• Prison avec sursis requise contre un responsable de la CGT à la suite d’un tract sur l’attaque du Hamas en Israël
    Le Monde avec AFP - Publié le 29 mars 2024
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/03/29/prison-avec-sursis-requise-contre-un-responsable-cgt-apres-un-tract-sur-l-at

    Un an de prison avec sursis a été requis, jeudi 28 mars, contre un responsable de la Confédération général du travail (CGT) du Nord, jugé à Lille pour « apologie du terrorisme » à la suite d’un tract controversé de soutien aux Palestiniens. La décision a été mise en délibéré au 18 avril.

    « Ce tract présente ces horreurs comme si elles avaient eu un caractère inévitable », a lancé la procureure. « C’est une légitimation d’un attentat de masse sous couvert d’une analyse historique », a-t-elle ajouté, estimant le délit « parfaitement caractérisé ».

    En tant que responsable de la publication du site Internet de la CGT 59, Jean-Paul Delescaut, 57 ans , est jugé pour « apologie publique d’un acte de terrorisme » et « provocation publique à la haine ou à la violence », pour la diffusion d’un message le 10 octobre 2023, trois jours après l’attaque sanglante du Hamas contre Israël.

    Un passage avait été particulièrement mis en cause : « Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi [7 octobre 2023], elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées. » Retiré du site Internet, le tract avait été remplacé par une version « confédérale » corrigée, trois jours plus tard. (...)

    #apologie_du_terrorisme

    • Ici à Montpellier, je crois qu’on a eu la condamnation d’un manifestant lors d’une manif pro-Palestinienne, pour des motifs similaires.

      Pendant ce temps, on a des gens qui se relaient à la télévision pour défendre le fait qu’on peut massacrer 10 000 enfants parce que « regardez, à Dresde, on a rasé la ville… ». Mais je n’ai pas vu qu’on avait des procureurs qui dénonçaient là « une légitimation d’un génocide sous couvert d’une analyse historique ».

      On est vraiment dans un système totalement malade.

    • Répression du soutien à la Palestine : des centaines de personnes aux côtés du secrétaire de l’UD CGT 59
      https://www.revolutionpermanente.fr/Repression-du-soutien-a-la-Palestine-des-centaines-de-personnes
      Un an de prison avec sursis requis contre le secrétaire de l’UD CGT 59 : il faut faire front !
      https://revolutionpermanente.fr/Un-an-de-prison-avec-sursis-requis-contre-le-secretaire-de-l-UD

      Alors que la décision du tribunal sera rendue le 18 avril, la procureure, le tract publié par le syndicaliste constituerait un « délit caractérisé », « une légitimation d’un attentat de masse sous couvert d’une analyse historique ». Une interprétation rejetée par Jean-Paul Delescaut, qui, devant le tribunal, à réinsisté sur les « valeurs d’humanité, de défense de salariés, contre l’injustice sociale et pour la solidarité entre les peuples » de la CGT. « On condamne les actes terroristes en général et bien entendu celui du 7 octobre. On condamne toutes les violences ».

      Des centaines de personnes, regroupant syndicalistes, militants de la cause palestinienne et organisations politiques, se sont rassemblés devant le tribunal de Lille pour réclamer l’abandon de toute poursuite contre le militant ouvrier. Plusieurs figures syndicales et politiques étaient présentes à cette occasion, comme Jean-Luc Mélenchon, Sophie Binet, Olivier Mateu, ou encore Jean-Pierre Mercier, pour soutenir le militant CGT et défendre la voix de la cause palestinienne. Pour Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, les accusation portées contre Jean-Paul Delescaut « s’inscrivent dans un climat très inquiétant de répression des libertés syndicales », avec « plus de 1 000 militants poursuivis au nom des actions menées collectivement par la CGT » contre la réforme des retraites. Alors que le nombre de militants syndicaux poursuivis par la justice atteint en effet un record historique, le syndicat a lancé une pétition pour exiger sa relaxe totale.

      Le rassemblement a également été l’occasion de dénoncer les tentatives pour empêcher depuis 6 mois toutes formes d’expression de soutien et de solidarité avec le peuple palestinien. Des interdictions de manifester aux nombreuses enquêtes ouvertes pour « apologie du terrorisme », le gouvernement a usé de tous les moyens possibles pour faire taire les soutiens à la Palestine et cacher sa complicité avec l’État colonial d’Israël.

      Ce procès ainsi que la réquisition du procureur s’inscrivent dans une offensive répressive majeure contre le mouvement ouvrier et le droit syndical. Dans le cas présent, il constitue une attaque supplémentaire visant à construire un délit d’opinion contre tous ceux qui soutiennent le mouvement pour la Palestine. Une attaque contre toutes les voix qui s’élèvent contre la colonisation, mais aussi une offensive conséquente contre le mouvement ouvrier syndical, et une tentative de tuer dans l’œuf toute convergence entre mouvement ouvrier et soutien internationaliste au peuple palestinien. Contre la répression, solidarité avec Jean-Paul Delescaut !

  • Le cost killer et le post-politique | Mouise Bourgeois presents
    https://mouisebourgeoispresents.wordpress.com/2022/12/13/le-cost-killer-et-le-post-politique

    G. était un cost killer. Un tueur de coûts. Un tueur tout court. Il avait été embauché pour ça. Il avait déjà derrière lui le palmarès de deux boites fermées et quelques milliers d’emplois détruits. A moins d’une surprise, on finirait bien par être la troisième. Les choses ont commencé par une « externalisation » de certains services. « Délocalisation », c’est trop connoté. Trop 90’s. On sait ce que ça veut dire donc on peut s’y opposer. Là, l’externalisation c’était pour réajuster nos missions et nos services, afin de nous offrir des postes à plus hautes compétences. Subtil, n’est-ce pas ? Qui se bat contre une revalorisation des postes apportant des compétences plus hautes ? En moins d’un an, le service le plus important, composé d’une centaine de personnes, tournait à 20. Le reste avait été externalisé à Madagascar. Cette réduction drastique avait été finalement assez facile. Il n’y avait même pas eu besoin de trop licencier. Les gens partaient d’eux-mêmes. C’est l’avantage avec un service composé de salariés à mi-temps, mal payés, en début de carrière ou exerçant cet emploi pour ce qu’il est : un job alimentaire. Il suffit de mettre en place quelques erreurs systématiques sur la fiche de paie, de nouvelles règles de cadences insurmontables, un management violent et les gens partent. Se battre pour un boulot de merde que l’on n’avait pas prévu de faire toute sa vie est absurde. Celles et ceux qui sont restés n’avaient pas le choix. Et c’est un avantage : on peut faire ce que l’on veut avec des gens qui n’ont pas le choix et qui sont trop peu nombreux pour organiser une lutte qui puisse payer. Ils ont donc fait la seule chose qu’ils pouvaient faire : ils ont courbé le dos en espérant que cela ne tombe pas sur leur gueule.

  • Pascal Rogard : « La France a laissé tomber la défense du droit d’auteur pour faire plaisir à Mistral »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/03/30/pascal-rogard-la-france-a-laisse-tomber-la-defense-du-droit-d-auteur-pour-fa

    Jusqu’à présent, dans tous les dossiers liés aux droits d’auteur et à la défense de la création, Bruxelles apparaissait prolibérale, et la France était partisane de la régulation et de la défense de la création. Là, pour la première fois, les rôles étaient inversés : celui du « gentil » était tenu par Thierry Breton, tandis que les « méchants » étaient Bruno Le Maire [ministre de l’économie] et Jean-Noël Barrot [ministre délégué chargé de la transition numérique sous le gouvernement Borne, entre 2022 et 2024]. La France, pays inventeur des droits d’auteur, est apparue à front renversé, à l’inverse de ce qu’elle a toujours défendu. MM. Le Maire et Barrot ont laissé tomber la défense du droit d’auteur au nom d’un développement du numérique national. Mais surtout pour faire plaisir à Mistral – l’une des principales start-up françaises de l’IA –, dont le lobbyiste à Bruxelles est Cédric O, ex-ministre chargé du numérique.

  • France Inter a-t-elle embauché une journaliste « en lien avec Daech », comme l’affirme Philippe Val ? – Libération
    https://www.liberation.fr/checknews/france-inter-a-t-elle-embauche-une-journaliste-en-lien-avec-daesh-comme-l

    Dans son édito hebdomadaire du lundi 25 mars, Philippe Val, ex-patron de France Inter désormais chroniqueur sur Europe 1, a pris pour cible son ancienne maison. A l’antenne, il ironise sur le décalage apparent, selon lui, entre une « présomption d’innocence » qu’il juge inexistante dans le cas de Jean-François Achilli, suspendu de l’antenne à titre conservatoire pour avoir collaboré au livre du président du RN, Jordan Bardella, et le cas d’une journaliste, « embauchée » par France Inter alors qu’elle « aurait des liens avec Daech ».

    #paywall

    Voilà, sache-le, les journalistes islamogauchistes de la radio publique financent les rebelles irakiens financés par nos alliés qataris et saoudiens et lafargiens afin de faire la guerre à notre ennemi la Syrie d’Assad.

  • Butler, Alimi et l’« éthique » | par Frédéric Lordon
    https://blog.mondediplo.net/butler-alimi-et-l-ethique

    L’intervention il y a un mois de Judith Butler n’en finit donc pas de produire du remous. Judith Butler a dit « résistance » — et pu mesurer ce qui s’en est suivi. Arié Alimi lui rétorque « éthique de la résistance ». On a compris le fond de l’affaire : il va s’agir de juger — donc de condamner. C’est à ça que servait « terrorisme » : à produire de la condamnation, dont l’unique fonction est que rien ne puisse être ajouté derrière elle. Mais « terrorisme » c’est du niveau de Macron, BHL ou Léa Salamé. Entre intellectuels, on passera donc par l’éthique et la philosophie morale. Car pour émettre de la condamnation bien fondée, il faut disposer d’une norme du juste et de l’injuste. Voilà à quoi Alimi ramène Butler. Disons que Judith Butler n’était pas entièrement à l’abri d’une objection de cette nature. Objectivement, une partie de sa propre philosophie l’appelle. C’est la possibilité de ce porte-à-faux qu’Arié Alimi a utilisée.

    La philosophie morale a toute sa dignité, et la réflexion éthique son domaine propre, ça va sans dire. Elle devient problématique quand elle sort de son ordre, comme dirait Pascal, et qu’elle entend annexer, ou au moins détourner, la lecture d’un événement qui appartient en première instance à un autre registre, entre autres celui de la philosophie politique.

    Il n’est pas fortuit que le mot « éthique » ait proliféré ces dernières décennies, et nous savons parfaitement à quoi cette prolifération a servi : à une vaste entreprise de dépolitisation. Dont le capitalisme néolibéral aura été le premier lieu, pour ne pas dire le premier bénéficiaire. Les entreprises sont éthiques, la finance est éthique ; comme Total, Orpéa a un comité d’éthique ; notre consommation devrait être éthique, notre tri des déchets aussi.

    Il ne s’agit pas de dire que la philosophie éthique est tout entière de cette eau de vaisselle. Mais qu’il y a un climat intellectuel général, et que, même à distance, la philosophie en enregistre les effets, dans les problèmes qu’elle choisit de se poser. La pensée politique également. Dont les lignes de réflexion immédiate s’en trouvent pré-orientées, sans qu’elle en ait toujours grande conscience. C’est pourquoi, le plus souvent, quand nous entendons « éthique », nous devrions dresser l’oreille : il se pourrait qu’il y ait du problème absurdement posé dans l’air. À l’évidence, avec l’objection qu’Alimi fait à Butler, nous y sommes en plein. Ça n’est pas tant qu’« éthique de la résistance » sonne comme un moyen de gagner sur tous les tableaux — on a dit résistance, mais on ajoute qu’il faut que ça demeure raisonnable. C’est qu’à mettre aussitôt le mot « éthique », toute lecture strictement positive, c’est-à-dire causale, de l’événement se trouve distordue, en fait empêchée, par rabattement immédiat dans la logique du jugement.

    Or il faut d’abord produire cette lecture positive, et la produire jusqu’au bout, au moins pour s’éviter le ridicule scolastique du jugement éthique suspendu dans les airs. Il se trouve que, là où on nous répète ad nauseam que tout est complexe, cette lecture est non seulement accessible mais tragiquement simple. Elle part de l’hypothèse que, parmi les combattants du Hamas le 7 octobre, il n’y en avait probablement pas un qui n’avait souffert antérieurement l’assassinat par Israël de ses êtres les plus chers, qui n’avait tenu dans ses bras le corps d’un enfant, d’un parent, d’un époux ou d’une épouse aimés, déchiquetés par les balles ou écrasés par les bombes. Que fait un individu qui est passé par là ? Il s’engage. Il s’engage dans une cause plus grande que lui, qui dépasse ses propres mobiles, mais qui s’alimente aussi de ces mobiles. Il s’engage parce qu’avant de vouloir la libération nationale, il a voulu la vengeance. Or la vengeance n’est pas juste, elle n’est pas éthique : elle est la vengeance. Et elle est sanguinaire. Celui qui veut la vengeance est possédé de rage meurtrière.

    En 75 ans, Israël a produit de la rage vengeresse à l’échelle d’un pays entier – et l’on préfère ne pas penser à ce que les événements actuels sont en train d’y ajouter. On comprend assez bien qu’en mettant bout à bout tous ces destins brisés, devenus autant de destins vengeurs, il risque tôt ou tard de s’en suivre des choses terribles. Abominables, possiblement. Et l’on voit au passage, qu’il n’y a aucun besoin d’invoquer de l’éthique pour en être horrifié, ou bien une éthique minimale seulement, du simple respect de toute vie humaine. Car oui, les crimes du 7 octobre nous laissent horrifiés. On se souvient des derniers mots de Kurz dans Au cœur des ténèbres : « horreur, horreur ». Et Conrad ne fait pas de l’éthique.

    Nous savions que, dans l’ordre des opérations intellectuelles, condamner est radicalement hétérogène à comprendre, auquel il fait obstacle la plupart du temps. Mais nous voyons que, à l’intérieur même des sentiments moraux, condamner se distingue d’être horrifié. On a besoin d’un équipement éthique somme toute modique, sans grand appareil normatif du juste et de l’injuste, pour être horrifié. L’éthique n’est nullement indispensable à produire ce qu’elle se croit seule à même de produire : le sentiment d’être horrifié. Ce sentiment ne naît pas d’une réflexion préalable sur le juste et l’injuste. L’horreur n’est pas justifiée ou injustifiée : elle est l’horreur.

    La grammaire de la justification n’est pas seulement superflue ici : elle est une impasse intellectuelle. Alimi écrit à l’adresse de Butler que « la contestation des termes de terrorisme et d’antisémitisme va dans le sens d’une justification politique et morale des actes du 7 octobre ». Tout est faux dans cette phrase, entendre : tout est absurde, rien n’a de sens, tout est construit de travers – et surtout tout est parfaitement scandaleux. Finalement « terrorisme » n’était pas réservé à BHL et Léa Salamé.

    Sans surprise, Alimi cite alors Sartre — qui a « justifié » le septembre noir des JO de 1972. Il aurait dû citer Fanon — que Sartre pourtant a préfacé. Fanon lui ne justifie rien. Il ne fait pas de l’éthique : il fait de la physique décoloniale. Il dit : voilà comment ça va se passer, et voilà pourquoi. En d’autres termes, il est matérialiste. Être matérialiste c’est analyser un paysage de forces, saisir comment elles se déterminent mutuellement, anticiper dans quel sens probable leur résultante pourra emmener, et si cette résultante ne nous plaît pas réfléchir à l’intervention d’une force supplémentaire qui n’était pas dans le paysage de départ mais qui pourrait en changer la dynamique d’ensemble. Voilà ce qu’est être matérialiste.

    Le drame de la pensée éthique c’est qu’elle est indécrottablement idéaliste et individualiste. Alors elle va en appeler à des principes, imaginant qu’ils ont quelque force propre, et puis à l’effort des individus. À leur effort éthique, à leur discernement en matière de juste et d’injuste. Si quelqu’un se sent d’aller donner des recommandations éthiques à Gaza en ce moment, qu’il n’hésite pas à se faire connaître, on le regarde. À défaut de faire le voyage et comme, inévitablement, l’éthique, une fois lâchée, prolifère, Alimi en appelle maintenant à celle « de l’intellectuelle ». Bien sûr, pour sommer l’intellectuelle de ne plus dire « résistance » sans la soumettre à une éthique de la résistance. On pourrait aussi considérer que si, par extraordinaire, de l’éthique pouvait trouver sa place dans la situation présente, elle devrait davantage être laissée à ceux qui y souffrent et s’y battent qu’à ceux qui regardent à distance.

    Mais tout ceci respire tellement l’humanisme bourgeois. C’est un pli, et lui aussi est indécrottable. Alimi reprend de Butler l’idée que « les moyens que nous utilisons reflètent le monde que nous voulons créer », mais pour l’affliger là encore d’un recodage éthique dont elle n’a en fait aucun besoin : on peut s’en donner une compréhension entièrement stratégique et politique.

    Contre la dynamique de la vengeance, il n’y a qu’un moyen et un seul : l’interposition d’un tiers — une institution — capable, elle, de produire de la condamnation, mais juridique, et de la réparation. Voilà, non pas le « principe éthique », mais la force à faire intervenir dans la situation.

    Sous les attendus d’une guerre de libération contre un oppresseur colonial, il y a les forces actives de la vengeance. Ce n’est pas l’invocation de principes éthiques qui pourra les modérer. La vengeance, c’est la réciprocité négative chimiquement pure, et contre la dynamique de la vengeance, il n’y a qu’un moyen et un seul : l’interposition d’un tiers — une institution — capable, elle, de produire de la condamnation, mais juridique, et de la réparation. Voilà, non pas le « principe éthique », mais la force à faire intervenir dans la situation. Or : qui a vu un tiers en Palestine ? Qui a vu de la réparation ? Typiques de toutes les situations coloniales, les arriérés de réparation s’accumulent en longue période, 75 ans en l’occurrence, promettant à l’explosion d’être plus violente à mesure que le temps passe. Et il faudrait que les Palestiniens se dotent d’une « éthique de la résistance » quand ils se soulèvent ? Mais dans quel monde vivent les gens qui peuvent dire des choses pareilles ? Le tiers est aux abonnés absents, et les puissances qui pourraient en tenir lieu ont pris outrageusement parti pour l’oppresseur. Peut-on s’étonner qu’après 75 ans les choses tournent mal, parfois même qu’elles tournent abominables.

    On n’en finit peut-être pas aussi vite. On dira par exemple que vouloir à tout prix sortir l’éthique de l’analyse finit par faire oublier ce dont elle est capable. À l’image de cet homme cruellement endeuillé lors des attentats de 2015 à Paris, qui a trouvé, on ne sait comment, la force d’écrire « Ils n’auront pas ma haine », et que c’est bien là un mouvement éthique, un admirable mouvement de l’âme même. Et c’est vrai, ça l’est. Mais voilà, on ne bâtit pas de la politique sur l’hypothèse de miracles individuels. Au reste, d’événements de cette nature, c’est le corps politique, transcendant aux individus, qui se charge, avec des moyens normalement orthogonaux à la haine et à la miséricorde : les moyens de la justice — non pas de la justice éthique mais de la justice judiciaire. Cette forme d’interposition qui fait tant défaut à Gaza.

    On dira aussi que tout ce propos est incohérent, puisqu’à la fin des fins, il prend parti — donc ne tient pas son registre de positivité jusqu’au bout. C’est vrai : il prend parti. Mais selon aucun argument de justification. On prend parti en regardant laquelle des deux colonnes de torts soufferts est la plus grande. On regarde, et la décision est vite faite. Finalement, c’est simple, simple — et laid — comme une situation coloniale : il y a un oppresseur et il y a un opprimé. D’aucuns soutiennent qu’à propos du 7 octobre toute réflexion devrait partir de « terrorisme ». Non, elle devrait partir de là.

    Frédéric Lordon

    • Fanon lui ne justifie rien. Il ne fait pas de l’éthique : il fait de la physique décoloniale. Il dit : voilà comment ça va se passer, et voilà pourquoi. En d’autres termes, il est matérialiste. Être matérialiste c’est analyser un paysage de forces, saisir comment elles se déterminent mutuellement, anticiper dans quel sens probable leur résultante pourra emmener, et si cette résultante ne nous plaît pas réfléchir à l’intervention d’une force supplémentaire qui n’était pas dans le paysage de départ mais qui pourrait en changer la dynamique d’ensemble. Voilà ce qu’est être matérialiste.

    • Dans mon souvenir ce que Fanon dit c’est que lutte de libération (et non pas tel ou tel individu) a à démont[r]er son surcroît de qualité éthique sur la domination qu’elle combat, en particulier dans l’usage de la violence (ce qui a peu à voir avec la comptabilité des torts de notre économiste de gauche).

    • Nous ne légitimons pas pour autant les réactions immédiates de nos compatriotes. Nous les comprenons, mais nous ne pouvons ni les excuser, ni les rejeter. Parce que nous voulons d’une Algérie démocratique et rénovée, parce que nous croyons qu’on ne peut pas s’élever, se libérer dans un secteur et s’enfoncer dans un autre, nous condamnons, le cœur plein de détresse, ces frères qui se sont jetés dans l’action révolutionnaire avec la brutalité presque physiologique que fait naître et qu’entretient une oppression séculaire.

      – Frantz Fanon, L’an V d la révolution algérienne, Paris, Maspero, 1966

    • On prend parti en regardant laquelle des deux colonnes de torts soufferts est la plus grande. On regarde, et la décision est vite faite. Finalement, c’est simple, simple — et laid — comme une situation coloniale : il y a un oppresseur et il y a un opprimé. D’aucuns soutiennent qu’à propos du 7 octobre toute réflexion devrait partir de « terrorisme ». Non, elle devrait partir de là.

      Frédéric Lordon

    • merci @rastapopoulos.
      On oublie trop (merci Sartre...) que Fanon fut aussi un psychiatre, d’abord au contact, à Saint-Alban, de ce qui deviendra la psychothérapie institutionnelle. De celle-ci on rappelle volontiers qu’elle se donne pour tache de soigner l’institution.
      Un mouvement de libération, processus instituant, exige lui aussi du soin. Ce n’est pas un enjeu moral mais une clé pour son devenir et c’est ce sur sur quoi Butler (son Hamas comme composante de « la gauche mondiale ») comme Lordon font allègrement l’impasse.

      #Franz_Fanon

    • En 75 ans, Israël a produit de la rage vengeresse à l’échelle d’un pays entier – et l’on préfère ne pas penser à ce que les événements actuels sont en train d’y ajouter. On comprend assez bien qu’en mettant bout à bout tous ces destins brisés, devenus autant de destins vengeurs, il risque tôt ou tard de s’en suivre des choses terribles. Abominables, possiblement.

      Mon interprétation :
      Dans les pays de « l’Occident global », nul ne pourra désormais prétendre être à l’abri de la vengeance de ceux que nos dirigeants ont laissé se faire opprimer et déposséder. Quant aux dirigeants, ils auront toute latitude de se bunkériser et de bunkériser nos esprits et nos corps. Israël a signé l’arrêt de mort de la démocratie et les veuleries de nos « démocrates » ne sont que la manifestation de ses derniers sursauts d’agonie. Bienvenue dans un monde néo-féodal.

      #brutalité #arbitraire #théocratie

    • @colporteur mais Fanon comprend, il condamne et il comprend… Car comme le dit Lordon (et c’est il me semble vrai sur ce point) Fanon fait de la « physique » coloniale, matérialiste : après des décennies d’oppression, d’horreur, de meurtres en toute impunité avec l’approbation de la plupart des nations unies qui n’ont presque rien fait en 75 ans… il est logique que les oppressés explosent (au figuré et parfois au sens propre). Ce qui était pareil pour les algériens qui n’en pouvaient plus. Fanon sait que ça ne va pas, il condamne « plein de détresse » la brutalité et l’horreur, mais il comprend la logique qui presque à coup sûr aboutit à ça. La fenêtre pour sortir par une piste moins brutale est minuscule, si elle existe… :(

  • Jared Kushner nei Balcani, investimenti controversi
    https://www.balcanicaucaso.org/aree/Albania/Jared-Kushner-nei-Balcani-investimenti-controversi-230623

    Il genero di Donald Trump intende investire oltre un miliardo di dollari in tre mega progetti immobiliari tra Serbia e Albania, due dei quali su terreni di proprietà statale. Le trattative poco trasparenti tra Kushner, Vučić e Rama hanno già fatto partire accuse di corruzione e conflitto di interessi

  • Paris 2024 : « plusieurs nations étrangères » vont envoyer des soldats pour renforcer la sécurité des Jeux
    https://www.lemonde.fr/sport/article/2024/03/28/paris-2024-plusieurs-nations-etrangeres-vont-envoyer-des-soldats-pour-renfor

    Parisiennes et Parisiens, bon courage !

    « Plusieurs nations étrangères », dont la Pologne, vont envoyer des militaires pour aider à sécuriser les Jeux olympiques à Paris cet été, a appris, jeudi 28 mars, l’Agence France-Presse (AFP), auprès du ministère des armées. « Plusieurs nations étrangères vont nous renforcer dans certains domaines critiques, comme les capacités cynophiles, où les besoins sont énormes » pendant les JO, selon le ministère.

    Le ministre de la défense polonais a annoncé que son pays allait envoyer des renforts militaires pour aider à la sécurisation des JO, alors que la France est en alerte maximale face à la menace d’attentats.

    « Les forces armées polonaises rejoindront la coalition internationale [!!!] mise en place par la France pour soutenir la préparation et la sécurité des Jeux olympiques d’été 2024 », a déclaré, sur X, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, sans préciser le nombre de soldats déployés.


  • vu sur insta

    Un arbre sauvé par un arbre. Lorsque les branches ou les racines de différents arbres sont en contact intime prolongé, elles s’abrasent souvent les unes les autres, exposant leurs tissus intérieurs, ce qui peut éventuellement fusionner. Ce processus s’appelle l’inosculation, un phénomène naturel dans lequel poussent ensemble les troncs, les branches ou les racines de deux arbres. Il est biologiquement similaire au greffage et ces arbres sont appelés en foresterie sous le nom de gemmes, du mot latin signifiant « une paire. ”
    Crédit photo : Pósa Tamás

  • Planter des arbres au mauvais endroit pourrait contribuer au réchauffement planétaire
    https://fr.euronews.com/green/2024/03/28/planter-des-arbres-au-mauvais-endroit-pourrait-contribuer-au-rechauffem

    Les environnements humides et tropicaux comme l’Amazonie et le bassin du Congo sont parfaits pour la reforestation, grâce à leur stockage élevé de carbone et à leurs faibles changements d’albédo.

    Dans les prairies et les savanes tempérées, c’est l’inverse qui s’est produit.

    #climat

  • Israeli Officer Who Ordered Illegal Search of Palestinian Woman’s Genitals Gets Promotion - Israel News - Haaretz.com
    https://www.haaretz.com/israel-news/2024-03-28/ty-article/.premium/israeli-officer-who-ordered-illegal-search-of-palestinian-womans-genitals-gets-promotion/0000018e-85bf-d9b3-abcf-87ff99520000

    An Israel Defense Forces officer who once illegally ordered a search of a Palestinian woman’s genitals was promoted last week to the rank of colonel, the fourth highest rank in the military.

  • Another Israeli soldier admits to implementing the ‘Hannibal Directive’ on October 7 – Mondoweiss
    https://mondoweiss.net/2024/03/another-israeli-soldier-admits-to-implementing-the-hannibal-directive-on

    There is a growing amount of evidence and testimony that suggests that on October 7, the Hannibal Directive was implemented, at least to a certain extent, on Israelis. What’s more, growing testimonies indicate that this policy was extended to Israeli civilians in the form of indiscriminate fire from helicopters and tanks. The recent outstanding Al Jazeera investigation, “October 7,” addresses this question at considerable length.

    Last week, another testimony involving such acts appeared on Channel 13 and was repeated a day later on Ynet, in which an armored company commander, Captain Bar Zonshein, tells of how he fired tank shells at vehicles driving towards Gaza near Kisufim — about 2 kilometers away from the Gaza perimeter fence. 

    “We identified two pickups driving Toyotas, and on them, there was a large number of people standing in the cabin, and there was a pile of people. I don’t know whether they were corpses or living people…And I decide to attack these vehicles,” Zonshein says. 

    One must point out that Zonshien’s description of a “pile” of people could either be military or civilians, but those distinctions apparently did not factor into his calculations. This is, of course, significant in Israeli terms because the Hannibal doctrine had hitherto only been limited to soldiers.

    « יריתי על חיילים כי המחשבה על חטופים יותר קשה » | העדות של גיבור 7 באוקטובר
    https://www.ynet.co.il/news/article/syudabu0t

    #directive_hannibal

    • I promise that before our classes start up again, I will find out who has whiteboard markers and erasers so that I have something to write with. It used to be our custodial staff, but we lost half of the campus facilities employees two budget cuts back, and I have never figured out who controls the cache of markers.

  • Menaces sur la liberté académique et la liberté d’expression dans l’Enseignement supérieur et la Recherche (ESR)
    https://academia.hypotheses.org/55835

    Communiqué du SNTRS Paris-Nord Chère collègue, cher collègue, Le SNTRS-CGT s’alarme du climat de restriction de la liberté scientifique et de la liberté d’expression qui s’est installé dans le paysage de l’ESR depuis la reprise d’un conflit de haute intensité … Continuer la lecture →

    ##ResistESR #Actualités_/_News #Démocratie_universitaire #État_de_droit #Gouvernance_de_l'ESR #Libertés_académiques_:_pour_une_université_émancipatrice #CNRS #EHESS #libertés_académiques #libertés_d'expression #Université_de_Savoie_Mont_Blanc_USMB_

    • Au même moment, à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), une véritable vague de haine et d’insultes a visé une anthropologue reconnue, spécialiste de la Palestine, pour avoir relayé le communiqué d’un syndicat étudiant sur la liste de discussion politique et syndicale interne à l’École. En réponse à ce qui ne peut être qualifié autrement que de délation calomnieuse, la direction du CNRS a initié une procédure disciplinaire accélérée contre notre collègue, pour des motifs aussi graves et choquants qu’« apologie du terrorisme » et « incitation à la haine raciale » ! Lors de cette procédure, la défense précise assurée par le SNTRS-CGT a permis de démontrer l’absurdité de ce qui était reproché à notre collègue, et de rappeler les grands principes et la jurisprudence sur la liberté d’expression, en particulier dans le monde universitaire. La direction du CNRS s’est ainsi contentée de prononcer une sanction minime – un avertissement – mais, a toutefois décidé de la publier au Bulletin Officiel, contre l’avis de la CAP.

  • Une seule lettre peut être le son d’une appartenance, d’un drame, du nœud de notre relation au monde ou aux autres, la marque indélébile d’une histoire ou d’une géographie. Zoom sur la lettre R aujourd’hui dans votre Book Club : selon comment elle est prononcée. Selon qu’elle existe dans certaines langues, ou dialectes et pas dans d’autres, selon qu’on l’entende chez un parent, mais très différemment chez l’autre, la lettre R, peut nous inscrire dans le monde le plus singulièrement qu’il soit. La réalisatrice Nurith Aviv filme des femmes et des hommes qui parlent de leur lien à la lettre R‧https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-book-club/enquete-sur-la-lettre-r-avec-nurith-aviv-7985950
    #résistance

  • Israel’s toxic legacy: Bombing southern Lebanon with white phosphorus | Crimes Against Humanity | Al Jazeera
    https://www.aljazeera.com/features/longform/2024/3/25/israels-toxic-legacy-bombing-southern-lebanon-with-white-phosphorus

    The white phosphorous dropped on Lebanon, Baalbaki believes, remains active, very toxic and flammable for much longer than information on the topic indicates.

    He joins a chorus of Lebanese researchers and experts warning that Israel’s tactics are causing long-term and potentially irreversible damage to south Lebanon’s environment, agriculture and economy, potentially making it uninhabitable.

    #Liban #impunité

  • Train Bordeaux-Lyon : la coopérative #Railcoop jette l’éponge avec « regret » et annonce sa prochaine liquidation
    https://www.lefigaro.fr/lyon/train-bordeaux-lyon-la-cooperative-railcoop-jette-l-eponge-avec-regret-et-a

    La coopérative Railcoop, qui voulait relancer la liaison ferroviaire entre Bordeaux et Lyon, a annoncé mercredi « avec le plus grand regret » sa prochaine liquidation, après un jugement qui fait peser sur elle une dette « insoutenable » .

    « Le schéma prévu pour sortir du redressement judiciaire est désormais caduc. En l’état, le tribunal de commerce de Cahors ne devrait pas avoir d’autre choix que de prononcer, le 15 avril 2024, la liquidation de notre coopérative », a indiqué Railcoop dans un message à ses sociétaires.

    https://seenthis.net/recherche?recherche=railcoop
    Ils se sont bien goinfrés d’argent public au passage ou j’ai mal compris ?

    • La création sous forme coopérative d’une ligne de chemin de fer, de surcroît sur un tracé délaissé par le système marchand, est une gageure. Ce type de projet est typiquement une opération non rentable, d’un point de vue économique, mais il est hautement souhaitable d’un point de vue social et écologique. C’est typiquement le genre de projet qui ne peut être déployé que par volonté politique territoriale (État, fédération, etc.). La faillite de ce projet coopératif, dans le contexte actuel de forte poussé de rationalisation libérale, était donc malheureusement tout à fait probable.

      L’économie « sociale et solidaire » peut représenter plusieurs formes d’expérience plus ou moins intéressante du monde de travail. Ce peut être aussi le cas dans les entreprises « classiques ».

      Le modèle SCOP n’échappe nullement, pour l’essentiel, aux contraintes du marché, du salariat, de la dépendance financière des banques, de l’(auto)exploitation capitaliste ; au mieux le résultat est partagé, à l’issue de chaque exercice, entre sociétaires, voire entre salarié·es : la belle affaire !

    • J’avais suivi RailCoop (j’avais meme hésité à adhérer), ils avaient eu une période « pub » sur le net.
      Évidemment que ce n’est pas rentable... qui a cru le contraire.
      Croire pouvoir le rendre « à nouveau » rentable est un rêve.
      Alors oui, on peut gagner un peu grace à la micro-gestion, mais on perd comparé à des mastodontes du rail sur l’économie d’échelle.
      Donc soit on attend que le contexte des transports change (exemple, litre d’essence à 10 €, bientôt), soit...
      ... il ne faut pas le monter en projet seul, mais en projet jumelé : une ligne TGV Paris-Lille + une ligne TER Macon-Bézieux.
      L’une finançant l’autre...
      Mais c’est incompatible avec une vision analytique projet par projet... donc incompatible avec notre époque et notre régime politique.

  • Mozart de la finance : détruire les services publics mais augmenter les dépenses - Contre Attaque
    https://contre-attaque.net/2024/03/26/mozart-de-la-finance-detruire-les-services-publics-mais-augmenter-le

    En septembre dernier le collectif Nos services publics, composé de fonctionnaires, expliquait dans un rapport de 300 pages sur l’évolution des services publics depuis 40 ans comment tout avait été méthodiquement détruit dans l’éducation, la santé, la justice ou les transports. Une destruction justifiée par le besoin de « faire des économies » et de retrouver « l’équilibre budgétaire ».

    Mais alors, où va l’argent, puisque le dynamitage des services publics n’a même pas permis de limiter les prétendus déficits ? Dans les poches des capitalistes. En février 2022 une « commission d’enquête sur l’influence croissante des cabinets de conseil au sein de l’État » au Sénat avait montré une privatisation de fond de l’appareil d’État dans son ensemble, avec un recours généralisé à « l’externalisation privée ». En clair : on arrose des entreprises privées avec de l’argent public pour effectuer, cher et mal, des missions qui auraient pu être réalisées par le public.

    L’externalisation représente aujourd’hui plus de 160 milliards d’euros. C’est l’équivalent du quart du budget de l’État ! N’oublions pas qu’en plus, l’État verse sous forme « d’aide aux entreprises » entre 150 et 200 milliards d’euros aux patrons. Et que l’école privée est arrosée de milliards d’euros qui pourrait très bien se contenter de l’argent des familles séparatistes.

  • Déficit : comment Bercy justifie un dérapage « très, très rare » | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/deficit-comment-bercy-justifie-un-derapage-tres-tres-rare-2085213

    Deux autres mauvaises surprises restent encore assez mystérieuses. La première est le rendement décevant de l’impôt sur les sociétés - 4,4 milliards de moins qu’escompté. Bruno Le Maire a simplement souligné le rôle des sociétés financières et promis de creuser le sujet.

    Enfin, le gouvernement n’a pu que constater le complet échec de sa taxe exceptionnelle sur les profits des énergéticiens - la fameuse CRIM (contribution sur les rentes inframarginales). Lors de sa conception, elle était censée rapporter 12,3 milliards en 2023. A l’automne, le gouvernement n’en attendait plus que 3,7 milliards. En décembre, ce chiffre était à nouveau abaissé à 2,8 milliards. Finalement, Bercy n’aura réussi à capter que… 300 millions - soit moins de 1 % des marges bénéficiaires empochées par les producteurs, distributeurs et intermédiaires du marché de l’électricité selon un récent rapport de la Cour des comptes.

  • EPR de Flamanville : le chargement du combustible repoussé à « mi-avril » au moins, selon l’ASN
    https://www.connaissancedesenergies.org/afp/epr-de-flamanville-le-chargement-du-combustible-repousse-mi

    AFP parue le 26 mars 2024 - 21h26

    Le chargement du combustible du réacteur EPR de Flamanville d’EDF, un chantier marqué par des déboires à répétition, est repoussé à mi-avril au moins au lieu du 31 mars comme initialement prévu par le groupe électricien, a indiqué mardi l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

    (...)

    Si le démarrage se confirme à l’été 2024, il interviendra donc avec 12 ans de retard sur le calendrier prévu, pour une facture totale désormais estimée à 13,2 milliards d’euros, selon EDF, soit quatre fois le budget initial de 3,3 milliards d’euros.

    On nous promet 100 milliards pour les 6 prochains EPR. Faut-il dès maintenant anticiper un coût de 400 milliards ?

    Pour mémoire :

    Les nouveaux EPR coûteront au moins 100 milliards d’euros, estime Greenpeace
    https://reporterre.net/Les-nouveaux-EPR-couteront-au-moins-100-milliards-d-euros-estime-Greenpe

    Si personne nʼest capable de dire combien vont coûter précisément les six réacteurs EPR2 tant que le projet demeure au stade de développement, la facture va probablement dépasser 100 milliards dʼeuros, prévoit Greenpeace. Pour un coût de production de lʼélectricité compris entre 135 et 176 euros par mégawattheure (MWh), bien loin de la référence actuelle de 70 euros par MWh . « La rentabilité du projet “nouveau nucléaire” apparaît ainsi largement compromise et ses conséquences sur les contribuables ou les finances publiques s’annoncent insoutenables », alerte Greenpeace.

  • Deutsche Bahn : German workers just won against state-owned rail
    https://www.thecanary.co/global/world-news/2024/03/26/deutsche-bahn-german-strikes

    German trade union members in the rail industry have won a resounding victory against their employer Deutsche Bahn – getting it to reduce their working to 35 hours WITHOUT a reduction in pay. It comes after months of industrial action across Germany‘s state-owned rail operator forced bosses’ hands – despite it taking legal action against workers.

    Sous-titre :

    German workers show the rest of Europe (and UK) just how trade union action is done

    Allo les syndicats ? On a des bourgeois radicalisés à dégager du pouvoir !

  • Travailleurs (et) pauvres : un choix politique ?
    https://theconversation.com/travailleurs-et-pauvres-un-choix-politique-226064

    Aujourd’hui le RSA net de forfait logement est aujourd’hui égal à 534 euros pour une personne seule, soit 38 % du smic à temps plein (1 398 euros) : l’écart peut être réduit sans crainte de faire disparaître les incitations. Bien sûr, verser un revenu monétaire n’est pas suffisant et la relation entre minima sociaux et taux d’emploi ne doit pas s’interpréter de manière causale. La stratégie efficace pour réduire la pauvreté passe par un haut niveau de service public pour tous : éducation, santé, petite enfance.

  • Dans les toilettes de la gare Montparnasse, une femme de ménage licenciée pour un euro - L’Humanité
    https://www.humanite.fr/social-et-economie/agents-de-nettoyage/dans-les-toilettes-de-la-gare-montparnasse-une-femme-de-menage-licenciee-po


    Enfait, elle est punie pour avoir oser exercer son droit de grève…

    Chez 2theloo, l’histoire de Sarah n’est pas du tout un incident isolé. Son renvoi sans autre forme de procès survient après une vague de neuf licenciements économiques – juste en dessous du seuil légal déclenchant des obligations en matière de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) –, en septembre 2023.

    Pour Mohamed Guermat, élu CGT au CSE, et ses camarades, les critères d’ordre n’ont « pas été respectés » et des salariés ont été « ciblés ». Un grief que récuse la direction de l’entreprise dans ses échanges avec les syndicalistes. Mais d’autres licenciements pour faute grave ont aussi eu lieu depuis l’automne dernier.

    Lors d’un CSE, fin novembre 2023, les élus du personnel se sont alarmés, de manière éloquente, d’un ciblage, comme en témoigne le procès-verbal de la réunion : « Nous avons suivi un nombre considérable de convocations disciplinaires à l’encontre des salariés, soit plus de quinze convocations, dont six licenciées et cinq mises à pied, en attente de leur sort. Les élus du CSE ont également constaté que tous les salariés convoqués ont participé activement aux deux grèves qui ont eu lieu dans l’entreprise . »

  • RECHARGER ou JETER ? Fait-on vraiment le BON choix ? - YouTube

    https://www.youtube.com/watch?v=f1cDtPSvImM

    #piles_rechargeables

    De l’intérêt des piles rechargeables par rapport à des piles jetables.
    Certes bien plus chères, mais qui tiennent aussi mieux la charge…

    Ce youtubeur avait déjà fait d’assez copieux tests de piles jetables (qui d’ailleurs n’indiquent pas leur capacité sur l’emballage), qui montraient que le rapport capacité / prix était loin d’être cohérent ; les meilleurs piles n’étant, et de loin, pas les plus chères…

    https://www.youtube.com/watch?v=vnip8U7Eyj0

  • Les atteintes aux droits se banalisent en France | Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/france/les-atteintes-aux-droits-se-banalisent-en-france-6552427.php

    L’année 2023 a été marquée par « une banalisation des atteintes aux droits » et une fragilisation « préoccupante » de l’État de droit, s’inquiète la Défenseure des droits qui a publié, ce mardi, son rapport annuel.

    « On observe une sorte de banalisation des atteintes aux droits. Cette fragilisation n’est pas nouvelle mais elle s’inscrit dans une tendance de fond avec une forme d’accélération », déclare Claire Hédon.

    L’autorité indépendante, qui est chargée notamment de défendre les droits des citoyens face à l’administration, a reçu, en 2023, plus de 137 000 réclamations, soit 10 % de plus que l’année précédente.

    Les réclamations traitées par les 600 délégués répartis sur le territoire concernent majoritairement les relations avec les services publics (plus de 92 000 réclamations, en hausse de 12 % sur un an).

    « Pas du tout rassurant »
    « Il y a un fossé qui s’est construit entre les usagers et le service public », relève Claire Hédon. « On nous dit que ça s’améliore, moi ce que je constate, c’est qu’on a de plus en plus de saisines, ce qui n’est pas du tout rassurant. »

    Les autres réclamations concernent la lutte contre les discriminations, les droits de l’enfant, la déontologie des forces de sécurité et la protection des lanceurs d’alerte.

    Dans son rapport, la Défenseure des droits pointe du doigt plusieurs réformes législatives ou réglementaires ayant « restreint le bénéfice de certains droits ». Dans son viseur, la loi « pour le plein-emploi », la loi Kasbarian « visant à protéger les logements contre l’occupation illicite » ou encore la loi sur l’immigration.

    « On met encore plus en difficulté des populations déjà très vulnérables », estime Claire Hédon.

    À cela s’ajoutent « des propos et des actes par lesquels des décisions de justice ont été remises en cause ou critiquées », des phénomènes qui « n’ont rien d’anecdotique » et qui « traduisent une fragilisation éminemment préoccupante de l’autorité du juge et, au-delà, de l’État de droit », peut-on lire.

    L’autorité indépendante cite comme exemple « l’instrumentalisation du Conseil constitutionnel à qui il a été demandé de sanctionner des dispositions législatives malgré leur inconstitutionnalité manifeste » dans le cadre de la loi sur l’immigration. « Notre système démocratique n’est pas basé que sur les élections, il est basé sur un équilibre des pouvoirs, sur le fait que les pouvoirs publics sont soumis au droit », insiste Claire Hédon.

    « Des soins discriminatoires »
    Dans son rapport, la Défenseure des droits déplore également « l’inexécution de plus en plus importante des décisions de justice, y compris adoptées par les plus hautes juridictions », que ce soit le Conseil d’État ou la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).

    Observée depuis des années, « la non-exécution massive des décisions de justice en matière de droit au logement opposable (Dalo) ou d’accès des étrangers aux préfectures » est, quant à elle, « dans certaines régions, une constante », dénonce-t-elle.

    Les restrictions des libertés d’expression, de manifestation et d’association se sont poursuivies, selon le rapport.

    Au total, l’institution dit avoir été saisie « de près de 170 réclamations mettant en cause la déontologie des forces de sécurité dans le maintien de l’ordre » à l’occasion des manifestations contre la réforme des retraites.

    Ces saisines répétées « peuvent dissuader des personnes d’aller manifester et restreignent ainsi la possibilité d’utiliser la manifestation comme vecteur de contestation des décisions publiques », s’alarme-t-elle.

    Autres sources d’inquiétudes, les mesures de restriction observées en 2023 et qui ont empêché « certaines personnes en situation de précarité d’accéder à leurs droits ». L’autorité indépendante cite notamment en exemple l’arrêté préfectoral pris en octobre 2023 et interdisant dans un secteur parisien pendant un mois toute distribution alimentaire.

    Les personnes précaires doivent également composer avec des « discriminations persistantes », notamment dans le domaine de l’accès aux soins. « Il existe encore aujourd’hui des refus de soins discriminatoires opposés à des personnes qui bénéficient de la complémentaire santé solidaire », relève le rapport.

    • le communiqué de presse et lien vers le rapport
      https://www.defenseurdesdroits.fr/rapport-annuel-dactivite-2023-la-banalisation-des-atteintes-aux-d

      dont, non couvert dans l’article ci-dessus :

      Lanceurs d’alerte
      2023 a marqué une hausse de 128% des saisines dans le contexte du renforcement de la protection du lanceur d’alerte, issu du nouveau cadre légal de 2022.

      Le Défenseur des droits est désormais compétent pour rendre un avis sur la qualité du lanceur d’alerte et donner une certification qui permet de conforter celui qui le saisit dans sa démarche et de le renseigner. En cas de représailles, après le lancement de l’alerte, l’institution peut produire des observations en justice ou adresser des recommandations en vue de rétablir le lanceur d’alerte dans ses droits. Au vu de la complexité de la législation en vigueur, l’institution a jugé indispensable de réaliser un guide pratique, en français et en anglais, afin de sécuriser les démarches du lanceur d’alerte.