce tract présente ces horreurs comme si elles avaient eu un caractère inévitable », a lancé la procureure. « C’est une légitimation d’un attentat de masse sous couvert d’une analyse historique », a-t-elle ajouté, estimant le délit « parfaitement caractérisé ».

    En tant que responsable de la publication du site Internet de la CGT 59, Jean-Paul Delescaut, 57 ans , est jugé pour « apologie publique d’un acte de terrorisme » et « provocation publique à la haine ou à la violence », pour la diffusion d’un message le 10 octobre 2023, trois jours après l’attaque sanglante du Hamas contre Israël.

    Un passage avait été particulièrement mis en cause : « Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi [7 octobre 2023], elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées. » Retiré du site Internet, le tract avait été remplacé par une version « confédérale » corrigée, trois jours plus tard. (...)

    #apologie_du_terrorisme

    • Ici à Montpellier, je crois qu’on a eu la condamnation d’un manifestant lors d’une manif pro-Palestinienne, pour des motifs similaires.

      Pendant ce temps, on a des gens qui se relaient à la télévision pour défendre le fait qu’on peut massacrer 10 000 enfants parce que « regardez, à Dresde, on a rasé la ville… ». Mais je n’ai pas vu qu’on avait des procureurs qui dénonçaient là « une légitimation d’un génocide sous couvert d’une analyse historique ».

      On est vraiment dans un système totalement malade.

    • Répression du soutien à la Palestine : des centaines de personnes aux côtés du secrétaire de l’UD CGT 59
      https://www.revolutionpermanente.fr/Repression-du-soutien-a-la-Palestine-des-centaines-de-personnes
      Un an de prison avec sursis requis contre le secrétaire de l’UD CGT 59 : il faut faire front !
      https://revolutionpermanente.fr/Un-an-de-prison-avec-sursis-requis-contre-le-secretaire-de-l-UD

      Alors que la décision du tribunal sera rendue le 18 avril, la procureure, le tract publié par le syndicaliste constituerait un « délit caractérisé », « une légitimation d’un attentat de masse sous couvert d’une analyse historique ». Une interprétation rejetée par Jean-Paul Delescaut, qui, devant le tribunal, à réinsisté sur les « valeurs d’humanité, de défense de salariés, contre l’injustice sociale et pour la solidarité entre les peuples » de la CGT. « On condamne les actes terroristes en général et bien entendu celui du 7 octobre. On condamne toutes les violences ».

      Des centaines de personnes, regroupant syndicalistes, militants de la cause palestinienne et organisations politiques, se sont rassemblés devant le tribunal de Lille pour réclamer l’abandon de toute poursuite contre le militant ouvrier. Plusieurs figures syndicales et politiques étaient présentes à cette occasion, comme Jean-Luc Mélenchon, Sophie Binet, Olivier Mateu, ou encore Jean-Pierre Mercier, pour soutenir le militant CGT et défendre la voix de la cause palestinienne. Pour Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, les accusation portées contre Jean-Paul Delescaut « s’inscrivent dans un climat très inquiétant de répression des libertés syndicales », avec « plus de 1 000 militants poursuivis au nom des actions menées collectivement par la CGT » contre la réforme des retraites. Alors que le nombre de militants syndicaux poursuivis par la justice atteint en effet un record historique, le syndicat a lancé une pétition pour exiger sa relaxe totale.

      Le rassemblement a également été l’occasion de dénoncer les tentatives pour empêcher depuis 6 mois toutes formes d’expression de soutien et de solidarité avec le peuple palestinien. Des interdictions de manifester aux nombreuses enquêtes ouvertes pour « apologie du terrorisme », le gouvernement a usé de tous les moyens possibles pour faire taire les soutiens à la Palestine et cacher sa complicité avec l’État colonial d’Israël.

      Ce procès ainsi que la réquisition du procureur s’inscrivent dans une offensive répressive majeure contre le mouvement ouvrier et le droit syndical. Dans le cas présent, il constitue une attaque supplémentaire visant à construire un délit d’opinion contre tous ceux qui soutiennent le mouvement pour la Palestine. Une attaque contre toutes les voix qui s’élèvent contre la colonisation, mais aussi une offensive conséquente contre le mouvement ouvrier syndical, et une tentative de tuer dans l’œuf toute convergence entre mouvement ouvrier et soutien internationaliste au peuple palestinien. Contre la répression, solidarité avec Jean-Paul Delescaut !

  • En Espagne, les « trans non normatifs » soupçonnés de saboter la loi sur la transition de genre
    https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/23/en-espagne-les-trans-non-normatifs-soupconnes-de-saboter-la-loi-sur-la-trans

    Depuis quelques mois, sur les réseaux sociaux espagnols, de plus en plus d’hommes se sont mis à témoigner de leur volonté de changer de genre pour des raisons pratiques. Les uns disent vouloir augmenter leurs chances d’obtenir la garde de leurs enfants, les autres, passer plus facilement les épreuves féminines des concours pour devenir pompier ou officier de police, ou éviter des plaintes pour violence de genre. Leur discours, apparenté à celui du parti d’extrême droite Vox, prompt à attaquer les lois d’égalité entre les sexes ou à s’en prendre aux collectifs LGBTI+, a d’abord été perçu comme une simple provocation.

    Jusqu’à ce que, fin février, une information du quotidien El faro de Ceuta interpelle pour de bon les médias nationaux : depuis l’entrée en vigueur de la « loi pour l’égalité des personnes trans », en mars 2023, 47 personnes ont changé de « sexe » à l’état civil dans l’enclave espagnole située sur la côte marocaine ; parmi celles-ci, 39, principalement des militaires et policiers, ont obtenu un passage d’homme à femme. Les associations LGBTI ont aussitôt évoqué une possible fraude à la loi.

    « Il ne peut pas y avoir de fraude à la loi, puisque la loi se fonde sur l’autoperception et ne contient aucune exigence. Ceux qui mettent en doute la condition de genre que je revendique devraient faire attention : nous avons déjà porté plainte pour transphobie contre la Fédération nationale des gays, lesbiennes et trans, une association woke qui nous reproche de ne pas changer notre apparence », explique, avec le plus grand sérieux, David Peralta, « policière » madrilène de 37 ans, secrétaire et cofondatrice de l’Association des trans non normatifs, dont font partie la plupart des policiers de Ceuta devenus des policières.

    Longtemps réclamée par les personnes transgenres, mais aussi très controversée, notamment au sein du mouvement féministe, la « loi trans » reconnaît le principe de « l’autodétermination de genre ». Toute personne peut faire changer librement, sur simple demande, le « sexe » apparaissant sur ses papiers d’identité. Auparavant, il était nécessaire d’avoir suivi un traitement hormonal durant deux ans et de disposer d’une attestation médicale de dysphorie de genre. Dans le but de « dépathologiser » la transition, il suffit à présent de faire une simple déclaration devant l’état civil, et de la réitérer trois mois plus tard. Depuis mars 2023, 5 139 personnes ont mené à bien cette procédure, soit quatre fois plus qu’en 2022 (1 306). A 63 %, la transition a eu lieu du masculin vers le féminin.

    « Un pays heureux, sans hommes »

    Pour sa part, David a changé de sexe au registre civil il y a six mois, tout en conservant un aspect masculin et son prénom, comme les autres membres de son association. « Nous sommes environ un millier de membres et, à 80 %, des policiers ou des militaires, explique-t-elle, assurant n’avoir tiré aucun bénéfice de son changement de genre. Etre une femme n’apporte aucun avantage une fois dans la police. En revanche, pour y entrer, les épreuves physiques sont beaucoup plus faciles : j’encourage donc tous les candidats à changer de sexe. »

    « Dans toutes les lois, il peut y avoir des fraudes, tente de minimiser Uge Sangil, présidente de la FELGBTI+, la plus grande organisation LGBT d’Espagne. C’est à la justice de poursuivre [les éventuels fraudeurs], en démontrant qu’ils cherchent des bénéfices légaux (…), et une visibilité médiatique pour remettre en question la loi… » Pour l’heure, aucun d’entre eux ne fait l’objet de poursuites.
    Lire aussi : L’Espagne adopte une loi permettant de changer librement de genre dès 16 ans et met en place un congé menstruel, une première en Europe

    Sans ciller, David tient un discours antiféministe à peine déguisé sous l’ironie : « Nous sommes des femmes fortes, libres et autonomes, et nous voulons l’égalité réelle entre hommes et femmes, et que notre parole ne soit plus considérée comme supérieure à celle des hommes devant la loi lorsque nous portons plainte. Notre objectif est de protéger les enfants, notamment de l’amputation génitale dès 16 ans, ainsi que de lutter contre le patriarcat. Pour cela, il suffit que tous les petits garçons changent leur genre pour prendre celui de femme. Nous serons alors un pays heureux, sans hommes. »
    « Une loi absurde »

    « Il est évident que ces hommes cherchent à mettre en évidence les contradictions de la loi trans. Ils jouent à la démolir mais aussi à détruire les politiques publiques en faveur de l’égalité des sexes, regrette la féministe Angeles Alvarez, porte-parole de l’Alliance contre l’effacement des femmes, qui s’est opposée à la loi trans. Le gouvernement leur a donné des munitions avec une loi absurde, fondée sur l’autodéfinition. »

    Après de nombreuses polémiques sur l’administration de bloqueurs d’hormones, la clinique pour adolescents Tavistock, à Londres, fermera ainsi ses portes le 1er avril, et ces traitements ne pourront plus être dispensés aux mineurs dans des hôpitaux publics ; la Suède a aussi reculé sur ces soins, qui ne sont plus dispensés que dans des cas très rares.

    « Je ne pense pas que la fraude à la loi atteigne les 5 % : nous n’allons pas faire de l’exception la règle, a assuré la ministre de l’égalité, Ana Redondo, coupant court au débat. La loi fonctionne et l’immense majorité des changements ont amélioré la vie des personnes en transition. »

    • https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/03/29/des-feministes-suedoises-opposees-a-la-loi-sur-l-autodetermination-de-genre_

      Les organisations féministes suédoises ne cessent de le répéter : elles veulent à tout prix éviter d’opposer la cause des femmes à celles des personnes transgenres. Mais, pour elles, impossible de soutenir la proposition de loi présentée par des députés conservateurs et libéraux qui doit alléger les démarches pour changer de sexe à l’état civil, dont elles craignent qu’elle entraîne un recul des droits des filles et des femmes.

      Soutenu par l’ensemble des partis, à l’exception des Chrétiens-démocrates et de l’extrême droite, le texte vise à moderniser la loi datant de 1972 qui avait fait de la Suède le premier pays au monde à légaliser le changement de sexe à l’état civil. Aujourd’hui, la procédure – réservée aux plus de 18 ans – est la même que celle exigée pour débuter une transition médicale. Il faut d’abord se soumettre à une évaluation psychologique, afin d’obtenir le diagnostic de dysphorie de genre, qui doit encore être confirmé par un comité d’experts au sein de la direction nationale de la santé et des affaires sociales.

      (...) Ces groupes s’alarment notamment du fait que, entre 2007 et 2017, le nombre de jeunes filles de 13 à 17 ans suivies pour une dysphorie de genre a augmenté de 2 300 % en Suède, passant de 31 à 727, avec une forte prévalence chez les ados souffrant d’autisme ou de troubles de l’attention.

      (...) ».