des enseignants racontent trois mois d’école à distance

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  • « Nous étions perdus, les élèves aussi » : des enseignants racontent trois mois d’école à distance
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    Comment transmettre sans être face aux élèves, sans les voir en chair et en os ? Quelle quantité de travail envoyer pour ne pas les noyer ? Faut-il privilégier les cours en visioconférence, les vidéos mises en ligne ou bien les cours en PDF pour qu’ils aient une trace écrite ? Autant de questions auxquelles les enseignants ont dû faire face sans aucune préparation.

    Les cours et leçons, qui doivent désormais être expliqués par écrit, sont à refaire. Les élèves, privés de la possibilité de poser leurs questions en classe, et les familles inquiètes se tournent vers les mails, qui arrivent par dizaines. Les copies et cahiers d’exercices sont remplacés par des documents Word ou des feuilles volantes prises en photo… « J’étais enchaînée à mon ordinateur dix heures par jour », résume Dominique*, professeure de lettres en collège. Pour elle comme pour beaucoup, les journées de travail ont vite rallongé.

    Il faut également gérer des angoisses des élèves, décuplées pour les plus grands qui devaient décider d’une orientation pour l’année prochaine ou passer un examen et qui sont restés des semaines dans le flou. Lise*, professeure de mathématiques en lycée, raconte : « Ils ont eu énormément de questions, mais nous découvrions toutes les annonces par voie de presse, parfois elles changeaient à quelques heures d’intervalle en fonction du ministre qui parlait… Nous étions perdus, les élèves aussi. »

    « On était loin du discours officiel consistant à dire que nous étions prêts », assure Nicolas*, professeur d’histoire-géographie. Plusieurs enseignants rappellent, par exemple, que, durant plusieurs jours, les serveurs de l’éducation nationale n’ont pas supporté les millions de connexions simultanées, obligeant le recours à d’autres outils – qui n’étaient pas compatibles avec le règlement général sur la protection des données – comme Zoom, Discord ou WhatsApp, pour ne pas perdre d’emblée le lien avec les élèves. « Je ne me suis pas sentie guidée par mon ministère ou ma hiérarchie, on nous a demandé d’improviser avec les moyens du bord », tance Virginie.

    Ces contraintes n’épargnent pas les enseignants eux-mêmes. « Non, je n’ai pas fait cours en visioconférence, se justifie Chloé*, professeure d’espagnol en collège, qui a préféré les envois de documents. J’ai deux enfants de 3 et 7 ans à la maison, j’en fais quoi pendant que j’enchaîne les visio avec mes 170 élèves ? » D’autres déplorent une connexion défaillante, notamment en zone rurale, ou un matériel informatique inadapté. « Nous travaillons avec notre matériel et nos outils, l’éducation nationale ne nous équipe pas », précise la plupart d’entre eux.

    #Education #Confinement