• À Nantes, pourquoi Noël tourne au vinaigre | Le Télégramme
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    « À Nantes, le père Noël est mort »
    Et puis dans ce parcours hivernal, place également à cette « Petite maman Noël », de Virginie Barré, qui « affirme avec humour et légèreté un regard féministe », toujours selon les organisateurs. Un crime de lèse-majesté pour les défenseurs des traditions ancestrales de Noël.


    Dans le cadre du Voyage en hiver, les illuminations à Nantes suscitent une vive polémique, fâchant les tenants d’un Noël placé sous le signe des traditions.
    (Philippe Créhange/Le Télégramme)

    Premier à dégainer, Pascal Praud. L’animateur vedette de CNews, la chaîne de télé du groupe Bolloré à la ligne éditoriale conservatrice, s’en est donné à cœur joie fin novembre sur son plateau, entouré de ses chroniqueurs, dans un édito au vitriol. Fustigeant, en creux, ce qui constitue selon lui une dérive woke de la ville bretonne et de son édile. « À Nantes, Noël n’est plus Noël. À Nantes l’idéologie tient lieu de pensée. La maire de la ville, Madame Rolland, thuriféraire du progressisme et combattante du patriarcat. À Nantes, le père Noël est mort. La mère Noël pose en jogging et en chaussettes de Noël. À Nantes, Noël n’est plus une fête chrétienne. » Une baffe largement partagée sur les réseaux sociaux, en particulier X (ex-Twitter).

    • À Nantes, comment Pascal Praud pèse sur la politique locale | Le Télégramme
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      Pas une semaine ou presque sans que l’animateur vedette de la chaîne de télévision CNews et de la radio Europe 1, toutes deux propriétés du milliardaire breton Vincent Bolloré, ne vienne évoquer la situation politique nantaise.
      (Photo Arnaud Journois/ Le Parisien/PHOTOPQR)

      Animateur vedette de CNews et d’Europe 1, Pascal Praud ne rate jamais une occasion de parler de Nantes, la ville où il a grandi, fustigeant la politique de sa maire socialiste Johanna Rolland. Une obsession qui interroge sur sa véritable ambition dans la Cité des ducs de Bretagne.

      Dans l’entourage de la maire de Nantes Johanna Rolland, personne ne l’admettra officiellement. Cela risquerait de donner trop d’importance au personnage. Mais Pascal Praud est bel et bien devenu un sujet pour la collectivité. Pas une semaine ou presque sans que l’animateur vedette de la chaîne de télévision CNews et de la radio Europe 1, toutes deux propriétés de l’homme d’affaires breton Vincent Bolloré, ne vienne évoquer la situation politique dans cette ville administrée par la socialiste depuis 2014. Et rarement - pour ne pas dire jamais - en des termes louant son action.

      Dernière sortie en date lors de son célèbre talk-show « L’heure des pros » : son édito au vitriol sur les illuminations de Noël et le Voyage en hiver. Illustrations, selon le journaliste, du courant woke qui traverserait la majorité rollandienne. Un énième épisode pour une série qui dure depuis des mois, où les téléspectateurs de la chaîne à la ligne éditoriale conservatrice ont découvert tour à tour le manque supposé de sens politique de la maire, et sa « lâcheté », sa « couardise », suite à ses alliances avec la Nupes. Critiques auxquelles Praud associe régulièrement la maire PS de Rennes Nathalie Appéré.

      Il a dû vivre un traumatisme quand il était enfant à Nantes, ce n’est pas possible

      Summum de cette focalisation : la question de l’insécurité. À la rentrée 2022, c’est une tempête médiatique qui s’abat sur la Cité des ducs de Bretagne. Au cœur de cette couverture hors-norme la multiplication - bien réelle - des fusillades et autres crimes dans une ville qui n’était pas habituée à autant de violences. Et une fois encore, parmi les premiers à « tirer » : Pascal Praud. Une obsession qui interroge bien des membres de la garde rapprochée de Johanna Rolland avec laquelle, assurent-ils, il n’y a pourtant aucun conflit interpersonnel, aucun passif.

      « À ce niveau cela tient de la psychologie. Il a dû vivre un traumatisme quand il était enfant à Nantes, ce n’est pas possible », essaie de comprendre un adjoint de la maire. Car Nantes et Pascal Praud, c’est une vieille histoire. Le journaliste y est né il y a près de 60 ans. Passé par le collège Saint Stanislas, c’est dans sa ville qu’il se fait remarquer pour la première fois à la télé, un soir de mai 1979 à Marcel Saupin, mythique stade du FC Nantes avant la Beaujoire, comme le raconte dans un portrait fouillé le journal Le Monde. Le jeune Pascal n’a que 14 ans mais on le voit au premier plan à côté du non moins mythique Henri Michel, qui répond aux journalistes de… Téléfoot, l’émission pour laquelle il collaborera, plus grand.

      La chute avant la toute-puissance
      C’est à Nantes, encore, qu’il reviendra, à la fin des années 2000, pour exercer la fonction de directeur général délégué en charge de la communication et du marketing du FC Nantes. Une période durant laquelle il ne se fait pas beaucoup d’amis dans le petit monde médiatique local. Très interventionniste, il ne supporte pas les questions qui fâchent. Il n’hésite pas à décrocher son téléphone quand un article ne lui convient pas, et passe par l’étage au-dessus s’il n’obtient pas satisfaction. « Ce principe de mettre la pression, c’était une habitude. Quand l’information ne convenait pas, il jouait sur les ressorts hiérarchiques », explique au Télégramme un journaliste ayant vécu l’expérience. Comme ce jour où il réussit à faire convoquer des rédacteurs de Ouest-France au siège du journal, à Chantepie (35), suite à leur couverture de l’actualité du club.

      Deux petites années et puis s’en va. Pascal Praud quittera la Cité des ducs la tête basse et dans une impasse professionnelle. Avant que le bouleversement des chaînes d’info en continu ne vienne le remettre en selle. Désormais animateur clé du groupe Bolloré, il est devenu incontournable. Avec ses talk-shows sur CNews et Europe 1, « Ce mec doit se sentir tout puissant. Il a augmenté sa tranche horaire de 34 %. Sans compter sa page pleine dans le Journal du dimanche (également propriété de l’homme d’affaires breton) », observe-t-on avec effroi du côté de la mairie.

      Ils sont en train de préparer bien avant l’heure la campagne municipale

      Une collectivité, désormais au cœur de ses sujets de prédilection, qui a analysé méthodiquement le circuit de l’information depuis que Praud est aux manettes : deux éditos sur Europe 1 et CNews, une reprise de l’info dans Boulevard Voltaire et Livre Noir (médias d’extrême droite) puis l’enchaînement dans la presse nationale, locale et bien sûr les réseaux sociaux. Sans parler des rebonds dans l’émission de Cyril Hanouna, Touche pas à mon poste, sur C8, toujours dans l’empire Bolloré. « Quel que soit le sujet, c’est toujours le même trajet. Et c’est effrayant pour la démocratie », constate, amer, un conseiller de l’ombre.

      Car cette couverture a des répercussions très politiques comme ce jour de fin novembre où Marion Maréchal, en campagne pour les Européennes, vient faire un tour à Nantes pour dénoncer ce qu’elle considère comme la fin des traditions de Noël. Une présence que l’on doit à… CNews, affirme Johanna Rolland. « Cette venue témoigne, s’il en était besoin, des liens entre les fake news initiées par Pascal Praud sur CNews, l’extrême droite et son projet politique dangereux », écrit l’édile dans un communiqué.

      Un sentiment partagé autour de la maire. Jean Blaise, le directeur du Voyage à Nantes, note lui aussi quels médias ont réagi en premier lieu lors de la polémique sur les illuminations de Noël. « Tous des médias du groupe Bolloré et du groupe Bouygues. Ils sont en train de préparer bien avant l’heure la campagne municipale de Nantes », veut croire l’homme qui façonne la culture à Nantes depuis des décennies.

      Ambition politique ?
      De là à imaginer que Pascal Praud, lui-même, se lance dans une candidature face à Johanna Rolland en 2026, il n’y a qu’un pas. La rumeur circule d’ailleurs avec insistance en ce moment sur les bords de Loire. Contacté par nos soins par SMS, l’intéressé ne nous répond que par un sibyllin « Merci. Je ne parle pas. » Mais pour beaucoup d’observateurs, l’hypothèse paraît saugrenue. Il serait en effet étonnant que Praud, au sommet de sa gloire médiatique, quitte son confortable poste chez Bolloré, où son influence est immense, pour une chaotique et incertaine aventure politique. Quand bien même elle se passe dans sa ville de cœur, Nantes. D’autant que l’homme semble avoir désormais plus le béguin pour La Baule (44), chez son ami Franck Louvrier.

      Nantes bashing
      En attendant, le show de Praud depuis son studio ne fait pas beaucoup rire en Loire Atlantique. Et pas seulement dans le clan Rolland. « Ce qui est un peu problématique, c’est que maintenant, quand on parle de Nantes, c’est de manière négative », s’inquiète un élu d’opposition. « On a besoin de faire redescendre la pression car ça accélère la dégradation de l’image de la ville », ajoute-t-il, tout en pointant dans le « cas Praud » les erreurs de communication de la maire et de ses alliés.

      Dans les milieux économiques, non plus, on ne goûte guère la « publicité » faite par Pascal Praud pour le territoire. À la rentrée dernière, le président de la CCI Nantes Saint-Nazaire Yann Trichard avait ainsi dénoncé dans Presse Océan ces « abrutis qui s’amusent à faire ce bashing » et ces « émissions à la c… qui sont toujours à charge. » Personne n’était nommément cité. Mais tous les regards s’étaient immédiatement dirigés vers les médias du groupe Bolloré. Médias - CNews en tête - où l’on ne verra jamais Johanna Rolland s’exprimer. Invitée pour des interviews, elle se refuse par principe à y aller.

      « Où cela va-t-il s’arrêter ? »
      Alors ? Dangereuse l’influence « praudienne » ? Pour cet observateur averti de la politique locale, l’action du journaliste n’emporte heureusement pas l’ensemble de la société nantaise. Elle peut même avoir l’effet inverse. « Il y a beaucoup de gens que ça gonfle profondément. Et finalement ça soude. » « Il fait plus de mal qu’il ne fait du bien à la ville. Oui il y a des problèmes mais de là à dire que c’est un western… » ajoute cet acteur économique, tout en restant néanmoins impressionné par le côté « brillant » du bateleur Praud. « Il a un impact de fou. »

      Une influence qui fait un peu frémir la majorité. « Tout cela s’adresse d’abord à une communauté sur les réseaux sociaux. Et ce n’est heureusement pas le ressenti des gens qui vivent dans cette ville », veut croire cette élue municipale. Mais de quand même s’interroger : « Où cela va-t-il s’arrêter ? »