Israël, merci Moscou | FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM D’HISTOIRE

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  • La Shoah après gaza
    https://lundi.am/La-Shoah-apres-gaza

    En 1977, un an avant de se suicider, l’écrivain autrichien Jean Améry découvrit des articles de presse faisant état de la torture systématique des prisonniers arabes dans les prisons israéliennes. Arrêté en Belgique en 1943 alors qu’il distribuait des tracts antinazis, Améry avait lui-même été sauvagement torturé par la Gestapo, puis déporté à Auschwitz. S’il parvint à survivre, jamais il ne put considérer ses tourments comme appartenant au passé. Il insistait sur le fait que les torturés restent des torturés, et que leur trauma est irrévocable. Comme nombre de survivants des camps de la mort nazis, Améry en était d’abord venu à éprouver un « lien existentiel » avec Israël dans les années 1960. Il avait attaqué de manière obsessionnelle les critiques de gauche de l’État juif en les qualifiant d’« irréfléchis et de malhonnêtes », et fut peut-être l’un des premiers à affirmer que sous les atours d’un anti-impérialisme et d’un antisionisme vertueux se dissimulait un antisémitisme virulent. (Une idée désormais communément colportée par les dirigeants et les partisans d’Israël). Pourtant, les rapports « certes sommaires » faisant état de torture dans les prisons israéliennes incitèrent Améry à réfléchir aux limites de sa solidarité avec l’État juif. Dans l’un des derniers essais qu’il publia, il écrivit : « J’appelle de toute urgence tous les Juifs qui veulent être des êtres humains à se joindre à moi dans la condamnation radicale de la torture systématique. Là où commence la barbarie, les engagements existentiels mêmes doivent prendre fin. »

    Améry a été particulièrement perturbé par l’apothéose de Menachem Begin, en 1977, en tant que Premier ministre d’Israël. Begin, qui avait organisé l’attentat à la bombe de 1946 contre l’hôtel King David à Jérusalem, au cours duquel 91 personnes furent tuées, fut le premier de ces représentants assumés du suprémacisme juif qui continuent de diriger Israël. Il fut également le premier à invoquer régulièrement Hitler, l’Holocauste et la Bible alors qu’il attaquait les Arabes et bâtissait des colonies sur les territoires occupés. Dans ses premières années, l’État d’Israël avait entretenu une relation ambivalente avec la Shoah et ses victimes. Le premier Premier ministre israélien, David Ben Gourion, avait d’abord considéré les survivants de la Shoah comme des « débris humains », affirmant qu’ils n’avaient pu survivre qu’en se rendant « vilains, rudes et égoïstes ». C’est Begin, le rival de Ben Gourion, un démagogue polonais, qui fit du meurtre de six millions de Juifs une intense préoccupation nationale et une nouvelle base pour l’identité d’Israël. L’establishment israélien commença à produire et à diffuser une lecture très particulière de la Shoah mise au service de la légitimation d’un sionisme militant et expansionniste.

    • Des rappels historiques ( de 1945 à 1948) dans ce film documentaire suivi d’un débat (DébatDoc sur LCP).

      La Shoah est aujourd’hui au cœur de l’identité israélienne. Elle est devenue l’affaire du pays tout entier. Une fois par an, le jour du souvenir tout s’arrête. En mémoire de ses martyrs, le pays tout entier se fige dans le silence et le recueillement. Depuis quelques années, les femmes rescapées sont mises à l’honneur dans un concours de beauté. Destiné à célébrer la vie, le titre de « Miss survivante de la Shoah » couronne la gagnante. La tragédie des Juifs d’Europe légitime désormais si fort l’existence de l’état hébreu que le monde a oublié que sa création a été avant tout le fruit du jeu cynique des grandes puissances. En réalité, les cendres d’Auschwitz n’ont pas pesé lourd dans la naissance d’Israël.

      https://www.dailymotion.com/video/x8vtxf2

      Fiche du film et bio du réalisateur :
      https://www.cinema-histoire-pessac.com/festival/films/israel-merci-moscou